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24 juillet 2007

Hot Fuzz



L'équipe formée par Simon Pegg (acteur, co-scénariste) et Edgar Wright (réalisateur, co-scénariste) est de retour après un Shaun Of The Dead mémorable. Cette comédie horrifique était probablement une des plus drôles et une des plus habiles vue depuis longtemps. Un coup de maître, qui semait des gags dans tous les sens (des petits, des gros, des faciles, des subtils...), avec une satire sociale très pertinente doublée d'un hommage vibrant aux séries B.

Avec Hot Fuzz, le duo infernal s'attaque aux films d'action qui ont bercé leur jeunesse (De Die Hard à Point Break en passant par L'Arme Fatale, etc.). Avec un pitch imparable (un des meilleurs de flics de Londres, si doué qu'il ridiculise ses confrères, est envoyé dans un village où il ne se passe rien), tout était réuni pour un nouveau spectacle réjouissant et malin.

On retrouve bien le grain de folie, l'action déjantée (voire le gore) de Shaun Of The Dead, et si même si la plupart des ingrédients sont là (gags quasi-subliminaux, satire sociale osée, etc.), la sauce ne prend pas aussi bien. Pure affaire de goût personnel ? Peut-être. Mais le film s'épuise sur deux plans : sa durée (2h, bien trop long pour le sujet traité), et son montage, qui s'évertue à parodier à outrance les effets visuels des crétineries hollywoodiennes. Il n'y a pas un plan qui ne soit truffé d'effets sonores pour faire "in". C'est lassant, et surtout ça désamorce beaucoup de trouvailles scénaristiques. Même les gags sont nettement moins caustiques que dans Shaun Of The Dead. Résultat : ça se regarde sans déplaisir mais avec lassitude, et certainement sans la jubilation qu'apportait Shaun Of The Dead.

Dommage, mais on attendra quand même la prochaine livraison avec curiosité.

6/10

11:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

21 juillet 2007

Die Hard 4.0



Hollywood étant plus que jamais en panne d'inspiration, on continue de créer des suites, et dans la famille des n°4, revoici John McClane, absent de nos écrans depuis 1995. Les événements terroristes auxquels il est confronté se seront exponentiellement compliqués depuis Die Hard premier du nom (Piège de Cristal, 1988). Dans ce 4e épisode, on retrouve sans aucun complexe un cyber-complot national digne de la série 24, à laquelle beaucoup de tics scénaristiques et de caractérisation des personnages sont empruntées.

Seule la personnalité de McClane tranche - heureusement - avec celle de Jack Bauer, l'humour étant un élément absent de 24. Le charme opère donc, puisqu'on retrouve intact ce personnage bougon et hâbleur, campé par un Bruce Willis décidément charismatique malgré tout. Le trait a certes été un peu forcé, le scénario ne manquant pas une seule occasion de faire remarquer que McClane a vieilli et est carrément largué ; déjà, dans Die Hard 2 (58 Minutes pour vivre, 1990), il avait du mal à se servir d'un fax. Alors en 2007, les nouvelles technologies de l'information, ça lui échappe un peu. Ce décalage est exploité via le duo formé avec un jeune hacker loser, le contrepoint parfait de McClane, servant ainsi de source à la plupart des répliques ou situations humoristiques.

Len Wiseman est l'auteur des Underworld 1 et 2 (pas du tout ma tasse de thé, personnellement), et sa réalisation est nerveuse mais assez clippée et sans réelle saveur. De toute façon, le montage est là pour entraîner le spectateur dans un enchaînement de scènes d'action dont l'invraisemblance va grandissant, jusqu'à en devenir ridicule (cf. l'avion de chasse vers la fin). Divertissement vitaminé et pas très fin, Die Hard 4.0 tire un peu trop sur la corde, au point d'en être trop long et un peu lassant. Heureusement, tout cela ne se prend trop au sérieux et le retour de McClane n'est pas raté, c'est déjà mal pour un blockbuster estival.

7/10

14:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

29 juin 2007

Ocean's 13



Flûte ! Que se passe-t-il avec le surdoué Steven Soderbergh ? La machine est en panne ! Après un décevant The Good German, voici que la série Ocean déraille avec un troisième volet qui annonce brutalement la fin de cette joyeuse déconnade entre Soderbergh et sa brochette d'amis stars.

Ocean's 11 était un divertissement classieux dans la lignée du très bon Out Of Sight (Hors d'atteinte), qui avait lancé le début de la collaboration fructueuse entre Soderbergh et Clooney (acteur qui n'était alors célèbre que par le petit écran avec la série Urgences, et que Soderbergh avait eu la bonne intuition d'aller chercher). Ocean's 12 était une suite à la nature fort inattendue, ce qu'on pourrait appeler un faux blockbuster, avec un humour second degré (voire plus) cultivant la dérision du star system, irrévérencieux et pourtant drôlement récréatif.

Ocean's 13 est, à côté de ses deux frères, un infâme brouet dans lequel on ne reconnaît plus que la touche Soderbergh au niveau de la réalisation et du montage. En dehors de ça, c'est le vide abyssal. Les dialogues autrefois pétéradants ont perdu toute leur verve, l'humour est totalement premier degré et ne sollicite guère les zygomatiques, et les acteurs ont l'air de s'ennuyer ferme, Clooney et Pitt en tête. Les autres ont droit à de la figuration, du saupoudrage devrais-je dire, à tel point qu'on s'en moque en fait totalement. Le caméo de Vincent Cassel, censé faire un petit rappel à Ocean's 12, est totalement ridicule, tout comme Al Pacino (le 13e homme) qui cabotine et qu'on peine à reconnaître devant tant de médiocrité.

Le savoir-faire Soderbergh peut faire illusion, donc le film n'est pas irrécupérable, au fond il n'est ni bon ni mauvais, il est juste inutile et surtout insignifiant. Et surtout, il commence à faire peur sur le devenir de Soderbergh. Vite, Steven, arrête les Ocean, arrête les hommages au passé (The Good German), et reviens soit à des projets plus personnels et expérimentaux (Solaris, Bubble), ou par pitié choisis mieux tes scénarios... Son prochain projet, le dyptique The Argentine / Guerrilla, sur la vie du Che (interprété par Benicio del Toro), devrait permettre de renouer avec l'ambition qu'on est en droit d'attendre.

5/10

14:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)

18 juin 2007

El Camino de San Diego



Complètement conquis par le précédent film de l'argentin Carlos Sorin, Bombón El Perro, je n'ai pas hésité à aller voir son nouveal long-métrage, El Camino de San Diego.

Un ouvrier très pauvre d'un coin reculé de l'Argentine voue un culte à Diego Maradona. Il décide un jour de prendre la route pour rencontrer son idole, hospitalisée à Buenos Aires pour insuffisance cardiaque, et lui offrir une étonnante racine d'arbre, qu'il a trouvée dans la forêt et qui ressemble à la silhouette de son idole. Commence alors un périple riche en surprises et en rencontres...

Scénariste de ses films, Carlos Sorin aime plonger un homme ordinaire (voire "moins que rien") dans une situation "extraordinaire", ou qui, du moins le dépasse nettement. Avec El Camino..., Sorin tisse une fable sociale sous forme de voyage initiatique. L'objet du culte (Diego Maradona) n'est ici évidemment qu'un prétexte ; peu importe l'idole, c'est la puissance de la foi qui intéresse Sorin, et la capacité de l'homme à se dépasser pour la cause qui l'habite.

Comme dans Bombón El Perro, les acteurs sont non professionnels, et il s'en dégage une naïveté confondante. Les rencontres sont pittoresques, touchantes, sans jamais verser dans le pathos. Mais, fidèle à son style documentaire, la caméra de Sorin apporte un éclairage sans concession sur la situation sociale et économique de l'Argentine.

Pourtant, contrairement à Bombón El Perro, El Camino... a du mal à totalement captiver sur la durée (1h38). Peut-être est-ce la faute au personnage principal, tellement simple d'esprit qu'il en est parfois béat, ce qui rend son jeu bien moins touchant que celui Juan Villegas qui incarnait le héros de Bombón El Perro. Villegas fait d'ailleurs une apparition dans une scène, et aussi brève soit-elle, c'est une illumination.

Il y a de toute façon un peu moins d'humour, un peu moins de situations iconoclastes, comme ce film d'auteur avait été conçu sans trop se forcer. On ne loupera néanmoins pas le prochain.

7/10

17:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

10 juin 2007

Death Proof



Passons sur la traduction peu heureuse de "Boulevard de la Mort", qui fait perdre totalement le jeu de mot futé du titre original, qui avait le mérite d'annoncer la couleur. Death Proof est le 6ème long-métrage de Quentin Tarantino, et c'est un événement en soi. Annoncé comme un film "mineur", presque comme une recréation de luxe pour le cinéaste, il n'en reste pas moins une oeuvre dont tous les signaux annonçaient un film très spécial.

Afin de rendre hommage aux films de séries B qui les ont bercés, Tarantino et son complice Robert Rodriguez ont décidé en effet de tourner Grindhouse, un double-programme identique à ceux diffusés dans le cadre des systèmes d'exploitation Grindhouse (salles qui projetaient des doubles programmes déjantés entrecoupés de bandes annonces). Les deux films nés de cette association empruntent aux genres populaires de cette époque : Planet Terror de Robert Rodriguez est un film de zombie (à voir chez nous en septembre), tandis que Death Proof est un "slasher road movie".

Hélas, le concept du double-programme entrecoupé d'un entracte, parfaitement en phase avec le système d'exploitation US, a été jugé inhabituel pour les pays européens par la production du film et n'a pas passé les frontières américaines. Les frères Weinstein, producteurs du projet, ont décidé que le film serait coupé en deux pour tous les pays non-anglophones, et que chaque partie serait allongée pour un faire un film un peu plus long que les 75mn initiales de chaque partie.

C'est ainsi que Death Proof, en Europe, sort dans une version "longue" de 1h45, soit un quart d'heure en plus par rapport à la version US. Tant mieux (pour cette version plus longue), ou tant pis (de ne pas avoir le projet Grindhouse en salles tel qu'il a été imaginé) ? De toute façon, nous nous rattraperons en DVD, qui proposera sans doute toutes les versions.

Tarantino a déjà saturé tous ses films précédents de clins d'œil à tous les films de genre dont il raffole. L'exercice consistant à tourner lui-même une pure série B ne pouvait donc qu'aboutir à un film complètement fou et excessif. Hélas, ce n'est pas exactement ce qu'est Death Proof. Plaisir coupable parfois jouissif, parfois pénible, Death Proof est une crétinerie drôle, mais vaniteuse car trop sûre de ses effets. C'est donc un objet filmique vraiment unique, destiné uniquement, et vraiment uniquement, à se faire plaisir (pour Tarantino), et tenter de faire plaisir aux nostalgiques de ces bons vieux slashers fauchés.

Néanmoins, Tarantino ne fait pas que parodier et rendre hommage aux séries B qui ont bercé son adolescence ; il se parodie lui-même délibérément, en jouant ainsi avec la patience du spectateur. Les dialogues à propos de sujets populaires, d'apparence futiles, est une des marques de fabrique de Tarantino. Mais l'anecdotique est amusant dans la mesure où il touche le spectateur. Or, dans Death Proof, ces dialogues sont parfois étirés jusqu'à l'absurde, et finissent par être insupportables car ils sombrent dans des sujets de la plus totale médiocrité. On sent ici un vrai manque de recul ou de clairvoyance dans l'écriture, qui trahit probablement un péché de vanité. Le spectateur crève d'envie que l'action reprenne son cours, ce qui agit comme une délivrance très intense quand le slasher reprend son droit. Death Proof ne remplit donc pas totalement, loin s'en faut, le programme annoncé de Grindhouse, ce qui risque de faire des déçus, y compris dans le rang des fans.

Tarantino se moque toutefois d'emblée de ses détracteurs qui lui reprocheront de se contenter parfois de se contenter de faire du Tarantino, comme cette sonnerie de portable estampillée Kill Bill émanant d'un des téléphones des personnages, ou cette séquence où on retrouve les Texas rangers père et fils de Kill Bill 1. Cette crânerie ne masque pas ses pannes d'inspiration, réelles, comme la scène de lap dance qui cherche vainement à recréer l'effet culte de la scène de danse de Pulp Fiction, et qui n'est pas du tout à la hauteur du talent du cinéaste.

Death Proof est donc clairement un point bas dans la filmographie de Tarantino, qui semble avoir pris le melon avec le succès critique et public des deux Kill Bill, œuvre hautement aboutie en comparaison. Même en version originale de 90mn (telle que projetée aux USA dans la cadre du programme Grindhouse avec Planet Terror), Death Proof est un film déséquilibré, inconstant, sauvé toutefois par les éclairs de génie de mise en scène d'un des cinéastes américains les plus fascinants, même dans un semi-échec comme ici. Preuve qu'il y a un os, la bande-originale du film n'est pas aussi surprenante que d'habitude. C'est bon, mais c'est sans surprise.

7/10

09:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, tarantino