13 juillet 2008
The Cottage
The Cottage s'inscrit dans la lignée de comédies horrifiques rendant hommage aux séries B, comme l'a fait avec bonheur auparavant en 2005 l'excellent Shaun Of The Dead pour The Night Of The Living Dead de George A. Romero. Ici, c'est plutôt un hommage à The Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hopper dont il est question même s'il n'y a nulle tronçonneuse dans The Cottage.
Pour son deuxième film, l'auteur-réalisateur Paul Andrew Williams fait preuve d'un savoir-faire et d'une imagination étonnants. Si le film démarre comme une farce criminelle, il se tourne vers la comédie ultra-noire, un slasher aux gags atroces mais jubilatoires. Le gore va plus loin que bien des films "sérieux" du genre, et l'humour (so british) tourne en dérision les clichés des innombrables navets qui ont tant copié les grands slashers. On appréciera en particulier les ralentis, avec un emploi à contre-pied de grands airs de classique, absolument désopilants.
Le seul défaut du film est son manque de constance dans cette qualité, la première demi-heure étant un peu lente à démarrer, ce qui est ennuyeux au vu de la durée totale d'1h30. Cela ne remet pas en question cette très bonne surprise en provenance du Royaume-Uni.
7/10
09:53 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Paul Andrew Williams, Andy Serkis
17 juin 2008
Phénomènes
M. Night Shyamalan a encore frappé : il fait de pire en pire, comme si c'était possible... et on le laisse faire ! The Happening (Phénomènes en véeffe) est un ratage... phénoménal.
Même s'il ne subsistait plus grand-monde pour penser que Shyamalan pouvait à nouveau écrire et filmer des films décents, on peut cette fois surtout lui en vouloir d'avoir gâché une idée aussi intéressante que celle d'une vague de suicides inexpliqués (pitch visuellement et scénaristiquement d'un impact dramatique potentiellement passionnant).
A vrai dire, un seul plan permet de prendre la mesure de cete bonne idée gâchée : ce sont les ouvriers d'un chantier de Manhattan qui se laissent tomber du haut d'un immeuble en construction. Tourné en contre-plongée, l'effet est saisissant.
Hélas, Shyamalan rate intégralement tout le reste, et c'est à se demander d'où ont pu venir autant de défauts qui ressemblent à de l'amateurisme. La plupart des autres scènes de suicide déclenchent plutôt le sourire tant elles sont mal réalisées (cf. la transposition à l'écran de l'idée brillante qui consiste à envoyer un quidam en visite au zoo à se jeter dans l'enclos des lions). L'évacuation de New-York ressemble à un départ de week-end un vendredi soir comme les autres ; et l'explication quant à ce comportement (ces "phénomènes") est bêtement donnée dès le début, ce qui donne un film qui tourne à vide et qui paraît interminable malgré sa durée raisonnable de 90 minutes. Comme notre réalisateur est de surcroît responsable du scénario, on peut s'interroger aussi sur les dialogues paticulièrement insipides, avec quelques tentatives d'humour au ras des pâquerettes. Pour ne rien arranger, l'interprétation est de pacotille, avec une direction d'acteurs au point zéro et un casting qui n'arrange rien (acteurs aussi expressifs qu'une paire de sabots...).
Même la photo est assez laide, et Shyamalan s'enfonce vers un point de non-retour quand il expédie son petit groupe de survivants dans une vieille maison dont la propriétaire possède tous les atours de Norman Bates dans Psychose. On sait Shyamalan fan absolu d'Hitchcock, mais cet hommage sans aucune distanciation est outrancier et passablement énervant.
The Happening semble signer pour de bon la mort artistique d'un réalisateur qu'on a trop vite porté aux nues, et qui n'a jamais confirmé les espoirs placés en lui.
4/10
18:28 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma, M. Night Shyamalan, Mark Wahlberg
26 avril 2008
Funny Games U.S.
L'Autrichien Michael Haneke est un des cinéastes les plus brillants du septième art. Aussi quand il entreprend un remake plan par plan de son film le plus controversé (Funny Games), il faut tâcher avant de comprendre pourquoi, même si de grands noms en ont fait autant avant lui (Hitchcock bien sûr, à qui on doit deux versions, l'une anglaise en 1934, l'autre américaine en 1956, de L'Homme qui en savait trop ; mais encore Frank Capra ou Howard Hawks). Pour ce faire, il est plus simple de citer Haneke lui-même :
"Je cherche à montrer la violence telle qu'elle est vraiment : une chose difficile à avaler. Je veux montrer la réalité de la violence, la douleur, les blessures infligées par un être humain à un autre. Sortant d'une récente projection de Funny Games U.S., un ami critique m'a dit : "Ce film a maintenant trouvé sa vraie place." Il a raison. Lorsque dans les années 1990, j'ai commencé à songer au premier Funny Games, je visais principalement le public américain. Et je réagissais à un certain cinéma américain, à sa violence, à sa naïveté, à la façon dont il joue avec les êtres humains. Dans beaucoup de films américains, la violence est devenue un produit de consommation. Cependant, parce que c'était un film en langue étrangère et que les acteurs étaient inconnus des Américains, le film original n'a pas atteint son public".
Véritable virtuose de la mise en scène glaciale, chirurgicale et irritante (très longs plans-séquences, absence de réponses aux questions), Haneke est connu pour son habileté à briser les attentes habituelles du spectateur, et le force à revoir sa manière de percevoir une œuvre cinématographique. Or, Funny Games U.S. n'a rien d'une œuvre aseptisée par le prisme hollywoodien. En ne retouchant rien (même pas la musique), en changeant uniquement la langue, les acteurs, et quelques décors, Haneke affirme en même temps que Funny Games étant en quelque sorte parfait à ses yeux. Il persiste et signe, donc, même dix ans plus tard, même si la violence s'est encore plus banalisée depuis. La réalité de la violence que Haneke entend décrire est-elle donc encore valide avec une représentation datant de dix ans ?
La réponse est oui grâce à la méthode de Haneke qui n'a pas pris une ride. Elle consiste à pervertir tous les codes auxquels le spectateur est habitué dans les films esthétisant la violence ou la justifiant moralement. En effaçant tout repère moral, et en jouant constamment avec la passivité/complicité du spectateur (grâce à des stratagèmes de mise en scène d'une intelligence vertigineuse, que je ne souhaite pas dévoiler ici), Haneke plonge son public dans un malaise bien plus nauséeux non seulement que toute production "horrifique" à but divertissant de l'industrie du cinéma ; mais malaise également encore plus dégoutant que les images "modernes" issues d'Internet, certes réelles et brutales, mais qui ne permettent pas de ressentir au final que la mort... n'est pas un jeu.
Il y aurait beaucoup à dire sur un film avec de telles implications artistiques et sociales. Le mieux est d'aller le voir, car Funny Games, original ou remake, reste une œuvre essentielle et cathartique, pour qui souhaite s'y risquer. Naomi Watts y signe sa deuxième très grande prestation de sa carrière, après Mulholland Drive de Lynch. Haneke avait posé pour seule condition sa présence dans le rôle principal. On comprend pourquoi et on admire aussi la direction d'acteurs. Chapeau bas, M. Haneke.
10/10
20:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, michael haneke, tim roth, naomi watts, michael pitt
06 avril 2008
3:10 to Yuma
Hollywood, toujours plus prompt à prendre peu de risques, ne finance pour ainsi dire plus du tout de westerns. La dernière réussite créative dans le genre provenait (étonnament) de Kevin Costner et de son Open Range en 2004. Il est donc décevant qu'à la suite de son succès du biopic Walk The Line, James Mangold se soit contenté d'un remake d'un film réalisé en 1957 par Delmer Daves.
Je n'ai pas vu l'original de 3h10 pour Yuma, mais j'ai vu deux films de James Manglod (Copland, 1997 ; Identity, 2003), et je n'en attendais pas grand-chose, car Mangold reste, jusqu'à présent, un "faiseur" de film, c'est-à-dire bon technicien mais sans rien de bien intéressant pour le cinéphile. Le piège de ce film, c'est son casting, piège dans lequel je suis tombé. Habitué à un degré d'exigence plus élevé de la part de Christian Bale et de Russell Crowe, j'attendais de ces deux acteurs, réunis pour la première fois à l'écran, un grand spectacle. Hélas, si 3h10 pour Yuma est un bon divertissement, le film souffre de plusieurs écueils.
Le premier est incontestablement le scénario, qui souffre de beaucoup d'invraisemblances. Ensuite, on voit que le chef décorateur n'est pas de la trempe d'un Jack Fisk (The New World, There Will Be Blood...). Dans ce western, les décors font... décors. Il manque donc une bonne dose d'authenticité. Enfin, Russell Crowe joue un personnage sans grande épaisseur, avec un minimum de conviction, et Christian Bale s'en sort bien compte tenu de ce que le scénario lui donne pour définir son personnage. Nous sommes très loin de la rencontre au sommet qu'on aurait pu attendre. Au final, nous avons donc un remake dont on aurait fort bien pu se passer, et qui ne contribuera certainement pas à relancer le genre du western, du moins ceux de la grande tradition, où on pouvait y sentir la chaleur et la poussière du désert, ainsi que la lutte des hommes dans cette conquête du far west.
6/10
19:08 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Cinéma, James Mangold, Christian Bale, Russell Crowe
19 mars 2008
There Will Be Blood
Le réalisateur américain Paul Thomas Anderson s'est imposé, en l'espace de trois films à la qualité croissante (Boogie Nights, Magnolia, Punch Drunk Love), comme un faiseur des plus malins d'Hollywood, dans la même bannette que les Soderbergh, Fincher, Tarantino, etc.
Il manquait à Anderson ce supplément d'âme, ou d'ambition, qui caractérisait la génération précédente (de Kubrick à Scorsese en passant par Malick). Avec There Will Be Blood, Anderson vient de franchir un gros pas. Ce film, qu'on peut facilement appeler celui de la maturité, montre un désir de grandeur qui fait cruellement défaut à sa génération de cinéastes. Il n'est ainsi pas anodin de voir Les Cahiers du Cinéma offrir leur couverture à ce film, avec pour titre, "Le cinéma américain à l'heure de There Will Be Blood".
There Will Be Blood semble s'inscrire dans cette nouvelle mouvance (qui doit beaucoup à Malick) qui montre les enjeux des hommes replacés au sein d'un environnement qui les dépasse : la Nature. Andrew Dominik dans The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, et Joel et Ethan Coen dans No Country For Old Men, sont deux récents films américains qui illustrent cette tendance, et le film de P.T. Anderson vient parachever ce désir de grandeur, avec une fresque au scénario et à la direction d'acteurs qui portent le film vers la cime des potentiels grands classiques.
En dehors de ces considérations, s'il n'y avait qu'une bonne raison pour aller voir ce film, elle tiendrait en l'incarnation possédée de Daniel Day-Lewis, qui rejoint une longue lignée de personnages mythologiques,
Techniquement, le film enterre la concurrence sur deux aspects : la musique, dont l'emploi et la nature (composée par le guitariste Jonny Greenwood, excepté un emprunt à Brahms) confèrent au film un pouvoir de fascination et de tension ; et enfin le look du film, que l'on doit au chef décorateur Jack Fisk, qui accepte bien peu de projets. J'avoue que j'attendais le nouveau film d'Anderson en partie par sa participation. Jack Fisk est le magicien responsable du design des films de Terrence Malick justement, et également de David Lynch. Deux réalisateurs qui portent au rendu visuel une attention maniaque. Que dire si ce n'est que le travail accompli sur There Will Be Blood est tout bonnement renversant... Quand toutes les étoiles sont alignées, on a affaire à un film rare qui s'appelle chef-d'oeuvre.
9/10
15:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Paul Thomas Anderson, Daniel Day-Lewis