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16 février 2006

The New World



Qu'on accepte ou non d'entrer dans la danse, impossible de nier que se joue là une forme de permanence et d'absolu du cinéma que seuls quelques maîtres ont pu approcher. (Chronic'art)





Voici on ne peut mieux résumée la portée du 4ème film de Terrence Malick, "seul à occuper la fonction du grand maître paranoïaque et reclus depuis la mort de Stanley Kubrick" (Libération).

Comme toute création artistique singulière et totalement empreinte de la personnalité extrême de son géniteur, on trouvera parmi le public de The New World ceux qui seront touchés par l'oeuvre et ceux pour qui tout cela sera totalement hermétique. Mais comme le rappelle si justement Chronic'art, il n'est pas possible pour un cinéphile, indépendamment des questions de goût, de ne pas voir l'apport immense de Malick au cinéma, comme Kubrick ou d'autres rares maîtres du 7ème art en leur temps.

Quand une oeuvre nous touche au plus profond de soi, il est parfois difficile d'arriver à en parler ; c'est une expérience, proche de l'indicible, ou alors il faut un certain talent. Plutôt que de décrire imparfaitement ce que j'ai ressenti face à The New World, je préfère indiquer la chronique complète de Chronic'art, dont je n'aurais pas un seul mot à modifier. Tout le ressenti est là, de manière concise et précise.

Pour ce qui est plus factuel, je souhaite retenir les points suivants :

- La photographie magnifique du chef opérateur mexicain Emmanuel Lubezski (Sleepy Hollow, Ali...), tour de force hallucinant quand on sait que Malick a imposé l'emploi quasi-exclusif de la lumière naturelle. Qui est capable de nos jours de fixer sur pellicule des images d'une telle beauté ?

- Bien que le coût d'un tel procédé ne soit pas considéré comme rentable, Malick a été le premier, depuis Kenneth Branagh avec Hamlet (1996), à tourner à nouveau un film avec de la pellicule 65mm (sauf les plans ayant nécessité des trucages en post-production, très peu en fait). Utilisé notamment pour West Side Story, Spartacus, Ben-Hur ou encore Blade Runner, le procédé consiste en fait à tourner sur des négatifs en 65mm puis à les tirer pour la projection en 70mm. La qualité de l'image et du son ainsi obtenue est à ce jour inégalée. A titre indicatif, le tirage d'une copie 70mm coûte près de 15 000 euros, quand celui d'une copie 35mm (format standard) coûte dix fois moins cher.

- Afin d'atteindre une plus grande véracité historique, la production a engagé un expert de la langue Algonquin pour apprendre la langue à tous les acteurs incarnant des Indiens de Virginie, et traduire de larges portions des dialogues du script en Algonquin. Cette langue est quasiment morte depuis 1780, seulement une dizaine de personnes la parle encore aujourd'hui aux Etats-Unis.

- Ce souci du détail historique a été porté à l'extrême : le film a été tourné en Virginie, le lieu exact qui a accueilli à l'époque le fort de Jamestown que l'on voit dans le film, quasiment à l'endroit où se sont déroulés les évènements décrits dans The New World. Malick a fait appel à un des chefs-décorateurs les plus doués du métier : Jack Fisk, fidèle au poste (car déjà complice de Malick sur ses trois films précédents), et par ailleurs chef-décorateur des derniers films d'un autre maître absolu du cinéma, David Lynch. Comme dans The Thin Red Line, le spectateur se retrouve totalement immergé dans l'époque décrite, car tout semble réel.

- La musique du film, composée par James Horner, n'a pas à rougir de celle de Hans Zimmer pour The Thin Red Line, même si elle est certainement moins démonstrative, mais parfaitement en rapport avec le film. Comme d'habitude avec Malick, des oeuvres classiques sont citées, et cette fois c'est "Piano Concerto No.23" de Mozart, ainsi que "Das Rheingold" de Wagner, que l'on a la chance d'entendre, placés comme d'habitude à des moments sublimant totalement l'image.

- Outre un casting sans faute, il n'est pas possible de ne pas évoquer LA révélation du film : Q'orianka Kilcher, 15 ans, qui incarne la princesse indienne, le rôle principal de ce film. La vraie Pocahontas (N.B. : ce nom n'est jamais cité dans le film, les colons la baptiseront Rebecca) avait probablement entre 12 et 15 ans, âge adulte pour les Indiens de l'époque. La production a mis plusieurs mois avant de trouver l'interprète idéale de la princesse, à l'issue de castings lancés à travers les Etats-Unis, le Canada puis l'Europe, qui virent défiler plus de 2000 jeunes filles !

A elle seule, Q'orianka Kilcher incarne la grâce et la magie du cinéma de Malick. Capable de faire passer tous les sentiments, en sachant jouer de toute la palette des expressions possibles que peuvent communiquer un visage ou des gestes, sa performance restera pour moi probablement une des plus bouleversantes du cinéma.

Il n'est jamais trop tard pour bien faire : que ceux qui ne connaissent pas bien Malick se rattrapent éventuellement en DVD en consultant les excellentes critiques artistiques et techniques du site EcranLarge.com :

Badlands
Days Of Heaven
The Thin Red Line

Vivement le DVD de The New World, qui présentera le film dans une version plus longue que celle présentée en Europe (135mn) ou même aux USA (155mn). Mais dans l'idéal, il faut au moins une vision du film au cinéma, dans d'excellentes conditions, pour approcher le sublime et la perfection d'une telle oeuvre. Merci M. Malick, et espérons que vous mettrez aussi "peu" de temps à nous livrer votre prochain film !

10/10

10:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

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