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19 mars 2008

There Will Be Blood



Le réalisateur américain Paul Thomas Anderson s'est imposé, en l'espace de trois films à la qualité croissante (Boogie Nights, Magnolia, Punch Drunk Love), comme un faiseur des plus malins d'Hollywood, dans la même bannette que les Soderbergh, Fincher, Tarantino, etc.

Il manquait à Anderson ce supplément d'âme, ou d'ambition, qui caractérisait la génération précédente (de Kubrick à Scorsese en passant par Malick). Avec There Will Be Blood, Anderson vient de franchir un gros pas. Ce film, qu'on peut facilement appeler celui de la maturité, montre un désir de grandeur qui fait cruellement défaut à sa génération de cinéastes. Il n'est ainsi pas anodin de voir Les Cahiers du Cinéma offrir leur couverture à ce film, avec pour titre, "Le cinéma américain à l'heure de There Will Be Blood".

There Will Be Blood semble s'inscrire dans cette nouvelle mouvance (qui doit beaucoup à Malick) qui montre les enjeux des hommes replacés au sein d'un environnement qui les dépasse : la Nature. Andrew Dominik dans The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, et Joel et Ethan Coen dans No Country For Old Men, sont deux récents films américains qui illustrent cette tendance, et le film de P.T. Anderson vient parachever ce désir de grandeur, avec une fresque au scénario et à la direction d'acteurs qui portent le film vers la cime des potentiels grands classiques.

En dehors de ces considérations, s'il n'y avait qu'une bonne raison pour aller voir ce film, elle tiendrait en l'incarnation possédée de Daniel Day-Lewis, qui rejoint une longue lignée de personnages mythologiques, dont on contemple l'ascension, l'apogée et la chute. Mais il est extrêmement rare d'en voir qui sont autant consumés par la haine des hommes, au point d'en avoir des pulsions d'auto-destruction.

Techniquement, le film enterre la concurrence sur deux aspects : la musique, dont l'emploi et la nature (composée par le guitariste Jonny Greenwood, excepté un emprunt à Brahms) confèrent au film un pouvoir de fascination et de tension ; et enfin le look du film, que l'on doit au chef décorateur Jack Fisk, qui accepte bien peu de projets. J'avoue que j'attendais le nouveau film d'Anderson en partie par sa participation. Jack Fisk est le magicien responsable du design des films de Terrence Malick justement, et également de David Lynch. Deux réalisateurs qui portent au rendu visuel une attention maniaque. Que dire si ce n'est que le travail accompli sur There Will Be Blood est tout bonnement renversant... Quand toutes les étoiles sont alignées, on a affaire à un film rare qui s'appelle chef-d'oeuvre.

9/10

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