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16 mars 2008

U2 3D



Voici donc le premier film de concert exploité en 3D et en salles de cinéma. L'effort technologique fourni est sans précédent et la page Wikipedia consacré à ce film spécial regorge de détails impressionnants.

On peut retenir que ce procédé de prise de vues en relief date de 2005 et est en principe le must dans le genre, qui a d'ailleurs servi à filmer des matches de football américain et les diffuser ainsi aux USA. Visiblement, le succès de cette technologie, qui évite l'écueil habituel de donner des nausées au spectateur, a conduit les producteurs a introduire cette inoffensive et réaliste 3D dans un autre domaine des spectacles : les concerts. Le choix de U2 a été purement orienté par leurs propres goûts personnels.

Techniquement, il faut avouer qu'après quelques minutes d'adaptation, cette 3D passe bien mieux que celle entrevue aux parcs Disney ou Futuroscope. L'apport réside dans la profondeur de champ qui permet de se rendre compte des dimensions gigantesques du stade, du public, de la scène, des décors. On se sent immergé dans le show. Les plans sur les musiciens sont également un régal, en particulier ceux permettant de visualiser le jeu de batterie. C'est donc un soulagement qui domine : cette technologie n'est pas un gadget, les progrès accomplis sont considérables et il y aura bel et bien un marché, un jour, pour des diffusions de spectacles sportifs ou musicaux en 3D. Ce n'est sans doute pas amené à remplacer la 2D, mais le plus est indéniable et il y aura forcément un public pour ça.

Pour en revenir à ce concert de U2, pour continuer sur la technique, parlons du mixage du concert en surround. Pour une fois, pour un groupe populaire, le mix ne se contente pas de balancer un peu d'ambiance dans les enceintes non-frontales. Il y a au contraire des effets surround dignes d'un film, et qui réflètent l'orientation subjective du spectateur dans le plan vu à l'écran. Par contre, le public est mixé de manière parfois abusive en avant, surtout quand on veut bien nous faire comprendre que le public chante. Dans ces cas-là, la musique est parfois couverte et donc brouillonne, tout comme des effets sporadiques de réverb' un peu lourds sur la guitare et le chant ont tendance à former une "cathédrale" de son pas des plus audiophiles.

Quant à U2, sur cette tournée de Vertigo, on peut leur reprocher de... vieillir, tant leur jeu de scène devient pépère. Le contraste avec le concert de l'hippodrome de Vincennes le 4 juillet 1987 (récemment édité en DVD dans l'édition limitée des 20 ans de The Joshua Tree) est extrêmement flagrant. Ceci est à nuancer un tout petit peu par les plans rapprochés du groupe, qui ont dû être tournés sans public, à cause de la masse imposante du dispositif des caméras (il faut 2 caméras superposées par grue pour obtenir l'effet 3D) qui auraient trop bouché la vue des spectateurs. On comprend alors qu'il est difficile d'avoir la pêche devant un stade en fait complètement vide !

Le test de l'intérêt technique du relief pour un spectacle ayant été démontré, il serait intéressant à présent de le tester sur un groupe qui propose aussi une production conséquente, mais qui donne vraiment ses tripes sur scènes... pourquoi pas un Metallica, par exemple ? ;-)

7/10

10:19 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, U2

13 mars 2008

Be Kind Rewind



Un an et demi après La Science des Rêves, Michel Gondry revient avec un autre film dont il signe le scénario (son deuxième seulement). Grand bien lui en a pris de continuer à persévérer dans cette voie délicate, à savoir mariage entre film d'auteur donc, et divertissement grand public. Gondry avait une bonne marge de progression en ce qui concerne l'émotion dans ses films, et il semble ici avoir enfin franchi un palier.

On retrouve dans Be Kind Rewind tous les ingrédients bricolos et régressifs de Gondry qui a des idées à n'en plus finir quand il s'agit de travailler les matériaux. Sauf qu'il est ici plus facile (que dans la Science des Rêves) de s'identifier à ce bric-à-brac, puisque Gondry chatouille les souvenirs et les envies de tous ceux qui ont un jour tenu une caméra, qu'elle soit Super8 ou DV. De fait, Be Kind Rewind est une déclaration d'amour non seulement à la créativité et au manuel, mais aussi au cinéma, et ce de façon modeste.

Revers de cette modestie très plaisante : Be Kind Rewind s'enfonce par moment dans une naïveté un peu enfantine, mais c'est cette candeur qui procure enfin à un film de Gondry une étincelle d'émotion qui faisait un peu défaut avant. Alors, bien sûr, Be Kind Rewind n'a pas l'envergure d'un chef d'oeuvre, ni la prétention de produire un effet bouleversant. C'est néanmoins un divertissement populaire aux qualités très rares, voire uniques : c'est un film pétri de talent (manuel), qui n'écoute pas du tout les tendances mais qui met au centre de son histoire des choses (les VHS) et des artistes (Fats Weller) oubliés. Arriver à monter un tel projet et à intéresser le public avec ça tient quasiment du miracle.

8/10

08 mars 2008

Redacted



Premier film tourné en numérique par ce grand cinéaste qu'est Brian De Palma, Redacted constitue un jalon majeur, doublé d'une cassure, dans la filmographie du réalisateur.

Il est difficile d'appréhender la portée de ce film en une seule vision. Non pas à cause de son scénario illustrant une histoire vraie (ce qui se passe avant, pendant et après le viol et le meurtre d'une Irakienne de 14 ans par des soldats américains), mais de part sa raison d'être : raconter ce qui se passe en Irak par les seuls procédés qui disent vrai, provenant des images brutes tournées par les soldats (et postées sur leurs blogs ou sur YouTube), les caméras de surveillance, et les documentaires de journalistes indépendants. Pour des questions de droits et de procès en cours d'instruction (à l'encontre des soldats coupables des véritables viol et meurtre), De Palma a dû inventer des situations et dialogues aussi similaires que possible à ceux des documents qu'il a trouvé peu à peu sur Internet. Une armée d'avocats a d'ailleurs dû valider au mot près chaque mot du scénario pour déterminer quand la ligne jaune était franchie, c'est-à-dire quand les situations imaginées par De Palma étaient trop proches des sources réelles.

Fracture donc dans l'oeuvre de De Palma : pour la première fois de sa carrière, ses images, même fausses (puisque fictionnalisées), disent vrai (car pas mensongères). Le spécialiste de l'illusion et des faux-semblants change radicalement de cap et nous offre donc un double remake : remake de son film Casualties Of War, car l'histoire se répète (sorti en 1989, il s'inspirait aussi de la même histoire réelle, le viol et le meurtre d'une Vietnamienne par des soldats américains lors de la guerre du Vietnam), et remake de documents réels.

On ne retrouve donc évidemment pas dans Redacted l'esthétique maniaque hitchcockienne de la majorité de la filmographie de De Palma. L'intérêt principal de Redacted est dans son puissant pamphlet dont la colère interpelle, car celle-ci se transforme parfois en humour noir, qui seul semble pouvoir rendre compte de la bêtise absolue de cette guerre. Redacted n'est donc absolument pas un film "de plus" sur les atrocités et l'absurdité de la guerre. C'est un film unique, un film de notre époque, dans laquelle le rire (jaune, nerveux, désespéré...) devient l'ultime réaction devant les pantalonnades des dirigeants de ce monde.

Pour conclure, il me paraît opportun de citer un extrait de l'édition de Jean-Michel Frodon dans le n°631 des Cahiers du Cinéma. Le rédacteur en chef rapporte que Redacted a suscité au sein de leur équipe plus de réactions et de débats qu'aucun autre film récent, car "ce n'est pas en tant que "chef-d'oeuvre", au sens d'un accomplissement esthétique supérieur, qu'il a commencé d'occuper une place de premier plan. C'est pour nous parce qu'il concentre et met en jeu exemplairement l'essentiel de nos interrogations sur la nature des images aujourd'hui, comme composantes à part entière de la réalité contemporaine y compris dans sa forme la plus dramatique, la guerre. Redacted est passionnant comme question (politique) bien plus que comme réponse (artistique)"

9/10

22:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Brian De Palma

22 février 2008

Juno



Révélé grâce à son second film Thank You For Smoking, Jason Reitman (le fils de Ivan Reitman - Ghostbusters !) s'attaque dans son troisième long-métrage à un autre sujet sensible (particulièrement aux USA) : la grossesse non désirée et la question du choix de garder ou non l'enfant.

Le sujet se prêtant moins à un film caustique et politiquement incorrect, Reitman trouve ici finalement un ton plus juste que celui de Thank You For Smoking, qui était tiraillé entre son enveloppe très hollywoodienne et ses velléités indie. Bien que la mise en scène et le savoir-faire éclatent dès le début comme un film de studio parfaitement maîtrisé, la bonne surprise se situe indéniablement du côté des personnages définis par le scénario.

D'apparence timide, mais dotée d'un grand sens de l'humour et d'un aplomb hors du commun, le personnage central de Juno est né après que la scénariste se soit aperçue qu'il n'existait aucun personnage de ce genre dans les films de teenagers. Le charme agit très vite, car Juno est en effet loin des clichés habituels. Paradoxe : autant elle affiche une distance presque choquante par rapport à l'enfant qu'elle porte (l'appelant ce "truc", cette "chose", etc.), autant sa volonté de donner cet enfant plutôt que d'y mettre un terme trahit une sensibilité que ses mots ne dégagent pas. Sur cet équilibre fragile, la comédienne Ellen Page fait des merveilles, et porte littéralement le film. Tête d'affiche du huis clos Hard Candy, découverte dans X-Men 3, Ellen Page va irrésistiblement continuer son ascension artistique.

Parfait également dans son rôle de géniteur involontaire, le comédien Michael Cera a fait ses débuts devant la caméra de George Clooney, en interprétant Chuck Barris jeune, dans Confessions d'un homme dangereux. Il a fait depuis la tête d'affiche du teenage movie SuperGrave, mais c'est un personnage éminemment plus sensible (et très maladroit) qu'il incarne dans Juno. Décidément irréprochable, le casting est allé trouvé avec bonheur Jennifer Garner dans un rôle à contre-emploi pour elle, où elle excelle (pas de spoilers !).

Enfin, n'oublions pas de mentionner que la bande originale du film fait la part belle à des musiques rock pas vraiment des plus mainstream ou à la mode : du vintage avec The Kinks, Mott The Hoople et The Velvet Underground, mais aussi quelques fines lames de l'indie US (Belle & Sebastian, Courtney Love, The Moldy Peaches). Tout ceci avec de belles joutes de connaissances musicales entre Juno et le futur père adoptif de son enfant. Craquant !

Bien sûr, le film reste fidèle à son but, à savoir un divertissement grand public, mais sans niaiserie, et avec des scènes qui posent des problèmes assez profonds, on peut dire que nous avons affaire à un film qui, sans marquer l'histoire du cinéma, procure en tout cas déjà bien plus de satisfaction que le tout-venant. Et c'est déjà assez rare !

7/10

19 février 2008

Cloverfield



Réalisateur de deux longs-métrages obscurs, Matt Reeves est plus connu comme créateur (et réalisateur) d'épisodes de séries TV, et s'est surtout illustré comme scénariste de The Yards (2000), le deuxième film du surdoué James Gray (cf. We Own The Night). Son statut devrait toutefois changer quelque peu avec ce Cloverfield produit par un autre créateur et réalisateur de séries TV, bien plus célèbre ; J.J. Abrams.

Cloverfield a été à l'origine d'un buzz conséquent sur le web. Alors que personne n'était au courant de ce projet, un teaser assez malin montrait une fête privée new-yorkaise perturbée par de gigantesques explosions. Rapidement répandu sur le web en juillet 2007, ce teaser ne dévoilait alors rien de l'intrigue mais précisait toutefois le nom du producteur (devenu très vendeur !) et la date de sortie.

Il faut reconnaître un talent marketing indéniable à Abrams, et une façon bien rusée de distiller le mystère sur de nombreux mois (ce qui a son pendant inévitable, à savoir que le soufflé se dégonfle dès la surprise dévoilée). De surcroît, Abrams a parfaitement compris comment utiliser l'engouement pour des sites web comme YouTube. Décrit partout comme un croisement entre Godzilla et The Blair Witch project, force est de constater que Cloverfield est bien grosso modo fidèle à ce raccourci, mais le principe de caméra subjective, amateur, fait bien entendu plus écho aujourd'hui à toutes ces vidéos de particuliers, que ce soit sur YouTube donc, mais aussi les blogs, celles qu'on s'envoie sur mobiles, etc. L'effet d'identification est immédiat et le réalisme est donc très frappant.

Ce réalisme est bien ce qui permet de s'accrocher à son fauteuil pendant 1h30, car autant l'histoire comporte un nombre impressionnant d'incohérences, autant le divertissement est total grâce au soin avec lequel la réalisation en caméra subjective est poussée. Le film de Matt Reeves est donc finalement un coup d'essai plutôt réussi, si toutefois on veille à ne pas attendre plus que ce que toute la promotion, orchestrée de main de maître par Abrams, pouvait en laisser espérer.

Il n'y a d'ailleurs peut-être pas de meilleur exutoire à nos traumatismes que ce Cloverfield. La situation en plein New-York de ce désastre n'est évidemment pas un hasard, et si le film Godzilla de 1954 adressait directement les peurs liées à la bombe atomique d'Hiroshima, Cloverfield est une expérience éminemment cathartique pour les attentats du 11/09/2001. Les personnages de Cloverfield sont interprétés par des acteurs totalement inconnus, et ils passent tous pour de gentils crétins (impossible donc de s'y identifier), pauvres hères livre en patûre aux événements épouvantables qui dévastent New York. Vu le succès en salles de Cloverfield, cela est révélateur de nos psychoses.

7/10