01 novembre 2008
Tonnerre sous les Tropiques
Cinq comédiens aux egos surdimensionnés sont engagés pour faire le "plus grand film de guerre de tous les temps". Sur le tournage tout dérape : les caprices des stars et l'incapacité du réalisateur font grimper les frais à une allure vertigineuse, au point que le studio décide de tout arrêter... C'est alors que survient l'idée géniale d'entraîner la petite troupe au cœur du Triangle d'Or (aux confins du Laos, de la Birmanie et de la Thaïlande) pour suivre une préparation au combat, afin de les aguerrir et de tourner en conditions de conflit réel...
Ben Stiller s'est totalement impliqué (réalisateur, scénariste, producteur) dans cette mise en abyme (le film dans le film) qui délivre une féroce satire du système hollywoodien, doublé d'une parodie des gros films d'action écervelé. La première demi-heure est anthologique et laisse présager une des comédies les plus grinçantes jamais osées sur l'industrie cinématographique hollywoodienne.
Hélas, le film reprend peu à peu pied dans le politiquement correct, malgré quelques méchancetés bien senties mais trop parsemées. Le rythme mené tambour battant permet de ne pas s'ennuyer, mais Ben Stiller n'a peut-être pas voulu trop se fâcher avec un système qui finalement le fait vivre.
En fin de compte, c'est d'eux-mêmes que les acteurs Jack Black / Robert Downey Jr. / Ben Stiller se moquent le plus, avec une auto-dérision rare. Dans ce jeu d'acteur qui fait tout le sel du film, la cerise sur le gâteau est apportée par Tom Cruise, grimé en producteur cynique et vulgaire.
6/10
10:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, ben stiller, jack black, robert downey jr.
13 mars 2008
Be Kind Rewind
Un an et demi après La Science des Rêves, Michel Gondry revient avec un autre film dont il signe le scénario (son deuxième seulement). Grand bien lui en a pris de continuer à persévérer dans cette voie délicate, à savoir mariage entre film d'auteur donc, et divertissement grand public. Gondry avait une bonne marge de progression en ce qui concerne l'émotion dans ses films, et il semble ici avoir enfin franchi un palier.
On retrouve dans Be Kind Rewind tous les ingrédients bricolos et régressifs de Gondry qui a des idées à n'en plus finir quand il s'agit de travailler les matériaux. Sauf qu'il est ici plus facile (que dans la Science des Rêves) de s'identifier à ce bric-à-brac, puisque Gondry chatouille les souvenirs et les envies de tous ceux qui ont un jour tenu une caméra, qu'elle soit Super8 ou DV. De fait, Be Kind Rewind est une déclaration d'amour non seulement à la créativité et au manuel, mais aussi au cinéma, et ce de façon modeste.
Revers de cette modestie très plaisante : Be Kind Rewind s'enfonce par moment dans une naïveté un peu enfantine, mais c'est cette candeur qui procure enfin à un film de Gondry une étincelle d'émotion qui faisait un peu défaut avant. Alors, bien sûr, Be Kind Rewind n'a pas l'envergure d'un chef d'oeuvre, ni la prétention de produire un effet bouleversant. C'est néanmoins un divertissement populaire aux qualités très rares, voire uniques : c'est un film pétri de talent (manuel), qui n'écoute pas du tout les tendances mais qui met au centre de son histoire des choses (les VHS) et des artistes (Fats Weller) oubliés. Arriver à monter un tel projet et à intéresser le public avec ça tient quasiment du miracle.
8/10
23:37 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Michel Gondry, Jack Black