Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17 janvier 2007

Le Serpent



La réalisation d'Eric Barbier possède une certaine sophistication assez rare en France, qu'on pourrait rapprocher de celle d'Eric Rochant. Porté par deux acteurs talentueux dans des rôles à contre-emploi, ce thriller bien français (de par ses rebondissements de temps à autre hélas bien tirés par les cheveux) aux relents américains (pour sa tension nettement plus aiguë que nos polars traditionnels) est donc un divertissement relativement réussi, du moment qu'on est disposé à passer sur le scénario pas toujours crédible, seul point faible de l'entreprise.

7/10

15:13 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

05 janvier 2007

The Fountain



Quand on s'appelle Darren Aronofsky, qu'on a réalisé en 1999 un des films les plus virtuoses et un des plus viscéraux de ces 20 dernières années (Requiem For A Dream), on est forcément très guetté au tournant pour la suite, et la longue durée de gestation (6 ans) n'arrange rien. Il faudrait donc arriver à se faire une opinion en oubliant que c'est un des plus grands espoirs du cinéma qui est derrière ce film, mais c'est évidemment impossible.

La déception ne peut donc qu'être grande. The Fountain a tout du film qui était très ambitieux (le combat à travers les âges d'un homme immortel pour sauver la femme qu'il aime), et dont la naïveté confondante ne peut que déclencher un sentiment de frustration immense. On pourrait à la limite oublier la bêtise des tartines de métaphysique inspirée par la mythologie maya ; mais on ne peut qu'être révolté par la lourdeur des scènes larmoyantes, qui ne parviennent que rarement à atteindre le millième des émotions de son film précédent, grâce au jeu toutefois convaincant et au charme du couple Hugh Jackman/Rachel Weisz.

Le cinéphile sera en peine de voir également que les fulgurances de mise en scène d'Aronofsky sont aux abonnés absents, le montage zigzaguant entre trois époques tentant d'induire un peu de complexité (ou de finesse ?), mais la mayonnaise ne prend pas. Il en ressort plutôt une impression de prétention, d'objet qui se veut arty, alors que Requiem For A Dream était entre autres stupéfiant pour la pertinence de ses transitions entre hallucinations et "monde réel".

Quand on connaît le temps et le soin investis par Aronofsky dans ce film, on peut être pris d'un doute et se dire qu'on n'a en fait pas tout "compris". Le film est donc sans doute à revoir pour lui laisser une deuxième chance, mais il y a fort à parier qu'hélas, The Fountain tienne plus du gros ratage (eu égard au propos, avec son originalité), que du "grand film malade" injustement incompris.

6/10

22:17 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Cinéma

26 décembre 2006

Hors de prix



Divertissement sympathique mais vite oublié, Hors de prix surnage quand même au-dessus des comédies françaises souvent bas de plafond. Le metteur en scène Pierre Salvadori a en effet au compteur de belles réalisations (Les Apprentis, Après vous...), mais Hors de prix est sans doute un peu en-dessous de son niveau habituel.

Le sujet des riches qui s'ennuient dans les palaces, les parasites qui gravitent autour, et en fin de compte, l'éternel décalage entre argent et bonheur a inspiré quantité de films précédents, et cette année, nous avons tout de même eu droit sur ces thèmes à un film français vraiment bien troussé : Quatre Etoiles . La comparaison s'impose donc, inévitablement, même si les scénarios sont plutôt distincts.

Dans les deux cas, il y a de beaux dialogues, de la satire, du comique de situation, du charme, de très belles images, élégantes et chaleureuses. On sait aussi très bien que le couple à l'écran, que tout oppose, finira ensemble. Mais là où Quatre Etoiles savait faire passer des messages assez fins tout en restant relativement imprévisible sur les virages sentimentaux de ses protagonistes principaux, Hors de prix déroule surtout des clichés, et une intrigue sentimentale cousue de fil blanc. Le personnage d'Audrey Tautou est particulièrement transparent, et sans le charme de la comédienne, tout ceci serait rapidement fort ennuyeux. Salvadori lorgne du côté des grandes comédies américaines des années 50, mais force est de constater que Audrey Tautou est bien loin du panache des personnages fougueux à la Audrey Hepburn.

6/10

12:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

19 décembre 2006

Deja Vu



Tony Scott est le petit frère de Ridley Scott, mais il n'oeuvre pas tout à fait dans le même registre. Tony est un faiseur de blockbusters, mais pas vraiment décérébrés, ce qui le démarque nettement des Michael Bay et autres Roland Emmerich (qui est, de toute façon imbattable : quand on a réusi à enchaîner Universal Soldier, Stargate, Independence Day, et Godzilla, on reste intouchable pour très longtemps).

Tony, lui, depuis le démesuré succès de Top Gun, n'a eu cesse d'orienter ses films vers du divertissement plus adulte et violent. Le Dernier Samaritain (1991) était un premier pas, confirmé par True Romance (1993), avec Tarantino et Avary au scénario. En pleine ascension, Tony Scott a alors réussi à sortir quatre grands films d'action avec des stars pas forcément associées habituellement à ce registre nerveux (Robert de Niro, Robert Redford, Brad Pitt, Gene Hackman...). Il a ensuite franchi un palier supplémentaire avec l'impressionnant Man ON Fire (mélange audacieux de violence et d'émotion), et l'extrême Domino (presque expérimental). Actuellement dans la phase la plus intéressante de sa carrière, c'est avec curiosité que j'attendais Deja Vu, dont le pitch me donnait quand même quelques craintes...

Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin (Denzel Washington) se voit enrôlé au sein d'une cellule du FBI ayant accès à un appareil top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps"... Cette fenêtre permet d'observer des évènements dans le passé s'étant déroulés quatre jours, six heures et quelques minutes auparavant ; pas une de plus, pas une de moins. Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n'être qu'un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d'innocents.

Si l'on retrouve toutes les qualités de mise en scène nerveuse de Tony Scott, le scénario est tellement dur à avaler que Deja Vu s'embourbe rapidement dans des explications et des situations inextricables, au détriment de l'action (un comble...). Denzel Washington n'arrive pas à tirer grand-chose de son rôle bateau, très loin du terrible personnage tourmenté qu'il incarnait dans Man On Fire. Le happy-end achève de ruiner tout intérêt au film, et enraye pour de bon l'ascension entamée par Tony Scott vers toujours plus d'audace. On oublie, et vite, espérons que son prochain film retrouvera un thème moins alambiqué mais plus efficace.

5/10

09:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

10 décembre 2006

Red Road



Un premier long-métrage sélectionné directement à Cannes, et qui plus est, remporte le Prix du Jury, suscite forcément la curiosité. Une bande-annonce, aussi étrange que fascinante, achève d'emporter ma décision de ne pas laisser passer ce film. Bien m'en a pris, Red Road est un petit bijou, certes pas facile d'accès.

Jackie travaille comme opératrice pour une société de vidéosurveillance. Tous les jours, elle observe une petite partie de Glasgow et protège ainsi les gens qui mènent leur vie sous ses yeux. Un jour, un homme apparaît sur son écran de contrôle, un homme qu'elle ne voulait plus jamais revoir. Elle va néanmoins commencer une longue filature, pour des raisons qui vont rester longtemps obscures pour le spectateur...

Red Road est une oeuvre saisissante, de par son esthétisme et sa profondeur. Jetant un pont entre drame social et thriller, la réalisatrice anglaise Andrea Arnold crée une atmosphère très oppressante, voire désespérée. La situation du quartier de Red Road, un ensemble d'immeuble gigantesques et délabrés, réservés à d'anciens taulards en phase de réinsertion, est vraiment effrayante par sa misère et son aspect glauque.

Red Road n'en est néanmoins pas un calvaire, car Andrea Arnold n'a pas oublié d'aménager des pics d'intensité d'émotionnelle remarquables. Bien que l'ambiance ne soit réellement pas gaie, elle n'est pas en permanence étouffante, notamment grâce à la prestation assez stupéfiante de l'actrice principale, Kate Dickie, bien connue au Royaume-Uni, mais au théâtre et à la télévision. C'est donc une révélation pour nous, et bien lui en a pris de se frotter enfin au grand écran.

Pour les amateurs de bande-son très soignée, Red Road est particulièrement intéressant, car proche des travaux d'ambiance et de soudscapes de Messieurs Lynch et Badalamenti. La relative sécheresse des dialogues rend l'experience sensorielle d'autant plus passionnante.

Red Road peut néanmoins agacer car le scénario ne dévoile ses cartes qu'au compte-goutte, et la très belle réflexion sur le voyeurisme (induit par les caméras de surveillance) dérive vite vers les sentiers plus balisés de la "simple" enquête/vengeance. A chacun de se positionner, mais il sera difficile de contester que Red Road est l'émergence d'une vraisemblable future très grande réalisatrice.

8/10

16:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma