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10 décembre 2006

Red Road



Un premier long-métrage sélectionné directement à Cannes, et qui plus est, remporte le Prix du Jury, suscite forcément la curiosité. Une bande-annonce, aussi étrange que fascinante, achève d'emporter ma décision de ne pas laisser passer ce film. Bien m'en a pris, Red Road est un petit bijou, certes pas facile d'accès.

Jackie travaille comme opératrice pour une société de vidéosurveillance. Tous les jours, elle observe une petite partie de Glasgow et protège ainsi les gens qui mènent leur vie sous ses yeux. Un jour, un homme apparaît sur son écran de contrôle, un homme qu'elle ne voulait plus jamais revoir. Elle va néanmoins commencer une longue filature, pour des raisons qui vont rester longtemps obscures pour le spectateur...

Red Road est une oeuvre saisissante, de par son esthétisme et sa profondeur. Jetant un pont entre drame social et thriller, la réalisatrice anglaise Andrea Arnold crée une atmosphère très oppressante, voire désespérée. La situation du quartier de Red Road, un ensemble d'immeuble gigantesques et délabrés, réservés à d'anciens taulards en phase de réinsertion, est vraiment effrayante par sa misère et son aspect glauque.

Red Road n'en est néanmoins pas un calvaire, car Andrea Arnold n'a pas oublié d'aménager des pics d'intensité d'émotionnelle remarquables. Bien que l'ambiance ne soit réellement pas gaie, elle n'est pas en permanence étouffante, notamment grâce à la prestation assez stupéfiante de l'actrice principale, Kate Dickie, bien connue au Royaume-Uni, mais au théâtre et à la télévision. C'est donc une révélation pour nous, et bien lui en a pris de se frotter enfin au grand écran.

Pour les amateurs de bande-son très soignée, Red Road est particulièrement intéressant, car proche des travaux d'ambiance et de soudscapes de Messieurs Lynch et Badalamenti. La relative sécheresse des dialogues rend l'experience sensorielle d'autant plus passionnante.

Red Road peut néanmoins agacer car le scénario ne dévoile ses cartes qu'au compte-goutte, et la très belle réflexion sur le voyeurisme (induit par les caméras de surveillance) dérive vite vers les sentiers plus balisés de la "simple" enquête/vengeance. A chacun de se positionner, mais il sera difficile de contester que Red Road est l'émergence d'une vraisemblable future très grande réalisatrice.

8/10

16:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

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