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04 novembre 2006

Les Lumières du faubourg



Honte à moi, Les Lumières du faubourg est le premier film du Finlandais Aki Kaurismäki que j'ai pu voir. Troisième film d'un cycle consacré aux "perdants", et troisième sélection à Cannes ("performance" fort rare), après Au loin s'en vont les nuages en 1996 et L'Homme sans passé en 2002.

En quelques minutes, l'affaire est emballée, on comprend très vite pourquoi le cinéma de Kaurismäki est estimé et s'est retrouvé en sélection officielle à Cannes. Le bonhomme est doué, très doué : ses plans respirent l'épure et l'esthétique, sa mise en scène est extrêmement subtile, la photographie est presque surréaliste (dans ce film, emploi extraordinaire de l'atmosphère glaciale, presque abstraite, d'Helsinki), et le plus épatant de tout est peut-être sa science du montage, avec des plans à la durée savamment millimétrée.

Le scénario, sur le papier, n'a rien d'excitant. Koistinen, gardien de nuit, mène une vie sociale et sentimentale misérables, dans l'indifférence générale et la mécanique sans visage de la société, qui se liguent pour briser ses modestes espoirs les uns après les autres. Un groupe de bandits va exploiter sa soif d'amour et son poste de veilleur de nuit avec l'aide d'une femme calculatrice...

Néanmoins, avec cette "petite" histoire, Kaurismäki dresse un drame très sombre, illuminé en permanence d'une ironie acerbe. L'économie de dialogues permet de rendre signifiant chaque détail, en apparence anodin. Pourtant, je suis resté un peu sur ma faim à cause d'un manque flagrant d'évolution réelle du scénario. L'impassibilité du personnage principal face à la cruauté de ce qui lui arrive finit par lasser. Il y a peut-être trop de retenue, trop de pudeur dans cette histoire pour maintenir le même intérêt jusqu'au bout.

Reste que Kaurismäki m'a assez impressionné pour me donner envie de voir ses films précédents. Et ça, c'est plutôt positif !

7/10

20:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)

01 novembre 2006

Scoop



Woody Allen nous avait envoyé en 2005 un uppercut totalement inattendu avec Match Point, un drame glaçant qui rompait enfin totalement avec les comédies légères et en perte de vitesse auxquelles le talentueux New-Yorkais avait commencé hélas à nous habituer dans les dix dernières années.

C'est donc avec une légère déception qu'on ne peut que constater que Scoop redescend nettement en gamme, sans pour autant démériter : il s'agit d'une comédie policière joyeuse, dans le style de Meurtre mystérieux à Manhattan (1993).

Woody Allen retombe en effet dans quelques caractéristiques qu'on lui connaît bien : il se met en scène, il partage le rôle principal, il est le ressort comique, et n'hésite pas à imposer (avec toujours autant de justesse) des artifices théâtraux (sans rien dévoiler, des scènes en aparté comme les interventions de personnages de tragédie grecque dans Maudite Aphrodite, 1995). On est donc en terrain archi-connu.

Heureusement, il y a la fraîcheur apportée par Scarlett Johansson (qui semble avoir conquis le père Woody puisqu'elle était déjà à l'affiche de Match Point), et Hugh Jackman, pour l'instant surtout connu pour son rôle de Wolverine dans la trilogie X-Men (mais dont la cote ne cesse de monter puisqu'on va le voir dans Le Prestige de Christopher Nolan et The Fountain de Darren Aronofsky).

Si hélas, le rôle voulu par le film ne permet pas à Hugh Jackman de briller, la caméra semble toujours autant aimer Scarlett Johansson, même si elle incarne ici une jeune apprentie journaliste un peu naïve, et même si elle y est enlaidie (lunettes et habits pas du tout sexy). Allen a tenté avec succès le contre-emploi pour l'actrice, qui forme avec lui un duo épatant à l'écran.

Rendez-vous à l'automne prochain pour le Woody nouveau, puisqu'il sort un film par an, comme une horloge. Avec qui sait, une autre surprise du calibre de Match Point...

7/10

19:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)

Poltergay



Comédie inoffensive (mais au pitch original !) qui ne vaut que par la présence de Clovis Cornillac. Moment de détente, bon enfant, ni graveleux ni stupide (c'est déjà pas mal).

6/10

18:58 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)

31 octobre 2006

La Californie



Un film avec Nathalie Baye et Roschdy Zem, ça ne se rate pas. Problème : même si la performance des acteurs est au plus haut niveau, et que les qualités techniques du film sont évidentes, le développement de l'histoire est d'un grand ennui (et pourtant, j'aime souvent les cinéastes qui filment l'ennui, comme Sofia Coppola). Mais là, non, pas possible.

Comme le film ne m'a pas donné du tout envie de développer je livre paresseusement un lien vers la critique de Chronic'Art, qui explique assez bien, hélas, le naufrage.

5/10

14:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)

29 octobre 2006

The Queen



Stephen Frears did it again ! Après deux dernières oeuvres bluffantes (Dirty Pretty Things et Mrs Henderson Presents), j'avoue que The Queen, vu son sujet casse-gueule, la difficulté a priori d'être convaincu par des acteurs au physique pas forcément très ressemblant à des personnalités archi-connues, ainsi que sa fade bande-annonce, me faisaient un peu douter de la capacité du Britannique à continuer sur une telle lancée.

Or, la brillante intelligence de propos et de mise en scène de Frears éclate une fois de plus tout au long de ce drame mettant en lumière les conséquences du tragique décès de la princesse Diana sur la famille royale et la politique menée par Elizabeth II.

Nul sensationnalisme ici, la polémique autour de la mort de Diana n'est même pas évoquée, à peine suggérée. Le film se situe en permanence entre réserve pudique (exemple : hallucinante scène ou le prince Charles pénètre pour la première fois dans la chambre d'hôpital de la défunte, moment de mise en scène à méditer dans les écoles de cinéma !), et lumière crue sur les arcanes du pouvoir monarchique et constitutionnel. Le tout, arrosé en permanence d'un humour british froid et bien cinglant, d'un à-propos fort rare.

En quelques secondes, on comprend qu'Helen Mirren, qui interprète Elizabeth II, a gagné la partie. Sa prestation, d'un naturel inouï, emporte en un clin d'oeil les quelques réticences qu'on pouvait avoir avec l'éventuel manque de ressemblance physique entre les acteurs et les personnalités interprétées. Sa coupe de la meilleure interprétation féminine remportée cette année à Venise est plus que logique, c'était un dû. Les autres acteurs ne déméritent pas, et on reconnaît au passage l'extraordinaire faculté de direction d'acteurs que possède Stephen Frears.

Il en va de même pour le scénario de Peter Morgan, reparti lui aussi de la plus haute récompense à Venise. Les répliques, la foule de précisions, l'alternance des points de vue : cette maestria magnétise littéralement le spectateur. La fiction devient alors tellement plus intéressante que la réalité dépeinte dans les journaux... Réflexion sur le pouvoir, sur la solitude aussi, analyse (et comédie) de moeurs, décryptage politique, The Queen allie virtuosité à tous les étages (mise en scène, montage, photographie, interprétation décors, scénario, etc.), pour un résultat purement jouissif qui consacre définitivement Stephen Frears comme probablement le meilleur réalisateur britannique en activité.

10/10

19:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3)