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30 mai 2009

Millenium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmes

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Avec un seul film précédemment sorti en France, le Danois Niels Arden Oplev était largement inconnu avant que ne lui incombe la rude tâche d'adapter à l'écran le premier tome de la saga Millenium, le roman suédois Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Oplev a surtout été jusqu'alors réalisateur de téléfilms danois, et Millenium (le film) a été financé par la chaîne de télévision publique suédoise SVT. C'est relativement peu étonnant que le résultat donne une impression franche de téléfilm de luxe.


Cela n'a rien de péjoratif, mais il faut savoir à quoi s'attendre : un honnête thriller, de facture technique correcte, avec beaucoup de codes et clichés du genre. On a déjà échappé à l'adaptation hollywoodienne, c'est déjà ça de pris (l'Amérique du Nord a été en effet préservée du succès des trois bouquins, et le premier film n'a pas encore de date de sportie aux USA). N'ayant pas lu les livres, il m'est difficile en tout cas à la vue du premier film de comprendre l'engouement européen pour l'oeuvre de Stieg Larsson. Des sources proches ayant lu et vu la chose me disent que le roman possède une envergure plus large, le script du film s'étant focalisé sur la facette polar. Néanmoins, la durée de 2h30 renferme de belles longueurs, avec un problème de rythme (la fin expédie un paquet de révélations).

Reste que l'intérêt du film tient à deux facteurs :
1) il se passe en Suède, avec des acteurs suédois inconnus pour nous (petit effet dépaysant incontestable même pour ceux qui voient beaucoup de films étrangers)
2) l'actrice Noomi Rapace tient le film sur ses épaules en incarnant le personnage extraordinairement animal de Lisbeth. Bien vu, elle est sur l'affiche, et le titre international ne s'y est pas trompé en attirant l'attention sur elle (The Girl with the Dragon Tattoo). Actrice apparemment totalement inconnue même dans son pays, elle ne va certainement pas rester longtemps cantonnée à la trilogie Millenium. C'est probablement ce qu'on retiendra de Millenium, le film : la révélation d'un talent.

6/10

13 mai 2009

Star Trek

Le passage derrière la caméra pour le créateur/scénariste J.J.Abrams s'était révélé être finalement assez tiède avec Mission: Impossible III. Dans ma critique, j'écrivais que c'était une "machine monstrueuse sans un seul temps mort, un thriller étourdissant mais qui est passé à côté d'un aspect crucial du cinéma : l'émotion". Pour son deuxième long-métrage, Abrams rectifie grandement le tir. Cela a probablement été plus aisé sans un producteur envahissant comme Tom Cruise. Dans Star Trek, Abrams est lui-même... un des producteurs, les autres étant des compagnons d'Abrams ayant officié sur Lost. Pas tout à fait les mêmes conditions !

 

Difficile de ne pas reconnaître que Star Trek est un blockbuster diablement divertissant, qui réussit le délicat grand écart entre spectacle obligatoire pour attirer le grand public, et proposition artistique avec suffisamment de consistance pour séduire des spectateurs plus exigeants. Je ne connaissais rien de Star Trek (je n'ai jamais vu un seul épisode ni un seul film), en dehors des codes principaux passés dans la culture populaire (la navette Enterprise de la NASA a été baptisée d'après le nom du célèbre vaisseau de la série grâce au lobbying des fans, c'est dire). Bien sûr, cet univers a toujours souffert d'un manque de moyen qui le fait passer pour kitsch. C'était donc une idée intéressante que d'allouer la grosse artillerie pour revisiter cet univers.

 

La première bonne surprise, c'est que justement, comme par miracle, le film ne fait pas kitsch. Pourtant, les justaucorps bleu et rouge sont de sortie, et la coupe au bol de Spock aussi. Affaire d'équilibre, car les extra-terrestres en latex sont bien là, mais crédibles et disséminés naturellement parmi les humains. Leur apparition en ressort renforcée et naturelle. Les effets spéciaux sont parfois splendides, parfois un peu trop numériques/photoshopés, mais ça ne dégouline pas, c'est efficace. Abrams est un magicien néoclassique. Je me suis pris à penser à multiples reprises pendant le film qu'il avait réussi là où George Lucas a tant échoué avec ses Star Wars I à III : faire un space opera démesuré mais lisible, humain, où les personnages ont une existence propre, un but et des sentiments. Et surtout, l'humour tempère en permanence tout risque d'arrogance. Le cocktail est redoutable, on ne s'ennuie pas un instant.

 

Le film a également l'avantage d'être parfaitement compréhensible par les novices, puisque temporellement l'action est située avant tout ce qui a été produit précédemment. On découvre donc l'enfance des deux personnages principaux, James T. Kirk et Spock, comment ils en sont venus à devenir les capitaines de l'USS Enterprise, comment ils ont dû se montrer à la hauteur de leurs pères. Sans jamais asséner de dialogues lourdingues, les conflits intérieurs qui les animent font toute la différence avec un blockbuster bas du plafond. Le personnage de Spock est de loin le plus intéressant, lui qui est torturé par un conflit mental entre d'une part la raison et la logique de son sang paternel vulcain, et d'autre part les émotions et intuitions héritées de sa mère terrienne. Il tente à tout prix d'être un Vulcain parfait, n'agissant que par logique et en ayant la maîtrise de ses émotions. Mais son côté humain, qui l'effraie et le fascine à la fois, ressurgit constamment, donnant lieu à des scènes parfois dures, parfois très drôles.

 

Je n'aurais pas cru écrire cela au sujet de Star Trek, mais franchement, ça donne envie de voir la suite.

 

8/10

08 mai 2009

Chéri

Grand inconditionnel de Stephen Frears, il m'était difficile de rater ce nouveau long-métrage, scellant les retrouvailles du réalisateur anglais avec Michelle Pfeiffer, vingt après Les Liaisons dangereuses (avec le même scénariste, Christopher Hampton). Comme pour Les Liaisons, Chéri est l'adaptation d'un roman français, de Colette cette fois. Il est évidemment tentant d'aller chercher des échos entre les deux films. S'il ne faut pas pousser l'exercice trop loin, on ne pourra s'empêcher de faire remarquer que Pfeiffer incarne dans les deux cas une courtisane ; à ses grandes heures dans Les Liaisons, elle est en fin de carrière dans Chéri. Ce n'est pas le même personnage évidemment (ni la même époque), mais l'écho est trivial. Le sujet de Chéri s'absorbe sur la cruauté du temps qui passe, inexorablement.

Si le sujet semble plus banal, Frears parvient à rester captivant par la subtilité de sa mise en scène. C'est clairement un des plus grands directeurs d'acteurs en activité, qui sait dépeindre avec une vivacité toujours surprenante le jeu social, l'apparence et les sentiments. Le casting est tiré à quatre épingles et c'est jubilatoire de retrouver Michelle Pfeiffer qui avait déserté depuis longtemps le cinéma. Petit film dans la carrière de Frears, peut-être, mais encore une sacrée belle leçon de cinéma.

8/10

07 mai 2009

OSS 117 : Rio ne répond plus

L'effet de la surprise en moins, ce deuxième volet assène sans sourciller toutes les qualités déjà bien énumérées dans le billet sur OSS 117, Le Caire nid d'espions, avec un seul bémol : il y a cette fois quelques temps morts.

Le film fonctionne plus par à-coups, avec une homogénéité moindre dans la qualité. Il y a en effet une succession de scènes inoffensives avec des gags bien plus fulgurants, bien plus irrévérencieux que dans le premier volet : les répliques concernant la communauté juive sont considérées comme limites par certains, mais gageons que les Juifs comprendront que cette outrance consiste plus à se moquer des poncifs sur les Juifs que des Juifs eux-mêmes. Mais cette forme d'humour, plutôt fine sous ces aspects "pieds dans le plat", n'est clairement pas simple à manier. C'est donc encore un tour de force du scénariste Jean-François Halin, ancien héros de l'humour Canal+, que l'on peut saluer pour autant d'audace.

Jean Dujardin se vautre avec un plaisir enviable dans la peau de l'inénarrable Hubert Bonisseur de la Bath, et le pastiche (et non pas la parodie) est peut-être encore plus abouti, techniquement, que les aventures au Caire. Difficile de bouder son plaisir tout de même.

7/10

18 avril 2009

Elbow, Bataclan, 17/04/2009


(c) Brice Bonneau

Elbow a clôturé le festival du label The Hours, qui s'est déroulé du 15 au 17 avril au Bataclan. Mais avant d'en venir à Elbow, il faut parler de Fires Of Rome, le groupe qui l'a précédé. J'ai bien accroché au premier album de ce trio new-yorkais, sorti en début d'année et remarqué à juste propos par les critiques. You Kingdom You est composé de 10 titres énergiques naviguant entre rock, funk, glam, new wave, sans avoir peur d'afficher ses influences les plus évidentes (Bowie, Talking Heads). Le test de la scène était primordial pour voir ce que le groupe valait vraiment. Leur prestation confirme que le combo américain est à surveiller de près, car il possède des qualités très solides, à commencer par une redoutable section rythmique, puissante et groovy. Le chanteur/guitariste possède une sacrée voix, avec laquelle il n'est pas encore tout le temps à l'aise. Gros potentiel que le groupe doit apprendre à maîtriser, mais il peut faire vraiment mal dans les années à venir. Mention spéciale au batteur qui a vraiment un style fantastique et qui avait en plus LE son.

On peut de toute façon adresser un grand bravo à l'ingénieur du son façade qui a su proposer un mix hyper propre et un son de très haute qualité pour Fires Of Rome et Elbow. Certes, ce n'était pas les conditions de la veille au studio 105, mais c'est le meilleur son que j'aie pu entendre au Bataclan.

Mini-festival et couvre-feu oblige, Elbow n'a pas pu jouer plus d'1h15, mais chaque minute a été littéralement dégustée par un public qui a fait un accueil vraiment triomphant aux Anglais. Serait-ce le début de la reconnaissance française ? En tout cas, après la note maximale de la critique de Télérama, le Figaro s'est lui aussi fendu d'un article élogieux.

Si NME estime depuis la sortie du premier album d'Elbow que le quintet de Manchester est le seul groupe capable de jouer dans la même division que les intouchables Radiohead, je dois avouer que lors de ce deuxième concert d'affilée d'Elbow, j'ai perçu en toile de fond une similitude avec le romantisme de la musique de Genesis, chose qui ne m'avait jamais frappé avant. C'est troublant, car le chant de Guy Garvey possède un timbre de voix et des capacités vocales proches de Peter Gabriel. Oui, pourquoi pas, Elbow peut donner une idée de ce que Genesis aurait pu devenir dans les années 2000 si Peter Gabriel n'était jamais parti...

The Seldom Seen Kid est en tout cas appelé à devenir un album intemporel. Dommage qu'ils ne l'ait joué en entier que pour le concert avec l'orchestre de la BBC ; mais certes, il n'a manqué au Bataclan que trois titres pour l'avoir en entier (An Audience With The Pope, The Fix et Friends Of Ours). Le moment fort ? The Loneliness of a Tower Crane Driver, déjà puissante sur album, est une chanson à frissonner en concert. Peu de groupes peuvent se targuer d'avoir écrit quelque chose de cette trempe.

Setlist :
Starlings
The Bones Of You
Mirrorball
Leaders Of The Free World
The Stops
Station Approach
Grounds For Divorce
The Loneliness of a Tower Crane Driver
New Born
Some Riot
Weather To Fly
One Day Like This

20:58 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : concert, elbow, bataclan