Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 mai 2006

Mission: Impossible 3



Mission: Impossible au cinéma possède un intérêt, c'est celui de voir un blockbuster réalisé par un grand nom. Le premier volet était une superbe réussite esthétique par De Palma, le maître ès thrillers et polars sophistiqués. Le scénario était alors assez gentil, pas très vraisemblable bien sûr mais fidèle à la série (plutôt fun). Le deuxième fut confié à John Woo à une époque où le cinéma asiatique commençait à vraiment avoir le vent en poupe. Hélas, contrairement à De Palma, il fut difficile d'y retrouver la patte du réalisateur, et le scénario était quelque peu grotesque.

Depuis le deuxième épisode (sorti en 2000), ce sont les séries TV de qualité qui ont le vent en poupe, avec des créations tenant souvent la dragée haute aux films : intrigues très fouillées, personnages développés, thèmes en accord avec les préoccupations des spectateurs. Il paraît que Tom Cruise, producteur des trois M:I, a finalement choisi J.J. Abrams pour diriger le troisième épisode après avoir été séduit par la série Alias. Abrams compte également Lost au rang de ses phénoménales créations. Seul hic, si c'est un scénariste de talent, il n'avait encore réalisé aucun long-métrage. Retrouve-t-on ainsi sa patte dans M:I 3 ?

A mon avis, non. Techniquement, le film est très impressionnant, mais d'un pur point de vue de réalisation (technique donc), Abrams a été épaulé d'une brochette de réalisateurs assistants très compétents (ayant tous travaillé sur d'autres très grosses productions hollywoodiennes). Le directeur de la photographie, Daniel Mindel, est un pro vraiment doué (Domino, The Bourne Identity, entre autres). Le résultat est visuellement très réussi ; sans retrouver la fluidité et le sens inné du cadrage d'un De Palma, les scènes d'action (quasiment en continu) évitent ici le cafouillage. On peut penser à du Michael Bay ou du Roland Emmerich, avec une grâce certaine en plus tout de même. Aux commandes de cette énorme machine (150 millions de dollars pour un premier film !), Abrams s'en tire vraiment bien, chapeau pour un scénariste !

Le vrai problème, et c'est là où on attendait Abrams, c'est justement le scénario et les personnages. Certes, il n'est que le co-auteur du scénario. Mais il est difficile d'éviter d'avoir l'impression que Tom Cruise (producteur et plus mégastar que jamais avec ses derniers succès depuis M:I 2) a eu la main-mise totale sur ce film. Le fait qu'un talent monstrueux comme David Fincher (premier réalisateur sélectionné pour ce troisième volet) ait finalement laissé tomber pour cause de divergences artistiques avec Cruise en dit long.

Dans M:I 3, l'esprit d'équipe est plus réduit que jamais, et tout est axé sur Ethan Hunt. Les personnages secondaires sont plus que secondaires, et Ving Rhames en est réduit à assurer le très peu d'humour du film avec quelques punchlines. Les deux heures du film sont quasiment constituées uniquement d'action, avec une dose de noirceur nouvelle, certes bienvenue, mais qui ne s'assume pas puisqu'au final, on le sait, tout finira bien. Pourtant, ça commence bien, avec une scène d'interrogatoire/torture avec le méchant incarné par un Philip Seymour Hoffman impressionnant et définitivement plus inquiétant que les bad guys des deux M:I précédents. Mais Tom Cruise/Ethan Hunt est trop fort et monopolise l'écran, et l'émotion et le suspense font "pschiiiiiitt".

Le film compte certaines scènes de bravoure qui resteront sans doute dans l'anthologie du cinéma d'action (l'attaque sur le pont, ou le final à Shangaï). Paradoxe pour Abrams, d'autres scènes, réussies aussi, évoquent franchement 24h Chrono et Jack Bauer (la récupération de l'agent pris en otage). Machine monstrueuse sans un seul temps mort, M:I 3 est un thriller étourdissant très au-dessus du précédent, mais qui est passé à côté d'un aspect crucial du cinéma : l'émotion. Il s'en est donc fallu de peu pour que M:I 3 soit un blockbuster qui aurait fait date dans l'histoire du cinéma hollywoodien.

7/10

16:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Cinéma

Commentaires

Ha je me demandais si on aurait droit à une critique sur MI-3 :-)
, en plus on entend un peu partout que c'est le meilleurs des 3 .

Il semble donc que c'est a voir .

Enfin pour le blockbuster qui fait date, je pense qu'avec l'influence de Tom
Cruise il fallait pas non plus réver !

Écrit par : Arnaud | 10 mai 2006

Pour ceux qui ont suivi Alias,on retrouvre dans le film ce que j'appelle le "concept action de JJ Abrams":un grand n'importe quoi scénarisé mais qui passe le plus naturellement du monde accompagné d'une action abracadabrantesque.
Et personnellement j'adore!

Écrit par : spoutnik | 11 mai 2006

Fincher a arrêté à cause de son emploi du temps qui ne collait pas avec celui de la Paramount, rien à voir avec Tom Cruise. Le pauvre putain.

Écrit par : david | 14 mai 2006

David, ça c'est la version "officielle", mais ce n'est pas la véritable... m'enfin, de toute façon, à la limite, même si c'était pas vrai, on s'en fout un peu, c'est mieux que Fincher travaille à partir du sujets originaux, non ? ;-)

Écrit par : Sébastien | 14 mai 2006

Salut Sébastien, je vais sur le site yahoo movies (l'americain) ils ont mis à jour tous les évenements relatés au film. Fincher aurait eu quelques problèmes avec l'emploi du temps et la date de sortie prévue pour MI:III par la Paramount, qui avait bien besoin d'un blockbuster pour renflouer ses caisses.
Je trouve dommage qu'ils ai mis la pression sur Fincher, Cruise étant sur Collatéral, rien ne pressait.
Il a lâché, il a bien fait dans le sens qu'il doit prendre son temps pour réaliser ce qu'il désir.
Donc Cruise n'est pas le problème (ce n'est pas non plus un enfant de coeur je suis d'accord la-dessus!) mais le temps.
Puis le scénario de Robert Towne ressemblait à celui de Jason Bourne La mémoire dans la peau qui venait de sortir.

Donc, tout le monde a repris ses affaires. Tom Cruise a découvert Narc, qu'il a adoré et produit.
Je me demande maintenant comment et pourquoi Carnahan s'est cassé. il ne serait pas logique que ce soit de la faute de Cruise puisque celui ci aimé et voulait son style.
Je pense que c'est encore la Paramount qui n'était pas d'accord sur le genre et la durée.
Bref! je me prend la tête pour rien tu me diras, mais je connais un peu le millieu. Je suis curieux.
Fincher finalement n'a fait que produire the lord of downtown. J'aurai quand même bien aimé le voir diriger MI:III.
De Palma a excellé dans le premier je trouve.

Écrit par : david | 17 mai 2006

Les commentaires sont fermés.