11 novembre 2008
Extreme, Elysée-Montmartre, 04/11/2008
Photo : (c) Zeglobox
Ce soir-là, nous avons vu quelque chose qui se fait rare, c'est la définition vivante du rock...
J'attendais depuis 13 ans de voir de mes yeux mon groupe de rock préféré (depuis que j'écoute de la musique !). Néanmoins, c'est avec fébrilité que j'anticipais ce retour tant espéré : trop d'attente ne serait-il pas synonyme de déception inévitable ? Les nombreux extraits sur YouTube de la tournée américaine de cet été semblaient heureusement être bien rassurants. Finalement, après les avoir vus à Milan le 13 septembre au festival Rock of Ages, puis à Paris en ce 4 novembre, honnêtement, c'est tout bonnement le meilleur line-up qu'ils aient eu sur scène. Pour citer un vieux fan : "Mes souvenirs de 94 et 95 étaient impérissables, mais ce que j'ai vu ce soir dépasse l'entendement... magistral !"
Seul le poste de batteur a changé dans le line-up du groupe. Le dernier venu, Kevin Figueiredo, est évidemment plus accompli techniquement que le batteur "historique" Paul Geary (pas d'offense à Paul que j'adore sur disque, son style simple et redoutablement efficace reste inimitable), mais il est quand même plus groovy que Mike Mangini (qui est plus technique par ailleurs), dernier batteur à avoir officié avec Extreme sur scène à partir de 1994. Cela fait plusieurs années dorénavant que Figueiredo joue avec Nuno (avant cette reformation) et son intégration dans le groupe est évidente, naturelle ; l'unité musicale des quatre musiciens d'Extreme est au final vraiment ahurissante, et l'équilibre probablement parfait.
En dehors de Nuno qui est probablement le plus technique des guitaristes qui ont un sens inné du groove et du funk (même pour un non-guitariste, son aisance scénique et technique est un plaisir pour les yeux et les oreilles), Extreme reste intouchable dans le milieu du rock en ce qui concerne ses chœurs à trois, la complémentarité des tessitures et timbres de voix étant parfaite. Enfant spirituel de Queen, et par ailleurs groupe admiré par Brian May, la filiation crève les yeux sur scène en particulier sur ce point. Extreme n'a d'ailleurs jamais hésité à revendiquer ses influences, et ce n'est pas l'extrait de Now I'm Here en introduction de Mutha qui viendra le contredire.
J'ai vu un paquet de concerts à l'Elysée-Montmartre mais extrêmement peu (pun intended) à la fois complets et avec une telle ambiance. Extreme, assez avare de phrases toutes faites (genre "vous êtes le meilleur public" répété à chaque concert comme le font beaucoup de groupes), a fini en symbiose totale avec son public, jusqu'à aller braver le couvre-feu de 22h30 de la salle pour jouer un rappel non prévu dans la setlist.
Plutôt qu'un long discours, mieux vaut laisser parler des gens qui étaient au concert, et je me permets de citer nombre d'extraits d'avis (tous positifs, je n'en ai pas encore trouvé de négatifs, où que ce soit) provenant de membres du forum français de Dream Theater, personnes exigeantes et peu faciles à satisfaire s'il en est (ceux qui connaissent un peu la musique de Dream Theater comprendront !).
Meilleur qu'il y a 15 ans ? Oui, bien meilleur qu'il y a quinze et pourtant il paraissait difficile de faire mieux.
Après avoir vu ça, on se demande ce qu'il reste à voir !
Pas de fioritures : juste du bon, du gros rock qui groove et qui envoie. Ils ont une pêche incroyable, une vraie présence scénique, le tout dans une ambiance super sympa. J'ai eu des frissons de plaisir à plusieurs moments dans le concert et j'ai senti (je sais, c'est ultra cliché...) une vraie communion entre le public et les musiciens. Le concert de l'année pour moi, et de loin !
Quelle claque ! Le truc qu'ils ont en plus que 100 % des groupes : le GROOVE, c'est absolument phénoménal. Un vrai bonheur, on en redemande !
Un des meilleurs concerts que j'ai vu. Quelle énergie ! C'est réellement difficile de décrire ce qu'on a ressenti lors d'un concert, mais là, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir assisté à un concert tout simplement ÉNORME et exceptionnel. Je n'ai qu'un seul regret : pas avoir pu assister à leurs concerts avant.
Définition du groove en live !
Ce groupe est immense, rare, et il a beaucoup manqué au paysage du rock.
La performance du groupe est énorme. Ça groove, c’est pro, ça bouge, ça rigole. Super ambiance et super public…
Amen !
Si je dois retenir un moment fort, il est très personnel : c'est Am I Ever Gonna Change. Ma partie préféré de mon titre préféré de mon groupe préféré. Le titre le plus ambitieux d'Extreme... j'ai été estomaqué par le résultat sur scène. LE frisson ! On m'a fait remarquer à quel point ce titre sonnait moderne et intemporel, et c'est exactement ça. Gary et Nuno caressent le rêve de jouer l'intégralité d'Everything Under The Sun avec l'orchestre, comme sur la version studio. Il n'y a guère que ça qui pourrait dépasser ce qu'on a vu ce soir-là à Paris.
Setlist :
Comfortably Dumb
Decadence Dance
Rest In Peace
It's A Monster
Star
Tell Me Something I Don't Know
Medley Extreme I : Kid Ego/Little Girls/Teacher's Pet
Play With Me
Midnight Express
More Than Words
Ghost
Cupid's Dead
Take Us Alive
Flight Of The Wounded Bumblebee
Get The Funk Out
Rappels :
Am I Ever Gonna Change
Hole Hearted
Mutha
12:00 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : concert, extreme, élysée-montmartre
04 novembre 2008
The Musical Box, Olympia, 03/11/2008
En ce qui concerne The Musical Box (TMB), groupe canadien qui recrée à la perfection les concerts assez théâtraux des années 70 de Genesis, j'ai vu chaque re-création proposée par le groupe (tournées Foxtrot, Selling England By The Pound, et The Lamb Lies Down On Broadway) depuis qu'ils jouent en France (concerts en général sold-out). J'ai donc longuement hésité à rompre cette fidélité en ne prenant pas ma place pour ce spectacle recréant les tout premiers concerts de la tournée A Trick Of The Tail (ATOTT) de 1976, car ce fut la première tournée de Genesis après le départ de Peter Gabriel en 1975. En effet, je ne voyais pas bien comment la reconstitution de cette tournée pourrait être aussi intéressante que les shows de l'ère Gabriel. Par curiosité "historique" et par plaisir de découvrir des titres de ATOTT sur scène avec le talent des musiciens du groupe, j'ai finalement craqué.
Bien que mon pressentiment n'était tout à fait erroné, je ne le regrette pas car la perfection musicale des Canadiens est toujours de mise. Comme l'avait déclaré Phil Collins en allant voir TMB à Genève en 2005, TMB joue probablement mieux encore que Genesis à l'époque. Le feeling est époustouflant, la fidélité aussi, quant à l'authenticité des sons des instruments de l'époque, c'est toujours un tour de force dont je ne me lasse pas.
Sur cette tournée, Genesis n'avait pas osé rompre avec les ressorts qui avaient fait le succès visuel de ses tournées précédentes ; on retrouve donc en accompagnement visuel de magnifiques diapos diffusées sur trois écrans contigus. Mais l'innovation n'était pourtant pas absente pour autant en cette douce année de 1976. Genesis étrennait alors pour la première fois au monde l'utilisation d'un laser en tant qu'élément des lights (cf. photo ci-dessous).
C'est bien entendu sur la présence scénique de Phil Collins par rapport à Peter Gabriel que la différence est cruelle. Mais ça passe bien tout de même car Collins allait régulièrement derrière sa batterie pour épauler Bill Bruford, qui se mettait alors aux percussions (quand ce n'était pas un duo de batterie, époustouflant comme sur Cinema Show, ou évidemment Los Endos qui devint un gimmick sur quasiment chaque tournée, même quand Genesis se mit à jouer dans des stades).
Concernant l'imitation de Phil Collins, elle était en fait assurée par deux personnes différentes (vêtues et barbues de façon identique donc l'illusion était parfaite). C'est Denis Gagné, qui incarnait déjà Peter Gabriel, qui assurait le Phil Collins au chant. Et c'était un nouveau venu, Marc Laflamme, qui passait derrière la batterie, sans que cela se voit grâce à un astucieux relais des deux musiciens derrière le gong.
Ce show de ATOTT pèche un petit peu par rapport aux spectacles précédents uniquement par l'incarnation imparfaite de Phil Collins au chant. Si Denis Gagné faisait un Peter Gabriel extraordinaire (mimétismes physique et voix absolus), il en va autrement pour son imitation de Phil Collins. Il a certes bien étudié la gestuelle de Collins, mais physiquement il n'a pas du tout la même corpulence et son chant continue à s'approcher du timbre de Peter Gabriel.
Il est extrêmement regrettable que le batteur qui incarnait Phil Collins sur les tournées précédentes (Martin Levac) ait eu un différend avec TMB, car pour ceux qui ont vu les spectacles précédents, vous vous rappelez vraisemblablement le clonage littéral opéré par le batteur Martin Levac, que ce soit physique, et surtout (c'est ce qui compte le plus), vocal.
Cela ne remet pas en cause la pertinence globale de s'être attaqué à la re-création de la tournée ATOTT, mais cela l'empêche d'atteindre la perfection des tournées précédentes.
Je me demande par contre si TMB essaiera ensuite de reconstituer les concerts de la tournée de 1978 pour Wind & Wuthering. Personnellement, je pense cette fois hésiter beaucoup plus, sauf si Martin Levac est de retour.
Setlist :
Dance On A Volcano
The Lamb Lies Down On Broadway
Fly On A Windshield
Carpet Crawlers
Cinema Show
Robbery, Assault And Battery
White Mountain
Firth Of Fifth
Entangled
Squonk
Supper’s Ready
I Know What I Like
Los Endos
It / Watcher Of The Skies
14:57 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : olympia, the musical box, genesis, concert
01 novembre 2008
Tonnerre sous les Tropiques
Cinq comédiens aux egos surdimensionnés sont engagés pour faire le "plus grand film de guerre de tous les temps". Sur le tournage tout dérape : les caprices des stars et l'incapacité du réalisateur font grimper les frais à une allure vertigineuse, au point que le studio décide de tout arrêter... C'est alors que survient l'idée géniale d'entraîner la petite troupe au cœur du Triangle d'Or (aux confins du Laos, de la Birmanie et de la Thaïlande) pour suivre une préparation au combat, afin de les aguerrir et de tourner en conditions de conflit réel...
Ben Stiller s'est totalement impliqué (réalisateur, scénariste, producteur) dans cette mise en abyme (le film dans le film) qui délivre une féroce satire du système hollywoodien, doublé d'une parodie des gros films d'action écervelé. La première demi-heure est anthologique et laisse présager une des comédies les plus grinçantes jamais osées sur l'industrie cinématographique hollywoodienne.
Hélas, le film reprend peu à peu pied dans le politiquement correct, malgré quelques méchancetés bien senties mais trop parsemées. Le rythme mené tambour battant permet de ne pas s'ennuyer, mais Ben Stiller n'a peut-être pas voulu trop se fâcher avec un système qui finalement le fait vivre.
En fin de compte, c'est d'eux-mêmes que les acteurs Jack Black / Robert Downey Jr. / Ben Stiller se moquent le plus, avec une auto-dérision rare. Dans ce jeu d'acteur qui fait tout le sel du film, la cerise sur le gâteau est apportée par Tom Cruise, grimé en producteur cynique et vulgaire.
6/10
10:24 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, ben stiller, jack black, robert downey jr.
27 octobre 2008
Mesrine : L'Instinct de mort
Difficile d'émettre un avis sur la partie tant qu'on n'a pas vu le tout. Il faudrait probablement attendre de voir le second volet du dyptique, Mesrine : L'Ennemi public n°1, pour juger de la réussite de l'entreprise. Néanmoins, après 30 ans de tentatives de porter la vie de Mesrine à l'écran, on peut sans doute d'ores et déjà dire que le résultat risque de ne pas être totalement à la hauteur des attentes.
Si le talent de mise en scène de Jean-François Richet n'est plus à démontrer, la tension et le rythme insufflés à ce premier volet s'accommodent assez mal de l'esthétique franchouillarde de la reconstitution du Paris des années 60 et 70. Le film ne décolle d'ailleurs qu'à partir du moment où Mesrine s'envole pour le Québec. On assiste alors à un véritable film de gangster, tout en action nerveuse et fluide, sans aucun relent hollywoodien, et c'est toute sa singularité.
Heureusement, Richet ne cherche donc pas à faire du film un véritable biopic, car de ce point de vue, le scénario est plombé. Même avec deux films totalisant 4 heures, il est difficile de cerner une personnalité aussi complexe que celle de Mesrine. Cela explique sans doute les nombreuses maladresses ou points obscurs. Par exemple, on ne comprend guère la relation entre Mesrine et l'OAS ; et la scène de torture en Algérie n'apporte rien si ce n'est une tentative douteuse de donner des pistes sur les origines du racisme de Mesrine ou de sa rage à son retour en France.
Cassel insuffle l'ambivalence qui convient au personnage : une dimension clownesque qui attire la sympathie, tempérée par son absence apparente d'humanité qui lui permet de commettre les violences les plus écœurantes. Cependant, quelque chose sonne faux dans l'interprétation de Cassel, peut-être est-ce un côté un peu trop théâtral, peut-être force-t-il un peu trop le côté bigger than life de Mesrine, quitte à faire du sous-De Niro.
En tout cas, les dyptiques (ou trilogie etc.) sont un ressort étonnamment sous-exploité par les producteurs, car une fois qu'on a vu le premier épisode, même si on n'est pas totalement emballé (comme c'est mon cas ici), on sait qu'on ira voir la suite ne serait-ce que pour connaître la suite des évènements. Mais elle est, dans le cas de Mesrine, connue : ça ne finit pas bien.
6/10
14:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, jean-francois richet, vincent cassel, cécile de france, gilles lellouche, gérard depardieu
25 octobre 2008
Goldfrapp, Théâtre Marigny, 20/10/2008
Cela fait un choc, d'assister à un concert "parfait", surtout quand on ne s'y attend pas, et d'autant plus lorsqu'on est un peu blasé. Sans pourtant être un "fan" de Goldfrapp (j'apprécie beaucoup, et cela va sans doute encore s'intensifier), je dois reconnaître qu'en ce 20 octobre 2008, j'ai assisté à un concert où tout était au diapason : l'interprétation, le son, le mixage, les lumières, l'ambiance, le lieu... Difficile de revenir sur Terre après ça, de quitter la salle, avec certes des étoiles plein la tête et le sentiment d'avoir assisté à quelque chose de fort rare.
Révélation artistique de l'année 2000, Goldfrapp (duo masculin-féminin anglais composé de Will Gregory et Alison Goldfrapp) avait proposé avec son premier album Felt Mountain "la rencontre de John Barry et d'Ennio Morricone". Cette accroche marketing stickerisée sur l'album à l'époque avait le mérite de ne pas être inexacte, à une nuance près : l'influence des architectes sonores des James Bond et des films de Sergio Leone (entre autres) a été formatée pop, parfois électronisée, avec tout ce que cela sous-entend de simplification et de modernisation. Le résultat, onirique, mystérieux et envoûtant, reste l'une des plus belles réussites artistiques de cette décennie.
Après ce coup de maître (sorti chez Mute, le label de Depeche Mode, qui a su remarquablement travailler et faire fructifier l'art du duo), Goldfrapp a pris de court ceux qui les rangeaient déjà dans la même case que Portishead, en proposant un changement de style total pour ses deux albums suivants. Finie l'introspection romantique, bonjour la disco pourvoyeuse de glam rock synthétique. Si les fans de la première heure ont eu du mal à s'en remettre, c'est pourtant avec ce songwriting beaucoup moins substantiel, plus froid et mécanique que Goldfrapp a décroché ses hits, en particulier les titres Ooh La La et Strict Machine (celui-ci ayant été notablement repris dans le chef d'oeuvre Miami Vice de Michael Mann dans l'inoubliable scène d'intro dans la discothèque).
Plutôt que de poursuivre dans l'ambiance des dancefloors décadents (avec son talent, le duo aurait pu continuer facilement à délivrer du tube glam-disco apparemment bien facile à tricoter pour eux, et qui leur a rapporté gros), Goldfrapp n'a pas eu peur de continuer à prendre des risques, en sortant cette année son quatrième album, Seventh Tree, la suite logique de Felt Mountain. Sans aucun doute leur album le plus abouti à ce jour, Seventh Tree est une réussite artistique insolente qui annonce la couleur dès sa pochette.
Celle-ci évoque irrésistiblement le chef d’œuvre de Stanley Kubrick, Barry Lyndon, et à sa prodigieuse lumière pastorale dont le maître avait souhaité qu’elle soit la plus naturelle possible. Ce retour au songwriting s’accompagnait d’un même désir naturaliste : place à des mélodies et à des sons plus purs, plus organiques, inspirés par les arbres, les animaux... Il n'y a guère de déchet sur l'album, qui propose des compositions admirablement orchestrées (guitare acoustique, harpe, orgue et synthés bricolés) et évite les pièges de l'easy listening. Entièrement marqué par la grâce, l'album offre des mélodies superbes, habillées d'ambiance singulières, dignes héritières des Beatles (Magical Mystery Tour), de Kate Bush et d'Air. Alison Goldfrapp y déploie tout son talent, sans en faire trop. Aujourd'hui, la demoiselle de 37 ans est citée par Madonna (très avare de compliments) comme sa chanteuse préférée.
Si j'aime les disques qui proposent un tout (contenant et contenu) qui font d'un album une véritable œuvre d'art (cf. Frances The Mute de The Mars Volta), il est rare que ce genre d'album soit transcendé sur scène. Or, c'est bien ce qu'a réussi Goldfrapp, avec cette formation exceptionnelle sur scène : un ensemble de 14 violonistes et violoncellistes, 6 choristes, et 8 musiciens (dont une harpiste). A priori, il s'agissait de se roder pour un concert deux jours plus tard pour la BBC dans le cadre des Electric Proms (cf. photo ci-dessous).
La présence de cet ensemble a permis de proposer orchestration classico-électro-pop très riche, décuplant les arrangements des disques, ou permettant d'en proposer des nouveaux pour les titres issus des albums plus disco, comme cette réécriture du tube Ooh La La, où l'emploi bluegrass de la guitare acoustique a remplacé habilement le synthétiseur. L'intelligence de Goldfrapp a été d'utiliser cet arsenal de musiciens aux bons moments, sans jamais surcharger la partition.
Le concert était ainsi placé sous le signe de la grâce... donc à l'image du dernier album. Les choristes portaient des masques surréalistes que n'aurait pas renier David Lynch pour une séquence onirique d'un de ses films. Les musiciens étaient tous de blanc vêtus, dans des costumes très simples, à l'exception d'Alison Goldfrapp, uniquement vêtue d'une tunique noir et blanc d'Arlequin, qui lui arrivait à peine à mi-cuisses. Boucles dorées, visage très blanc, jambes nues et pieds nus, elle évoquait un elfe tout en fragilité, irradiant malgré tout un érotisme distant (elle parle très peu) et équivoque (elle attire probablement de façon équivalente les deux sexes). Pouvait-on imaginer plus bel écrin que le théâtre Marigny pour sa voix cristalline, qui semble avoir remué le public au plus profond de son âme, totalement fasciné, et ne s'arrachant avec peine de cet univers si extatique et sensuel que pour couvrir les musiciens sous un tonnerre d'applaudissements entre chaque chanson.
J'ai assisté à un des rares concerts où les conditions étaient réunies pour donner les mêmes sensations que peuvent procurer la littérature ou le cinéma : une stimulation sensorielle, intense et magique. C'est ça, l'art !
Setlist :
Paper Bag
Road To Somewhere
A&E
Cologne Cerrone Houdini
Utopia
Eat Yourself
Monster Love
U Never Know
Caravan Girl
Ooh La La
Happiness
Clowns
Little Bird
Black Cherry
Cette photo provenant du concert pour les Electric Proms de la BBC donne une idée du rendu de la scène, sans qu'on voit hélas l'orchestre.
17:24 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : concert, goldfrapp, théâtre marigny