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28 septembre 2008

Be Happy



"Voici Poppy, qui aurait pu tout aussi bien s'appeler Youplaboum. Elle est maîtresse d'école à Londres, reine de la positive attitude, genre qui croque la vie à pleines dents, rigole tout le temps, s'amuse d'un rien, dit bonjour au chien de son voisin quand elle sort de chez elle, dit au revoir à son petit vélo quand elle s'aperçoit qu'on le lui a volé".

Comme rarement une critique a aussi bien exprimé avec des mots l'ambiance d'un film, je vous invite à en lire tout simplement la suite sur le site Internet de Chronic'Art. Il n'y a pas un mot à en changer, c'est très drôle et finement analysé...

6/10

07 septembre 2008

Beck, Olympia, 07/07/2008



Avant de parler du show, la chronique du dernier album de Beck, Modern Guilt (sorti le lendemain de ce concert à l'Olympia), issue de anous.fr et rédigée par Vincent Jundt, me paraît très appropriée pour introduire l'artiste et la valeur de ce douzième (déjà !) album :

"Le musicien californien Beck Hansen, symbole d'un certain chic postmoderne, a souvent péché par trop d'érudition, de références, au point de concevoir ses albums comme une suite de collages, de mosaïques.

A l'instar du cinéaste Tarantino, il s'est souvent défini dans la parodie, le clin d'œil, préférant s'amuser à reproduire une musique de genre plutôt qu'à créer un nouveau style. Révélé avec le très électro hip hop Odelay (1996), il s'est ensuite pris pour un auteur folk (le sobre et inspiré Mutations, 1998), puis s'est déguisé en chanteur funk style George Clinton (Midnite Vultures, en 1999). Beck, né à Los Angeles en 1970, aime les tenues camouflage, et il a semé une œuvre caméléonne, brouillonne, inégale, qui ne suffit pas à imposer une signature. Nous n'en attendions donc plus grand-chose... jusqu'à ce qu'il nous offre ce douzième album, le formidable Modern Guilt, produit par un sorcier appelé Danger Mouse (Brian Burton), membre de Gnarls Barkley.

Le magicien a réussi à discipliner l'artiste, à refréner son côté hybride (qui est peut-être d'ailleurs sa vraie signature). Si Beck a ressorti de son armoire le bric-à-brac psyché des années 1960 - les intonations du titre Chemtrails rappellent les Beach Boys et King Crimson -, papa Burton, au lieu de tout laisser en désordre, a rangé la chambre du jeune prodige. Grâce à lui, le sens mélodique maintient toujours l'ensemble.

Le disque, bref, rythmé et gracieux, flotte de manière légère sur les sons électro et le folk. Aucune chanson (Modern Guilt, Profanity Prayers) ne ressemble à l'autre. Le chant aérien de Beck est enfin mis en avant, et les arrangements très fouillés mais jamais excessifs nous permettent d'entrer sans difficulté dans l'univers d'un créateur qui a retrouvé sa sincérité. Une brillante réussite à la fois simple et complexe
".

Avec un tel nouvel album dans la besace, le père Beck était attendu au tournant, ayant laissé par le passé le souvenir de shows mémorables et hallucinés. Cette fois, il a choisi la sobriété, avec une formation scénique très resserrée de cinq musiciens, aucune décoration particulière et des lights intimistes. Etait-ce l'imminence de son 38e anniversaire (il les fêtait le lendemain du concert) qui a entraîné Beck ce soir-là sur la pente de la déprime ? Celui-ci est resté globalement immobile derrière son micro, est arrivé sur scène sans saluer... Le Californien a démarré tête baissée par la pépite Devil's Haircut (ouverture mémorable de Odelay, 1996), puis a enchainé cinq titres sans interruption. Pressé de passer à ses nouveaux morceaux ? "Thank you", murmure Beck sans enthousiasme, après cette salve introductive pourtant musicalement très convaincante.

Le paradoxe de ce décalage entre l'attitude presque absente de Beck et le niveau général de l'interprétation a continué jusqu'au rappel, avec un E-Pro (grand titre issu du recommandé Guero, 2005) qui a sorti le public de sa passivité, pour une raison inconnue (l'imminence de la fin du concert ?). Il était hélas un peu tard, mais ce fut ensuite l'enthousiasme général pour le classique Where It's At, dont le refrain gimmick a enflammé cette fois l'Olympia.

Un concert trop court, mais une confirmation que Beck est un grand musicien, et je retournerai avec plaisir le revoir si possible, en espérant que Beck sera d'humeur moins triste, ainsi que son public.

17:30 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Beck, Olympia

08 août 2008

WALL·E



Il y a vraisemblablement assez peu d'intérêt à écrire une note dithyrambique qui viendrait s'ajouter à la pluie de louanges qui s'est abattue sur cette nouvelle production Pixar de la part des critiques. Presque unanimement désigné comme le "meilleur" film des studios à ce jour, il convient peut-être de préciser ce qu'on entend par "meilleur". Sur le plan technique, c'est incontestable, même si l'avancée technologique se fait plus réduite désormais entre chaque film de Pixar (par contre le fossé semble à jamais impossible à combler pour les concurrents ou confrères). Le réalisme des paysages citadins apocalyptiques du film en est peut-être la plus belle démonstration. Sur le plan du scénario, en dehors des questions de goût, on peut tranquillement affirmer que WALL·E est le divertissement le plus adulte et le plus subversif de toute la lignée Pixar.

Ce n'était pas forcément gagné puisque WALL·E est le deuxième long-métrage d'Andrew Stanton, dont le premier long, Le Monde de Nemo, se classait juste derrière Cars niveau candeur et prépondérance du premier degré. Heureusement pour les cinéphiles (et dommage pour les enfants), WALL·E est le Pixar qui comporte le plus de niveaux de lecture à destination des adultes, à tel point qu'il ne présente guère d'intérêt pour les jeunes enfants. Ceux-ci passeront en effet totalement à côté l'intérêt majeur du film, qui est sa prise de position violente, presque gauchiste, contre le consumérisme et ses effets pervers sur notre environnement et sur le sort de l'humanité. Dépeindre le Terre en poubelle géante et les humains comme des grosses larves dodues dont le squelette s'est atrophié est quand même assez ahurissant pour un film d'un marché d'une telle envergure. Il faut prendre du recul quelques secondes afin de réaliser que le plus gros concurrent de Pixar, Dreamworks, en est, lui, encore à Kung-Fu Panda...

La suprématie de WALL·E est bien là : faire passer des messages dérangeants, sans ambigüité, mais au sein d'un divertissement très haut de gamme, riche en action et en humour. Ce bon goût est à tous les étages, avec des choix parfois osés (par exemple, WALL·E propose dans l'histoire de Pixar la toute première présence d'images de véritables humains incorporées à l'animation), des clins d'œil et des hommages savoureux et visibles sans être appuyés ou artificiels.

D'un point de vue de la mise en scène, la première partie du film est la plus bluffante, où l'absence totale de dialogue renvoie bien entendu à la prouesse de 2001 de Kubrick. Mais quel choix artistique audacieux pour un divertissement ! Dépeindre le quotidien d'un robot solitaire, tel un Robinson Crusoé, dans une décharge qu'est devenue la Terre, est une amorce qui n'aurait vraisemblablement convaincu aucune grosse machine hollywoodienne. Louons la liberté totale de Pixar, car cette première partie du film est aussi sans surprise la meilleure. A partir du moment où WALL·E quitte la Terre, le film revient sur des modes de narration plus usités.

9/10

14:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma, Andrew Stanton

01 août 2008

Surveillance



Il n'y avait plus de nouvelles de Jennifer Lynch (oui, la fille de...) depuis 1993 et son premier long-métrage Boxing Helena très controversé en raison de sa perversité. Ayant tenu à élever sa fille seule suite à un divorce, Jennifer Lynch a mis pendant tout ce temps sa carrière de réalisatrice entre parenthèses. Cela ne l'a pas empêché de produire quelques films, et surtout de réfléchir à plusieurs projets de longs-métrages en préparant des scénarios (son troisième film est déjà en tournage cet été donc sa carrière semble bien repartir).

On aurait pu croire qu'une si longue absence derrière la caméra aurait pu empêcher tout progrès depuis son premier film. Il n'en est rien car le point fort de Surveillance est justement le brio de sa réalisation. Sur ce point, la fille de David Lynch partage, il faut l'avouer, certains points communs avec son père, et il n'y a là rien de honteux quand le talent est au rendez-vous. On notera en particulier la façon de mettre le spectateur en état d'hyper-réceptivité sensorielle, par l'acuité du cadrage, du montage, des fondus, des filtres et de l'utilisation redoutable de la bande-son (pas la musique ; les bruits d'ambiance). Si on ajoute le recours à des acteurs issus en partie du Lynchland (Bill Pullman dans Lost Highway, Julia Ormond dans Inland Empire), l'attachement à décrire les bizarreries des péquenots des Etats-Unis, le goût pour le tragi-comique... on aboutit à un cocktail qui nous plonge dans une ambiance lynchienne, si tant est que ce caractère soit héréditaire !

Mais la comparaison s'arrête là tout net car Surveillance, même s'il commence comme du Twin Peaks, dérive peu à peu vers la farce macabre des films les plus extrêmes des frères Coen, tout en restant grosso modo dans le style d'une série B, certes peu usuelle par ce qu'elle donne à voir de la nature humaine. C'est probablement dans les effets série B du scénario que se situent d'ailleurs les défauts et la limite de Surveillance, sur lesquels je ne peux pas m'étendre sous peine de spoiler. Son père, David Lynch, qui a produit le film, lui avait d'ailleurs supplié de changer la fin du film, ce qu'elle a refusé de faire, vraisemblablement à tort... Reste tout de même un film avec bien plus de qualités que de défauts et un retour d'une qualité tout de même assez inespérée pour une réalisatrice "fille de" qui peut sans aucun doute s'émanciper, comme semble le suggérer son prochain film, tourné à Bollywood (!).

7/10

13 juillet 2008

The Cottage



The Cottage s'inscrit dans la lignée de comédies horrifiques rendant hommage aux séries B, comme l'a fait avec bonheur auparavant en 2005 l'excellent Shaun Of The Dead pour The Night Of The Living Dead de George A. Romero. Ici, c'est plutôt un hommage à The Texas Chainsaw Massacre de Tobe Hopper dont il est question même s'il n'y a nulle tronçonneuse dans The Cottage.

Pour son deuxième film, l'auteur-réalisateur Paul Andrew Williams fait preuve d'un savoir-faire et d'une imagination étonnants. Si le film démarre comme une farce criminelle, il se tourne vers la comédie ultra-noire, un slasher aux gags atroces mais jubilatoires. Le gore va plus loin que bien des films "sérieux" du genre, et l'humour (so british) tourne en dérision les clichés des innombrables navets qui ont tant copié les grands slashers. On appréciera en particulier les ralentis, avec un emploi à contre-pied de grands airs de classique, absolument désopilants.

Le seul défaut du film est son manque de constance dans cette qualité, la première demi-heure étant un peu lente à démarrer, ce qui est ennuyeux au vu de la durée totale d'1h30. Cela ne remet pas en question cette très bonne surprise en provenance du Royaume-Uni.

7/10