Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 novembre 2008

Mesrine : L'Ennemi public n°1



Suite à un premier volet empreint de défauts assez nets mais pas rédhibitoires, Richet trouve pour de bon son rythme de croisière dans cette seconde partie. Les 2h10 s'enchaînent tambour battant ; les coups d'éclat de Mesrine de 1972 à 1979 sont tellement nombreux que le scénario n'a eu que l'embarras du choix.

Revers de la médaille, il vaut mieux connaître déjà assez bien l'histoire de Mesrine pour comprendre les liens entre Mesrine et d'autres personnages (Charlie Bauer, Robert Broussard...), car Richet maintient le cap de son objectif : un film de gangster, pas un biopic. Pour les zones d'ombre de l'histoire de Mesrine, Richet met d'ailleurs les pieds dans le plat en donnant sa version : pour la fameuse évasion de la Santé, dont les circonstances n'ont jamais été élucidées, c'est l'avocate de Mesrine qui lui aurait donné les deux pistolets. Façon d'enfoncer la ligne politique que finit par prendre le film en semblant défendre la position de Mesrine : les conditions de détention en QHS sont indignes de la condition humaine, à tel point que des personnes du système judiciaire soutiennent sa cause en allant jusqu'à l'aider.

Le jeu assez théâtral de Cassel entre cette fois en résonance avec le comportement grand-guignolesque de Mesrine, qui sûr de sa force, de son intelligence et de son charisme, fait preuve d'une ironie et d'une éloquence cinglantes, qu'il soit en liberté ou non. La facette "sympa" du gangster disparaît seulement lors de la scène de torture du journaliste de Minute, et quand il s'orientait peu de temps avant sa mort vers des liaisons ténébreuses avec l'extrême-gauche. Cette mort est d'ailleurs symboliquement affichée sur l'affiche, à la posture christique, qui ne laisse aucun doute quant au message sous-jacent : Mesrine a fini sa vie en martyre, victime d'un Etat humilié et impuissant qui ne pouvait plus tolérer son combat médiatique remontant trop en cause son "système" (système que Mesrine et Charlie Bauer voulaient faire exploser).

Richet s'illustre une nouvelle fois sur le plan de la mise en scène avec non seulement des scènes d'action remarquables (les courses-poursuites), mais aussi des faces à faces anthologiques, comme le fameux épisode de la première arrestation de Mesrine par Broussard en 1973 ou encore le procès de 1977 où Mesrine nargue la justice en jetant la clé de ses menottes, achetée à un fonctionnaire corrompu.

Ce deuxième volet est donc nettement plus jubilatoire que le premier, à condition de prendre le recul suffisant (tout ce qui est montré n'est pas factuel), et à condition de connaître déjà quelque peu la biographie de Mesrine, pré-requis indispensable pour apprécier pleinement les fulgurances du scénario.

7/10

27 octobre 2008

Mesrine : L'Instinct de mort



Difficile d'émettre un avis sur la partie tant qu'on n'a pas vu le tout. Il faudrait probablement attendre de voir le second volet du dyptique, Mesrine : L'Ennemi public n°1, pour juger de la réussite de l'entreprise. Néanmoins, après 30 ans de tentatives de porter la vie de Mesrine à l'écran, on peut sans doute d'ores et déjà dire que le résultat risque de ne pas être totalement à la hauteur des attentes.

Si le talent de mise en scène de Jean-François Richet n'est plus à démontrer, la tension et le rythme insufflés à ce premier volet s'accommodent assez mal de l'esthétique franchouillarde de la reconstitution du Paris des années 60 et 70. Le film ne décolle d'ailleurs qu'à partir du moment où Mesrine s'envole pour le Québec. On assiste alors à un véritable film de gangster, tout en action nerveuse et fluide, sans aucun relent hollywoodien, et c'est toute sa singularité.

Heureusement, Richet ne cherche donc pas à faire du film un véritable biopic, car de ce point de vue, le scénario est plombé. Même avec deux films totalisant 4 heures, il est difficile de cerner une personnalité aussi complexe que celle de Mesrine. Cela explique sans doute les nombreuses maladresses ou points obscurs. Par exemple, on ne comprend guère la relation entre Mesrine et l'OAS ; et la scène de torture en Algérie n'apporte rien si ce n'est une tentative douteuse de donner des pistes sur les origines du racisme de Mesrine ou de sa rage à son retour en France.

Cassel insuffle l'ambivalence qui convient au personnage : une dimension clownesque qui attire la sympathie, tempérée par son absence apparente d'humanité qui lui permet de commettre les violences les plus écœurantes. Cependant, quelque chose sonne faux dans l'interprétation de Cassel, peut-être est-ce un côté un peu trop théâtral, peut-être force-t-il un peu trop le côté bigger than life de Mesrine, quitte à faire du sous-De Niro.

En tout cas, les dyptiques (ou trilogie etc.) sont un ressort étonnamment sous-exploité par les producteurs, car une fois qu'on a vu le premier épisode, même si on n'est pas totalement emballé (comme c'est mon cas ici), on sait qu'on ira voir la suite ne serait-ce que pour connaître la suite des évènements. Mais elle est, dans le cas de Mesrine, connue : ça ne finit pas bien.

6/10