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15 mai 2006

Dégustation du 09/05/06 - Redbreast, Linkwood, Bowmore

La quatrième dégustation de l'année avait lieu dans le pub irlandais O'Sullivans où nous étions de retour pour la seconde fois (cf. dégustation de mars).

Contrairement à la dégustation de mars, nous n'étions pas 130 membres du Club à être présents, mais sans doute à peine la moitié ; c'est assez étonnant vu que les vacances scolaires de la zone parisienne étaient terminées, mais c'était du coup beaucoup plus calme et grâce aux dimensions confortables de la salle, tout le monde était assis. Un GRAND merci à Corinne de la Maison du Whisky pour avoir demandé aux fumeurs d'essayer de se retenir pendant la dégustation. Le plaisir du nosing en fut décuplé !

C'est extrêmement agréable de voir un Club être aussi à l'écoute de ses membres. Ceci a en outre encore été vérifié par les prix des trois whiskies dégustés ce soir là, brossant une large gamme de prix.

Redbreast 15 ans, small batch, 46%




Pure pot still irlandais provenant de l’assemblage de quelques fûts (moins de 20), ayant contenu du bourbon et du sherry.


  • Nez: puissant (alcoolisé), boisé, herbacé, quelques notes de fruits mûrs.

  • Bouche: miel, épices.

  • Finale: sucrée, puis légère amertume, (trop) courte.

Impossible de ne pas reconnaître immédiatement un whiskey. Pour 55 euros, il me paraît nettement plus intéressant niveau rapport qualité/prix que les Bushmills dégustés en mars. Je regrette tout de même vraiment la prépondérance de l'alcool ; bien qu'il ne titre que 46%, les subtilités au nez tendent à être écrasées.

Linkwood 1990, single cask, 45%




Single malt irlandais de Speyside, provenant d’un fût unique de sherry de premier remplissage (fût n° 6950). Cette version de négoce mise en bouteille par Gordon & MacPhail appartient à la gamme Single Cask créée par la Maison du Whisky.


  • Nez: mentholé, épicé.

  • Bouche: puissante, marquée par le sherry, avec des touches sucrées.

  • Finale: florale.

Ce Linkwood n'a vraiment rien à voir avec celui dégusté en février. La différence en dehors de l'âge ? Celui de 1980 provenait d'un fût de deuxième remplissage, alors que celui-ci provient d'un fût de premier remplissage, et il est très (trop pour beaucoup) marqué par le sherry. Pourtant, ce whisky ne manque pas de complexité et possède des nez, bouche et finale vraiment différenciés. Pour 54 euros, c'est une bonne affaire pour qui aime le sherry bien marqué. Pas un Speyside banal en tout cas !

Bowmore 1982, single cask, 54,7%


Single malt de l'île d'Islay provenant d'un fût unique de bourbon, mis en bouteille par Duncan Taylor.


  • Nez: assez aigre, épicé.

  • Bouche: violette très marquée en attaque, puis iode.

  • Finale: très finement tourbée, poivrée.

L'Islay le plus surprenant que j'ai pu boire jusqu'à présent ! La prépondérance de la violette en bouche est déstabilisante, mais ceci disparaît pour faire place au caractère plus marin (et habituel) des Islay. Assurément un whisky qu'on adore ou déteste, et une dégustation s'impose vu le prix (121 euros). Pour celui qui a les moyens, voilà un whisky vraiment original (et très fin...) à posséder dans sa collection pour surprendre ses amis.

17:45 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Alcools!

10 mai 2006

Mission: Impossible 3



Mission: Impossible au cinéma possède un intérêt, c'est celui de voir un blockbuster réalisé par un grand nom. Le premier volet était une superbe réussite esthétique par De Palma, le maître ès thrillers et polars sophistiqués. Le scénario était alors assez gentil, pas très vraisemblable bien sûr mais fidèle à la série (plutôt fun). Le deuxième fut confié à John Woo à une époque où le cinéma asiatique commençait à vraiment avoir le vent en poupe. Hélas, contrairement à De Palma, il fut difficile d'y retrouver la patte du réalisateur, et le scénario était quelque peu grotesque.

Depuis le deuxième épisode (sorti en 2000), ce sont les séries TV de qualité qui ont le vent en poupe, avec des créations tenant souvent la dragée haute aux films : intrigues très fouillées, personnages développés, thèmes en accord avec les préoccupations des spectateurs. Il paraît que Tom Cruise, producteur des trois M:I, a finalement choisi J.J. Abrams pour diriger le troisième épisode après avoir été séduit par la série Alias. Abrams compte également Lost au rang de ses phénoménales créations. Seul hic, si c'est un scénariste de talent, il n'avait encore réalisé aucun long-métrage. Retrouve-t-on ainsi sa patte dans M:I 3 ?

A mon avis, non. Techniquement, le film est très impressionnant, mais d'un pur point de vue de réalisation (technique donc), Abrams a été épaulé d'une brochette de réalisateurs assistants très compétents (ayant tous travaillé sur d'autres très grosses productions hollywoodiennes). Le directeur de la photographie, Daniel Mindel, est un pro vraiment doué (Domino, The Bourne Identity, entre autres). Le résultat est visuellement très réussi ; sans retrouver la fluidité et le sens inné du cadrage d'un De Palma, les scènes d'action (quasiment en continu) évitent ici le cafouillage. On peut penser à du Michael Bay ou du Roland Emmerich, avec une grâce certaine en plus tout de même. Aux commandes de cette énorme machine (150 millions de dollars pour un premier film !), Abrams s'en tire vraiment bien, chapeau pour un scénariste !

Le vrai problème, et c'est là où on attendait Abrams, c'est justement le scénario et les personnages. Certes, il n'est que le co-auteur du scénario. Mais il est difficile d'éviter d'avoir l'impression que Tom Cruise (producteur et plus mégastar que jamais avec ses derniers succès depuis M:I 2) a eu la main-mise totale sur ce film. Le fait qu'un talent monstrueux comme David Fincher (premier réalisateur sélectionné pour ce troisième volet) ait finalement laissé tomber pour cause de divergences artistiques avec Cruise en dit long.

Dans M:I 3, l'esprit d'équipe est plus réduit que jamais, et tout est axé sur Ethan Hunt. Les personnages secondaires sont plus que secondaires, et Ving Rhames en est réduit à assurer le très peu d'humour du film avec quelques punchlines. Les deux heures du film sont quasiment constituées uniquement d'action, avec une dose de noirceur nouvelle, certes bienvenue, mais qui ne s'assume pas puisqu'au final, on le sait, tout finira bien. Pourtant, ça commence bien, avec une scène d'interrogatoire/torture avec le méchant incarné par un Philip Seymour Hoffman impressionnant et définitivement plus inquiétant que les bad guys des deux M:I précédents. Mais Tom Cruise/Ethan Hunt est trop fort et monopolise l'écran, et l'émotion et le suspense font "pschiiiiiitt".

Le film compte certaines scènes de bravoure qui resteront sans doute dans l'anthologie du cinéma d'action (l'attaque sur le pont, ou le final à Shangaï). Paradoxe pour Abrams, d'autres scènes, réussies aussi, évoquent franchement 24h Chrono et Jack Bauer (la récupération de l'agent pris en otage). Machine monstrueuse sans un seul temps mort, M:I 3 est un thriller étourdissant très au-dessus du précédent, mais qui est passé à côté d'un aspect crucial du cinéma : l'émotion. Il s'en est donc fallu de peu pour que M:I 3 soit un blockbuster qui aurait fait date dans l'histoire du cinéma hollywoodien.

7/10

16:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Cinéma

07 mai 2006

Quatre étoiles



Quatre étoiles vaut surtout par la présence de trois perles, à savoir ses acteurs José Garcia, Isabelle Carré et François Cluzet, sur qui tout repose, grâce à leur performance vraiment naturelle, complexe et inattendue pour chacun d'entre eux.

Le style visuel est assez abouti, l'humour est léger, pétillant, jamais vulgaire, et on sort enfin des univers rebattus des comédies françaises habituelles. Quatre étoiles est donc nettement au-dessus du panier, mais ses vélléités d'approcher ses modèles hollywoodiens (Wilder, Lubitsch, Allen...) ne font pas long feu quand on s'aperçoit que le scénario, lui, n'est pas quatre étoiles.

Un peu trop mécanique, il manque un peu d'émotions et de substance ; au final, difficile de ne pas penser que tout cela est un peu creux, même si c'est indéniablement agréable. A voir absolument pour ses acteurs néanmoins si on apprécie au moins un d'entre eux, et surtout Isabelle Carré, éblouissante.

7/10

10:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

01 mai 2006

The Flaming Lips, Bataclan, 28/04/2006

N.B. : les photos de cette note ne sont hélas pas tirées du concert de Paris, mais de concerts de tournées précédentes. Elles aident néanmoins à avoir une (très) mince idée de certains faits relatés !



Selon le magazine anglais Q, les Flaming Lips font partie des "50 groupes à voir avant de mourir". Ouf : le groupe était enfin de retour en France, pour deux (trop rares) apparitions seulement, à Paris au Bataclan, puis au Printemps de Bourges, à l'occasion de la sortie de leur 11ème album, At War With The Mystics.

En effet, sur scène, quel groupe peut se targuer de rivaliser avec ces Américains ? Ces maîtres de la pop psychédélique ont conçu un vrai show qui transforme chacun de leurs concerts en happening, qui dépasse la seule interprétation (redoutable) de leur musique si sophistiquée.

Dire qu'on en prend plein la vue est un euphémisme. Le premier titre n'est même pas commencé que la musique d'introduction voit la scène être investie d'une horde de fans munis de puissantes lampes torches, déguisés en Père Noël (à droite), et d'aliens (à gauche), suivis de Captain America et de Superman (roadies du groupe). On comprend soudain mieux pourquoi on avait vu passer dans la salle un peu plus tôt une photographe déguisée en Wonder Woman. Ca va être la fête.



Le groupe arrive, le bassiste est habillé avec le ridicule justaucorps noir à motif squelette, le guitariste et le batteur semblent les seuls à être habillés "normalement", tandis que Wayne Coyne, le chanteur/guitariste/leader est en costume, comme à son accoutumée, et exhibe des faux poings de super-héros surdimensionnés. Les Lips attaquent "Race For The Prize" (qui raconte le courageux combat de scientifiques pour le Nobel), le fantastique titre d'ouverture de leur chef d'oeuvre de 1999, The Soft Bulletin.

Une quantité considérable d'énormes ballons verts arrivent de derrière la scène et remplissent le Bataclan, alors qu'une pluie de confettis s'abat sur la foule, médusée par une telle entrée en scène. Pendant 1h30, le spectacle sera total, renforcé par un écran géant, des webcams, des marionnettes, des animations de premier ordre, allant du beau au désopilant (extraits d'une émission de real TV japonaise beaucoup plus débile que tout ce qu'on connaît ici), des clips extrêmement soignés mais loufoques... sans oublier la musique, évidemment, et à ce sujet j'ai été médusé de voir comment les chansons très élaborées en studio rendent aussi bien avec des arrangements bien plus simples en concert. Preuve que les mélodies des Lips sont à la base très solides ; elles sont "simplement" ornementées et ultra-produites sur disque, pour le grand plaisir des amateurs de hi-fi et de sensations fortes.

Malgré une telle effervescence, le groupe n'est pas une bête de foire. Ne se départissant presque jamais de son humour souvent pince sans rire, Wayne Coyne est volubile entre chaque chanson et sa croisade anti-Bush (les paroles des deux derniers albums des Lips sont largement impliquées contre son administration) se traduit de manière caustique, drôle, mais bien réelle. Le concert se terminera d'ailleurs sur une reprise de "War Pigs" de Black Sabbath, symbole sur lequel il est inutile d'insister.



Wayne Coyne est un artiste complet et atypique, sans doute énervant pour bien d'autres tellement le bonhomme semble réussir tout ce à quoi il touche. Maître d'ouvrage des deux DVD-Audio des Lips, mixés par le gourou Elliot Scheiner, The Soft Bulletin (1999) et Yoshimi Battles The Pink Robots (2002) font désormais office de maître-étalon des possibilités de la musique en 5.1 et en haute-définition.

Avant cela, en 1997, Coyne avait eu une idée inédite et véritablement géniale : l'album Zaikeera des Flaming Lips ne fut disponible qu'en coffret de 4 CD (c'est encore le cas à ce jour), conçus pour être joués ensemble, par 4 lecteurs de CD différents (et 8 enceintes donc). Rien à voir avec la quadriphonies des 70's, ancêtre du 5.1. Il s'agit ici de l'objet le plus bizarre, le plus expérimental et le plus osé jamais sorti dans les bacs (et ce, sur une major : Warner !).

Avec ce concept, Wayne Coyne bouleversait en effet le statut d'artiste, en exerçant un contrôle quasi absolu sur ses créations, et celui de l'auditeur, jusqu'ici relégué au rang de consommateur passif. Celui-ci devenait acteur, presque un nouveau membre du groupe.

Le but n'était pas de réunir absolument les 4 parties de Zaireeka, comme les pièces d'un puzzle dont le résultat n'est satisfaisant que lorsqu'il est complet. L'énorme intérêt de ce projet était de multiplier les combinaisons d'écoute (15 au total, mais chaque CD peut s'écouter individuellement). Mieux, Wayne Coyne indiquait dans le mode d'emploi que tout lecteur CD possède une vitesse de lecture propre. Ce qui implique que même si une chanson de Zaireeka est à l'origine parfaitement synchronisée, un léger retard finit inévitablement par apparaître au bout de quelques minutes. L'écoute d'une chanson de Zaireeka est alors un moment unique, et l'étonnement de l'auditeur perpétuel.

Dernier exemple de la dimension rare de l'artiste, Wayne Coyne est un réalisateur dans l'âme ; en dehors de la direction artistique des clips et autres animations, les Lips travaillent depuis 3 ans sur un long-métrage, Christmas On Mars, dont le teaser, disponible sur leur site officiel, augure du meilleur. Coyne a comparé leur film à "Eraserhead or Dead Man crossed with some kind of fantasy and space aspects, like The Wizard of Oz and maybe 2001: A Space Odyssey, except done without real actors or money, and set at Christmas-time". Tout un programme !



Le plus étonnant reste le succès certes un peu underground du groupe en dehors des USA et de l'Angleterre (mais peut-on encore parler ainsi quand on sait que le groupe a écoulé 1 million d'exemplaires de Yoshimi... ?), mais au retentissement médiatique certain en France : Le Monde, Libération, Les Inrockuptibles, Chronicart, pour ne citer qu'eux, ont tous écrit des articles très élogieux sur ce phénomène hors normes que sont les Flaming Lips et leur leader.

Comme rien n'arrête les Flaming Lips, n'hésitez pas à regarder par exemple le clip hilarant réalisé pour leur reprise improbable (mais très réussie) de Bohemian Rhapsody de Queen.

Pour conclure, je reproduis ici un extrait de l'article du Libération du 25 avril 2006, qui constitue une excellent introduction au groupe, avec des extraits d'interviews fort judicieuses.



Leur dernier album, At War with the Mystics, s'attire des critiques dithyrambiques, et leur (rare) apparition scénique vendredi le confirme : la France semble enfin prête pour les Flaming Lips, avec quelques années de retard sur l'Amérique et le reste de l'Europe, qui ont déjà succombé à leur charme singulier et ont fait du groupe l'une des réussites mainstream les plus inattendues du siècle nouveau. Formés au début des années 80, dans l'Oklahoma, par un jeune stoner appelé Wayne Coyne et ses deux frères aînés, le groupe, selon Coyne, n'était capable, au départ, que de «reproduire les côtés les plus amateurs du punk-rock. Nous n'avions aucune expertise musicale mais beaucoup d'enthousiasme et de raisons de vouloir en découdre».

Un quart de siècle plus tard, le groupe, toujours emmené par Coyne (moins ses frères, passés par la case «prison», mais avec le talentueux multi-instrumentiste Steven Drozd et le bassiste des débuts, Michael Ivins), s'est miraculeusement métamorphosé en fer de lance international du néopsychédélisme : une manière de Pink Floyd dadaïste doté d'un sens de l'humour unique et d'une prédisposition encore plus rare à transformer ses concerts en happenings.

Sept ans plus tôt, ils changeaient l'un de leurs shows londoniens en bizarre spectacle multimédia à l'aide de marionnettes géantes maculées de sang. Il y a deux ans, Coyne se faisait porter par la foule du festival Coachella de Los Angeles, enveloppé d'une énorme bulle transparente.

Depuis la sortie, en 1999, de The Soft Bulletin, qui marqua le début d'une collaboration avec le producteur Dave Fridmann, leurs enregistrements studio sont devenus aussi excentriques et flamboyants que leurs concerts. Evoquant parfois une irréelle synthèse entre Neil Young (dont Coyne réplique très bien le style vocal haut perché) et Radiohead, The Soft Bulletin pose les bases d'une nouvelle musique «cosmique» américaine.

Sorti en 2002, Yoshimi Battles the Pink Robots pousse plus loin encore l'expérimentation, unissant mélodies superbes et électro tonitruante pour un résultat conséquent : plus d'un million d'exemplaires vendus de par le monde.

Arrive à présent At War with the Mystics, troisième volet d'une quête visant à rendre la musique populaire plus éclectique, aventureuse et spirituelle. Entre autres innovations, l'album voit les Lips aborder un territoire plus funky, les faisant souvent sonner comme une version blanche d'Outkast. «Nous ne sommes plus vraiment un groupe rock, explique désormais Coyne. En studio, nous nous apparentons plus à une équipe de producteurs. Les chansons ne sont plus jouées en live, nous arrivons avec nos idées et tout est mis sur ordinateur. Pourtant, ça sonne quand même "humain". Ce nouvel album, plus funky, évoque un peu Sid Vicious qui jammerait avec Stevie Wonder ­ mais sans baston !»

Le titre du CD est une référence à l'«ennemi» préféré de Coyne, George W. Bush, que le leader des Flaming Lips estime être «un prêcheur très dangereux... Je n'aime pas le mystère, le mysticisme, la magie noire et tous ces trucs surnaturels qui brouillent la vérité. Et selon moi, Bush contribue à cette confusion en agissant comme si les gens auxquels il s'adresse ne voulaient pas savoir la vérité».

A l'écoute de leurs disques souvent éclatés, il serait facile d'imaginer que les Flaming Lips sont une bande de défoncés ; mais, à l'exception de Drozd qui a récemment décroché de l'héroïne, il n'en est rien. Coyne, aujourd'hui âgé de 41 ans, a cessé de se droguer avant d'atteindre sa vingtième année. «Les acides duraient trop longtemps et me faisaient flipper, le shit m'a toujours rendu parano. A la fin des sixties, je pensais que ceux qui ne se défonçaient pas étaient des idiots. Je voyais la came comme un truc très libérateur pour l'esprit. J'ai changé d'avis. Surtout maintenant qu'existent des drogues telles le crystal meth... Des drogues atrocement destructrices, auxquelles personne ne survit.»

En fait, Coyne pense même que son métabolisme exempt de drogues est peut-être la raison pour laquelle les Flaming Lips sont parvenus à la fois au succès et à la longévité. «Mes idées sont le produit de ma seule imagination. Je suis un homme d'action, pas un rêveur. Sur scène, j'ai fait des trucs comme marcher à l'intérieur d'une bulle et exploser des ballons. Ça peut sembler crétin, mais faire ça en public avec culot et panache change la donne, ça devient la chose la plus géniale qui soit ! Une façon de dire aux gens : "Suivez-moi, et vous allez passer un bon moment." Il ne s'agit pas de "s'évader" vers des ailleurs improbables. Au contraire, c'est rendre nos vies plus réelles. Au bout du compte, nous fabriquons notre propre bonheur.»

17:50 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : concerts

30 avril 2006

Silent Hill



Le troisième film de Christophe Gans est frustrant. On sait à quel point l'homme est cinéphile ; ses activités de rédacteur en chef des cultissimes (et regrettés) magazines spécialisés Starfix (dans les années 80) et HK Orient Extreme Cinéma (fin 90's) sont très souvent bien plus appréciées des cinéphiles que ses deux premiers films (Crying Freeman et Le Pacte des Loups).

Alors quand Christophe Gans s'est attaqué à son troisième film avec d'autres passionnés comme Roger Avary au scénario (le génialissime co-auteur de Pulp Fiction, mais aussi réalisateur et scénariste des Lois de l'Attraction, adapté du roman de Bret Easton Ellis) et Carol Spier comme chef décorateur (le complice de David Cronenberg qui a travaillé sur quasiment tous ses films), bien des cinéphiles s'impatientaient.

Le jeu vidéo Silent Hill a, paraît-il, révolutionné le monde des jeux de survival grâce à une ambiance unique privilégiant le psychologique à l'action. Ne jouant à aucun jeu vidéo, cela m'avait plutôt rassuré car les précédentes adaptations de jeux vidéos sur grand écran ont donné ce que l'on sait (Resident Evil, Doom... hum).

Premier bon point, Silent Hill n'est effectivement pas une grosse crétinerie où le but est de tuer un maximum d'aliens. L'histoire de cette petite fille qui disparaît dans la ville fantôme de Silent Hill joue plutôt la carte du mystère et de la détresse psychologique. Deuxième (très) bon point, l'esthétique du film est à couper le souffle, du moins à mon goût. L'arrivée de Rose (la mère de Sharon, la petite fille qui a disparu dans la ville abandonnée) à Silent Hill, sous cette fine pluie de cendres, dans cette atmosphère grisâtre et terriblement lugubre, restera sans doute gravée dans les mémoires. Gans parvient ainsi plusieurs fois à de purs moments de grâce. Que l'on cherche ensuite du côté des décors, des costumes, de la photographie, des effets spéciaux (rares, mais bien dosés et très réussis), des mouvements de caméra, tout concourt à une mise en scène plutôt stupéfiante et finalement pas étonnante de la part d'un fou de cinéma comme Gans, mais il fallait le faire. Chapeau...

Mais, il y a un gros mais. Passé la première heure, on se demande où va le film d'un point de vue de l'action. Ne connaissant pas le jeu vidéo, je ne peux pas dire si c'est voulu, mais on a le sentiment que Rose se rend de lieux en lieux comme dans un jeu vidéo, justement, et c'est désagréable, car même si cela doit faire plaisir aux fans du jeu, ce n'est pas très intéressant d'accumuler ces scènes, aussi belles et stressantes soit-elles.

Heureusement, l'action se reprend salutairement quand Rose se retrouve épaulée de personnages secondaires, mais au bout d'1h30, on comprend que le film est long, trop long, il n'a pas assez de substance pour occuper utilement ses 2h07, totalement injustifiées. La fin est en outre un gros galimatias qui part en vrille, exactement comme la fin du Pacte des Loups. Je reste donc totalement déçu qu'un talent du calibre de Roger Avary n'ait pas su proposer un scénario plus cohérent et plus concis. L'influence du producteur Samual Hadida aurait-elle joué ?

Au final, peu importe, Silent Hill a beau être sans doute la première adaptation non vaine d'un jeu vidéo au cinéma, il n'est finalement qu'un très, très bel objet à qui il a manqué un peu de fond pour être un des plus formidables films d'horreur pyschologique que l'histoire du cinéma ait compté.

7/10

09:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma