10 février 2006
Dégustation du 09/02/06 - Linkwood, Glenlossie, Yoichi
Première dégustation pour Arnaud et moi hier soir depuis notre adhésion fin janvier au Club de la Maison du Whisky !
L'adhésion annuelle (cotisation : 100 euros) est "rentabilisée" d'entrée par une bouteille d'accueil (un Caol Ila non filtré à froid très agréable et facile à boire), un abonnement d’un an à Whisky Magazine (revue remarquable par sa qualité rédactionnelle et sa mise en page), et une entrée gratuite au Whisky Live à Paris ("salon" annuel du whisky à Paris en septembre).
Les dégustations mensuelles sont donc du "bonus" mais c'est quasiment ce qui m'intéresse le plus ; pouvoir enfin déguster des whiskies avant de les acheter ! Et évidemment, faire connaissance avec d'autres passionnés, et enrichir ses connaissances à leurs côtés.
Nous ignorions néanmoins à quoi nous attendre, aussi bien pour l'organisation que la qualité des whiskies dégustés (sur lesquels les membres du Club ont une remise de 10%, dernier avantage non négligeable !).
La dégustation avait lieu dans le seul pub écossais de la capitale, The Auld Alliance. Ce pub magnifique l'est encore plus à l'intérieur où le ton est donné : des dizaines de bouteilles de whiskies trônent au dessus du bar, rangés par régions d'Ecosse. L'hôte des lieux, Steve, a tout de l'Ecossais typique convivial qu'on peut se représenter. Après un cérémonial amusant à base de cornemuse et d'éventrage de haggis (panse d'agneau farcie, le plat traditionnel écossais, qu'on peut déguster sur place), la dégustation elle-même peut commencer, après 3/4 d'heure de retard sur l'horaire prévu, mais quasiment tous les gens attendus étaient là (environ une centaine ; heureusement, le pub est grand).
Premier bon point, les whiskies sont dégustés à l'aveugle. Deuxième bon point, ce sont de vrais verres à dégustation (le contraire m'aurait étonné, mais sait-on jamais...). Troisième bon point, les quantités servies sont vraiment impeccables (4 cl environ ; avec 3 whiskies au programme, plus serait dangereux !). Quatrième bon point, un esprit amical et décontracté règne : pas de cohue pour se servir, on se fait passer les verres de manière à ce que les gens du fond n'aient pas à se déplacer. Cinquième bon point : les whiskies dégustés sont vraiment des hauts de gamme !
Premier et seul point noir de la soirée : la fumée de cigarette de soi-disant "amateurs" de whisky qui ruinent une grande partie du plaisir du whisky nosing... Incompréhensible. Ces fumeurs étaient heureusement minoritaires mais dans un espace renfermé, ils en faut peu pour nuire efficacement à la majorité.
Nous dégustons chaque whisky pendant environ 20 minutes, laissant les amateurs échanger leurs impressions et jouer aux devinettes sur l'âge, la provenance... puis Jean-Marc Bellier de la Maison du Whisky prend le micro pour nous révéler enfin l'identité du brevage, puis nous gratifie de ses commentaires avertis. Voici les miens, plus modestes, et il faudra absolument que je les écrive sur le vif dorénavant car il n'est pas évident de se remémorer précisément les sensations le lendemain !
Linkwood 1980, single cask, 46%
Single malt de Speyside, non filtré à froid, provenant d’un fût unique de second remplissage ayant contenu du sherry (fût n°8247). Une version de négoce mise en bouteille par Gordon & MacPhail.
- Nez: très agréable car fruité (abricot) et fin. Complexe, prometteur et pas écoeurant.
- Bouche: l'abricot est toujours là mais avec des agrumes. Néanmoins je trouve peu de complexité à cette bouche, me semblant écrasée par l'alcool. A l'aveugle, j'aurais parié sur un whisky assez jeune, pas encore mature.
- Finale: fruit secs, touche de vanille, mais un trop légère à mon goût.
Glenlossie 1978, single cask, 57,1%
Single malt de Speyside, cask strength, embouteillé par Signatory Vintage au degré naturel, provenant d’un fût de bourbon limité à 147 bouteilles.
- Nez: complexe (trop pour mon bagage), ample et puissant, on sent qu'on change de registre.
- Bouche: cette fois la bouche ne déçoit pas, au contraire, elle tient toutes les promesses du nez : profonde, très puissante (le degré n'y est pas pour rien !), très complexe : céréales, fruits secs, caramel, épices... Fantastique !
- Finale: évoque un vieux sauternes, tout comme sa robe d'ailleurs.
Yoichi 1987, single cask, 49%
Single malt japonais d'embouteillage officiel, provenant d’un seul fût et embouteillé au degré naturel.
- Nez: tourbé, fumé, fruité, très fin.
- Bouche: la tourbe est là, mais en retrait face à l'épice et aux fruits mûrs. Equilibre époustouflant. Ne fait pas son degré, très trompeur !
- Finale: onctueuse, légèrement marine, maltée.
Bilan : une première soirée de whisky nosing agréablement surprenante, vivement la suivante ; mais il faudra patienter un mois ! Pourquoi ne nous sommes-nous pas inscrits avant ?
14:10 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Alcools!
08 février 2006
Sheitan
Etrange objet filmique qui divise fortement les critiques et le public (ce qui est en soi toujours un bon signe), Sheitan est donc le premier long métrage d'un jeune de 25 ans, Kim Chapiron, co-fondateur du collectif artistique Kourtrajmé, qui rassemble réalisateurs, acteurs, musiciens, chanteurs, danseurs et graphistes.
L'équipe de Sheitan est essentiellement composée d'acteurs amateurs et de jeunes espoirs, mais le nom de Vincent Cassel (en tant qu'acteur principal et producteur) a vraisemblablement permis la présence de quelques personnalités en tant qu'invités au casting : François Levantal (rôle certes court et très secondaire) et Monica Bellucci (tout petit caméo dans un film dans le film, dans la scène de la station service), tout comme le présentateur de MTV Mouloud ou encore le chanteurs de rap Mokobé du groupe 113 et Oxmo Puccino.
Attention néanmoins à ne pas voir dans ce collectif un pur rejeton des arts de la banlieue ; Kim Chapiron et Romain Gavras, fondateurs du collectif, sont en fait respectivement petit-fils de Picasso et fils de Costa Gavras !
Cela permet de d'envisager un peu différemment l'histoire qui nous est proposée et qui regorge de clichés sur la banlieue : 4 jeunes issus de la banlieue parisienne (un Blanc, un Black, un Vietnamien et une Marocaine) sont attirés dans un piège macabre qui se déroule à la campagne, dans une vieille ferme habitée par une jeune Blanche aguicheuse (que les 4 ont rencontré en boîte de nuit et qui les invite à passer la nuit chez elle). Cette ferme est également habitée par un couple de fermiers inquiétants (Vincent Cassel), qui veillent sur la ferme depuis que la jeune femme est orpheline.
La principale supercherie du film est d'être vendu comme un slasher ou un survival (film d'horreur où une bande d'amis sont massacrés un par un). C'est en fait une comédie, certes horrifique, mais totalement trash, nihiliste, au mauvais goût certain (car sans limites) et sans respect d'aucun code du genre série Z.
L'absence d'un ton homogène est probablement ce qui divise autant les spectateurs ; expérimental, ce film peut mettre tantôt mal à l'aise, tantôt susciter les rires, voire se demander où le film veut en venir. C'est néanmoins un gros "craquage" fort intéressant par son originalité évidente dans le cinéma français.
J'ai particulièrement été impressionné par la performance de Vincent Cassel en fermier très brutal, quasiment sauvage, très inquiétant. Il n'était pas évident d'éviter la caricature du péquenot, ce qui aurait rendu son personnage ridicule et absolument pas effrayant ; Cassel a donc réussi à créer un personnage de toutes pièces qui ne rappelle aucun rôle de composition connu, et qui distille une sensation de malaise.
Le malaise est également très développé par l'ambiance poisseuse et nauséabonde du village où l'on comprend rapidement qu'il y a probablement un gros problème de consanguinité dans cette petite communauté (à ce sujet, le casting est très réussi).
Ce thème permet d'oser des scènes vraiment dérangeantes (cf. la bain dans la source d'eau chaude) qui font monter la tension de façon très déplaisante. Les amateurs de sensations glauques seront servis et Sheitan vaut le coup rien que pour la partie du film où ces jeunes crétins (car ils sont vraiment dépeints comme bêtes et assez méchants) sont confrontés à cet univers dangereux, mais dont ils ne comprennent pas un seul des signaux qui feraient fuir tout être normalement constitué. Vraisemblablement jamais sortis de leur banlieue, ils ne comprennent pas qu'est-ce qui est normal ou pas dans cet environnement qui leur est inconnu. C'est sans doute un cliché, et un ressort classique (immergeons des quidams dans un environnement qui n'est pas le leur), mais c'est ce qui permet à un grand nombre de scènes de fonctionner malgré leur audace.
Sheitan n'est ni un navet, ni un chef d'oeuvre, mais le premier long-métrage original d'un réalisateur qui se cherche, et qui a le mérite de proposer un spectacle jusqu'au-boutiste, et sans équivalent en France ; c'est déjà beaucoup !
7/10
Liens connexes :
Interview sans concession de Vincent Cassel
Critique pour/contre d'Ecran Large résumant bien les deux points de vue divergents qu'on peut avoir sur le film.
10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma
05 février 2006
Incontrôlable
Oui, jeudi dernier je suis allé voir en avant-première ce film, car nous avions reçu des invitations pour y aller à 4 personnes, j'en ai donc profité pour inviter des amis de manière à aller voir un bon (?) nanar, car c'est en groupe qu'on peut les apprécier. Je ne cherche pas d'excuses, j'assume totalement, j'aime réellement aller voir occasionnellement de telles niaiseries qui peuvent révéler de bonnes surprises et qui parfois, procurent le délicieux plaisir du visionnage au second (ou énième) degré (c'est un art, assez rare).
Hélas, Incontrôlable ne se prête pas tant que cela à ces petits jeux, à cause d'une réalisation très (trop) cheap et d'une qualité d'écriture des gags très variable.
On a réellement l'impression que le scénario a été écrit par un groupe de gens différents, genre des potes réunis lors d'une soirée trop arrosée, avec des moments de grâce, mais aussi du lourd et du n'importe quoi. Or, le n'importe quoi ou nonsense est un art difficile (cf. les Monthy Python), et visiblement pas à la portée de Raffy Shart, le réalisateur du film et auparavant scénariste de Ma Femme... s'appelle Maurice (2002).
On se demande qu'est-ce que Patrick Timsit et Thierry Lhermitte viennent faire dans cette galère, qui capitalise tout sur le nom de Michaël Youn, qui montre ici toute la limitation de son "talent".
Je retiens personnellement du film une seule séquence bien ficelée : la visite de Georges (Michaël Youn) à sa copine Marion (Hélène De Fougerolles) dans la maison familiale de son père Denis (Thierry Lhermitte), prétexte à des gags énormes rappelant par instant(s) Les Nuls.
A la fin du film, nous avons eu l'insigne honneur d'avoir la présence de Michaël Youn et de Raffy Shart pour répondre aux questions du public. Ce dernier se voyait voler la parole par le premier, qui hélas semble réellement avoir la grosse tête (tout en tentant de ne pas le laisser paraître). Nous devions être à peine 150 spectateurs dans une salle de 400 (au Pathé Quai d'Ivry), il n'y avait donc pas de quoi pavoiser. Il y a eu bien peu de questions, mais posées uniquement par de jeunes filles issues de l'immigration, dont certaines "émues" de parler à la "star". Youn tentait systématiquement des réparties improvisées à la Baffie mais il n'a pas fait rire grand-monde. C'est triste à dire mais c'est vraiment quelqu'un de lourd qui essaie de continuer à faire fructifier sa popularité, mais je doute que le bonhomme ait la capacité de rebondir.
C'est sans regret que cette séance de questions-réponses s'est terminée rapidement, laissant quand même un grand nombre de spectateurs avides d'obtenir un autographe sur des affiches du film, généreusement distribuées par Pathé, distributeur du film. Parfois, je n'ai pas l'impression de vivre dans le même monde que d'autres et rien que pour ça, ça valait le coup d'y être, à cette avant-première !
2/10
18:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Cinéma
28 janvier 2006
Munich
Munich a engendré des débats sans fin. Une constation toute simple cependant, évidente mais qu'il ne faut pas oublier : si Munich était une pure fiction, ce serait un thriller de très grande qualité qui mettrait sans doute bien du monde d'accord.
Mais Spielberg est Juif et s'est emparé d'un sujet ô combien délicat. Il a le courage de faire un film engagé et c'est ce qu'on lui reproche, finalement. Ce n'est pourtant pas la première fois que Spielberg prend ses distances vis-à-vis du pur divertissement pour aborder des sujets plus graves : l'holocauste (Schindler's List, 1993), l'esclavage (Amistad, 1997), et la seconde guerre mondiale (Saving Private Ryan, 1998) ont précédemment été traités par le réalisateur.
Mais la tuerie de Munich est un sujet très sensible car le conflit israëlo-palestinien est toujours d'actualité. Qui plus est, Spielberg relate dans son film non pas la prise d'otage elle-même (sur laquelle la vérité historique est à peu près établie), mais la vengeance israëlienne qui s'en suivie. Et là, comme cette mission fut évidemment secrète, il n'y a guère de preuves ou de faits avérés. Ce flou laisse tout loisir de broder une histoire qui ne satisfait évidemment aucun des deux camps.
Néanmoins, pour ne pas se laisser berner par la vision de Spielberg, il est totalement indispensable pour qui souhaite apprécier Munich autrement que comme un thriller divertissant de connaître très bien ce qui s'est passé pendant la prise d'otage, surtout les coulisses géo-politiques du traitement catastrophique de la crise par les Allemands (totalement absents du film !). A ce sujet, avoir eu la chance de pouvoir visionner le stupéfiant documentaire Un Jour en Septembre change grandement la vision critique du film de Spielberg.
Avoir vu ce documentaire permet par ailleurs de se rendre compte du travail totalement époustouflant de reconstitution des scènes de la prise d'otage. Plus généralement, les décors, les costumes, la re-création du monde des années 70 est stupéfiante de réalisme. Techniquement, le film est de très haute volée : que ce soit la mise en scène, la photographie, l'utilisation de filtres, le montage, le casting et le jeu des acteurs, tout est un régal pour les cinéphiles technophiles.
Je relève tout de même deux grosses fautes de goût, à peu près indiscutables : le montage de l'orgasme difficile d'Avner (Eric Bana) en parallèle de la mort des otages sur le tarmac de l'aéroport militaire de Munich (faute de mise en scène extraordinaire pour Spielberg !), et le plan final sur les tours jumelles du World Trade Center, plan a priori habile sur l'évocation que les événements de Munich n'était que le début d'une guerre idéologique plus globale, mais plan en définitive maladroit en faisant passer une fois de plus les Arabes pour les grands "méchants" du film, avec un amalgame fâcheux entre des événements aux causes trop différentes. Dommage, car c'était inutile.
8/10
17:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1)
26 janvier 2006
Un Jour en Septembre
Je souhaite attirer si possible l'attention sur ce documentaire absolument époustouflant qui est sorti le 25 janvier 2006 sur nos écrans mais qui date de 1999 et qui avait obtenu l'Oscar du meilleur documentaire aux USA (plus d'autres prix dans le monde).
C'est évidemment l'actualité du film Munich de Spielberg qui a conduit ce documentaire à enfin bénéficier d'une sortie en salles, et tant mieux !
A moins que vous ne connaissiez de très près ce qui s'est passé en septembre 1972 avec cette prise d'otage, ce documentaire est indispensable pour ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la géopolitique, et accessoirement, pour ceux qui comptent voir Munich ; en effet, Munich raconte la traque des responsables palestiniens par le Mossad (de façon fortement romancée), alors que le documentaire décortique et explique tout ce qui s'est passé AVANT, c'est-à-dire de l'organisation de la prise d'otage jusqu'au fiasco allemand qui mena à la boucherie des otages sur le tarmac de l'aéroport militaire de Munich.
Ce qu'on apprend sur l'incompétence du gouvernement allemand de l'époque est totalement stupéfiant... tout comme la lâcheté qui les a conduit à relâcher les 3 terroristes encore vivants lors d'un "faux" détournement d'avion de la Lufthansa par des Palestiniens (organisé avec la complicité du chancelier Willy Brandt au nez et à la barbe d'Israël).
La très grand force du documentaire est d'avoir le témoignage du dernier terroriste palestinien encore en vie (traqué depuis 34 ans par le Mossad), qui n'éprouve aucun remord, et même de la fierté (cela fait froid dans le dos), ainsi que les témoignages des responsables allemands encore en vie, dont la légéreté face à ces événements passés (comme s'il y avait prescription !) ont fait réagir vivement la salle où j'ai vu le documentaire (MK2 Beaubourg, pour ne rien cacher ; même à Paris bien peu de salles proposaient le film à l'affiche).
Je ne m'étendrai pas plus ; cette critique d'Ecran Large synthétise parfaitement l'intérêt du film.
9/10
11:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma