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08 février 2006

Sheitan



Etrange objet filmique qui divise fortement les critiques et le public (ce qui est en soi toujours un bon signe), Sheitan est donc le premier long métrage d'un jeune de 25 ans, Kim Chapiron, co-fondateur du collectif artistique Kourtrajmé, qui rassemble réalisateurs, acteurs, musiciens, chanteurs, danseurs et graphistes.

L'équipe de Sheitan est essentiellement composée d'acteurs amateurs et de jeunes espoirs, mais le nom de Vincent Cassel (en tant qu'acteur principal et producteur) a vraisemblablement permis la présence de quelques personnalités en tant qu'invités au casting : François Levantal (rôle certes court et très secondaire) et Monica Bellucci (tout petit caméo dans un film dans le film, dans la scène de la station service), tout comme le présentateur de MTV Mouloud ou encore le chanteurs de rap Mokobé du groupe 113 et Oxmo Puccino.

Attention néanmoins à ne pas voir dans ce collectif un pur rejeton des arts de la banlieue ; Kim Chapiron et Romain Gavras, fondateurs du collectif, sont en fait respectivement petit-fils de Picasso et fils de Costa Gavras !

Cela permet de d'envisager un peu différemment l'histoire qui nous est proposée et qui regorge de clichés sur la banlieue : 4 jeunes issus de la banlieue parisienne (un Blanc, un Black, un Vietnamien et une Marocaine) sont attirés dans un piège macabre qui se déroule à la campagne, dans une vieille ferme habitée par une jeune Blanche aguicheuse (que les 4 ont rencontré en boîte de nuit et qui les invite à passer la nuit chez elle). Cette ferme est également habitée par un couple de fermiers inquiétants (Vincent Cassel), qui veillent sur la ferme depuis que la jeune femme est orpheline.

La principale supercherie du film est d'être vendu comme un slasher ou un survival (film d'horreur où une bande d'amis sont massacrés un par un). C'est en fait une comédie, certes horrifique, mais totalement trash, nihiliste, au mauvais goût certain (car sans limites) et sans respect d'aucun code du genre série Z.

L'absence d'un ton homogène est probablement ce qui divise autant les spectateurs ; expérimental, ce film peut mettre tantôt mal à l'aise, tantôt susciter les rires, voire se demander où le film veut en venir. C'est néanmoins un gros "craquage" fort intéressant par son originalité évidente dans le cinéma français.

J'ai particulièrement été impressionné par la performance de Vincent Cassel en fermier très brutal, quasiment sauvage, très inquiétant. Il n'était pas évident d'éviter la caricature du péquenot, ce qui aurait rendu son personnage ridicule et absolument pas effrayant ; Cassel a donc réussi à créer un personnage de toutes pièces qui ne rappelle aucun rôle de composition connu, et qui distille une sensation de malaise.

Le malaise est également très développé par l'ambiance poisseuse et nauséabonde du village où l'on comprend rapidement qu'il y a probablement un gros problème de consanguinité dans cette petite communauté (à ce sujet, le casting est très réussi).

Ce thème permet d'oser des scènes vraiment dérangeantes (cf. la bain dans la source d'eau chaude) qui font monter la tension de façon très déplaisante. Les amateurs de sensations glauques seront servis et Sheitan vaut le coup rien que pour la partie du film où ces jeunes crétins (car ils sont vraiment dépeints comme bêtes et assez méchants) sont confrontés à cet univers dangereux, mais dont ils ne comprennent pas un seul des signaux qui feraient fuir tout être normalement constitué. Vraisemblablement jamais sortis de leur banlieue, ils ne comprennent pas qu'est-ce qui est normal ou pas dans cet environnement qui leur est inconnu. C'est sans doute un cliché, et un ressort classique (immergeons des quidams dans un environnement qui n'est pas le leur), mais c'est ce qui permet à un grand nombre de scènes de fonctionner malgré leur audace.

Sheitan n'est ni un navet, ni un chef d'oeuvre, mais le premier long-métrage original d'un réalisateur qui se cherche, et qui a le mérite de proposer un spectacle jusqu'au-boutiste, et sans équivalent en France ; c'est déjà beaucoup !

7/10

Liens connexes :
Interview sans concession de Vincent Cassel
Critique pour/contre d'Ecran Large résumant bien les deux points de vue divergents qu'on peut avoir sur le film.

10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

Commentaires

ce film ne me dit rien du tout, je nirais pas le voir !



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Écrit par : jess | 08 février 2006

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