Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19 décembre 2006

Muse, Bercy, 14/12/2006



La taille des salles a beau augmenter au fil des tournées, Muse reste un putain de groupe de rock, sans concessions et sans artifices. Certes, la production très clinquante accentue l'aspect cosmique et grandiloquant de leur musique, mais il ne faut pas oublier qu'il n'y a quasiment aucun trio capable de délivrer une telle puissance et une telle maîtrise de l'espace sonore, à part sans doute Rush.

Que Muse arrive à préserver ainsi émotion et intégrité artistique malgré ce phénoménal engouement populaire est un exploit. On ne se plaindra pas qu'un public assez jeune se prenne de passion pour un groupe brassant des influences aussi variées qu'Ennio Morricone, Pink Floyd ou Rachmaninov (dont l'influence sur Bellamy au piano prend une dimension fascinante sur scène). Ce brassage, cette voix aigue, ce space rock rappellent trop certains canons du rock progressif et il est heureux de voir qu'une telle musique trouve un tel écho actuellement, qui sera ainsi peut-être une porte d'entrée vers un pan de la culture musicale contemporaine.

Le son était exceptionnellement bon pour Bercy, en particulier la batterie et le chant, très propres, très clairs, percutants. L'ambiance était digne des grandes messes hard rock, et si la première partie du concert ménageait encore les émotions, à partir de Bliss, ce ne fut plus qu'un véritable pilonnage en règle. Apocalypse Now ? Oui ! Seul reproche : tout cela est passé bien trop vite... et de façon trop minutée, trop rodée.

Setlist :

Take a Bow
Map of The Problematique
Butterflies & Hurricanes
Supermassive Black Hole
New Born
Starlight
City of Delusion
Forced In
Bliss
Feeling Good
Hoodoo
Invincible
Time is Running Out
Plug in Baby

Rappel #1
Sunburn
Hysteria
Stockholm Syndrome

Rappel #2
Knights of Cydonia

11:10 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Musique, concerts, concert

12 novembre 2006

Al Di Meola, New Morning, 10/11/2006



Pour beaucoup, Al Di Meola est un guitariste virtuose qui a traversé les années 70 en solo ou aux côtés de Chick Corea au sein du groupe Return To Forever, et demeure un des musiciens les plus célèbres du jazz-rock. Il est également l'un des trois redoutables membres du Guitar Trio (avec John McLaughlin et Paco de Lucia) qui a définitivement marqué le monde de la guitare acoustique grâce à l'album Friday Night In San Francisco en 1981.

La technique ébouriffante de ce musicien en ce qui concerne l'aller-retour (toutes les notes sont attaquées au médiator) a eu une influence encore non démentie à ce jour en particulier dans les guitaristes issus du hard rock et du heavy metal (citons par exemple feu Randy Rhoads, Nuno Bettencourt et John Petrucci, pour ceux qui ont tenté d'exploiter l'aspect "percussif" de cette technique). Néanmoins, pas un guitariste n'a encore fait montre d'une maîtrise égale à celle de Al Di Meola, surtout sur guitare acoustique, et encore moins avec les tirants de cordes utilisés : les cordes les plus épaisses qui existent, ce qui demande beaucoup de force (dans les deux mains) pour les faire sonner correctement. La contrepartie en est un son fabuleux, mais jouer des plans rapides devient rapidement une gageure puisqu'il faut alors parvenir à concilier deux qualités qu'on ne peut pas pousser à leur paroxysme simultanément : puissance et précision. Pourtant, Al Di Meola est sans doute celui qui y parvient le mieux, et cela lui offre un vocabulaire artistique envié.

Néanmoins, cela fait bien longtemps qu'Al Di Meola a tourné le dos au jazz-rock et la virtuosité sous forme de vélocité pour se tourner vers une mélange de world music et de jazz avec de très grandes influences latines, en particulier le mâtre argentin du tango, Astor Piazzolla, source inépuisable d'inspiration. Nous eûmes d'ailleurs droit après l'entracte à quatre interprétations de titres du maître, avec Di Meola seul à la guitare classique. Virtuosité ô combien inatteignable pour le commun des mortels...

Dans ses propres compositions, son jeu, beaucoup moins flashy, s'est tourné vers plus de maturité, et de recherche sonore. Ses concerts, très axés en général sur ses toutes dernières compositions, ne reviennent en général pas sur le passé (nous eûmes juste droit à une petite "citation" de Mediterrean Sundance - initialement publié sur Elegant Gypsy, 1976, et hyper popularisé par le Guitar Trio - ainsi qu'à une version revisitée de Señor Mouse, composition de Chick Corea déjà reprise sur Casino, 1977).

L'intérêt de ses concerts dépendent donc avant tout de l'estime que l'on porte à chacun de ses nouveaux albums. Néanmoins, avec les musiciens tout aussi haut de gamme qui l'accompagnent (dont le fidèle et toujours monstrueux Gumbi Ortiz aux percussions), difficile d'être déçu si on aime la musique instrumentale chiadée et structurée (car contraiment au jazz pur, les compositions sont réellement structurées, il ne s'agit pas de passations de soli à partir d'un thème).

Le concert cuvée 2006 (trois ans d'absence en France tout de même) était époustouflant, plus varié et plus détendu que la dernière fois. Nous eûmes même droit à un guest, en la personne d'un flutiste cubain apparemment très célèbre, qui s'est joint en rappel au groupe, sans que les musiciens aient préparé quoi que ce soit (ils n'avaient jamais joué ensemble). La virtuosité de ce flutiste en écho à celle d'Al Di Meola était assez stupéfiante... Ce sont de tels concerts qui permettent d'en relativiser d'autres.

Composition du groupe :

AL DI MEOLA (guitares)
MARIO PARMISANO (piano)
GUMBI ORTIZ (percussions)
TONY ESCAPA (batterie)
MIKE POPE (basse)

16:30 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (1)

11 novembre 2006

Sufjan Stevens, Bataclan, 09/11/2006



Y a-t-il un phénomène Sufjan Stevens ? Ce concert complet depuis plusieurs semaines tendrait à le démontrer. Bien que totalement ignoré des radios, même spécialisées, l'estime considérable que ce jeune Américain de 31 ans (qui a écrit son premier album au collège et qui joue plus de 20 instruments) possède dans le milieu indie underground est en train de prendre une tournure qui rappelle celle de The Mars Volta, par exemple : albums encensés dans la presse culturelle spécialisée (et même généraliste depuis peu : Libération, Le Nouvel Observateur... tout le monde semble craquer !), concerts complets en un rien de temps malgré une publicité proche de zéro (joli coup de Nous Productions au passage, bien inspiré d'avoir booké le Bataclan après le passage de Sufjan au minuscule Point Ephémère l'an dernier).

Il faut dire que le cinquième album de Sufjan Stevens a connu des louanges unanimes comme on en lit que rarement. Come On Feel The Illinoise ressemble en fait à une démonstration (sobre et jamais... démonstrative !) de songwriting. Aussi bouleversante dans le plus simple appareil (une guitare, un banjo, un piano, une voix), que dans une opulence orchestrale raffinée (cuivres, cordes, choeurs et quantité d'autres instruments, tous utilisés avec la même subtilité), l'écriture de Sufjan Stevens est sans doute une des plus affûtées du début de ce siècle. Les mélodies donnent naissance en permanence à d'autres, dans un vertigineux jeu de tiroirs que les arrangements déclinent jusqu'à l'ivresse. Pendant près de 75mn, envolées épiques et répits lumineux se succèdent, sans que l'émotion ne retombe une seconde.

Sufjan possède en outre une démarche artistique franchement originale, puisqu'il s'est mis en tête un défi pour le moins surprenant : un album par Etat américain ! Même s'il sait très bien qu'il ne parviendra sans doute pas au bout d'un tel gimmick, ses deux derniers albums, passent en revue le Michigan et l'Illinois, et conduisent à une collection de histoires, véritables photographies musicales nous contant des histoires mi-réelles, mi-rêvées, sur des lieux ou des personnages pas toujours très célèbres (l'astronome ayant découvert Pluton, par exemple !), mais qui composent le patrimoine culturel de son pays.

Je me demandais donc vraiment comment un tel univers allait pouvoir être transposé sur scène, voire même comment la musique serait tout simplement interprétée vu la complexité des arrangements. Début de réponse, technique : 10 musiciens (dont Sufjan) sur scène, dont 5 aux cuivres (trompette, clarinette, saxophone, trombone à coulisse, cor...), et 4 qui assurent les choeurs en plus de leurs instruments (batterie, guitares, basse, banjo, piano additionnel...). Sufjan dirige discrètement l'ensemble de main de maître, au milieu de tout ce bon monde, au piano à queue, quand il ne prend pas une guitare ou un banjo. La cohésion de l'ensemble force le respect et restitue avec puissance la flamboyance des enregistrements studio, tout en proposant bien souvent des réarrangements des versions studio !

Suite de la réponse, artistique : l'univers de Sufjan se retrouve timidement dans la mise en scène. Sufjan lui-même débarque affublé d'ailes d'oiseau, tandis que tout le reste de la troupe arbore des ailes de papillons ! C'est trois fois rien, et pourtant c'est magnifique et cela instaure de suite une ambiance poétique qui cadre à merveille avec la musique. L'humour n'est pas en reste. D'un côté de la scène, il y a un petit tas de Pères Noël gonflables, et de l'autre, des Superman (gonflables aussi), que Sufjan lancera au public à divers moments du concert. Mais pas de gros délire à la Flaming Lips ; ces poupées gonflables sont là pour illustrer des paroles de chansons, tout comme les projections vidéos de bon goût tout au long du show (séquence hilarante où un Superman gonflable est attaché à un cerf-volant !). On sourit souvent pendant le concert grâce aux interventions de Sufjan qui nous conte diverses histoires (expériences d'adolescent, sa grand-mère qui trouve sa musique bizarre...), toujours avec un mélange de complicité, de timidité et et de pudeur.

Cerise sur le gâteau : Sufjan nous a gratifié d'un inédit, Majesty Snowbird, à paraître sur son prochain album. Sans doute une de ses meilleures chansons (arrangements, mélodies, émotion, montée en puissance), qui laisse présager que l'exploit de Come On Feel The Illinoise pourrait bien être renouvelé. Vu le talent de l'artiste, c'est de toute façon fort possible. Un grand merci à mon ami Nick Bogovich pour une fois de plus, m'avoir fait découvrir de la musique possédant une vraie conscience artistique.

Setlist :

Sister
The Transfiguration
The Man Of Metropolis Steals Our Hearts
Jacksonville
A Good Man is Hard To Find
Detroit, Lift Up Your Weary Head !
The Predatory Wasp Of The Palisades is Out To Get Us !
John Wayne Gacy Jr.
That Was The Worst Christmas Ever
Dear Mr. Supercomputer
Seven Swans
Casimir Pulaski Day
Majesty Snowbird
Chicago

Rappel :
Concerning The UFO Sighting Near Highland, Illinois
The Dress Looks Nice On You

12:00 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (3)

17 septembre 2006

Porcupine Tree, Elysée Montmartre, 15/09/2006



Porcupine Tree, c'est comme Marillion ou Dream Theater, on sait à l'avance que leur concert va être absolument parfait au niveau de l'interprétation. On sait également qu'on va s'extasier devant la frappe puissante, groovy et gracieuce de leur batteur, Gavin Harrison, qui sera parfaitement mis en valeur visuellement et dans le mix. Etc., etc....

En tournée pour promouvoir leur premier DVD-Vidéo de concert (cf. mon avis rapide et technique ici), le groupe a choisi de gâter ses fans en proposant deux sets bien distincts : le premier comportant 50 minutes de nouvelle musique, et un second de 70 minutes avec un choix de titres très solides issus uniquement d'In Absentia et de Deadwing (cf. setlist).

Attardons-nous donc uniquement sur la nouvelle musique, le second set ayant été tout ce qu'on attendait de Porcupine Tree comme énoncé précédemment.

C'est non seulement une superbe offrande que de dévoiler 50 minutes de leur prochain album (pas encore enregistré !), mais aussi un sacré risque. Le groupe sait à l'avance qu'il travaille ainsi sans filet, aussi bien pour la réaction pendant les morceaux que les avis (forcément biaisés après une seule écoute) qui vont rester après la fin du concert.

D'après les discussions que j'ai pu avoir à la fin du concert, les réactions furent mitigées sur l'ensemble des titres (six au total, dont une ballade, pas aussi fine que Lazarus, mais très belle), même si deux ou trois faisaient l'unanimité. Il est vrai que globalement, ces nouveaux titres sont plus sombres, plus lents, mais aussi plus heavy, plus difficiles à digérer que ceux des 4 ou 5 derniers albums de Porcupine Tree. Ces titres peuvent évoquer l'aspect plus expérimental (voire jam) de la première partie de la carrière du groupe, sans toutefois rappeler clairement tel ou tel album. Nouveauté : Steven Wilson s'empare à maintes reprises d'un piano...

L'unanimité se porte pour l'instant tout spécialement vers le troisième titre inédit, un monstre de 17 minutes, qui comporte des passages ultra-violents (oui, encore plus que sur Deadwing) faisant penser soit à Opeth ou à Meshuggah. La construction de ce titre laisse pantois, tant il comporte des sections différentes mais aux transitions extrêmement intelligentes et travaillées. Ce titre, probablement un des plus époustouflants jamais écrits par le groupe, asseoit une fois de plus Steven Wilson comme LA force créative du rock des années 2000.

Avec ce lever de rideau sur la nouvelle direction musicale du groupe, Porcupine Tree montre déjà qu'ils ne vont toujours pas se répéter, et qu'ils continuent d'oser, d'explorer. On attend évidemment impatiemment l'album, mais ça ne sera pas avant le premier trimestre 2007.

Set 1
6 nouvelles chansons (titres de travail inconnus)

Set 2
Open Car
Sound of Muzak
Buying New Soul
Arriving Somewhere But Not Here
.3
The Start of Something Beautiful
Trains

Rappel:
Halo
Blackest Eyes

09:10 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (1)

15 septembre 2006

Queen It's Kinda Magic, Olympia, 04/09/2006



La mode des groupes de reprises est enfin arrivée en France. Activité très en vogue aux Etats-Unis et dans d'autres pays d'Europe (l'Italie en premier plan), la France était en retard il y a de cela à peine deux ans encore. Dans notre beau pays, l'Olympia est la salle qui programme le top des tops des groupes qui ont choisi non seulement de rendre hommage à des groupes mythiques (hélas plus en activité, ou du moins plus sous le line-up de leur âge d'or), mais aussi en reproduisant aussi fidèlement que possible leurs spectacles. Tout y passe : costumes, instruments, lightshow, backdrops, jeu de scène... On n'est plus dans l'imitation, mais dans la reproduction.

L'intérêt ? Permettre de voir de ses yeux des spectacles qu'on ne peut plus voir qu'en supports vidéo (quand ils existent !), et accessoirement se plonger dans une nostalgie pour ceux qui ont eu la chance de voir un concert original à l'époque. Suivant le groupe auquel on s'attaque, la somme de travail requise peut devenir immense. Un des exemples les plus sidérants est sans conteste The Musical Box, unanimement considéré comme le meilleur tribute band à Genesis, période Peter Gabriel s'il vous plaît, quand le groupe proposait des concerts à mi-chemin entre le théâtre et la performance musicale.

Concernant The Musical Box, on s'attache trop souvent à l'exactitude des décors, costumes, sons, etc., mais rien de tout ça ne marcherait si les musiciens n'étaient pas eux-mêmes de très grands interprètes. Je ne crains pas de dire que par rapport à de nombreux live (bootlegs ou officiels) de Genesis, The Musical Box est même plus carré, plus en place en général, ce que de respectables fans ayant vu le Genesis de l'époque ont confirmé !

Alors, quid de ce Queen It's Kinda Magic, censé reproduire les concerts de la dernière tournée de Queen (en 1986, dont le fameux Live At Wembley est le testament bien connu) ? Nous ne sommes hélas pas du tout dans la même catégorie que The Musical Box ! Il ne s'agit nullement ici de reproduction, mais d'une imitation de type "pot-pourri" :

- la setlist ne respecte pas celle des concerts de 1986, mais se calque sur un best-of ;

- seul le chanteur singe vraiment Freddy Mercury, mais en en faisant des tonnes, ce qui finit par faire tomber son jeu de scène dans la caricature (il change de costume pendant le spectacle, allant jusqu'à s'habiller en travesti comme Mercury dans le clip de I Want To Break Free ! Effet comique assuré... Freddy n'ayant jamais fait ça sur scène évidemment)

- les moyens scéniques sont très modestes ; certes, impossible de reproduire la scène de 1986 destinée à des stades, mais ici, ça fait même carrément cheap...

- et surtout, l'interprétation individuelle laisse à désirer. Le chanteur est encore celui qui s'en sort le mieux : sans monter aussi haut que Freddy dans les aigus, il est convaincant niveau timbre et puissance, et joue très correctement du piano à queue. Par contre, le gros point faible est le guitariste, qui est bien loin du toucher de Brian May ! Et le fait d'avoir le même matériel (amplis Vox et guitare Burns Red Special) n'y change évidemment rien.

La mise en place globale était dans l'ensemble correcte, le tout était curieusement plus convaincant que la somme de ses parties (soli montrant clairement les limites des musiciens). C'est donc un bon tribute band à Queen, mais bien loin des canons de la qualité dont on est en droit de s'attendre pour une programmation à l'Olympia (et du prix de la place qui en découle).

Les réactions dans la salle furent mitigées : on vit aussi bien des gens partir au bout du premier titre (d'autres, un peu plus tard), d'autres afficher un visage incrédule et gêné, ou encore d'autres qui prirent le parti de s'en amuser, car au final, le groupe a beau être endorsé par Peter Freestone, le biographe et ancien assistant personnel de Freddy, ce groupe n'est qu'un bon divertissement sans prétention.

Vous pouvez consulter le site du groupe pour plus d'infos, mais n'y allez pas si le prix de la place est supérieur à 20 euros : ça n'en vaut pas plus, et il vaut mieux alors garder son argent pour un concert original !

10:55 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (3)