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12 novembre 2006

Al Di Meola, New Morning, 10/11/2006



Pour beaucoup, Al Di Meola est un guitariste virtuose qui a traversé les années 70 en solo ou aux côtés de Chick Corea au sein du groupe Return To Forever, et demeure un des musiciens les plus célèbres du jazz-rock. Il est également l'un des trois redoutables membres du Guitar Trio (avec John McLaughlin et Paco de Lucia) qui a définitivement marqué le monde de la guitare acoustique grâce à l'album Friday Night In San Francisco en 1981.

La technique ébouriffante de ce musicien en ce qui concerne l'aller-retour (toutes les notes sont attaquées au médiator) a eu une influence encore non démentie à ce jour en particulier dans les guitaristes issus du hard rock et du heavy metal (citons par exemple feu Randy Rhoads, Nuno Bettencourt et John Petrucci, pour ceux qui ont tenté d'exploiter l'aspect "percussif" de cette technique). Néanmoins, pas un guitariste n'a encore fait montre d'une maîtrise égale à celle de Al Di Meola, surtout sur guitare acoustique, et encore moins avec les tirants de cordes utilisés : les cordes les plus épaisses qui existent, ce qui demande beaucoup de force (dans les deux mains) pour les faire sonner correctement. La contrepartie en est un son fabuleux, mais jouer des plans rapides devient rapidement une gageure puisqu'il faut alors parvenir à concilier deux qualités qu'on ne peut pas pousser à leur paroxysme simultanément : puissance et précision. Pourtant, Al Di Meola est sans doute celui qui y parvient le mieux, et cela lui offre un vocabulaire artistique envié.

Néanmoins, cela fait bien longtemps qu'Al Di Meola a tourné le dos au jazz-rock et la virtuosité sous forme de vélocité pour se tourner vers une mélange de world music et de jazz avec de très grandes influences latines, en particulier le mâtre argentin du tango, Astor Piazzolla, source inépuisable d'inspiration. Nous eûmes d'ailleurs droit après l'entracte à quatre interprétations de titres du maître, avec Di Meola seul à la guitare classique. Virtuosité ô combien inatteignable pour le commun des mortels...

Dans ses propres compositions, son jeu, beaucoup moins flashy, s'est tourné vers plus de maturité, et de recherche sonore. Ses concerts, très axés en général sur ses toutes dernières compositions, ne reviennent en général pas sur le passé (nous eûmes juste droit à une petite "citation" de Mediterrean Sundance - initialement publié sur Elegant Gypsy, 1976, et hyper popularisé par le Guitar Trio - ainsi qu'à une version revisitée de Señor Mouse, composition de Chick Corea déjà reprise sur Casino, 1977).

L'intérêt de ses concerts dépendent donc avant tout de l'estime que l'on porte à chacun de ses nouveaux albums. Néanmoins, avec les musiciens tout aussi haut de gamme qui l'accompagnent (dont le fidèle et toujours monstrueux Gumbi Ortiz aux percussions), difficile d'être déçu si on aime la musique instrumentale chiadée et structurée (car contraiment au jazz pur, les compositions sont réellement structurées, il ne s'agit pas de passations de soli à partir d'un thème).

Le concert cuvée 2006 (trois ans d'absence en France tout de même) était époustouflant, plus varié et plus détendu que la dernière fois. Nous eûmes même droit à un guest, en la personne d'un flutiste cubain apparemment très célèbre, qui s'est joint en rappel au groupe, sans que les musiciens aient préparé quoi que ce soit (ils n'avaient jamais joué ensemble). La virtuosité de ce flutiste en écho à celle d'Al Di Meola était assez stupéfiante... Ce sont de tels concerts qui permettent d'en relativiser d'autres.

Composition du groupe :

AL DI MEOLA (guitares)
MARIO PARMISANO (piano)
GUMBI ORTIZ (percussions)
TONY ESCAPA (batterie)
MIKE POPE (basse)

16:30 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Chronique très juste pour un concert de folie !
Faisant preuve d'une grande humilité, Al di Meola m'a encore époustouflé par son jeu tout en finesse et en précision.
Contrairement au concert de 2003, on est d'accord pour dire que c'était beaucoup plus détendu et jovial :)

Autres satisfactions : l'impression de voir jouer un groupe, et non pas "Al + les autres", ainsi que la variété du set proposé.

La section rythmique était monstrueuse, mention spéciale à Gumbi Ortiz qui enrichit la texture sonore de façon exceptionnelle.

Définitivement, comme ses comparses John McLaughlin et Paco De Lucia, Al Di Meola reste l'un des plus talentueux toute génération confondue.

Écrit par : Jerome | 12 novembre 2006

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