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21 juillet 2007

Die Hard 4.0



Hollywood étant plus que jamais en panne d'inspiration, on continue de créer des suites, et dans la famille des n°4, revoici John McClane, absent de nos écrans depuis 1995. Les événements terroristes auxquels il est confronté se seront exponentiellement compliqués depuis Die Hard premier du nom (Piège de Cristal, 1988). Dans ce 4e épisode, on retrouve sans aucun complexe un cyber-complot national digne de la série 24, à laquelle beaucoup de tics scénaristiques et de caractérisation des personnages sont empruntées.

Seule la personnalité de McClane tranche - heureusement - avec celle de Jack Bauer, l'humour étant un élément absent de 24. Le charme opère donc, puisqu'on retrouve intact ce personnage bougon et hâbleur, campé par un Bruce Willis décidément charismatique malgré tout. Le trait a certes été un peu forcé, le scénario ne manquant pas une seule occasion de faire remarquer que McClane a vieilli et est carrément largué ; déjà, dans Die Hard 2 (58 Minutes pour vivre, 1990), il avait du mal à se servir d'un fax. Alors en 2007, les nouvelles technologies de l'information, ça lui échappe un peu. Ce décalage est exploité via le duo formé avec un jeune hacker loser, le contrepoint parfait de McClane, servant ainsi de source à la plupart des répliques ou situations humoristiques.

Len Wiseman est l'auteur des Underworld 1 et 2 (pas du tout ma tasse de thé, personnellement), et sa réalisation est nerveuse mais assez clippée et sans réelle saveur. De toute façon, le montage est là pour entraîner le spectateur dans un enchaînement de scènes d'action dont l'invraisemblance va grandissant, jusqu'à en devenir ridicule (cf. l'avion de chasse vers la fin). Divertissement vitaminé et pas très fin, Die Hard 4.0 tire un peu trop sur la corde, au point d'en être trop long et un peu lassant. Heureusement, tout cela ne se prend trop au sérieux et le retour de McClane n'est pas raté, c'est déjà mal pour un blockbuster estival.

7/10

14:32 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

18 juin 2007

El Camino de San Diego



Complètement conquis par le précédent film de l'argentin Carlos Sorin, Bombón El Perro, je n'ai pas hésité à aller voir son nouveal long-métrage, El Camino de San Diego.

Un ouvrier très pauvre d'un coin reculé de l'Argentine voue un culte à Diego Maradona. Il décide un jour de prendre la route pour rencontrer son idole, hospitalisée à Buenos Aires pour insuffisance cardiaque, et lui offrir une étonnante racine d'arbre, qu'il a trouvée dans la forêt et qui ressemble à la silhouette de son idole. Commence alors un périple riche en surprises et en rencontres...

Scénariste de ses films, Carlos Sorin aime plonger un homme ordinaire (voire "moins que rien") dans une situation "extraordinaire", ou qui, du moins le dépasse nettement. Avec El Camino..., Sorin tisse une fable sociale sous forme de voyage initiatique. L'objet du culte (Diego Maradona) n'est ici évidemment qu'un prétexte ; peu importe l'idole, c'est la puissance de la foi qui intéresse Sorin, et la capacité de l'homme à se dépasser pour la cause qui l'habite.

Comme dans Bombón El Perro, les acteurs sont non professionnels, et il s'en dégage une naïveté confondante. Les rencontres sont pittoresques, touchantes, sans jamais verser dans le pathos. Mais, fidèle à son style documentaire, la caméra de Sorin apporte un éclairage sans concession sur la situation sociale et économique de l'Argentine.

Pourtant, contrairement à Bombón El Perro, El Camino... a du mal à totalement captiver sur la durée (1h38). Peut-être est-ce la faute au personnage principal, tellement simple d'esprit qu'il en est parfois béat, ce qui rend son jeu bien moins touchant que celui Juan Villegas qui incarnait le héros de Bombón El Perro. Villegas fait d'ailleurs une apparition dans une scène, et aussi brève soit-elle, c'est une illumination.

Il y a de toute façon un peu moins d'humour, un peu moins de situations iconoclastes, comme ce film d'auteur avait été conçu sans trop se forcer. On ne loupera néanmoins pas le prochain.

7/10

17:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

10 juin 2007

Death Proof



Passons sur la traduction peu heureuse de "Boulevard de la Mort", qui fait perdre totalement le jeu de mot futé du titre original, qui avait le mérite d'annoncer la couleur. Death Proof est le 6ème long-métrage de Quentin Tarantino, et c'est un événement en soi. Annoncé comme un film "mineur", presque comme une recréation de luxe pour le cinéaste, il n'en reste pas moins une oeuvre dont tous les signaux annonçaient un film très spécial.

Afin de rendre hommage aux films de séries B qui les ont bercés, Tarantino et son complice Robert Rodriguez ont décidé en effet de tourner Grindhouse, un double-programme identique à ceux diffusés dans le cadre des systèmes d'exploitation Grindhouse (salles qui projetaient des doubles programmes déjantés entrecoupés de bandes annonces). Les deux films nés de cette association empruntent aux genres populaires de cette époque : Planet Terror de Robert Rodriguez est un film de zombie (à voir chez nous en septembre), tandis que Death Proof est un "slasher road movie".

Hélas, le concept du double-programme entrecoupé d'un entracte, parfaitement en phase avec le système d'exploitation US, a été jugé inhabituel pour les pays européens par la production du film et n'a pas passé les frontières américaines. Les frères Weinstein, producteurs du projet, ont décidé que le film serait coupé en deux pour tous les pays non-anglophones, et que chaque partie serait allongée pour un faire un film un peu plus long que les 75mn initiales de chaque partie.

C'est ainsi que Death Proof, en Europe, sort dans une version "longue" de 1h45, soit un quart d'heure en plus par rapport à la version US. Tant mieux (pour cette version plus longue), ou tant pis (de ne pas avoir le projet Grindhouse en salles tel qu'il a été imaginé) ? De toute façon, nous nous rattraperons en DVD, qui proposera sans doute toutes les versions.

Tarantino a déjà saturé tous ses films précédents de clins d'œil à tous les films de genre dont il raffole. L'exercice consistant à tourner lui-même une pure série B ne pouvait donc qu'aboutir à un film complètement fou et excessif. Hélas, ce n'est pas exactement ce qu'est Death Proof. Plaisir coupable parfois jouissif, parfois pénible, Death Proof est une crétinerie drôle, mais vaniteuse car trop sûre de ses effets. C'est donc un objet filmique vraiment unique, destiné uniquement, et vraiment uniquement, à se faire plaisir (pour Tarantino), et tenter de faire plaisir aux nostalgiques de ces bons vieux slashers fauchés.

Néanmoins, Tarantino ne fait pas que parodier et rendre hommage aux séries B qui ont bercé son adolescence ; il se parodie lui-même délibérément, en jouant ainsi avec la patience du spectateur. Les dialogues à propos de sujets populaires, d'apparence futiles, est une des marques de fabrique de Tarantino. Mais l'anecdotique est amusant dans la mesure où il touche le spectateur. Or, dans Death Proof, ces dialogues sont parfois étirés jusqu'à l'absurde, et finissent par être insupportables car ils sombrent dans des sujets de la plus totale médiocrité. On sent ici un vrai manque de recul ou de clairvoyance dans l'écriture, qui trahit probablement un péché de vanité. Le spectateur crève d'envie que l'action reprenne son cours, ce qui agit comme une délivrance très intense quand le slasher reprend son droit. Death Proof ne remplit donc pas totalement, loin s'en faut, le programme annoncé de Grindhouse, ce qui risque de faire des déçus, y compris dans le rang des fans.

Tarantino se moque toutefois d'emblée de ses détracteurs qui lui reprocheront de se contenter parfois de se contenter de faire du Tarantino, comme cette sonnerie de portable estampillée Kill Bill émanant d'un des téléphones des personnages, ou cette séquence où on retrouve les Texas rangers père et fils de Kill Bill 1. Cette crânerie ne masque pas ses pannes d'inspiration, réelles, comme la scène de lap dance qui cherche vainement à recréer l'effet culte de la scène de danse de Pulp Fiction, et qui n'est pas du tout à la hauteur du talent du cinéaste.

Death Proof est donc clairement un point bas dans la filmographie de Tarantino, qui semble avoir pris le melon avec le succès critique et public des deux Kill Bill, œuvre hautement aboutie en comparaison. Même en version originale de 90mn (telle que projetée aux USA dans la cadre du programme Grindhouse avec Planet Terror), Death Proof est un film déséquilibré, inconstant, sauvé toutefois par les éclairs de génie de mise en scène d'un des cinéastes américains les plus fascinants, même dans un semi-échec comme ici. Preuve qu'il y a un os, la bande-originale du film n'est pas aussi surprenante que d'habitude. C'est bon, mais c'est sans surprise.

7/10

09:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : cinéma, tarantino

21 mai 2007

Zodiac



La filmographie de Fincher se résume à 6 longs-métrages depuis 1992 que n'importe quel cinéphile doit pouvoir citer de tête : Alien 3, Seven, The Game, Fight Club, Panic Room, et désormais Zodiac. Bien que Fincher n'ait pas participé à un seul des scénarii de ses réalisations, il a toujours su choisir avec soin ses projets, sauf pour Panic Room qui ressemble au final à une aimable commande. Pas un mauvais thriller en soi, mais qui ne tient certes pas la comparaison avec le reste.

Comme il s'est écoulé presque 5 ans depuis cette semi-déception en provenance d'un cinéaste américain des plus doués, l'attente était donc grande. Fincher pouvait jusqu'alors passer pour un Monsieur "je t'en mets plein la vue" ; Zodiac est désormais la preuve que Fincher a mûri et signe son premier film totalement maîtrisé, sous son aspect faussement sobre. Maîtrise absolue, c'est bien l'impression dégagée par ce film (ni tout à fait polar, et si peu thriller) de 2h30 (qu'on ne voit guère passer), dans lequel on ne trouvera aucune tentative d'épate, sans être toutefois dénué de coups d'éclats terrassants (la mise en scène stupéfiante des meurtres, filmés systématiquement du point de vue de la victime).

Fincher filme avant tout l'obsession de trois personnages décidés à trouver qui se cache derrière ce meurtrier qui se fait appeler le Zodiac. Cette obsession court sur plus de trois décennies (cette quête usant littéralement ses protagonistes), ère que Fincher nous fait traverser avec un sens ultra aigu du découpage, tel un documentaire. Grâce à cela, il imprime un rythme inversement passionnant à la banalité qui va recouvrir cette enquête, qui se dirigera vers un oubli quasi-mortifère.

On pourrait s'attarder longuement sur le casting futé et l'excellence des comédiens (sacré Mark Ruffalo, déjà flic dans Collateral de Michael Mann), l'extraordinaire travail de reconstitution des années 70 en particulier, ou sur la photo à tomber de Harris Sevides (qui avait déjà signé celle de The Game), voire sur l'excellence du sound design et du mixage surround de la bande-son.

Fincher signe un sans-faute à tous les niveaux, mais il est probable que sa volonté de sobriété et l'extrême frustration dégagée par ce cas tout à fait réel ne condamne le film qu'à un succès d'estime (peut-être avec une récompense à Cannes ?). En tout cas, ça fait du bien de voir qu'il est encore possible de produire de tels films hollywoodiens qui assurément, ne feront pas un carton au box-office. Une leçon de cinéma adulte, brillant, qui sacrifie le suspense au sens classique du terme, et qui pourtant s'exhibe comme un monument de mise en scène. Du Cinéma, avec un grand C.

9/10

22:39 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Cinéma

18 mai 2007

Spider-Man 3



Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse... Le proverbe s'applique bien aux trilogies de super-héros : Batman, X-Men, et à présent Spider-Man. L'épisode de trop ? Oui, mais pas pour les mêmes raisons que ses prédécesseurs, pour lesquels le capitaine (respectivement, les réalisateurs Tim Burton et Bryan Singer) s'était vu remplacé par un faiseur de nanars (respectivement, Joel Schumacher et Brett Ratner). Pour Spider-Man 3, Sam Raimi est resté aux commandes, donc le naufrage est évité, mais ce troisème opus est victime d'une tendance lourde : le trop est l'ennemi du bien. Résultat, le dernier (?) volet de Spider-Man est un gros objet boursouflé malgré d'indéniables qualités.

Long, beaucoup trop long : ce film de 2h20 propose des scènes hélas bien lâches entre elles, au parfum désagréable de passages obligés, à cause d'un scénario qui tente de caser trop d'arcs pour qu'ils soient explorés tous avec assez de profondeur. Spider-Man / Peter Parker a tout un tas de soucis sur le dos : Harry Osborn veut toujours le tuer, une météorite avec une matière vivante inquiétante tombe du ciel, le meurtrier de son oncle s'évade et devient un mutant qui veut tout détruire, Mary Jane se fait virer de sa première comédie musicale et redevient serveuse, et enfin on tente de lui prendre sa place de photographe reporter au journal !

La force des deux premiers volets de Spider-Man tenait dans l'illustration d'une thématique bien précise : découverte des super-pouvoirs, puis réflexion sur la responsabilité de leur usage, avec le lot de sacrifices qui vont avec. Dans Spider-Man 3, on sent bien que Sam Raimi est toujours très intéressé par l'exploration de la personnalité du héros. L'artifice d'une matière vivante venue de l'espace décuplant le côté sombre de Parker était un matériau de premier ordre. Hélas, cette piste n'est que survolée (et tant pis pour la promesse alléchante figurant sur l'affiche même), même si elle donne lieu à des scènes parmi les plus réjouissantes du film (celle de la danse dans le pub).

Pression des producteurs ? Spider-Man 3 perd l'originalité des épisodes précédents, qui limitaient l'action pour mieux la mettre en valeur quand elle arrivait pour des scènes anthologiques. Cette fois, de l'action estampillée blockbuster pur jus, il y en a pléthore, au point de la vider de tout caractère dramatique malgré le talent toujours époustouflant de mise en scène de Raimi. C'est ce qu'on appelle gâcher son talent... Les amateurs de cinéma pop-corn n'ont que faire des étâts d'âme de Peter Parker ? Pas de problème, les vannes à cascades et effets spéciaux sont ouvertes. Et visiblement, ça marche ! CQFD.

6/10

18:47 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Cinéma