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08 mai 2010

Kick-Ass



Dave Lizewski est un adolescent gavé de comics qui ne vit que pour ce monde de super-héros et d'incroyables aventures. Décidé à vivre son obsession jusque dans la réalité, il se choisit un nom – Kick-Ass – se fabrique lui-même un costume, et se lance dans une bataille effrénée contre le crime. Dans son délire, il n'a qu'un seul problème : Kick-Ass n'a pas le moindre superpouvoir...

Il était difficile d'anticiper la bonne surprise offerte par ce troisième long-métrage de Matthew Vaughn (Layer Cake, 2004 ; Stardust, 2007). Le réalisateur américain signe ici une œuvre étonnante, qui commence comme une parodie potache de films de super-héros, et qui finit comme un actioner sanglant dans une ambiance totalement débridée et très tarantinesque dans le traitement de la violence. Vaughn ne s'est fixé aucune limite et pioche allègrement dans toutes les références pop, du teen-movie au blockbuster Marvel en passant par Kill Bill.

De ce côté foutraque ressort finalement un charme qui opère, le film étant difficilement prévisible et s'amusant à sortir franchement plusieurs fois du cadre imposé en règle générale par une telle production. Il est rassurant de voir que Hollywood est capable d'engendrer de tels divertissements pour adultes : c'est drôle, dur, violent, parfois touchant. A consommer sans modération comme un plaisir coupable. Bonne nouvelle, la suite (Kick-Ass 2 : Balls to the Wall) est en route pour une sortie en 2011, et on espère de tout cœur revoir le personnage de Hit Girl, la vraie vedette du film.

8/10

02 mai 2010

Greenberg



Le premier film de Noah Baumbach, Les Berkman se séparent, m'avait laissé une grande impression. Cela remontait à 2006 (!), et tout ce temps passé inclinait à des attentes logiquement assez élevées pour son deuxième long-métrage. Le voici donc enfin, avec Greenberg, porté par un Ben Stiller dont la finesse de jeu est ici assez sidérante. Si on retrouve un sens du montage assez fulgurant, cette fois, comme l'écrit parfaitement l'Obs, "à force de vouloir jouer au plus malin, de chercher le décalage à tout prix, Noah Baumbach vide son film de sens. L'humour à froid tourne à l'humour à plat. Et, loin du petit miracle de son premier long, le réalisateur accouche d'un film poseur et vain".

Cela reste du ciné US indépendant plutôt recommandable, mais on est si loin du talent de son premier film que la déception est en effet cruelle.

5/10

11 avril 2010

Bad Lieutenant



Terence McDonagh (Nicolas Cage) est un inspecteur de la police criminelle de la Nouvelle-Orléans. Il s'est gravement blessé au dos en voulant sauver de la noyade un détenu pendant l'ouragan Katrina. Mais il essaie de continuer tant bien que mal à faire son travail en prenant de puissants médicaments, en augmentant de plus en plus les doses... Il doit cependant faire face à une criminalité de plus en plus envahissante. Il est amoureux d'une prostituée (Eva Mendes). Il obligé de prendre des risques incroyables pour la protéger. Alors qu'il est sur les traces d'un dealer important, il doit également enquêter sur l'assassinat d'une famille d'immigrants africains...

Rien n'avait préparé à un tel retour en forme de Werner Herzog, grande figure de la nouvelle la vague du cinéma allemand des années 1960-70. Personnellement, en salles, j'en étais resté à son documentaire (impressionnant) de 2005, Grizzly Man. J'ai vu tout récemment en DVD son dernier long-métrage de fiction, Rescue Dawn (2007), avec Christian Bale, mais non sorti en salles en France. Le vieux maître était toujours en vie, mais pas spécialement en grâce.

Avec Bad Lieutenant (dont le seul point commun avec le film d'Abel Ferrara de 1992 est le personnage principal, à l'époque interprété par Harvey Keitel), Herzog livre ni plus ni moins un film très noir d'un genre nouveau, entre surréalisme et absurde, pour le plus grand régal des cinéphiles. Nicolas Cage retrouve enfin un rôle à sa démesure, en interprétant un homme sur le fil du rasoir, à l'instar du personnage de Sailor dans Wild At Heart de Lynch.

Tourné à la Nouvelle-Orléans dans les quartiers dévastés par l'ouragan Katrina, Herzog ne distille pourtant pas de critique politique voilée, mais il investit ainsi un cadre très original et propice à faire sentir au spectateur cette atmosphère moite, hallucinatoire et étrange (la convocation des iguanes, crocodiles et serpents comme acteurs du film est à ce titre une trouvaille de génie).

Le scénario est malin en diable, et s'écarte des lois du polar pour au contraire ouvrir des portes multiples, qui sont autant de chausse-trappes pour le spectateur qui n'a plus qu'à se laisser aller. Nombre de scènes sont anthologiques, avec des plans séquences filmés caméras à l'épaule qui nous font d'autant mieux entrer dans la tête hallucinée de l'inspecteur.

Il est inutile d'en dire plus ; mieux vaut aller le voir, sans hésitation aucune. Incontestablement la bonne surprise depuis le début de 2010.

9/10

07 mars 2010

The Ghost Writer



Un "nègre" (ghost writer, en anglais) à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...

De temps en temps, la revue de presse est unanimement dithyrambique sur un film. The Ghost Writer est de ceux-là. Pourquoi ? Cela peut provenir tout simplement du fait qu'on n'espérait plus grand-chose de Roman Polanski.

Et en effet, son dernier film permet de passer un moment indéniablement divertissant. Ce thriller paranoïaque fonctionne sur un suspense très hitchcockien, avec une facture classique à l'ancienne, y compris dans les éclairages artificiels, les décors, la musique rétro, et les "maladresses" (les photomontages grossiers sur les vieux clichés, les écrans bleus servant souvent aux arrières-plans ; même si on faisait autrement avant le numérique, le principe d'artifice reste le même). Tout ceci donne un charme suranné au film, on peut penser que c'est totalement volontaire de la part de Polanski, mais cela décevra probablement pas mal de cinéphiles.

La photographie n'est quant à elle pas folichonne, et c'est dommage car il y a de bien beaux paysages. La maison moderne mais épurée de l'ancien Premier Ministre britannique, et sa situation au bord de l'Atlantique américain sauvage, auraient pu devenir un personnage à part entière du film, comme la maison des Madison dans Lost Highway.

Le film est sans doute encensé exagérément par la critique, mais il faut reconnaître qu'il y a là un savoir-faire certain. Un savoir-faire à l'ancienne, finalement préférable aux âneries hollywoodiennes.

7/10

28 février 2010

A Single Man



Los Angeles, 1962. Depuis qu'il a perdu son compagnon Jim dans un accident, George Falconer, professeur d'université, se sent incapable d'envisager l'avenir. Solitaire malgré le soutien de son amie la belle Charley, elle-même confrontée à ses propres interrogations sur son futur, George ne peut imaginer qu'une série d'évènements vont l'amener à décider qu'il y a peut-être une vie après Jim.

Connu d'abord comme designer pour Gucci, Tom Ford est devenu l'un des grands noms de la mode avant de réaliser ce premier long métrage à 47 ans. Il n'a néanmoins guère choisi la facilité avec cette adaptation du livre Un Homme au singulier de Christopher Isherwood. Colin Firth fait ici une démonstration inattendue de son talent de composition (justifiée coupe Volpi de l'interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2009) en incarnant ce professeur d'anglais émérite, que tout le monde admire, mais qui vit un enfer intérieur à cause de son homosexualité qu'il ne peut révéler. Le film aborde donc sans détour ce sujet de société, et en profite pour croquer occasionnellement, avec la férocité d'un Sam Mendes, la bien-pensante Amérique des années 60, reconstituée ici de façon fantasmée.

A Single Man n'a cependant rien d'un manifeste gay (même si on n'avait jamais vu un film triste aussi gay - copyright un grand rédacteur en chef adjoint d'un magazine à garder ici anonyme). Tom Ford déroule un programme expérimental, entre réalité et fantasme, sur une unité de temps rarement utilisée au cinéma (une journée). Il évite le piège du mélo grâce à la subtilité et l'élégance extrêmement classe de la réalisation (on a souvent évoqué Wong Kar-Wai, c'est dire). Il commet quand même une ou deux fautes de goût (par exemple, le jeune homo Carlos venant aborder George sous un soleil californien presque artificiel ; le tout semblant sorti tout droit d'une pub Levis). Mais rien de rédhibitoire ; Tom Ford impressionne avec ce premier film à l'ambiance mortiphère mais ô combien profond et esthétique.

8/10