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02 janvier 2011

Another Year



On ne peut pas dire que j'avais été enthousiasmé par le précédent long-métrage de Mike Leigh, Be Happy. Le cinéaste restant tout de même un des grands maîtres anglais, c'est avec beaucoup de satisfaction que j'ai découvert que son dernier film redressait considérablement la barre. Côté scénario, rien a priori de bien surprenant : une réflexion sur le temps qui passe au pays de la middle-class, mais qui pose des bonnes questions sur ce qu'est l'amour, l'amitié, une vie réussie... réconfortant mais sans aucune illusion, le scénario souffle humanité et désespoir avec un équilibre parfait. Côté interprétation, on touche au grand art avec un casting stupéfiant de justesse (4 mois de préparation pour moins de la moitié de tournage, et ça se voit). Another Year est à voir ne serait-ce pour rappeler ce que c'est, de grands acteurs. Injustement oublié du palmarès de Cannes 2010, le dernier Mike Leigh se déguste comme un vieux millésime, avec soin et en petit comité.

8/10

17 octobre 2010

The Town



Ben Affleck confirme qu'il est bien meilleur réalisateur qu'acteur avec ce deuxième long-métrage. Polar âpre et dramatique, The Town affiche clairement une influence du cinéma de Michael Mann. Au lieu de se passer à Los Angeles comme dans Heat, l'action est ici située à Boston, et plus précisément dans le quartier sensible de Charlestown. Les scènes de casse sont effectivement pratiquement au niveau de celles de Heat (ce n'est pas un petit compliment), mais l'émotion est un peu plus cousue de fil blanc. Néanmoins, difficile de faire la fine bouche devant un film avec autant que qualités de narration et de mise en scène. Grande surprise de la part d'un acteur dont les films avec Michael Bay paraissent désormais loin, très loin...

8/10

11 août 2010

Inception



L'Anglais Christopher Nolan continue son ascension d'Hollywood avec une maîtrise qu'on ne peut que saluer. Après le succès insensé de The Dark Knight en 2008 (succès public et critique d'une intensité rarissime), Nolan semble en position de pouvoir tout se permettre. Et c'est bien ce qu'il fait avec Inception, blockbuster qui semble trouver le point d'équilibre idéal entre divertissement estival et idées originales - presque alambiquées ! - a priori impossible à vendre à une major.

La relative complexité du postulat de base (voler ou immiscer des idées et des informations dans le cerveau en fabriquant des rêves sur mesure pour tromper les sujets) allonge la durée du film en raison d'une bonne demi-heure faisant office de "mode d'emploi", mais c'est un mal nécessaire pour apprécier la suite. Nolan a une approche totalement naturaliste du rêve, ce qui rend son long-métrage assez froid et peu poétique ; cette sensation est renforcée par les scènes d'action monstrueuses qui lorgnent du côté de Mission: Impossible ou James Bond (les derniers volets avec Daniel Craig), le tout sous imaginaire à la Matrix sans l'influence manga. On est donc bien dans un blockbuster, mais le talent de mise en scène de Nolan, et la beauté formelle de la photographie, offrent finalement un spectacle haut de gamme sur lequel il est difficile de faire la fine bouche.

Nolan n'a toutefois pas le talent de Michael Mann, par exemple, pour arriver à mêler action et émotions avec le même brio. Non seulement Nolan n'exploite donc pas du tout les pistes symboliques et oniriques que lui offrait son idée de base, mais de surcroît l'histoire d'amour entre Di Caprio et Cotillard est peu convaincante et a de toute évidence été brodée pour tenter d'apporter un contrepoint aux scènes d'action et au suspense lié à la réussite de la mission principale du héros (qui requiert un rêve dans un rêve dans un rêve... chaud !).

La réussite du film vient vraiment de sa capacité à nous faire avaler sans sourciller une histoire de science-fiction abracadabrante mais délicieusement haletante pour peu qu'on ne cherche pas trop à décortiquer ce qu'on nous explique (difficile de toute façon vu le rythme). Tout cela sans jamais prendre les spectateurs pour des bourrins décérébrés (on n'est évidemment pas dans la même catégorie que Transformers), et avec une virtuosité technique de tous les instants (trucages qui ne sont pas toujours des images de synthèse, fait très appréciable). Son deuxième long-métrage, Memento (totalement culte), paraît désormais bien loin, mais il est rassurant de voir que Nolan arrive encore, même avec de tels budgets, à insuffler des thématiques personnelles, plutôt joliment filées tout au long de sa filmographie. Voilà donc un un auteur-réalisateur-producteur qui a trouvé là un compromis pratiquement parfait entre plusieurs enjeux généralement antagonistes. L'histoire du cinéma n'en a pas connu beaucoup.

8/10

22 mai 2010

Enter The Void



Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est strip-teaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelström hallucinatoire.

Huit ans sans long-métrage, c'est long, surtout quand le dernier en date est un des films les plus controversés (et réussis) de l'histoire du cinéma français : Irréversible. Certes, Gaspar Noé n'a pas chômé entre-temps, mais il a œuvré dans le court-métrage underground. Enter The Void était un projet absolument fantasmé tant le sujet, le lieu de tournage (Tokyo), et les défis techniques annoncés semblaient pouvoir être relevés par Noé lui-même uniquement.

A l'arrivée, on a eu un film pas finalisé superbement ignoré en compétition officielle à Cannes en 2009, et une sortie un an plus tard en raison du très long travail de retouche des images en post-production pour accentuer l'effet "trip" de l'âme du personnage principal en vue subjective, à la dérive dans Tokyo.

Alors ?

Comme d'habitude avec Gaspar Noé, Enter The Void est une œuvre qui a les défauts de ses qualités, conséquence inhérente aux parti-pris artistiques radicaux. Qu'on le prenne pour un pervers ou un manipulateur, Noé n'en est pas moins un virtuose, qui partage avec son maître Kubrick le goût des structures vertigineuses et des paris techniques. Rien que pour cette audace, Enter The Void mérite d'être vu, et impose une certaine considération, sinon le respect, au vu du manque total de risques de la quasi-intégralité des productions françaises.

Seul hic, Noé n'est pas Kubrick, et son voyage astral à la 2001 se prend quelque peu les pieds dans le tapis en raison d'une durée évidemment trop longue (2h30, la dernière demi-heure étant superflue et tombant dans des provocations relevant du dispositif risible, comme le coït vu de l'intérieur du vagin). En outre, les messages de Noé sont soit confus, soit simplistes (comme l'était le leitmotiv "le temps détruit tout" dans Irréversible). Il manque finalement un peu de matière grise pour étayer l'envergure de sa mise en scène. Malgré cela, Gaspar Noé reste une incongruité qu'on aime à suivre malgré ses défauts.

7/10

Dans ses yeux (El Secreto de Sus Ojos)



1974, Buenos Aires. Benjamin Esposito enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme.
25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire "classée" dont il a été témoin et protagoniste. Ce travail d'écriture le ramène à ce meurtre qui l'obsède depuis tant d'années mais également à l'amour qu'il portait alors à sa collègue de travail. Benjamin replonge ainsi dans cette période sombre de l'Argentine où l'ambiance était étouffante et les apparences trompeuses...


Oscar 2010 du meilleur film étranger, Dans ses yeux a ainsi coiffé sur le poteau Un Prophète de Jacques Audiard. Juste ou injuste, il faut reconnaître que Dans ses yeux affiche un art de mise en scène et une interprétation sans faille. Néanmoins, la facture est indéniablement plus classique que Un Prophète, même si le réalisateur Juan José Campanella emprunte habilement à différents genres (enquête policière, thriller politique, comédie, mélodrame), ce qui empêche de ranger son film dans une case précise. Petit regret, contrairement à Un Prophète, il n'y a pas réellement de réflexion cinématographique, ni de message à proprement parler. Un divertissement de première classe donc, mais pas plus - ce qui est déjà beaucoup.

8/10