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18 octobre 2009

The Hurt Locker



Kathryn Bigelow doit être la seule femme à Hollywood réalisant des films d'action ; on lui doit les cultes Point Break et Strange Days, et son dernier long-métrage remontait à 2002 avec le mitigé K-19, film de sous-marin russe avec Harrison Ford.

Elle revient ici en très grande forme avec un film sur la deuxième guerre en Irak, genre rapidement accaparé par Hollywood après l'invasion déclenchée par Bush fils. Heureusement, The Hurt Locker (Démineurs en français ; le hurt locker désignant la combinaison de bibendum revêtue par les démineurs pour se protéger un petit peu en cas d'explosion) est probablement le seul à pouvoir être mis dans le même panier que Redacted, qui était jusqu'à présent le seul film d'envergure sur le sujet.

Même si Bigelow n'ambitionne pas d'aller se frotter à De Palma sur le plan de la conceptualisation de la mise en scène, elle transforme ce qui aurait pu être un blockbuster guerrier bourrin en une touchante chronique de rapports humains de soldats qui font un travail très peu enviable. Bigelow se pose en observatrice et ne prend jamais parti, que ce soit pour les Américains ou les Irakiens. L'action est réduite à sa plus simple expression : en égrenant le nombre de jours qui restent à l'équipe avant de rentrer au pays, on observe ces soldats se confronter quotidiennement à des bombes à désamorcer dans des situations toujours très diverses et qui ressemblent souvent à des traquenards.

Bigelow place ainsi le spectateur dans des situations anxiogènes à l'extrême, grâce à un mélange savant de visions subjectives, de claustrophobie, de sensations désagréables (souffle des explosions, poussière, chaleur écrasante). Le tout est servi par des images magnifiques, avec des plans au cadrage très étudiés. Les acteurs, dont les têtes sont inconnues (bien qu'il y ait des cameos savoureux), vivent totalement leurs personnages ambigus et renforcent ainsi le sentiment de réalisme.

Kathryn Bigelow confirme ainsi son statut de réalisatrice de blockbusters indéniablement divertissants, mais surtout diablement originaux et fichtrement en marge de ses collègues masculins.

8/10

11 octobre 2009

(500) Days of Summer



Marc Webb est connu pour ses clips musicaux ; Maroon 5, My Chemical Romance, Incubus, Lenny Kravitz, Green Day, Coheed And Cambria ou encore Evanescence ont tous fait appel aux services du jeune réalisateur américain. Pour son premier long-métrage, il a choisi de s'attaquer à une comédie romantique, genre qui ne doit pas compter beaucoup de chefs-d'œuvres.

Pour échapper aux clichés, Webb et son scénariste ont choisi une structure narrative non linéaire (effeuillage des 500 jours dans le désordre), ce qui permet de renverser immédiatement la situation : on sait d'emblée que l'histoire d'amour va mal finir, et le film se propose plus de livrer - avec malice, humour et souvent gravité - l'anatomie de cette histoire du boy meets girl, histoire plus acide que sucrée. On échappe donc à toute mièvrerie, et Marc Webb s'avère être un réalisateur plein d'idées originales de mise en scène (ex. : l'utilisation géniale du split screen, l'incursion inattendue d'une scène de comédie musicale pour décrire le sentiment de griserie du personnage masculin), n'hésitant pas à sortir des sentiers battus, avec beaucoup d'énergie ; bref, à suivre.

Le titre du film a encore été traduit avec malheur : de (500) Days of Summer, on passe à (500) Jours ensemble, ce qui fait perdre intégralement le jeu de mots, puisque Summer est le prénom du personnage principal interprété par Zooey Deschanel. Or c'est bien sur son personnage que repose la saveur du film ; à la fois ingénue et furieusement insaisissable, échappant à toute rationalité masculine, elle incarne avec perfection (et un charme fou) l'amour impossible. Dommage que Joseph Gordon-Levitt soit quant à lui un peu fade dans le rôle principal masculin.

Enfin, le film est éminemment sympathique par ses références musicales, qu'il aurait été étonnant de ne pas trouver au vu du pedigree de Marc Webb. L'univers est donc ultra-référencé (Joy Division et The Clash apparaissent sur des t-shirts, les Smiths sont un sujet de conversation, un album solo de Morrissey est visible dans les chambres des deux personnages du couple, et Ringo Starr fait l'objet d'une blague récurrente). La B.O. n'est pas en reste avec The Smith, The Clash, Simon & Garfunkel et même Carla Bruni (ce qui n'a pas manqué de faire sourire par chez nous, évidemment).

Marc Webb n'a désormais plus qu'à s'attaquer à un sujet plus consistant, et à abandonner quelques tics du cinéma indépendant américain, et son prochain film devrait lui valoir une belle reconnaissance.

7/10

03 octobre 2009

District 9



District 9 est le premier long-métrage du néo-zélandais Neill Blomkamp (le réalisateur de l'avant-gardiste pub de 2004 pour la Citroën C4 qui se transforme en robot dansant, bien avant le film Transformers de Michael Bay). Son compatriote Peter Jackson a fait office de producteur, en lui allouant un budget de 30 millions de dollars pour réaliser son premier film.

Le moins que l'on puisse dire, c'est le bonhomme est très prometteur. Outre l'aura de son célèbre parrain, il accumule les bons points : un pitch original (des extraterrestres arrivés sur Terre en 1982 sont parqués dans un township de Johannesburg, le district 9, où ils se reproduisent, deviennent ingérables et on entreprend de les déménager dans un camp d'accueil digne de ce nom), un style faux documentaire, low-fi, rappelant le principe faussement amateur à la YouTube vu dans Cloverfield, des acteurs totalement inconnus (la plupart n'étant pas acteurs de profession), ou encore des effets spéciaux portant la marque de l'artisanal (budget réduit oblige), mais diablement plus crédibles qu'un truc de Lucasfilm.

Le film démarre sur les chapeaux de roue, grâce à l'exploitation parfaite du programme annoncé : les habitants de Johannesburg dénoncent la situation invivable engendrée par les réfugiés aliens, espèce de grandes "crevettes" repoussantes qui grouillent souvent à l'arrière-plan. Grâce au montage faux-documentaire (interviews, extraits de faux journaux, fausses archives etc.), on est immergé immédiatement dans cette uchronie dont on peut s'étonner que personne n'en avait encore eu l'idée. Le choix de Johannesburg plutôt qu'une grande métropole occidentale est brillant, car la pollution et la crasse des bidonvilles humains et aliens tissent une métaphore un peu grosse mais qui donne au film une tout autre connotation que simplement SF : en filigrane, c'est évidemment l'Apartheid qui est évoquée. L'homme est un loup pour l'homme, mais il est encore pire envers l'alien ; petit à petit, la situation sera retournée, le plus hideux n'étant pas forcément celui étant le plus repoussant physiquement.

Il convient de pas en dire plus afin de ne pas atténuer les nombreuses bonnes surprises de ce premier coup d'essai remarquable, à la puissance visuelle et à l'inventivité énergique rares. Le seul défaut de District 9, c'est probablement de tenter d'explorer trop de directions à la fois, comme si Blomkamp avait voulu déverser toutes les idées accumulées depuis des années. District 9 ressemble à un croisement monstrueux entre Carpenter, Verhoeven et Cronenberg. C'est sa force mais aussi sa limite, les 1h50 sont presque frustrantes tant il y avait à encore à dire.

8/10

21 août 2009

Up



Le titre de la dernière production de Pixar indique - probablement involontairement - leur positionnement vis-à-vis de la concurrence. Pixar continue en effet de survoler tranquillement, à des niveaux stratosphériques, le domaine de l'animation, et pour longtemps encore. Même si les prouesses techniques peuvent un jour être égalées, Pixar demeure le meilleur story teller d'Hollywood, et sur ce plan, on n'est sans doute pas près de lui passer devant. Qui d'autre est capable, depuis des années, de créer des divertissements aussi haut de gamme, à plusieurs niveaux de lecture, avec des partis pris aussi osés ? A ce dernier égard, le résumé aussi magique que tragique de la vie de Carl et sa femme dans les premières minutes de Up sont aussi renversantes que le début quasi-muet de Wall-E.

C'est que Pixar, en défiant les conventions, ne sous-estime jamais ses spectateurs, surtout les plus jeunes, et ose la prise de risques. Les plus jeunes enfants ne comprendront pas toutes les subtilités de leurs scénarii ? So what ? Les scènes d'action sont jubilatoires à tout âge, et l'ensemble des œuvres Pixar sont faites pour être vue et revues ; elles accompagneront des années durant le développement intellectuel des enfants, qui s'étonneront un jour de découvrir des facettes jusqu'alors invisibles pour eux. Pour Pixar, il semble impensable de nager dans la médiocrité de l'humour décérébré et premier degré de bon nombre de studios qui ont fait le raccourci "animation = film racoleur et facile, ciblé pour gamins".

Les adultes, quant à eux, peuvent continuer de s'émerveiller devant les références et hommages discrets au cinéma, les leçons de vie habiles et philosophiques (voire politiques) tout en nuances, portées par des personnages toujours plus étonnants (oser faire d'un vieillard un héros... sueurs froides pour les produits dérivés de Disney !). Vu comme Pixar a toujours une longueur d'avance et se fait souvent copier par son concurrent DreamWorks, on pourrait en déduire que c'est a priori les seniors qui seront bientôt à la mode. Quel tour de force réalise donc encore Pixar avec Up, dont le héros a tout, sur le papier, pour ne provoquer qu'un haussement de sourcil contrarié...

Il ne sert donc pas à grand-chose d'épiloguer sur Up, il convient juste d'aller le voir, Pixar étant devenu depuis longtemps un gage d'excellence, de haut de gamme. Je souhaitais juste faire remarquer que la version 3D du film possède un intérêt réel, mais qui là encore prend le contrepied des clichés : non, il n'y a pas d'effets extrêmes et pénibles, Pixar ne prend pas son film pour une démo du Futuroscope. La 3D est utilisée à dessein pour simplement détacher les personnages du décor et accentuer le réalisme des scènes. Seules les grosses lunettes, un peu lourdes, sont à améliorer. Mais ce n'est pas du ressort de Pixar !

9/10

07 août 2009

Bancs Publics (Versailles Rive Droite)



Si les casting de luxe ne font pas les grands films, en voilà en tout cas une belle illustration, hélas. Bruno Podalydès semble être en panne depuis l'inégalé Liberté-Oléron ; après des aventures peu folichonnes de Rouletabille, le voici qui remet le couvert de la faune versaillaise sur le mode mineur. Très mineur même : Podalydès essaie de marier les genres (comédie de mœurs, fable humoristique, satire sociale...) au travers d'un film choral, dont les trois unités de lieux sont reliées par des liens trop ténus pour être convaincants. Au final, il n'y a pas vraiment de fil narratif, et Bancs Publics tombe dans le chausse-trappe classique de l'enchainement des saynètes de qualité très inégale.

Ce n'est pas le plus grave à mon sens car de grands cinéastes savent s'accommoder d'absence de fil narratif, justement. Le problème de Podalydès ici, c'est qu'il met en scène son film comme une pièce de théâtre, à tel point qu'il en est pratiquement réduit à son texte. Tout le poids étant sur les mots, les dialogues sont surjoués, par des célébrités qui n'ont que ça à se mettre sous la dent, dans des rôles très peu dessinés de M. et Mme Tout-le-Monde, et qui en deviennent du coup rapidement pénibles (un exemple parmi d'autres : le gag lamentable de Pierre Arditi en patron qui commet des lapsus grossiers invraisemblables pendant son discours - même l'acteur ne semble pas y croire !). L'anecdotique des situations confine au futile, et Podalydès finit paradoxalement par ne plus rien dire.

Et c'est dommage, car les premières minutes sont brillantes, avec une proposition intéressante qui consiste à fédérer autour d'un évènement extraordinaire (une banderole "homme seul" déployée en face de bureaux) des employés qui ne se côtoient que dans des situations ordinaires et codifiées. Il y a également des éclairs burlesques réussis, qui viennent heureusement de temps à autre à la rescousse de l'ensemble. C'est trop peu.

5/10