03 octobre 2009
District 9
District 9 est le premier long-métrage du néo-zélandais Neill Blomkamp (le réalisateur de l'avant-gardiste pub de 2004 pour la Citroën C4 qui se transforme en robot dansant, bien avant le film Transformers de Michael Bay). Son compatriote Peter Jackson a fait office de producteur, en lui allouant un budget de 30 millions de dollars pour réaliser son premier film.
Le moins que l'on puisse dire, c'est le bonhomme est très prometteur. Outre l'aura de son célèbre parrain, il accumule les bons points : un pitch original (des extraterrestres arrivés sur Terre en 1982 sont parqués dans un township de Johannesburg, le district 9, où ils se reproduisent, deviennent ingérables et on entreprend de les déménager dans un camp d'accueil digne de ce nom), un style faux documentaire, low-fi, rappelant le principe faussement amateur à la YouTube vu dans Cloverfield, des acteurs totalement inconnus (la plupart n'étant pas acteurs de profession), ou encore des effets spéciaux portant la marque de l'artisanal (budget réduit oblige), mais diablement plus crédibles qu'un truc de Lucasfilm.
Le film démarre sur les chapeaux de roue, grâce à l'exploitation parfaite du programme annoncé : les habitants de Johannesburg dénoncent la situation invivable engendrée par les réfugiés aliens, espèce de grandes "crevettes" repoussantes qui grouillent souvent à l'arrière-plan. Grâce au montage faux-documentaire (interviews, extraits de faux journaux, fausses archives etc.), on est immergé immédiatement dans cette uchronie dont on peut s'étonner que personne n'en avait encore eu l'idée. Le choix de Johannesburg plutôt qu'une grande métropole occidentale est brillant, car la pollution et la crasse des bidonvilles humains et aliens tissent une métaphore un peu grosse mais qui donne au film une tout autre connotation que simplement SF : en filigrane, c'est évidemment l'Apartheid qui est évoquée. L'homme est un loup pour l'homme, mais il est encore pire envers l'alien ; petit à petit, la situation sera retournée, le plus hideux n'étant pas forcément celui étant le plus repoussant physiquement.
Il convient de pas en dire plus afin de ne pas atténuer les nombreuses bonnes surprises de ce premier coup d'essai remarquable, à la puissance visuelle et à l'inventivité énergique rares. Le seul défaut de District 9, c'est probablement de tenter d'explorer trop de directions à la fois, comme si Blomkamp avait voulu déverser toutes les idées accumulées depuis des années. District 9 ressemble à un croisement monstrueux entre Carpenter, Verhoeven et Cronenberg. C'est sa force mais aussi sa limite, les 1h50 sont presque frustrantes tant il y avait à encore à dire.
8/10
12:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cinéma, neill blomkamp, sharlto copley
Commentaires
Bonne chronique, qui correspond tout à fait à ce que j'en ai pensé. Enfin un film de SF qui sort des sentiers battus. A aucun moment je n'ai réussi à entrevoir le dénouement de l'histoire (alors qu'à la fin il semble des plus logiques) ce qui fait qu'on est constamment accroché par le film. Ok aussi pour les réalisateurs références, j'ai pensé tout de suite à des films de chacun d'eux en sortant...
Écrit par : Joss | 05 octobre 2009
Bonjour,
J'ai trouvé ça pas mal mais sans plus : d'une part je commence à en avoir un peu marre ce cette mode de filmer à l'arrache (Cloverfield, Rec), ça finit par être un peu pénible, et d'autre part la fin est très cliché (le sacrifice du héros, l'extra-terrestre qui s'en sort, l'homme est mauvais, le petit alien attachant qui est un petit génie, etc...).
Dommage car l'idée de départ (à mon sens une parabole sur l'immigration transposée en Afrique du Sud) était très originale.
Écrit par : Manu | 06 octobre 2009
Merci beaucoup Joss pour ton feedback !
Manu : je suis d'accord avec toi sur ces points faibles, mais ils restent à mon avis mineurs par rapport aux points forts.
Écrit par : Seb | 06 octobre 2009
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