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30 novembre 2008

Death Cab For Cutie, Bataclan, 23/11/2008



Je croyais l'excellent groupe américain indie-rock Death Cab For Cutie inconnu en France, alors qu'ils sont disques d'or et de platine dans leur pays. Le Bataclan affichant complet m'a détrompé, à ma grande satisfaction. Ils sont en effet déjà passé le 7 juillet cette année à l'Alhambra (je n'ai pas pu y aller, j'étais au concert de Beck à l'Olympia), pour promouvoir leur dernier album, Narrow Stairs, sorti près de 3 ans après Plans, leur sommet artistique (disque de platine aux USA : plus d'un million d'exemplaires vendus). Au Bataclan, on note assez vite (grâce aux discussions entendues ici et là, ainsi qu'aux tshirts) un public de connaisseurs, d'âge moyen pas loin de la trentaine.

Le groupe est avant tout celui du compositeur/chanteur/guitariste Benjamin Gibbard, dont la voix riche en émotions est la principale signature de Death Cab For Cutie. Sur scène, il est placé inhabituellement à gauche et attire principalement tous les regards. Il vit sa musique sans en faire trop. Ses parties de guitare, acoustique ou électriques, forcent l'admiration par leur pertinence qui fait déjà si bien mouche sur album. Si le reste du groupe joue bien, très bien même, il manque néanmoins quelque chose pour que l'interprétation globale rende justice aux arrangements studio. Les chœurs, en particulier, ne sont pas au rendez-vous, laissant ainsi des trous assez dommageables.

C'est l'un des très rares groupes que j'admire sur disque mais qui n'apportent rien de plus sur scène. Il n'y a pas de transcendance de leur talent. Le moment fort reste pour moi "I Will Follow You Into The Dark", dont la simplicité désarmante (Gibbard seul au chant et à la guitare) génère une mélancolie bouleversante. Une bonne soirée, ni décevante, ni marquante.

28 novembre 2008

Two Lovers



Après un We Own The Night totalement emballant sorti l'an dernier, James Gray a tourné son quatrième film très rapidement, lui qui n'avait sorti précédemment que trois films depuis 1994 (mais des films d'envergure, certes). James Gray n'est pas un auteur lent, c'est qu'il ne lâche pas une idée tant qu'il n'a pas pu la réaliser, et parfois cela prend beaucoup de temps avec les producteurs. Sauf pour Two Lovers.

Visiblement, le fait d'avoir pu tourner vite et d'avoir laissé de côté pour la première fois les codes du polar n'a entamé en rien son talent. Two Lovers, sous des aspects de comédie romantique inoffensive (pitch rebattu, affiche trompeuse), est en fait une tragédie intense, sans le côté très shakespearien de The Yards ou We Own The Night, mais avec une même noirceur.

Un homme (Joaquin Phoenix), adulte paumé qui vite encore chez ses parents à 35 ans, voit son avenir bouleversé par l'arrivée d'une charmante mais perturbée voisine (Gwyneth Paltrow), alors que ses parents ont arrangé son union avec la fille (Vinessa Shaw) de l'entrepreneur qui rachète leur pressing, situé à Brighton Beach (le quartier juif russe de New York où James Gray a grandi et déjà situé l'action de ses deux premiers films). Les personnages, pas plus que le lieu, ne sont guère glamour ; même si les acteurs sont très beaux, ils sont ici employés à contre-emploi total. Chez Gray, ils deviennent des individus lambda, paumés, maladroits, malades sentimentaux. Leurs relations sont imprévisibles et surprenantes.

Gray fait éclater les poncifs du mélo en tirant son film vers une étrangeté latente, sublimée par une photographie impressionniste à tomber. Le plus remarquable reste peut-être la direction d'acteurs. On est affaire à du très, très haut niveau et Joaquin Phoenix crève une fois de plus l'écran, avec un rôle très complexe et foncièrement original. Même les seconds rôles sont haut de gamme, avec Isabella Rossellini par exemple.

Les scènes d'anthologie sont légion dans Two Lovers. Difficile même d'en choisir pour les citer. Il y a bien la scène de la discothèque (celle de We Own The Night était déjà un moment de lévitation absolue), ou encore celles des moments de vérité sur le toit de l'immeuble. Il y a les référencées, comme les échanges et surveillances mutuelles de Phoenix et de Paltrow au travers de leurs fenêtres d'appartements (Fenêtre sur cour est un des deux films préférés de Gray). Mais tout confine au chef d'œuvre dans Two Lovers. En tout cas, cela en dit long sur le festival de Cannes quand on voit que ni We Own The Night, ni Two Lovers (présents en compétition officielle en 2007 et 2008) sont repartis bredouilles.

9/10

22 novembre 2008

Mesrine : L'Ennemi public n°1



Suite à un premier volet empreint de défauts assez nets mais pas rédhibitoires, Richet trouve pour de bon son rythme de croisière dans cette seconde partie. Les 2h10 s'enchaînent tambour battant ; les coups d'éclat de Mesrine de 1972 à 1979 sont tellement nombreux que le scénario n'a eu que l'embarras du choix.

Revers de la médaille, il vaut mieux connaître déjà assez bien l'histoire de Mesrine pour comprendre les liens entre Mesrine et d'autres personnages (Charlie Bauer, Robert Broussard...), car Richet maintient le cap de son objectif : un film de gangster, pas un biopic. Pour les zones d'ombre de l'histoire de Mesrine, Richet met d'ailleurs les pieds dans le plat en donnant sa version : pour la fameuse évasion de la Santé, dont les circonstances n'ont jamais été élucidées, c'est l'avocate de Mesrine qui lui aurait donné les deux pistolets. Façon d'enfoncer la ligne politique que finit par prendre le film en semblant défendre la position de Mesrine : les conditions de détention en QHS sont indignes de la condition humaine, à tel point que des personnes du système judiciaire soutiennent sa cause en allant jusqu'à l'aider.

Le jeu assez théâtral de Cassel entre cette fois en résonance avec le comportement grand-guignolesque de Mesrine, qui sûr de sa force, de son intelligence et de son charisme, fait preuve d'une ironie et d'une éloquence cinglantes, qu'il soit en liberté ou non. La facette "sympa" du gangster disparaît seulement lors de la scène de torture du journaliste de Minute, et quand il s'orientait peu de temps avant sa mort vers des liaisons ténébreuses avec l'extrême-gauche. Cette mort est d'ailleurs symboliquement affichée sur l'affiche, à la posture christique, qui ne laisse aucun doute quant au message sous-jacent : Mesrine a fini sa vie en martyre, victime d'un Etat humilié et impuissant qui ne pouvait plus tolérer son combat médiatique remontant trop en cause son "système" (système que Mesrine et Charlie Bauer voulaient faire exploser).

Richet s'illustre une nouvelle fois sur le plan de la mise en scène avec non seulement des scènes d'action remarquables (les courses-poursuites), mais aussi des faces à faces anthologiques, comme le fameux épisode de la première arrestation de Mesrine par Broussard en 1973 ou encore le procès de 1977 où Mesrine nargue la justice en jetant la clé de ses menottes, achetée à un fonctionnaire corrompu.

Ce deuxième volet est donc nettement plus jubilatoire que le premier, à condition de prendre le recul suffisant (tout ce qui est montré n'est pas factuel), et à condition de connaître déjà quelque peu la biographie de Mesrine, pré-requis indispensable pour apprécier pleinement les fulgurances du scénario.

7/10

11 novembre 2008

Extreme, Elysée-Montmartre, 04/11/2008



Photo : (c) Zeglobox

Ce soir-là, nous avons vu quelque chose qui se fait rare, c'est la définition vivante du rock...

J'attendais depuis 13 ans de voir de mes yeux mon groupe de rock préféré (depuis que j'écoute de la musique !). Néanmoins, c'est avec fébrilité que j'anticipais ce retour tant espéré : trop d'attente ne serait-il pas synonyme de déception inévitable ? Les nombreux extraits sur YouTube de la tournée américaine de cet été semblaient heureusement être bien rassurants. Finalement, après les avoir vus à Milan le 13 septembre au festival Rock of Ages, puis à Paris en ce 4 novembre, honnêtement, c'est tout bonnement le meilleur line-up qu'ils aient eu sur scène. Pour citer un vieux fan : "Mes souvenirs de 94 et 95 étaient impérissables, mais ce que j'ai vu ce soir dépasse l'entendement... magistral !"

Seul le poste de batteur a changé dans le line-up du groupe. Le dernier venu, Kevin Figueiredo, est évidemment plus accompli techniquement que le batteur "historique" Paul Geary (pas d'offense à Paul que j'adore sur disque, son style simple et redoutablement efficace reste inimitable), mais il est quand même plus groovy que Mike Mangini (qui est plus technique par ailleurs), dernier batteur à avoir officié avec Extreme sur scène à partir de 1994. Cela fait plusieurs années dorénavant que Figueiredo joue avec Nuno (avant cette reformation) et son intégration dans le groupe est évidente, naturelle ; l'unité musicale des quatre musiciens d'Extreme est au final vraiment ahurissante, et l'équilibre probablement parfait.

En dehors de Nuno qui est probablement le plus technique des guitaristes qui ont un sens inné du groove et du funk (même pour un non-guitariste, son aisance scénique et technique est un plaisir pour les yeux et les oreilles), Extreme reste intouchable dans le milieu du rock en ce qui concerne ses chœurs à trois, la complémentarité des tessitures et timbres de voix étant parfaite. Enfant spirituel de Queen, et par ailleurs groupe admiré par Brian May, la filiation crève les yeux sur scène en particulier sur ce point. Extreme n'a d'ailleurs jamais hésité à revendiquer ses influences, et ce n'est pas l'extrait de Now I'm Here en introduction de Mutha qui viendra le contredire.

J'ai vu un paquet de concerts à l'Elysée-Montmartre mais extrêmement peu (pun intended) à la fois complets et avec une telle ambiance. Extreme, assez avare de phrases toutes faites (genre "vous êtes le meilleur public" répété à chaque concert comme le font beaucoup de groupes), a fini en symbiose totale avec son public, jusqu'à aller braver le couvre-feu de 22h30 de la salle pour jouer un rappel non prévu dans la setlist.

Plutôt qu'un long discours, mieux vaut laisser parler des gens qui étaient au concert, et je me permets de citer nombre d'extraits d'avis (tous positifs, je n'en ai pas encore trouvé de négatifs, où que ce soit) provenant de membres du forum français de Dream Theater, personnes exigeantes et peu faciles à satisfaire s'il en est (ceux qui connaissent un peu la musique de Dream Theater comprendront !).

Meilleur qu'il y a 15 ans ? Oui, bien meilleur qu'il y a quinze et pourtant il paraissait difficile de faire mieux.

Après avoir vu ça, on se demande ce qu'il reste à voir !

Pas de fioritures : juste du bon, du gros rock qui groove et qui envoie. Ils ont une pêche incroyable, une vraie présence scénique, le tout dans une ambiance super sympa. J'ai eu des frissons de plaisir à plusieurs moments dans le concert et j'ai senti (je sais, c'est ultra cliché...) une vraie communion entre le public et les musiciens. Le concert de l'année pour moi, et de loin !

Quelle claque ! Le truc qu'ils ont en plus que 100 % des groupes : le GROOVE, c'est absolument phénoménal. Un vrai bonheur, on en redemande !

Un des meilleurs concerts que j'ai vu. Quelle énergie ! C'est réellement difficile de décrire ce qu'on a ressenti lors d'un concert, mais là, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir assisté à un concert tout simplement ÉNORME et exceptionnel. Je n'ai qu'un seul regret : pas avoir pu assister à leurs concerts avant.

Définition du groove en live !

Ce groupe est immense, rare, et il a beaucoup manqué au paysage du rock.

La performance du groupe est énorme. Ça groove, c’est pro, ça bouge, ça rigole. Super ambiance et super public…


Amen !

Si je dois retenir un moment fort, il est très personnel : c'est Am I Ever Gonna Change. Ma partie préféré de mon titre préféré de mon groupe préféré. Le titre le plus ambitieux d'Extreme... j'ai été estomaqué par le résultat sur scène. LE frisson ! On m'a fait remarquer à quel point ce titre sonnait moderne et intemporel, et c'est exactement ça. Gary et Nuno caressent le rêve de jouer l'intégralité d'Everything Under The Sun avec l'orchestre, comme sur la version studio. Il n'y a guère que ça qui pourrait dépasser ce qu'on a vu ce soir-là à Paris.

Setlist :
Comfortably Dumb
Decadence Dance
Rest In Peace
It's A Monster
Star
Tell Me Something I Don't Know
Medley Extreme I : Kid Ego/Little Girls/Teacher's Pet
Play With Me
Midnight Express
More Than Words
Ghost
Cupid's Dead
Take Us Alive
Flight Of The Wounded Bumblebee
Get The Funk Out

Rappels :
Am I Ever Gonna Change
Hole Hearted
Mutha

04 novembre 2008

The Musical Box, Olympia, 03/11/2008



En ce qui concerne The Musical Box (TMB), groupe canadien qui recrée à la perfection les concerts assez théâtraux des années 70 de Genesis, j'ai vu chaque re-création proposée par le groupe (tournées Foxtrot, Selling England By The Pound, et The Lamb Lies Down On Broadway) depuis qu'ils jouent en France (concerts en général sold-out). J'ai donc longuement hésité à rompre cette fidélité en ne prenant pas ma place pour ce spectacle recréant les tout premiers concerts de la tournée A Trick Of The Tail (ATOTT) de 1976, car ce fut la première tournée de Genesis après le départ de Peter Gabriel en 1975. En effet, je ne voyais pas bien comment la reconstitution de cette tournée pourrait être aussi intéressante que les shows de l'ère Gabriel. Par curiosité "historique" et par plaisir de découvrir des titres de ATOTT sur scène avec le talent des musiciens du groupe, j'ai finalement craqué.

Bien que mon pressentiment n'était tout à fait erroné, je ne le regrette pas car la perfection musicale des Canadiens est toujours de mise. Comme l'avait déclaré Phil Collins en allant voir TMB à Genève en 2005, TMB joue probablement mieux encore que Genesis à l'époque. Le feeling est époustouflant, la fidélité aussi, quant à l'authenticité des sons des instruments de l'époque, c'est toujours un tour de force dont je ne me lasse pas.

Sur cette tournée, Genesis n'avait pas osé rompre avec les ressorts qui avaient fait le succès visuel de ses tournées précédentes ; on retrouve donc en accompagnement visuel de magnifiques diapos diffusées sur trois écrans contigus. Mais l'innovation n'était pourtant pas absente pour autant en cette douce année de 1976. Genesis étrennait alors pour la première fois au monde l'utilisation d'un laser en tant qu'élément des lights (cf. photo ci-dessous).



C'est bien entendu sur la présence scénique de Phil Collins par rapport à Peter Gabriel que la différence est cruelle. Mais ça passe bien tout de même car Collins allait régulièrement derrière sa batterie pour épauler Bill Bruford, qui se mettait alors aux percussions (quand ce n'était pas un duo de batterie, époustouflant comme sur Cinema Show, ou évidemment Los Endos qui devint un gimmick sur quasiment chaque tournée, même quand Genesis se mit à jouer dans des stades).

Concernant l'imitation de Phil Collins, elle était en fait assurée par deux personnes différentes (vêtues et barbues de façon identique donc l'illusion était parfaite). C'est Denis Gagné, qui incarnait déjà Peter Gabriel, qui assurait le Phil Collins au chant. Et c'était un nouveau venu, Marc Laflamme, qui passait derrière la batterie, sans que cela se voit grâce à un astucieux relais des deux musiciens derrière le gong.

Ce show de ATOTT pèche un petit peu par rapport aux spectacles précédents uniquement par l'incarnation imparfaite de Phil Collins au chant. Si Denis Gagné faisait un Peter Gabriel extraordinaire (mimétismes physique et voix absolus), il en va autrement pour son imitation de Phil Collins. Il a certes bien étudié la gestuelle de Collins, mais physiquement il n'a pas du tout la même corpulence et son chant continue à s'approcher du timbre de Peter Gabriel.

Il est extrêmement regrettable que le batteur qui incarnait Phil Collins sur les tournées précédentes (Martin Levac) ait eu un différend avec TMB, car pour ceux qui ont vu les spectacles précédents, vous vous rappelez vraisemblablement le clonage littéral opéré par le batteur Martin Levac, que ce soit physique, et surtout (c'est ce qui compte le plus), vocal.

Cela ne remet pas en cause la pertinence globale de s'être attaqué à la re-création de la tournée ATOTT, mais cela l'empêche d'atteindre la perfection des tournées précédentes.

Je me demande par contre si TMB essaiera ensuite de reconstituer les concerts de la tournée de 1978 pour Wind & Wuthering. Personnellement, je pense cette fois hésiter beaucoup plus, sauf si Martin Levac est de retour.

Setlist :

Dance On A Volcano
The Lamb Lies Down On Broadway
Fly On A Windshield
Carpet Crawlers
Cinema Show
Robbery, Assault And Battery
White Mountain
Firth Of Fifth
Entangled
Squonk
Supper’s Ready
I Know What I Like
Los Endos
It / Watcher Of The Skies