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29 juin 2008

Extreme - Saudades De Rock



Pour un fan d'aussi longue date que moi de ce groupe, ce cinquième album tant espéré tient quand même un peu du miracle. Il aura fallu 13 ans et demi entre Waiting For The Punchline et Saudades De Rock ; et même si on savait que Nuno Bettencourt et Gary Cherone retravailleraient sérieusement un jour ensemble (la séparation ayant été amicale, et le lien jamais rompu entre les deux co-auteurs du groupe comme en témoignent leurs multiples collaborations studio ou scéniques pendant ce hiatus), 13 ans, c'est vraiment très long ; et c'est en gros le temps qu'il aura fallu pour que Nuno Bettencourt épuise pour de bon ses envies boulimiques (en 13 ans, le bonhomme n'a pas vraiment chômé, avec un album solo sous le nom de Nuno, deux avec son groupe Mourning Widows, un avec son groupe Population 1 et un avec son groupe Dramagods ; sans compter ses nombreuses activités de production et ses innombrables apparitions sur divers albums, dont le notable investissement dans Satellite Party).

Gary Cherone, pendant ce temps, a vécu l'expérience d'un album intéressant avec Van Halen, qui a hélas été un four commercial (par rapport aux chiffres habituels de vente de Van Halen...), et a fait un come-back en 2002 très réussi artistiquement avec son groupe Tribe Of Judah, mais hélas sans suite (zéro promotion de la part du label Spitfire, et pas de tournée). Le line-up comprenait pas moins des trois quarts d'Extreme (tous les musiciens de Waiting For The Punchline, moins Nuno, pour un résultat d'ailleurs très différent stylistiquement d'Extreme).

Pat Badger, quant à lui, outre Tribe Of Judah, n'a participé en 2000 qu'au side-project Super TransAtlantic de Jason Bieler (chanteur et guitariste de Saigon Kick), pour un unique album vraiment très bon (Shuttlecock). D'après les crédits, Pat Badger n'a néanmoins pas participé à l'écriture de ces albums.

Paul Geary, batteur historique d'Extreme, avait quitté le groupe après l'enregistrement d'une partie de Waiting For The Punchline, pour se consacrer à son activité de management et de promotion de groupes de musique (sa plus grosse réussite étant Godsmack). Là encore, la séparation avait été amiable, Geary rejoignant ses compagnons d'Extreme à plusieurs reprises lors de concerts exceptionnels. Le second batteur d'Extreme, Mike Mangini, n'a plus collaboré avec le groupe après la tournée de Waiting For The Punchline. Il est devenu le batteur recherché que l'on sait. C'est l'Américain Kevin Figueiredo, déniché par Nuno pour son groupe Dramagods, qui officie désormais derrière les fûts d'Extreme.

Les retrouvailles se sont scellées en 2007, Nuno et Gary ayant passé du temps à écrire ensemble (Gary : "There was actually too much material! We were doing a song or two a day, and we wound up with 23 or 24 songs in a two week writing session"). Les questions légitimes qui taraudent tous les fans d'Extreme sont donc : la complicité au sein du duo serait-elle encore intacte ? Même si la contribution aux compositions de la batterie et de la basse sont plus modestes, Extreme a toujours été caractérisé par une section rythmique très soudée et par des choeurs à quatre à la signature reconnaissable entre mille, cela serait-il donc toujours au rendez-vous ? Début de réponse avec une revue chanson par chanson.

1. Star
L'album commence par le single, choix en effet évident dès la première écoute : titre très direct à la Tie Your Mother Down de Queen, les tonalités majeures et enlevées rappellent nettement l'ambiance du premier album d'Extreme, avec néanmoins des rythmiques pleines d'harmoniques et sèches comme des coups de bâton à la Waiting For The Punchline ! Les harmonies vocales sont très caractéristiques d'Extreme, avec la même classe que ce Queen a réussi à faire. Seul le solo de Nuno laisse sur sa faim ; technique, mais sans réelle âme. On est loin par exemple du délirant solo de Play With Me, par exemple, qui convenait parfaitement à l'ambiance de la chanson.

2. Comfortably Dumb
"I have become... comfortably dumb !" Le refrain dément joliment la musique, qui possède un groove d'enfer sur un tempo un tout petit peu plus rapide que celui de Lil' Jack Horny, et avec un feeling très analogue à celui de Hip Today. Le son de Nuno rappelle d'ailleurs totalement celui de Waiting For The Punchline, sec et très nerveux avec plein d'harmoniques. Chanson à tiroirs, on embraye vers 2'05 vers une ambiance plus sombre, et le solo qui démarre à 2'43 est cette fois plein de feeling, bluesy, avec des double-stops et des descentes ternaires comme seul Nuno sait les placer. Ce solo enchaîne à 3'05 sur un break ternaire redoutable avec un palm mute de Nuno qui évoque fortement celui de Peacemaker Die, doublé par la section rythmique (excellent effet à la double pédale de la part de Kevin). De loin mon titre favori de l'album, c'est du Extreme, avec la mélodie, le feeling, les breaks, le groove, les acrobaties, l'envie d'en découdre, bref tout ce qui me fait craquer chez Extreme.

3. Learn To Love
Ce titre commence de façon très réminiscente du style de Mourning Widows : riff rapide syncopé, avec temps fort sur le contre-temps. Même le phrasé de Gary rappelle fortement la façon qu'avait Nuno de placer son chant dans Mourning Widows. La mélodie vocale du pré-refrain est à mon avis assez maladroite, avec une voix de tête malvenue. L'enchaînement sur le refrain n'est pas plus réussi, car on passe cette fois à un refrain et des choeurs très typés Van Halen, qui n'ont pas grand rapport avec le début de la chanson, et surtout qui sonnent assez datés. Heureusement, un break instrumental arrive vers 2'42 drivé par quelques notes de basse de Pat. Nuno s'en donne à coeur joie sur la voie de gauche (mixage à l'ancienne comme sur Waiting For The Punchline), et s'ensuit une tournerie exquise entre basse et guitare à l'unisson pour revenir vers les parties chantées. Encore un titre à tiroir plaisant dans l'ensemble mais aux parties de qualité inégale. Dommage.

4. Take Us Alive
La principale surprise de cet album, avec la première chanson rockabilly du groupe ! Dans ce contexte, la chanson est donc directe, conçue pour la scène, avec un refrain amusant : "You can run / I can hide / And we'll meet each other on the other side / Don't you worry pretty baby / They'll never take us alive". Nuno exécute un solo brillant qui n'a pas à rougir face à la virtuosité dans le domaine de Brian Setzer.

5. Run
Le riff, le rythme, le placement du chant (cette façon d'apostropher : "hey... yeah !"), les mélodies vocales du refrain, tout fait penser à du Mourning Widows, voire même à du Dramagods avec l'ambiance rétro du refrain et le clavier en fond. Malgré le fulgurant plan de Nuno à 2'11 et le chouette solo qui s'ensuit, ce titre est poussif et sans grande originalité. Une des bottes secrètes d'Extreme est de faire partir la chanson dans une autre direction quand on ne s'y attend pas, et c'est à partir de 3'47 que Run offre le plus d'intérêt avec une progression harmonique et des chœurs dignes de la section de rock/pop romantique de III Sides To Every Story (la deuxième face, Mine). Ca dure hélas quelques dizaines de secondes, l'idée n'est pas développée, c'est très dommage.

6. Last Hour
Ce titre commence directement avec Gary au chant soutenu uniquement par des arpèges qui rappellent immédiatement le standard House Of The Rising Sun. L'originalité n'est pas de mise, mais ça passe encore. Le vrai problème arrive à partir de 0'54, car le refrain est un gros ratage : une guitare très heavy en gros power chords hachés déboule soudainement, avec un chant de Gary très forcé, très haut placé. On est dans le cliché le plus total de la ballade heavy. J'espère que ce titre plaira, mais personnellement, je le trouve insupportable et je le classe tout en bas de tout ce qu'Extreme a pu sortir.

7. Flower Man
Un inédit de Schizophonic ? L'énergie punk de ce morceau en a tous les atours ! De plus, le chant de Gary ressemble à s'y méprendre à celui de Nuno sur son premier album solo. Idem pour le solo, rapidement exécuté et rapidement oublié. Réussi dans son genre, le seul problème potentiel de ce titre est qu'il ne rappelle pas une seconde Extreme, mais du Nuno pur jus, et c'est dommage car on n'a pas été sevré de Nuno pendant 13 ans, par contre, Extreme nous a trop manqué et c'est vraiment dommage de ne ressentir absolument aucun effort d'écriture collective dans ce morceau.

8. King Of The Ladies
Un inédit de Dramagods ? On retrouve ce mid-tempo bien groovy, avec du riff qui sent le Led Zep' et le flanger sur le son de guitare. Le refrain, heavy, est du 100% Nuno et d'ailleurs c'est lui qui chante le titre, ce qui est un gros gâchis car l'intérêt d'Extreme, au chant, c'est l'incroyable complémentarité entre les timbres de Gary et de Nuno. Pour la deuxième fois de suite, il est impossible de discerner la moindre signature d'Extreme dans ce morceau.

9. Ghost
Ballade drivée par le piano, Ghost commence par un chant magnifique de la part de Gary. Quelle technique ! Quel feeling... A 0'08, Pat entre dans la danse, suivi de Kevin à 0'28, ce qui procure ce fameux effet irrésistible d'une montée irrésistible vers un refrain poignant, et c'est bien le cas, aussi bien grâce à ce phrasé si bien trouvé que grâce au mélange exquis des voix de Gary et de Nuno : "Sorry for the way / Way I treated you / A little bit too late / But if you only knew / I'll take away the pain / Pain I put you through / And do it all again / Walking in your shoes / And in a corner of my mind / Lies the weight of my regret / Between the shadow and the light / Ghost you're in my head...". Les arrangements de cordes, la structure de la chanson tout en nuances, la qualité inouïe de la progression harmonique : tout rappelle le chef d'œuvre ultime de III Sides Of Every Story, Everything Under The Sun. Le grand frisson, en somme. Ghost est du très grand Extreme, à en pleurer, et qui rappelle à quel point ce groupe possède une variété d'écriture dont très peu de groupes de rock peuvent se vanter.

10. Slide
Seul nouveau titre dont nous avions eu un avant-goût il y a quelques mois déjà, grâce à un petit extrait de 1:31 diffusé sur YouTube de leur prestation aux Boston Music Awards le 01/12/2007. Probablement le titre le plus funky de l'album, Slide rappelle à son tour Waiting For The Punchline, de par sa rythmique, le son de la guitare, le placement du chant de Gary et les chœurs. C'est un infectious groove ! Slide me fait penser à un cousin de Never Been Funked, sans que je puisse totalement expliquer pourquoi. C'est en tout cas un des must de l'album, qui se place dans la même division que Comfortably Dumb.

11. Interface
Ce titre était déjà sur l'album de Dramagods, mais c'était une réussite. Ré-enregistré avec le chant de Gary, et quasiment intégralement doublé par Nuno sur le refrain, c'est encore bien mieux. Seule ballade acoustique (du moins qui commence ainsi, et qui se muscle ensuite), c'est un indiscutablement un hit potentiel grand public, mais nous sommes loin d'un More Than Words bis, bien heureusement. Bien qu'elle perde sur le papier presque une minute par rapport à la version de Dramagods (4:34 contre 5:27), il n'y a en fait une réelle différence que d'une trentaine de secondes, constituée de l'absence du refrain quasiment a capella avec le filtre sur la voix de Nuno à 3'55 sur la version de Dramagods. La seule grosse différence notable, hormis le chant lead assuré par Gary, est le solo, totalement ré-enregistré, qui colle mieux au titre (et qui a exactement la même durée dans les deux cas).

12. Sunrise
Retour à un titre plus hard, avec un riff d'intro zeppelinien en diable. On revient à du Extreme de la veine de Waiting For The Punchline et ce titre est donc à mettre dans la famille précédemment évoquée avec Slide et Comfortably Numb. Le bémol provient toutefois des chœurs qui un peu timides, qui empêchent Sunrise de faire vraiment mouche sur son refrain.

13. Peace
Le dossier de presse mentionne que cette chanson est dans l'esprit de John Lennon, ce qui est ma foi tout à fait exact. C'est la face Beatles, assumée, d'Extreme, mise à l'oeuvre en particulier sur III Sides To Every Story. Même si le "Time for you to pray / Pray for peace" sonne un peu naïf, il faut avouer que la simplicité désarmante du duo constitué de Nuno au piano et Gary aux vocalises est touchante. Peu à peu, des éléments viennent renforcer l'ensemble : Nuno au chant, une cymbale par ci, un synthé par là, la basse... jusqu'à ce que la batterie fasse vraiment décoller le tout vers 3'37, avec un solo guitare très dépouillé, au son dénué de tout effet. La dernière partie du titre déploie toute son ampleur et offre une mélodie vocale de premier ordre. L'album se conclut donc par un petit bijou fort convaincant.

Conclusion

Extreme propose un cinquième album qui risque de surprendre ceux qui riaient sous cape en apprenant leur reformation. Indéniablement, Extreme occupe dans l'histoire du rock une place à part, comme l'enfant illégitime de Queen, Van Halen et les Beatles.

Pour les fans, il faut reconnaître que ce cinquième album ne possède pas la même ambition et la même cohérence artistique des quatre albums précédents. Sur 13 titres, il y en a probablement 3 de trop. Et c'est difficile d'écrire cela, car je suis par ailleurs vraiment encore éberlué de me dire que ce cinquième album est enfin une réalité. Difficile donc de faire la fine bouche.

Mais en étant ausi objectif que possible, et malgré le jeu irréprochable de Pat et de Kevin, l'album est beaucoup trop marqué par la patte du Nuno de ces 13 dernières années. Au niveau composition, il manque un peu de ciment collectif qui procurerait tout au long de l'album l'impact dégagé par seulement quelques titres. Avec autant de titres composés en si peu de temps (cf. citation de Gary rappelée plus haut), on peut s'interroger sur la raison de garder un titre déjà paru, aussi bon soit-il (Interface de Dramagods), ainsi que sur la pertinence d'avoir retenu des compositions dont Nuno avait probablement les riffs en stock, vu les similarités fortes avec ses groupes précédents. La réponse est probablement dans l'excitation de Gary et de Nuno, visiblement pressés de sortir cet album et en découdre sur scène avec la future tournée.

Cela ne doit pas masquer les qualités sans doute inamovibles d'Extreme qui sont la diversité, l'énergie, la qualité du jeu, le groove, les tourneries infernales avec des breaks instrumentaux gavés de feeling, et une volonté affichée de creuser une veine rock et funky largement abandonnée par à peu près tout le monde. Il faut juste espérer que Nuno et Gary, remis en orbite dans leur relation unique de compositeurs, sauront proposer une suite plus collective, plus ambitieuse. C'est donc un déjà un fort bon retour, mais gageons que ce n'est qu'un tour de chauffe. Saudades De Rock donne tout de même à voir un avenir radieux.

En attendant cette suite, on ne peut que se frotter les mains à la perspective de revoir enfin le groupe sur scène. Rendez-vous à Milan pour l'unique date européenne de l'année, au festival Rock of Ages le 13/09/2008. Et encore merci messieurs.

00:35 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : extreme, album, musique

28 juin 2008

Björk, Olympia, 25/06/2008



L'une des artistes contemporaines les plus abouties est enfin revenue sur scène à Paris (où ses derniers concerts remontaient au 16 et 17 juin 2003 à Bercy). Concert évènementiel : annoncé seulement deux semaines avant, les places se sont arrachées en quelques dizaines de secondes sur le site web de la Fnac qui les proposait en exclusivité, et tout ça pour quoi ? Parce que Björk a choisi d'enregistrer son nouveau DVD à l'Olympia. Immense cadeau ainsi offert aux fans français !

Un concert filmé garantit en général une ambiance survoltée (un minimum pour un Volta Tour !), ce qui s'est bien vérifié encore une fois (rappel nostalgique de Mika à l'Olympia presque un an auparavant). Après un début en fanfare avec Earth Intruders, Björk n'a pas joué la carte de la facilité car hormis une toute petite poignée de tubes, elle a exploré son répertoire écartant les grands classiques (un tiers exactement de la setlist provenant de Medùlla, l'autre tiers de Volta, le reste réparti ensuite respectivement entre Homogenic, Post et et Vespertine, Debut étant totalement ignoré). Néanmoins, Björk s'est toujours démarqué par une liberté insolente où aucune chanson ne reste à jamais gravée dans sa version studio (cf. l'indispensable Live Box sortie en 2003 avec entre autres l'album Debut entièrement ré-arrangé en acoustique).

Sur cette tournée, Björk a délaissé harpistes et ensemble à cordes pour s'entourer du Wonder Brass, un ensemble de pas moins de 10 musiciennes islandaises aux cuivres ! Les cordes, éléments d'orchestration favori de Björk sur nombre d'albums, ont en effet été remplacées sur Volta par des cuivres ; c'est en toute logique que la tournée propose donc de revisiter son répertoire antérieur avec ces mêmes instruments, et la transformation est spectaculaire, en particulier pour les titres issus de Medùlla.

La petite fée islandaise, toujours aussi excentrique dans ses tenues (une robe improbable aux couleurs péruviennes et une autre ressemblant à un sac de survie bouffant), semblait être totalement heureuse d'être là, et le public le lui a bien rendu, en exprimant bruyamment sa satisfaction entre chaque titre, voire pendant les vocalises les plus acrobatiques. I See Who You Are, issu de Volta, a particulièrement marqué les esprits, touchés par cette grâce divine.

Dans la deuxième partie du concert (après son changement de robe, pendant lequel nous eûmes droit à une version instrumentale d'Oceania !), Björk a tout simplement transformé l'Olympia en rave party, satisfaisant ainsi tous ceux à qui manquent trop l'énergie des trois premiers albums, et qu'on retrouve en partie sur Volta. Ce dernier opus constitue d'ailleurs une synthèse quasi-parfaite de sa discographie, et Björk en a défendu à l'Olympia pas moins de six titres, soit la moitié, ce qui est remarquable. La confiance en son dernier album étant totale, l'unique rappel a conclu le concert sur l'ébouriffant Declare Independance, qui a achevé de mettre tout le public en transe. Ferveur primale qui devrait transparaitre avec classe sur le DVD, les moyens techniques déployés, bien que discrets, étant vraiment à la hauteur (ceux qui comme moi ont pu regarder en direct les plans sur les moniteurs vidéo des ingénieurs son et lumière situés en mezzanine auront ainsi eu un aperçu de la qualité des rushes).

Quelques points intéressants à noter en vrac :

- les sons de boîtes à rythmes et de percussions provenaient d'une batterie triggée, ce qui offrait donc un rendu rythmique original, avec sons électroniques mais exécutés humainement par Chris Corsano (Sonic Youth). Pour en savoir plus sur les innovations proposées par Björk sur scène, cf. cet excellent article en français sur le site d'Apple ;

- Collaborateur de longue date avec Björk, Mark Bell, une des figures emblématiques de la musique électronique et producteur recherché, était bien présent sur scène ;

- Jónas Sen, le claviériste, disposait également d'un magnifique clavecin ;

- Damian Taylor, programmeur de génie, disposait d'une Reactable (deux exemplaires au monde, et il n'y a que Björk qui en propose pour l'instant une utilisation en concert) : nouvel outil musical, il s'agit d’une table à musique électro-acoustique développée par l’Université Pompeu Fabra de Barcelone qui permet à plusieurs utilisateurs de déplacer des objets sur une surface translucide créant ainsi différents types de son interférant entre eux. Le concert fut une brillante démonstration que la Reactable est loin d'être un gadget et le DVD devrait permettre de donner un bon aperçu du rendu de cet instrument ;

- Enfin, la scénographie était magnifique, accompagnée de quelques effets pyrotechniques et lâchers de confettis brillants, à des moments parfaitement en adéquation avec le climax des chansons.

ps : pour l'anecdote, le concert a terminé quinze minutes avant la fin de la demi-finale de l'Euro 2008 opposant l'Allemagne à la Turquie. Sortis dans la rue Caumartin pour regarder la fin du match dans le premier bar jouxtant la sortie des artistes, nous eûmes la surprise de voir débarquer Damian Taylor et Jónas Sen venus profiter des dix dernières minutes... et voir ainsi les deux derniers buts du match !



Setlist:

01. Earth Intruders (Volta)
02. Hunter (Homogenic)
03. Immature (Homogenic)
04. Joga (Homogenic)
05. I See Who You Are (Volta)
06. Pleasure Is All Mine (Medùlla)
07. Pagan Poetry (Vespertine)
08. Vertebrae By Vertebrae (Volta)
09. Where Is The Line (Medùlla)
10. Who Is It (Medùlla)
11. Oceania (Instrumental) (Medùlla)
12. Desired Constellation (Medùlla)
13. Army Of Me (Post)
14. Innocence (Volta)
15. Triumph Of A Heart (Medùlla)
16. Bachelorette (Homogenic)
17. Vökurö (Medùlla)
18. Wanderlust (Volta)
19. Hyperballad (Post)
20. Pluto (Homogenic)

Rappel:
21. Declare Independance (Volta)

11:05 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : concert, Björk, Olympia

24 juin 2008

Maroon 5, Olympia, 13/06/2008



Quelques mots sur la première partie assurée par Sara Bareilles, chanteuse américaine de 28 ans. Love Song, le premier single issu de son deuxième album, est un succès aux Etats-Unis (près de 2 millions de téléchargements légaux), mais aussi en Allemagne, Angleterre, Pays-Bas, Belgique, Finlande, Suisse et s'installe petit à petit sur les ondes françaises. Sa voix jazzy, ses mélodies pop et son jeu de piano la rapprochent fortement de Fiona Apple, et l'influence est un peu trop visible encore. Sur scène, il lui manque encore la confiance, la communication, même si l'interprétation est sans faille. Voilà tout de même une première partie d'une demi-heure bien agréable et d'une qualité rare.

A 21h00 précises, Maroon 5 débarque sur scène et attaque fort avec l'irréprochable Harder To Breathe, issu du premier album au succès international, qui a marqué les esprits, avec ce mariage de rythmes soul et de rock alternatif. Ceux qui ont vu le concert intégral du 13 mai 2005, immortalisé sur l'album live CD+DVD Friday The 13th, savent que sur scène, la musique de Maroon 5 prend une dimension nettement plus musclée ; le groove des versions studio est intact (le rapprochement avec l'acid-jazz de Jamiroquai est frappant), mais les guitares deviennent carrément hard rock. Adam Levine, le leader-composteur-chanteur-guitariste, arrose copieusement les compositions de généreux soli improvisés et il y a bien de peu de titres qui ne sont pas un tant soit peu ré-arrangés.

La majeure déception provient du fait que les ré-arrangements de cette tournée sont les mêmes que ceux d'avant (sauf pour les titres du deuxième album évidemment) et que le groupe délivre une prestation bien rodée, mais presque trop parfaite : il manque ce supplément d'âme, cette complicité, cette communication qui font d'un très bon concert un concert inoubliable. Adam Levine est un sacré pro, mais la façon dont il harangue le public manque de spontanéité, voire de sincérité.

Il est également difficile de digérer la durée réduite du concert : 1h15 ! soit pas une minute de plus que les concerts de la tournée du premier album. Avec désormais deux albums au compteur, c'est un petit peu scandaleux...

Setlist:

Harder to Breathe
Makes Me Wonder
If I Never See Your Face Again
The Sun
Can't Stop
Kiwi
Shiver
Wake Up Call
Sunday Morning
Won't Go Home Without You
This Love

Rappels:
Little of Your Time
She Will Be Loved
Sweetest Goodbye

10:20 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : concert, maroon 5, olympia

17 juin 2008

Phénomènes



M. Night Shyamalan a encore frappé : il fait de pire en pire, comme si c'était possible... et on le laisse faire ! The Happening (Phénomènes en véeffe) est un ratage... phénoménal.

Même s'il ne subsistait plus grand-monde pour penser que Shyamalan pouvait à nouveau écrire et filmer des films décents, on peut cette fois surtout lui en vouloir d'avoir gâché une idée aussi intéressante que celle d'une vague de suicides inexpliqués (pitch visuellement et scénaristiquement d'un impact dramatique potentiellement passionnant).

A vrai dire, un seul plan permet de prendre la mesure de cete bonne idée gâchée : ce sont les ouvriers d'un chantier de Manhattan qui se laissent tomber du haut d'un immeuble en construction. Tourné en contre-plongée, l'effet est saisissant.

Hélas, Shyamalan rate intégralement tout le reste, et c'est à se demander d'où ont pu venir autant de défauts qui ressemblent à de l'amateurisme. La plupart des autres scènes de suicide déclenchent plutôt le sourire tant elles sont mal réalisées (cf. la transposition à l'écran de l'idée brillante qui consiste à envoyer un quidam en visite au zoo à se jeter dans l'enclos des lions). L'évacuation de New-York ressemble à un départ de week-end un vendredi soir comme les autres ; et l'explication quant à ce comportement (ces "phénomènes") est bêtement donnée dès le début, ce qui donne un film qui tourne à vide et qui paraît interminable malgré sa durée raisonnable de 90 minutes. Comme notre réalisateur est de surcroît responsable du scénario, on peut s'interroger aussi sur les dialogues paticulièrement insipides, avec quelques tentatives d'humour au ras des pâquerettes. Pour ne rien arranger, l'interprétation est de pacotille, avec une direction d'acteurs au point zéro et un casting qui n'arrange rien (acteurs aussi expressifs qu'une paire de sabots...).

Même la photo est assez laide, et Shyamalan s'enfonce vers un point de non-retour quand il expédie son petit groupe de survivants dans une vieille maison dont la propriétaire possède tous les atours de Norman Bates dans Psychose. On sait Shyamalan fan absolu d'Hitchcock, mais cet hommage sans aucune distanciation est outrancier et passablement énervant.

The Happening semble signer pour de bon la mort artistique d'un réalisateur qu'on a trop vite porté aux nues, et qui n'a jamais confirmé les espoirs placés en lui.

4/10

06 juin 2008

Rage Against The Machine, Bercy, 04/06/2008



Quelles que soient les raisons qui ont poussé Rage Against The Machine à se reformer et repartir en tournée sans nouvel album, il faut avouer que le groupe possède une rage (sans jeu de mots) intacte et que le spectateur y trouve très largement son compte.

La première partie, assurée par Saul Williams, était atrocissime, voire douloureuse, tellement le son était fort, très mal mixé, et saturé de basses ; cette prestation éliptico-électro n'a fait rire personne, au point de se faire copieusement huer, et même avec mes EP2 Muzik, à -30dB on était proche du stade où il vaut mieux quitter la salle, ce qui est vraiment scandaleux.

Le P.O.P.B. était tellement blindé que le concert de RATM a commencé très en retard, faute aux spectateurs qui, au lieu de s'asseoir dans les gradins encore libres (mais évidemment mal situés - on ne peut pas arriver à la bourre et espérer avoir des places assises bien situées), préféraient stationner debout dans les allées, ce qui est évidemment interdit car cela pose un gros souci de sécurité en cas d'évacuation. Les pompiers ont dû décider que le concert ne commencerait pas tant que le ménage ne serait pas fait, ce en quoi on ne peut pas leur donner tort, et le temps que les vigiles évacuent les allées, on se rapprochait des 22h00... pénible pour la France qui se lève tôt !

Mention spéciale aussi aux imbéciles qui confondent le message de RATM (la lutte contre les oppresseurs politiques, le fascisme, le capitalisme, etc.) et la "révolte" aveugle et stupide qui n'est ni plus ni moins qu'un manque de respect d'autrui, comme en témoignent les nombreuses cigarettes allumées au nez et à la barbe des vigiles (qui se sont fait provoquer avec bras d'honneur et doigts tendus), ou les verres de bière balancés lâchement des rangs supérieurs vers les inférieurs... je n'avais pas vu cela depuis un bon moment, même à des concerts de musique énervée. Triste et écoeurant...

Pour ceux qui aiment la musique, les festivités ont enfin commencé vers 21h45, avec "L'internationale" en musique d'intro et un backdrop affichant une immense croix rouge. Ambiance qui sans nul doute aurait ravi Marie-George Buffet qui n'était - hélas pour elle - sans doute pas parmi les spectateurs.

Pendant tout le concert, RATM a aligné avec une énergie démente des brûlots qui ont mis en transe ou en furie (c'est selon) un public vraiment très chaud, et venu visiblement pour en découdre. Le promoteur avait visiblement anticipé les ennuis car à l'entrée de la fosse on pouvait lire un avertissement disant : "Le moshing et le crowd surfing sont strictement interdits sous peine d'expulsion de la salle". Première fois aussi que je vois un tel avertissement, bien vain... Par la suite, je n'avais jamais vu des pogos d'une telle ampleur à Bercy, et une foule aussi compacte ressembler à une mer démontée, avec de pauvres fous s'aventurant au crowd surfing, justement, sans aucune expulsion visible. Seule la setlist a permis quelques moments de semblant de répit. En effet, le groupe a mal géré les moments forts ; en faisant exception de l'ultime rappel, le climax du show est en effet probablement apparu vers le début, avec les titres Know Your Enemy, Bombtrack, et Bullet In The Head, pour lesquels on pouvait se demander comment le groupe allait continuer après une telle apocalypse. De sacrés frissons quand le public reprend en masse le a capella de "All of which are American dreams" qui clôt Know Your Enemy... Des titres plus mineurs (issus de Evil Empire et The Battle Of Los Angeles en général) ont parfois fait retomber un peu le soufflé, mais c'était finalement salutaire pour la santé du public.

Tom Morello et Zack de la Rocha n'ont eu cesse de sauter à s'en démembrer. Comme si le break scénique de sept ans n'avait jamais eu lieu, les deux cerveaux de RATM ont montré une complicité à toute épreuve. Morello a su offrir une reproduction parfaite des ses géniales trouvailles sonores (et agrémentées de petites nouveautés bienvenues), tandis que la section rythmique se faisait plus discrète scéniquement mais assurait un travail de sape et de précision qu'on avait pu admirer ces dernières années à maintes reprises avec feu et tout de même regretté Audioslave (l'idéal aurait été que les deux groupes co-existent).

Que ce soit de bière ou de sueur (la sienne ou celle du voisin), il était difficile de ne pas ressortir soit trempé, soit bien humide de ce concert au goût apocalyptique. L'éruption finale, avec Killing In The Name Of, a fini de mettre sur des rotules un public qui n'a pas vu la petite 1h20 de show passer. Sans fioritures (peu de communication de la part de Zack), titres enchaînés sans temps mort, il n'en fallait pas plus de toute façon, et personne n'est resté sur sa faim.

Testify
Bulls On Parade
People Of The Sun
Bombtrack
Know Your Enemy
Bullet In The Head
Born of a broken man
Renegades of Funk
Guerrilla Radio
Down Rodeo
Calm Like A Bomb
Sleep Now In The Fire
War within a breath

Rappels:
Freedom
Killing In The Name