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11 novembre 2007

The Kingdom



Quand on sait que Michael Mann, le plus doué des cinéastes américains en activité, est le producteur de The Kingdom (Le Royaume), alors qu'il ne produit que ses propres films (excepté The Aviator, de Scorsese, qu'il devait d'ailleurs initialement réaliser), l'attente montre d'un cran pour ce qui se profilait comme un "blockbuster pas trop bas du cerveau puisqu'il parle de politique américaine au Moyen-Orient". Quand on a en plus dans le rôle vedette Jamie Foxx, acteur chouchou de Michael Mann (Ali, Collateral, Miami Vice, excusez du peu !), l'attente se transforme en curiosité piquée au vif.

A vrai dire, le film démarre sur les chapeaux de roues, avec un générique documentaire rappelant l'historique de la création de l'Arabie Saoudite (le royaume en question) et de ses relations avec l'Occident. Contexte complexe, comme les aime Michael Mann. A Riyad, un double attentat à la voiture piégée ravage tout un quartier résidentiel d'Occidentaux travaillant pour les raffineries. Contre l'avis du ministère de la défense américaine, une section d'intervention du FBI obtient le droit d'enquêter quelques jours sur place.

La carnage de l'attaque (contre femmes, enfants...) est saisissant et justifie amplement l'interdiction au moins de 12 ans en France. Le réalisme cru rappelle d'ailleurs Blackhawk Down de Ridley Scott. Mais le réalisateur de The Kingdom, Peter Berg (à qui on doit le très moyen Very Bad Things en 1998 avec Christian Slater et Cameron Diaz), n'est pas Ridley Scott, et même si on sent qu'il vise à imiter tant bien que mal le maître Michael Mann (caméra à l'épaule, changement de mise au point à la volée...), son style est sans âme. Il reste un bon faiseur, mais ça ne va pas chercher beaucoup plus loin. Heureusement, il y a l'interprétation (mention spéciale à tous les acteurs incarnant les Arabes), et les décors, absolument stupéfiants. Difficile de croire que Hollywood ait pu avoir le feu vert pour tourner à Riyad avec une fiction aussi délicate, la production du film a donc dû déployer des trésors d'ingéniosité pour arriver à une telle maestria visuelle. On s'y croit, et franchement, on n'aimerait pas y être.

Le film est globalement une franche réussite dans sa première heure, le temps d'installer l'histoire et d'instaurer des scènes d'affrontement (psychologiques ou plus physiques) entre la petite troupe de FBI et la garde nationale et la police saoudiennes. Les trois derniers quarts d'heure sont moins intéressants dans la mesure où hélas, les Américains sont hélas les meilleurs, et perdus dans des aurtiers chauds de Riyad, ils ratatinent néanmoins peu à peu tous les méchants terroristes sans subir de pertes. Heureusement, le scénario donne à voir autant que possible le point de vue des Saoudiens, et l'équilibre tance en permamence ; on évite donc le manichéisme béat. Malgré une fin volontairement ouverte donnant à réfléchir, il est vraiment dommage de voir que le drapeau américain sort finalement bien propre, donnant au final une touche de fierté nationaliste désagréable à ce blockbuster qui possède pourtant bien des atouts par ailleurs. Une contrainte dont aurait pu s'affranchir un Michael Mann s'il avait été derrière la caméra, mais contrainte dont ne peut s'affranchir, probablement, un film destiné quand même à remplir les salles aux USA.

7/10

21:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

10 novembre 2007

KT Tunstall, Bataclan, 06/11/2007



KT Tunstall fait partie de ces auteurs/compositeurs/interprètes féminines qu'il convenait de suivre de près suite à la sortie de son premier album Eyes To The Telescope, en décembre 2004, au Royaume-Uni. Même s'il lui aura fallu l'aide bienvenue de l'utilisation du titre "Suddenly I See" dans le film Le Diable s'habille en Prada (2006), et l'utilisation comme jingle du titre "Black Horse And The Cherry Tree" par le fournisseur d'accès à Internet Alice pour s'imposer un peu partout (bien longtemps, donc, après la sortie de son album), il était évident que ce premier essai comportait de sacrées pépites (par exemple, "Another Place To Fall") qui dépassaient vraisemblablement le simple coup de chance.

Après un album live acoustique exhumant quelques raretés (faces B de singles) et une reprise de Beck, pour patienter, le deuxième album studio, Drastic Fantastic, est arrivé en septembre dernier. Bien plus équilibré et cohérent, KT y confirme qu'elle est une artiste à prendre fort au sérieux, malgré la production indéniablement plus pop que son premier album. Sa voix chaude, assez grave (mais avec de belles incursions en voix de tête), au grain jazzy, la distingue fortement des ersatz comme Dido, pour plutôt pencher du côté de très grandes dames comme Fiona Apple. Musicalement, KT trace néanmoins un sillon personnel ; avec un talent indéniable pour des mélodies très accrocheuses (le premier single, Hold On, n'a rien à envier à Black Horse And The Cherry Tree), les compositions de KT possèdent une profondeur qui se révèle au fil des écoutes, cachée derrière l'énergie et les rythmes désormais plus rock que folk.

Restait donc le test de la scène. Pas la peine d'attendre la fin des 105 minutes du concert pour se rendre compte qu'il est clair que la demoiselle possède une sacrée expérience de la performance live, car il fut impossible de la prendre en défaut aussi bien sur ses parties de guitare (qu'elle maîtrise réellement très bien), que sur ses parties vocales, énergiques et qui pourtant ne l'essouflent jamais. Sachant communiquer avec humour avec son public entre chaque chanson, le belle Ecossaise est efficace et au diapason avec son groupe dont le niveau est très satisfaisant (mention spéciale au bassiste d'ailleurs souvent contrebassiste !), avec notamment deux choristes qui renforcent considérablement l'impact.

Alors, que pourrait-on lui reprocher ? Un début de concert où les chansons s'enchaînaient bien trop proprement, comme sur l'album, sans aucune variation. Le public était d'ailleurs un petit mou, jusqu'à ce que KT reste seule sur scène et nous bluffe totalement par une interprétation purement solo du terrible "Black Horse And The Cherry Tree". Enregistrant d'abord sa rythmique en strumming, puis ses "ouh-ouh", elle les lance en boucle pour ajouter par dessus ses parties de guitare et de chant. Saisissant ! Il convient aussi de noter que la chanson "Beauty Of Uncertainty", déjà une sacrée réussite sur ce dernier album, prend encore une dimension supplémentaire sur scène, prouvant que KT a franchi un bien beau palier dans ses qualités de songwriter.

C'était donc un très agréable concert, certes pas celui de l'année, mais qui fait bien plaisir dans la mesure où il laisse entrevoir de sacrées possibilités pour KT Tunstall de prendre encore plus d'importance dans les années à venir. Cette femme-là peut aller loin, très loin !

Setlist:

Little Favours
Miniature Disasters
Hold On
Other Side Of The World
White Bird
Funnyman
Under The Weather
Black Horse And The Cherry Tree
Ashes
Hopeless
Someday Soon
Another Place To Fall
If Only
Beauty Of Uncertainty
Saving My Face
I Don't Want You Now

Rappels:
My Sharona
Suddenly I See

01 novembre 2007

The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford



L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford est un film rare par plusieurs aspects. D'une durée inhabituelle (2h39) ce western se veut totalement hors des sentiers battus par le genre (d'ailleurs tombé en désuétude depuis longtemps). Loin des affrontements virils et mythologiques, ce film possède une forte épaisseur poétique totalement assumée. Etrange, mélancolique, envoûtant, ce film possède la qualité rare de savoir emmener le spectateur pour un véritable voyage émotionnel.

La réalisation est extrêmement léchée, sans toutefois dénoter une sophistication parfois outrancière (comme notre cher De Palma, par exemple). La recherche esthétisante évoque carrément le génie d'un Terrence Malick, les premiers plans du film ne mentent pas sur cette passion de la captation de la beauté intrinsèque de la nature dans laquelle l'homme n'est pas grand-chose.

L'interprétation est époustouflante, avec un trio remarquablement choisi : Casey Affleck, Brad Pitt et Sam Rockwell. Si Brad Pitt est irréprochable en donnant une stature duale à Jesse James (entre grandeur et fragilité), c'est Casey Affleck qui laisse pantois dans le rôle de composition très ambigu de Robert Ford.

Le score de Nick Cave est une petite merveille, donc au final tout concourt à faire de L'Assassinat de Jesse James... un film parfait, ce qu'il est, formellement. Cela suffit-il à en faire un film inoubliable, un chef d'oeuvre ? On le verra dans le temps. Personnellement, même si le film m'a laissé des images persistantes après la projection, je n'ai pas l'impression d'avoir envie de le revoir. Très limpide, il ne m'a pas donné envie d'y revenir spécialement, mais c'est purement personnel. En tout cas je le recommande vivement aux amateurs de films "hors normes".

8/10

11:57 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma