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15 mars 2006

Dégustation du 14/03/06 - La gamme Bushmills

La deuxième dégustation de l'année, à trois jours de la Saint Patrick, était donc bien sûr consacrée aux... whiskeys, les whiskies irlandais ! A cette occasion, direction vers le pub irlandais O'Sullivans, boulevard de Clichy (Paris 18ème). Nous avions rien que pour nous une grand salle à part (servant apparemment de discothèque habituellement). Heureusement, car cette soirée du Club de la Maison du Whisky a battu un record d'affluence avec 130 membres présents. Nous étions ainsi moins tassés, quasiment tout le monde pouvait s'asseoir, et surtout la cigarette ne nous a cette fois pas étouffés.

Néanmoins, une petite déception fut de mise, pour moi, mais je n'étais visiblement pas le seul. La Maison du Whisky nous a fait déguster non pas un petit panel de whiskeys de différentes distilleries, mais 4 variétés provenant de la distillerie Bushmills (oui, 4 nosings au lieu des 3 habituels, ce bonus était évidemment le bienvenu !). De plus, les serveurs n'ont pas pris la peine de cacher les flacons, rendant la dégustation bien moins à l'aveugle.

Si l'exercice est en lui-même intéressant (j'y reviens), il est un peu frustrant de ne pas pouvoir profiter de l'occasion pour découvrir des whiskeys de distilleries différentes et qui méritent sans doute le détour (Connemara, Redbreast, Jameson...).

N'ayant pas pris de papier ni de stylo, et n'ayant pas été ultra séduit par les Bushmills, je ne fais pas de commentaire détaillé (nez, bouche, finale).

Bushmills Black Bush, blend, 40%




Blend irlandais à fort pourcentage de single malt.

C'est l'entrée de gamme de Bushmills, pas le premier prix, mais le deuxième. Pour un peu plus de 20 euros, voilà un whiskey fruité en bouche, léger, avec une finale très courte, qui peut justement plaire à ceux qui n'aiment pas trop les whiskies écossais charpentés et puissants. Le rapport qualité/prix est excellent, et quand on pense qu'une bouteille de Black Bush coûte le même prix qu'un Ballantine's 12 ans single malt... Après cette mise en bouche sympathique mais modeste, nous attendions le début des hostilités avec impatience.

Bushmills bourbon cask 1989, single cask, 56,5%




Single malt irlandais d'embouteillage officiel, cask strength, provenant d'un seul fût ayant contenu du bourbon.


Bushmills sherry cask 1989, single cask, 53,7%




Single malt irlandais d'embouteillage officiel, cask strength, provenant d'un seul fût ayant contenu du sherry.


Bushmills rum barrel 1989, single cask, 54,1%




Single malt irlandais d'embouteillage officiel, cask strength, provenant d'un seul fût ayant contenu du rhum.

Commentaires d'ensemble :

Epices (poivre), céréales et fruits (poire, mirabelle, agrumes) sont les dominantes générales en nez et en bouche. Le nez est quand même en général assez peu complexe, la bouche l'est bien plus, très puissante (une mince dilution fut nécessaire), et vraiment unique. Là est tout le charme du whiskey. Il nous transporte ailleurs et il se démarque totalement des géants écossais. La finale est remarquable en général, mais la version vieillie en fût de sherry se détache haut la main (superbe mélange de sucre - caramel - et d'amertume). Les "cadres" de la Maison du Whisky nous ont à chaque fois parlé de fruits rouges que je n'ai jamais trouvés !

Goûter à ces versions single casks de même âge mais de fûts différents était très intéressante pour se comprendre comment ces alcools (bourbon, sherry et rhum) influent et révèlent des notes parfois paradoxales.

La version sherry cask était normalement destinée au marché canadien, mais a priori la Maison du Whisky va donc en vendre quelques bouteilles. C'est la version la mieux équilibrée, et j'en aurais fait volontiers l'acquisition, mais la découverte des prix (de 120 à 150 euros) m'a fait changer d'avis.

Le rapport qualité/prix ne me paraît pas du tout justifié, quand on voit la qualité (supérieure) et prix (inférieur) des single malts écossais dégustés en février dernier. C'est bien dommage ! Voilà qui ne va pas développer le marché assez confidentiel des whiskeys...

15:55 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Alcools!

13 mars 2006

Le Soleil



Le Soleil est le dernier film de la trilogie qu'a consacré Aleksandr Sokurov aux derniers jours des grands dictateurs du siècle à la tête de leur pays, avec Hitler dans Moloch en 1999 et Lénine dans Taureau en 2001. Bien que ces deux films aient été présentés à Cannes, ils ne bénéficièrent pas d'une sortie en salles en France.

Le Soleil, consacré cette fois à l'empereur japonais Hirohito, échappe quant à lui à cette infamie et on ne peut que s'en réjouir. Sokurov est un nom bien connu des cinéphiles pour sa liberté artistique totale. C'est aussi probablement le cinéaste russe le plus connu avec Andrei Tarkovski (grâce à qui la carrière de Sokurov put décoller).

Sokurov est un artiste explorateur de nouvelles façons de représenter des images, et son dernier exploit en date remontait en ce sens à 2001, quand un certain 23 décembre, Sokurov mit en boîte en une seule prise (après seulement 3 tentatives) son film L'Arche Russe, tourné en caméra numérique HD (la seule technique qui permettait d'enregistrer 90 minutes sans interruption).

Le numérique, que ce soit en HD ou en DV, est une voie très prometteuse dans laquelle s'engouffrent des réalisateurs avides de nouvelles expérimentations. Sokurov a de nouveau recours à la HD pour Le Soleil, et le travail pictural sur la texture et les couleurs est splendide. Stylistiquement, les teintes gris et vert du bunker où est réfugié l'empereur japonais donnent un cachet visuel stupéfiant. En outre, sa science du cadrage est un exemple à montrer dans toutes les écoles.

Au-delà des aspects techniques, le film est une réussite grâce à la finesse et la retenue du propos. La Japon a perdu la guerre, les deux bombes atomiques ont déjà frappé. Le film est centré sur le personnage de Hirohito qui va devoir prendre deux décisions inédites dans la lignée des empereurs japonais : la capitulation sans condition de son pays et la renonciation à son ascendance divine.

On suit avec fascination le cheminement intellectuel de l'empereur vers ces deux décisions, infamantes. Hirohito est un personnage ici totalement reclus sur lui-même, très silencieux, fragile, pathétique, vivant dans une bulle (le bunker) alors qu'il n'y a plus de bombardements, empêtré dans un protocole impérial extrêmement guindé apparaissant comme totalement dérisoire face à la surface dévastée.

Ce décalage est plus grand encore quand on voit que le seul moment de la journée où Hirohito sort du bunker est consacré à l'étude de la faune marine (sa passion) dans un laboratoire installé en surface. Ceci donne lieu à un des moments les plus spectaculaires du film : une vision onirique où Tokyo est bombardée par des avions remplacés, dans l'imaginaire de l'empereur, par des poissons et autres créatures marines.

Les dialogues sont rares, toute la précision de la mise en scène étant axée sur les gestes, les expressions, les postures, les mimiques. Néanmoins, une des plus grandes scènes est incontestablement le dîner entre le général MacArthur et Hirohito, où leur conversation est un choc culturel extrêmement intense.

Crépusculaire, feutré, touchant, parfois surréaliste, ce récit d'une mutation du dernier des empereurs "divins" japonais est une grande oeuvre de cinéma à tous points de vue. Chapeau bas, Monsieur Sokurov.

9/10

13:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

07 mars 2006

L'Ivresse du Pouvoir



Chabrol est, pour moi, au cinéma ce que le sandwich jambon-beurre est à la gastronomie. Un bon jambon-beurre ne déçoit pas mais n'a pas non plus la prétention d'être ce qu'il n'est pas.

L'Ivresse du Pouvoir ne déroge pas vraiment à cette règle qui est mienne. Je passe sur la mise en scène tout ce qu'il y a de paresseuse, fade et presque bâclée. D'un point de vue technique, on est très proche du téléfilm. Personnellement, je n'aime pas ça du tout mais je m'y attendais. Chabrol n'est pas un esthète, je pense même qu'il s'en fout.

L'intérêt est normalement ailleurs : dans le scénario et dans le jeu des acteurs. Et là, j'ai pris une douche froide. Le film ne vaut quasiment que pour Isabelle Huppert, LA Huppert, dont le naturel du jeu laisse comme d'habitude pantois (l'hommage récent rendu à l'actrice à la Cinémathèque est mille fois justifié). Le titre du film, au moins, ne prend pas en traître car le pouvoir du juge d'instruction nous rend ivre en même temps que son personnage. On jubile de voir le mépris de ces hauts responsables mis en examen venir se briser contre ce mur de détermination tranquille qu'est le personnage de la juge Jeanne Charmant Killman. La réflexion sur les limites de ce pouvoir du juge d'instruction face à des raisons d'Etat plus puissantes encore est passionnante. Mais c'est tout.

Car l'intrigue elle-même est extrêmement peu développée, voire insignifiante. De scandale il n'est point question. L'"affaire" reste cantonnée à des détournements de fonds dont l'importance n'est pas vraiment perçue (les chiffres cités sont de l'ordre de quelques milliers d'euros pour des dépenses d'entretien de maîtresse, le reste est suggéré). Les pots-de-vins à destination des pays d'Afrique sont à peine esquissés et restent totalement mystérieux. Du coup, les responsables qui défilent devant Madame le juge ont l'air de petites frappes, de gredins sans envergure plutôt que de grands abuseurs de biens sociaux sans états d'âme. C'est fort dommage car c'est à ces moments précis qu'ont lieu certains numéros d'acteurs parmi les plus impressionnants (Jean-François Balmer dans le rôle de Boldi).

Il n'y a pas que les inculpés qui manquent d'envergure, mais bon nombre de personnages sont minces comme du papier à cigarette, on est souvent dans la caricature grossière : le neveu confident préféré au mari transparent et dépassé, le chef d'entreprise jeune et aux dents qui rayent le parquet (un très mauvais Patrick Bruel), des politiques qui fument le cigare et accumulent les bons mots tout en tirant les ficelles, etc.

Au final, je ne retiens pas grand-chose de cette nouvelle livraison de Chabrol, en dehors de dialogues fort bien écrits tout de même, souvent percutants, et des qualités liées au personnage incarné par Huppert.

Pour une fois que le cinéma français osait traiter un sujet sortant des relations amoureuses des trentenaires, quadragénaires ou quinquagénaires, on a affaire à un pétard mouillé, manquant cruellement d'envergure à mon goût.

6/10

10:02 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

06 mars 2006

Running Scared (La Peur au Ventre)



Wayne Kramer s'était déjà fait remarqué en 2003 avec un polar remarquable et élégant, sur fond de mafia à Las Vegas (The Cooler, rebaptisé de façon improbable en Lady Chance en France), avec William H. Macy, Maria Bello et Alec Baldwin. Originalité du pitch, mise en scène élégante et musclée quand il le faut, choix d'acteurs très judicieux (habituellement cantonnés à des seconds rôles et qui donnaient toute la mesure de leur talent - à noter que Maria Bello fut ensuite engagée par David Cronenberg pour A History Of Violence) : tous les indicateurs étaient réunis pour que le nom de Wayne Kramer devienne pour moi à surveiller.

C'est donc avec une certaine attente que je suis allé voir son nouvel opus, Running Scared, qui bénéficie cette fois d'un titre français un peu mieux adapté. C'est avec surprise que j'ai constaté que Wayne Kramer s'était fendu ici d'un thriller extrêmement violent dont beaucoup de caractéristiques m'ont rappelé les oeuvres du grand Tony Scott, surtout Domino !

Images au grain prononcé, filtres magnifiques pour saturer les couleurs, flash-backs, montage saccadé par moments... c'est quasiment un exercice de style, tape-à-l'oeil diront certains. Il est clair que ce choc visuel n'est pas pour tout le monde (plusieurs spectateurs ont quitté la salle lors de la projection à laquelle j'ai assisté). Moins épileptique que Domino de Tony Scott, moins humoristique qu'un Tarantino (mais avec quelques punchlines vraiment bien troussées), Running Scared n'en est pas moins haletant et les deux heures passent sans aucun temps mort.

La tension dramatique est très forte, et pas seulement à cause des scènes hystériques ; une des bifurcations astucieuses du récit vers de la pédophilie meurtrière (uniquement suggérée) est d'une cruauté abyssale et met le coeur du spectateur à l'épreuve plus encore que les scènes de gunfight bien crues.

Wayne Kramer a réitéré les qualités de The Cooler en ce qui concerne l'originalité de l'histoire (il est à l'origine du scénario), et le choix judicieux du casting (notons ici Paul Walker, habitué à des films d'action habituellement moins fins, et le jeune Cameron Bright, qui n'en finit pas de monter, après The Butterfly Effect, Godsend et Birth - il sera à l'affiche de X-Men 3).

Sa mise en scène est cette fois peut-être moins personnelle, mais il entre directement dans la catégorie de ceux qui savent faire des films (très) violents, strictement pour adultes, où l'action ne prend pas le pas sur l'astuce du scénario. Et ça, ça change des films américains consensuels mous du genou (et du nougat).

7/10

10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

03 mars 2006

Hell



Sexe (un peu), drogues (beaucoup), alcools (en tous genres) et vide existentiel total, telle est la vie des enfants de riches du 16ème arrondissement. Ou du moins telle est la vie des personnages du dernier film de Bruno Chiche, jouissant d'un petit succès pour son précédent et premier film, Barnie et ses petites contrariétés (2001).

Adaptation du best-seller de Lolita Pille (personnellement, pas lu...), Hell pourrait paraître ainsi provocateur. Mais c'est un film français, donc on ne verra (sans grand surprise) rien de bien trash dans ce film (alors que le livre a une réputation sulfureuse). Le ton est plutôt cynique et nihiliste, mais un peu léger finalement pour qu'on se soucie du malheur de ces gosses de riches qui ont tout, sauf une vie intéressante donc.

Heureusement, le film est sauvé par l'interprétation des acteurs formant le couple principal. La jeune Sara Forestier (César du meilleur espoir féminin pour L'Esquive) tient ici toutes ses promesses : elle joue le désespoir adolescent telle une écorchée vive et parvient à donner une épaisseur à son personnage superficiel et antipathique. Nicolas Duvauchelle confirme, après Une Aventure (2005), qu'il est un acteur doué pour les rôles de types mornes, renfermés, désabusés, fragiles derrière leur apparente indifférence.

La réalisation et le montage sont plutôt réussis, assez "choc" (caméra à l'épaule, filtres, ellipses, etc.), et tranchent un peu avec le reste de la production française. Néanmoins cela ne plaira pas à tout le monde, ce "clinquant" pouvant paraître superficiel, mais il colle bien au sujet.

Le seul problème véritable de Hell est qu'on peut se demander légitimement : à quoi sert ce film ? A pas grand-chose, à rien diront les mauvaises langues. C'est un bel objet, mais creux. Et le cinéma français continue de nous servir des comédies plus ou moins dramatiques "branchouilles" qui tournent en rond.

6/10

11:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma