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13 août 2007

2 Days in Paris



"Avec une habileté qui ne paraît jamais calculée, Julie Delpy réussit, pour sa première réalisation, à marier la séduction du cinéma d’auteur français, d’autant plus franche que les moyens sont limités et flirtent avec l’amateurisme, et celle du cinéma américain « intello », à la Woody Allen. Une fusion pas du tout théorique, puisqu’elle s’incarne en deux amoureux assortis-désassortis, Marion la petite Française (Julie Delpy herself) et Jack le caractériel new-yorkais (Adam Goldberg, bluffant). Ils passent leur temps à se prendre le bec sur des questions d’amour, de sexe et de différences culturelles, tout en marchant sous le ciel de Paris. Du pain bénit pour les spectateurs avides d’exotisme frenchy, et pour nous Français aussi" in Télérama n° 3000

A part une erreur assez grossière (2 Days in Paris n'est pas le premier long-métrage de Julie Delpy), cet extrait de la critique du film par Télérama vise tellement en pleine dans le mille que je ne pourrais pas dire mieux.

L'acuité de Delpy décape aussi bien les clichés sur les Parisiens (bobos) que ceux sur les Américains (intellos de la côte Est), le tout porté par des dialogues (mi-anglais, mi-français) percutants, bien souvent de véritables joutes oratoires jubilatoires. Quelques scènes ont le potentiel pour devenir anthologiques (le déjeuner où Jack est présenté à sa belle-famille, la discussion sur l'uniformité du pubis épilé - le fameux "ticket de métro" !), etc.

Ce qui peut paraître sur le papier comme une comédie romantique est en fait une comédie de moeurs presque satirique à la liberté de ton vraiment très surprenante. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas ri autant - et intelligemment - au cinéma, et le film de Delpy est à conseiller à tous ceux qui trouvent les sorties estivales bien moroses (et pas très stimulantes intelectuellement !). Quand on sait que Julie Delpy a assuré l'écriture, la réalisation, le montage et la musique, il n'y a plus qu'à s'incliner et la remercier. Vivement le prochain !

9/10

19:44 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

11 août 2007

La Fille coupée en deux



Vraiment pas convaincu par la mollesse de L'Ivresse du pouvoir livré il y a un an et demi, le Chabrol nouveau n'apporte pas de surprise : réalisation téléfilmesque, mise en scène artificielle (évoquant le théatre, mais pourquoi pas), et grosses flèches décochées sur quelques-uns de ses thèmes favoris (la bourgeoisie, les médias).

Cette satire sociale sur fond de triangle amoureux agacera, ou passionnera, selon qu'on apprécie ou non le père Chabrol et son formalisme particulier. En dehors de cet aspect qui est purement une affaire de goût, je déplore fortement le gros raté du couple Ludivine Sagnier/François Berléand : pas crédible pour un sou, car il est impossible de croire deux secondes que ce dernier est le tombeur décrit, Berléand étant dans ce rôle à peu près aussi charismatique qu'un distributeur de boissons. Sagnier en elle-même est au meilleur de sa forme (au propre comme au figuré), tandis que Benoît Magimel, acteur capable d'incarner n'importe qui à l'écran, surjoue ici un fils à papa exaspérant. Les meilleures performances sont à chercher du côté des seconds rôles, pervers en diable.

En dehors d'un suspense relativement hitchcokien et d'ellipses très bien troussées, je ne vois pas grand-chose de bien nourrissant dans cette nouvelle cuvée qui décidément, ne me fait pas changer d'avis sur Chabrol. Je persévèrerai !

6/10

13:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

07 août 2007

Ratatouille



Chez Pixar, les prouesses technologiques n'étonnent plus. Leur capacité à repousser les limites de l'animation par ordinateur nous habitue à certaine perfection qui en est presque dangereuse pour le studio : Pixar se retrouve totalement hors de portée, et pour longtemps, de ses homologues. Dreamworks propose en effet des créations plutôt fades en comparaison, qui ne parviennent pas à évoluer, et dont les scénarios pompent allègrement les idées de Pixar (Antz et Shark Tale, par ex.). Dreamworks parvient même à épuiser sa seule vraie trouvaille : Shrek, dont les suites montrent clairement un vil effort mercantile (et désespéré ?). La bande-annonce de Bee Movie, le prochain film d'animation de Dreamworks, projetée juste avant Ratatouille, n'accentue qu'un peu plus le gouffre technologique et artistique qui sépare les deux studios.

Ceci étant dit, Ratatouille est non seulement un nouveau Pixar, gage de prouesses, mais c'est surtout un nouveau film réalisé et scénarisé par Brad Bird, à qui on doit The Incredibles, sans conteste LE divertissement le plus "adulte" proposé par Pixar jusqu'alors. Le gentillet Cars, réalisé par l'ancien directeur artistique de Pixar, John Lasseter (parti diriger la section animation de Walt Disney Pictures), marquait en effet une baisse de régime (pas tout à fait une sortie de route quand même), notamment dans la richesse et l'inventivité du scénario.

Soulagement : Ratatouille, s'il est plus "grand public" que The Incredibles, renoue néanmoins avec la "patte" Brad Bird : action, dynamique, fougue, mais aussi une sensibilité et une poésie rares, jamais écrasées par la puissance de l'ensemble (qualités absentes par ex., des produits agressifs et parfois vulgaires de Dreamworks). Les petits seront divertis par le spectacle, mais les grands ne peuvent qu'être interpellés devant la sincérité des messages (dépassement de soi, des préjugés, aller au bout de ses rêves, etc.), archi-connus mais présentés ici d'une façon originale et tout sauf mièvre. Le rapport homme/animal est ici exploré à fond pour la première fois par Pixar avec une maestria insolente qui n'a pas à rougir de celle du studio Ghibli...

Brad Bird ne semble s'être fixé aucune limite ; que ce soit les idées de réalisation, où les plans impossibles à filmer en réel foisonnent (ce qui confère au film une fraîcheur visuelle très notable) ; les trouvailles de mise en scène (le rat dirigeant l'apprenti cuisinier...) ; les bonnes piques envoyées au monde de la critique gastronomique ; l'idée originale du scénario, complètement improbable (un rat voulant devenir cuistot), mais développée en une aventure trépidante et passionnante ; le score de Michael Giacchino (déjà auteur de celui des Incredibles) se marie à la perfection aux images ; et ce titre original, Ratatouille, imprononçable en anglais et qui ne veut rien dire dans cette langue (il fallait oser vu l'importance du marché US !). Si on veut chipoter, on pourrait déplorer (et ça dépend des goûts) un humour un peu moins présent que d'habitude, et une durée un poil trop longue, mais rien qui ne remet en cause un tel coup de maître.

Il ne faut absolument pas rater le nouveau court-métrage qui précède la projection de Ratatouille. C'est devenu une tradition, chaque nouveau long-métrage de Pixar est accompagné d'un court qui permet à d'autres équipes de se faire les dents. Le petit nouveau, Lifted, est encore une pépite drôle, originale, sous forme de pantomime, comme le court qui précédait Cars : One Man Band, histoire d'une petite fille venue pour lancer une pièce dans une fontaine pour faire un voeu, pièce que deux musiciens de rue préfèreraient voir atterrir dans leur poche et qui se livrent à un duel musical pour faire changer la fillette d'avis. C'est un des court-métrages les plus passionnants que j'ai vu.

Lifted part d'une idée de base tout aussi simple : un jeune extraterrestre passe un examen délicat d'enlèvement d'être humain avec le rayon laser de sa soucoupe volante, et l'examinateur a bien du souci à se faire... Tout l'humour et la virtuosité de Pixar résumés en 5 minutes, et donc sans dialogues. Deux questions : comment font-ils ? Où s'arrêteront-ils ?

9/10

15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : Cinéma