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26 juin 2006

Metal : a headbanger's journey



En 1986, le heavy metal devint la musique la plus populaire à travers le monde, et un peu partout, les ados portaient les cheveux longs et faisaient le signe des cornes du diable. Mais ça n'était pas du goût de tout le monde. Les musiciens de Metal furent accusés de pousser les jeunes au suicide ou au meurtre. Le heavy metal était le nouveau démon à abattre, et les fans de metal mis au ban de la société.

Sam Dunn, anthropologue et fan de ce mouvement, s'engage dans un voyage à travers le monde entier pour comprendre pourquoi cette musique a été si longtemps stéréotypée et critiquée et pourtant adorée par des milliers de fans : un voyage au coeur de la bête.


Voilà un synopsis diablement alléchant, mais pas forcément fidèle au contenu de ce documentaire, hélas bien trop court : un peu plus d'1h30. Du coup, pour effectuer ce "voyage au coeur de la bête", Sam Dunn passe par beaucoup de chapitres consacrés à l'histoire du métal, qui font perdre un temps précieux et qui rendent la véritable réflexion bien trop rare.

Facile à dire, mais c'était un peu mission impossible : un tel sujet aurait mérité une durée bien plus longue, quitte évidemment à rendre le documentaire trop "élitiste", pour les seuls amateurs de métal (ou les mélomanes vraiment curieux et ouverts). Tel quel, le documentaire est bien entendu accessible à un plus large public, mais les connaisseurs restent donc sur leur faim. Dur...

Ces réserves exprimées, il ne reste plus qu'à ne pas bouder son plaisir, car il est déjà assez extraordinaire qu'un tel documentaire ait pu être financé, et surtout, qu'il trouve un distributeur dans notre frileux pays. Il faut donc que les amateurs sincères se rendent autant que possible dans les quelques salles pour le voir (et ne se contentent pas d'un téléchargement pirate...) si on veut que peut-être, d'autres initiatives de ce style (plus poussées ?) voient le jour.

Sam Dunn a en effet rencontré beaucoup de grandes figures du hard rock et du heavy metal, et souvent ceux qui ont des choses intelligentes à dire, citons notamment Geddy Lee (bassiste/chanteur leader de Rush), Bruce Dickinson (chanteur d'Iron Maiden), Rob Zombie, et au sommet, l'inénarrable Dee Snider, chanteur leader de Twisted Sister.

C'est en effet Snider, frontman aussi talentueux sur scène qu'intelligent à la ville, qui apporte le passage le plus savoureux, et c'est important, celui qui va le plus dans le sens de ce que le film aimerait "démontrer" : le heavy metal a été longtemps injustement critiqué. Mêlant images d'archives et nouvelle interview, le documentaire remémore l'incroyable épisode où Snider est allé témoigner devant le congrès américain et a ridiculisé Tipper Gore, femme du futur vice-président Al Gore, qui menait alors une campagne de dénigrement d'artistes et de groupes dont les paroles de chansons étaient censées être moralement incorrectes. Madame Gore avait établi une liste intitulée les Filthy Fifteen ("les 15 dégoûtants") regroupant les 15 noms de groupes considérés comme dangereux pour la jeunesse par le Centre Parental de Ressources Humaines. Le groupe Twisted Sister y apparaissait.

Snider explique comment il a préparé minutieusement ses réponses, tout en faisant attention à ne pas soigner son look, afin que ses opposants le prennent pour quelqu'un d'illettré et de stupide. Le choc en été que plus grand lorsque ses adversaires ont pris une véritable leçon où Snider a prouvé que ses paroles étaient sujettes à interprétation et qu'on y voyait ce qu'on voulait bien y voir, disant clairement à voix haute que Tipper Gore devait avoir des pulsions sado-masochistes, devant Al Gore (alors avocat), lequel manqua de s'en étrangler ! Pour les curieux, les réponses de Snider au Congrès sont disponibles ici.

Un autre grand moment est le segment passionnant sur le hair metal californien des 80's où sont bien montrés tous les paradoxes de ce courant : musiciens détournant tous les codes de la masculinité en s'appropriant les éléments de la mode féminine (maquillage, permanentes, habits en cuir, etc.), et pourtant extrêmement sexy, considérés alors comme le sommet de la virilité... exactement à l'opposé des codes habituels des autres courants où les éléments machistes étaient souvent légion. Le sujet de l'homosexualité (extrêmement tabou dans le milieu du métal) est d'ailleurs évoqué, et en tant qu'en anthropologue, Sam Dunn apporte des commentaires très pertinents sur les paradoxes de la communauté des fans principalement masculins.

Il est dommage que Sam Dunn ait tenté d'aborder tous les aspects du métal (de l'histoire aux polémiques en passant par la plupart des courants majeurs), car on se retrouve ainsi avec une partie entière sur le black metal, évoquant les inévitables incidents norvégiens avec les quelques extrêmistes satanistes qui n'ont hélas rien à voir avec la musique elle-même...

Au final, le fan de metal risque donc de ressortir avec une impression de frustration tellement chaque sujet, scolairement découpé en chapitre, est survolé. Quand certains thèmes commencent à être approfondis, trop tard, on passe à un autre pas forcément indispensable. Reste que ce documentaire constitue une excellente introduction à ceux qui ne connaissent le heavy metal que par les quelques clichés colportés par les medias généralistes. C'est déjà beaucoup !

7/10

09:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

22 juin 2006

Paris je t'aime



Très grand amateur du réalisateur canadien Vincenzo Natali (Cube, Cypher, Nothing), j'ai découvert le projet Paris je t'aime il y a environ deux ans, en apprenant alors la participation de Natali à ce projet.

Au fil du temps, d'autres noms de cinéastes que j'admire se sont greffés au projet, et pour quelqu'un qui adore le cinéma et Paris (et qui y vit), ce concept d'un court-métrage par arrondissement était très alléchant. Hélas, un désaccord insoluble entre les deux producteurs a conduit à l'évincement de deux segments, obligeant le projet à devenir finalement un assemblage de 18 (et non plus 20) courts-métrages sur des quartiers de Paris, et non plus des arrondissements.

Heureusement, le recentrage vers un découpage plus "carte postale" a été évité malgré tout (les Champs-Elysées n'apparaissent même pas dans le film, ce qui est un soulagement, et les monuments n'ont pas la vedette). De plus, les transitions d'un segment à l'autre sont habiles et évitent totalement la juxtaposition brutale, d'autant plus que les segments trouvent à la fin une convergence.

Même si les segments sont évidemment de qualité variable, il est difficile d'en trouver un de foncièrement raté. Par contre, deux d'entre eux passent à côté du thème imposé (raconter une rencontre amoureuse - pas forcément entre amant et amante ! - mettant en scène Paris) : les segments d'Olivier Assayas (Quartier des Enfants Rouges), et celui de Gérard Depardieu et Frédéric Auburtin (Quartier Latin). Ces deux segments ignorent totalement le quartier où se déroule l'action et auraient donc pu se passer n'importe où. Dommage...

En 5 minutes, difficile de finasser. Les segments les plus séduisants, ou du moins qui marquent immédiatement les esprits, sont donc souvent ceux qui ont misé sur l'audace formelle : Sylvain Chomet (réalisateur des Triplettes de Belleville, dont c'est la première incursion hors de l'animation) et sa vision du quartier de la Tour Eiffel par une histoire drôle, poétique et décalée d'un couple de mimes ; Vincenzo Natali et sa vision du quartier de la Madeleine sous l'angle fantastique, avec une histoire d'amour entre vampires (probablement le segment le plus original quant au type de la rencontre amoureuse !) ; Tom Tykwer (le réalisateur allemand du culte Cours Lola Cours) et sa vision du quartier du Faubourg Saint-Denis avec sa mise en scène en accéléré d'une histoire d'amour poignante entre une actrice américaine (incroyable Natalie Portman) et un jeune aveugle.

La plupart des grands noms ne déçoivent pas. En premier lieu, les frères Coen, avec une saynète dans la station des Tuileries mettant un scène de manière comique (et cruelle !) les déboires d'un touriste étranger (Steve Buscemi, éternel complice des frangins). C'est un des segments qui porte le plus la personnalité de leur créateur, et c'est un tour de force en 5 minutes. Autre réalisateur américain et autre surdoué, Alexander Payne (Sideways) met lui aussi en scène une touriste, ce qui permet évidemment d'offrir une distance de propos propice à l'humour. Pour beaucoup, ce segment sur le 14ème arrondissement (le seul à avoir gardé le nom d'un arrondissement comme prévu par le projet initial) est le plus réussi, et c'est en effet une véritable déclaration d'amour à Paris cette fois, de la part d'une étrangère, avec cet humour un peu mélancolique, mais si fin, qui caractérise Payne.

On pourrait encore parler d'Alfonso Cuarón, d'Isabel Coixet, de Gus Van Sant ou de Wes Craven, qui livrent tous un segment très honnête, mais sans doute en-dessous du talent et de la personnalité qu'on leur connaît. Mais on ne peut pas, pour finir, passer sous silence le très intelligent et émouvant segment du brésilien Walter Salles, qui parvient en 5 minutes à donner dans la veine "sociale" qui est lui si chère. L'acuité de son regard est ici époustouflante : une immigrée sud-américaine (Catalina Sandino Moreno, révélée dans le bouleversant Maria pleine de grâce il y a deux ans) doit abandonner son propre bébé chaque matin pour rejoindre de sa lointaine banlieue le 16ème arrondissement pour y garder l'enfant unique d'un riche couple. D'un seul trait, Salles unit non seulement la banlieue à Paris (le seul à le faire de tout le film), se démarque en parlant d'un amour maternel, et critique implicitement un arrondissement dortoir, riche mais terriblement creux. D'un seul coup, la plupart des autres segments paraissent bien anodins.

Ce projet, évidemment casse-gueule, a réussi à éviter l'écueuil de la carte postale et c'est déjà en soi une immense qualité. A moins de ne pas apprécier à la base les réalisateurs impliqués, il s'agit en outre, à mon avis, d'une chance assez inouïe que de voir une succession de si grands talents, et il est très agréable pour le cinéphile de pouvoir comparer ainsi la conduite de l'exercice de style par ces grands noms, accompagnés la plupart du temps par de grands interprètes.

(pas de note globale, ce qui n'aurait aucun sens ici)

10:30 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Cinéma

21 juin 2006

Guns N' Roses, Bercy, 20/06/2006



Presque 13 ans ont passé depuis le précédent concert des Guns en France. C'était le 13 juillet 1993, déjà au POPB. Entre temps, c'est une saga des plus ridicules et pourtant des plus fascinantes de l'histoire du hard rock. Passons sur ces frasques ; Axl Rose est depuis longtemps le seul rescapé du groupe, et le nouvel album des Guns (ou disons plutôt l'album d'Axl), Chinese Democracy, est en gestation depuis plus de dix ans. Il a déjà coûté plus de 13 millions de dollars aux maisons de disques (Geffen d'abord, qui a jeté l'éponge, et actuellement le label Interscope de Sony). Il sortirait, d'après Axl, en septembre, enfin. Mais il disait déjà pareil il y a quelques années...

Peu importe, au moins cette tournée nous permet d'entendre des nouveaux titres, pour la plupart déjà fuités sur Internet mais sous forme de démos. C'est toujours ça de pris, et cette tournée devait permettre de juger de la qualité du groupe assemblé par Axl, avec des musiciens aussi costauds que Brain à la batterie ou Ron Thal à la guitare.

Les Guns devaient être sur scène à 21h00 (info promoteur). Certes, les premières parties étaient en retard et Bullet For My Valentine a fini à 21h40. Mais au lieu d'essayer de monter sur scène plus tôt, rien à faire. Les Guns ont commencé à jouer à 22h40 : c'est N'IMPORTE QUOI. J'ai vu des kyrielles de spectateurs se casser à partir de minuit pour pouvoir rentrer sans devoir se payer un taxi (qui ont été pris d'assaut à la fin d'après le témoignage d'une connaissance, à tel point que certains n'osaient pas s'arrêter).

Même si j'habite à deux stations du POPB, je suis parti à 00h10 (juste avant November Rain), car y a des gens qui bossent le lendemain et de toute façon au bout de 1h30 de show ça faisait un moment que j'avais compris...

LES GUNS VERSION 2006 SONT UN COVER BAND !!!

Ce groupe version 2006 joue mécaniquement, et sans aucune complicité ; Axl semble se mimer lui-même, enchaînant les même poses qu'il y a 13 ans mais sans grâce et avec l'entrain d'un papy. Au moins, Axl a chanté correctement (ce qui est déjà assez extraordinaire), mais quel spectacle navrant finalement quand on pense au CV de chacun des membres de ce "groupe".

C'est désolant d'assister à un concert où on ne sent aucune cohésion, aucune complicité entre les musiciens. On aurait dit que chacun essayait d'attirer l'attention à lui (en dehors de Ron Thal, un peu effacé, et effacé au mix de toute façon - qui a entendu son solo sur Knockin' On Heaven's Door ?). Velvet Revolver, au Bataclan, c'était autre chose ! Un vrai show de rock'n roll ! Et qui donne vraiment raison aux ex-membres membres des Guns d'avoir fondé ce groupe ô combien plus talentueux que le line-up aligné par Axl, qui ne semble être là que pour cachetonner.

La setlist est probablement une des pires gestions du temps que j'ai pu voir en live, avec des temps morts sans arrêt : un solo hyper chiant de chaque musicien (sauf le batteur Brain, mais le guitariste Robin Finck en a eu 2 !) ; des mini-jams pourries pendant que le piano à queue arrive (deux fois) ; une introduction de chaque membre du groupe non pas sur un titre mais encore sur une "bidouille" que je ne peux même pas appeler une jam !

Ajoutons des enchaînements très mal pensés : Madagascar, You Could Be Mine, Knockin' On Heavens Door, Jam + solo clavier (Dizzy Reed), The Blues : dans mon coin tout le monde s'est rassis et s'ennuyait grave... Vu le retard accumulé, pourquoi ne pas avoir viré les solo de la setlist au moins ? Incompréhensible.

Parlons du son : même placé en gradin, j'ai tourné un peu avant de partir pour tenter de trouver un endroit où ce ne soit pas trop brouillon. Je n'ai pas trouvé. Les trois guitares (oui, trois !), ça ne sert à rien sinon rendre le son plus confus, et seule la batterie de Brain et le chant d'Axl surnageaient clairement de ce mix, un des pires que j'ai entendu à Bercy (ha, deux semaines avant, les Red Hot c'était autre chose !).

Ce ne sont pas les effets pyrotechniques (flammes, étincelles et pétards... pas spécialement impressionnants, voir ceux de Metallica ou Rammstein à côté) qui ont rattrapé le show.

Consolation, j'ai trouvé que Better sonnait vraiment très bien en live, bien mieux que sur la version démo qui a filtré sur le web.

Bref, je suis tombé de haut, j'espère que Chinese Democracy sera un bon album, mais ces Guns-là en live, c'est presque une blague. De très loin un des concerts les moins excitants que j'ai pu voir, et pourtant, j'adore les Guns...

Setlist :

01. Intro
02. Welcome To The Jungle
03. It's So Easy
04. Mr. Brownstone
05. Live And Let Die
06. Solo Robin Finck
07. Sweet Child O'Mine
08. Madagascar
09. You Could Be Mine
10. Knockin' On Heavens Door
11. Jam / Solo Dizzy Reed (Ziggy Stardust)
12. The Blues
13. Présentation du groupe
14. Solo Richard Fortus et Robin Finck (Beautiful)
15. Out Ta Get Me
16. Solo Ron Thal (Don't Cry)
17. Better
18. November Rain
19. IRS
20. My Michelle
21. Used To Love Her (avec Izzy Stradlin)
22. Patience (avec Izzy Stradlin)
23. Nightrain (avec Izzy Stradlin)
24. Chinese Democracy
25. Solo Robin Finck
26. Paradise City (avec Izzy Stradlin)

10:35 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : concerts

20 juin 2006

Isolation



C'est du Royaume-Uni que les meilleurs thrillers horrifiques proviennent depuis quelques temps, et Isolation, premier long-métrage de Billy O'Brien (un Irlandais à suivre de près), vient confirmer cette tendance.

Un modeste exploitant agricole, proche de la faillite, accepte de soumettre son bétail à des tests de fécondation menés par un laboratoire de biotechnologie, sous le contrôle d'une vétérinaire. A l'occasion d'un examen d'une génisse génétiquement modifiée venant de naître dans des conditions atroces, la vétérinaire découvre de troublantes anomalies et alerte son patron, seul à savoir en quoi consistent exactement les expérimentations menées. Il est déjà trop tard ; le vêlage a donné vie à un mutant bovin terrifiant.

Avec un tel pitch, on aurait facilement pu tomber dans une série Z bien ridicule. On est pourtant ici à la croisée de Cronenberg et de Carpenter et c'est un sacré tour de force pour un premier film. Les raisons du succès de l'entreprise sont principalement imputables à une réalisation "réaliste" : presque exclusivement des décors naturels (la ferme est une vraie ferme d'Irlande, complètement isolée et extrêmement austère), aucun trucage numérique, tournage caméra à l'épaule (sans sombrer dans le style documentaire), look "vidéo" dû à l'emploi de caméras numériques, ambiance morne et triste de la campagne reculée irlandaise (pluie, grisaille, solitude...).

Arriver à faire peur avec l'environnement d'une ferme n'était pas gagné, mais c'est ainsi que O'Brien arrive à éviter quasiment tous les clichés des films d'horreur. Le cinéaste parvient ainsi à retourner des situations plutôt ordinaires en sommets de tension (le vêlage compliqué et très stressant ; la scène dans la mare du purin, qui décroche la palme du glauque ; de simples beuglements deviennent soudainement terrifiants, etc.). Ce huis clos dans l'enceinte boueuse, rouillée et claustrophobique de la ferme fonctionne également grâce à l'interprétation très solide d'acteurs pourtant quasiment inconnus (en dehors de John Lynch), qui prennent largement le pas sur les apparitions des "bêtes" (renforçant leur efficacité). Les personnages sont quasiment tous en manque d'argent, et semblent moralement abattus et au bout du rouleau. Cette dimension de misère sociale permet de donner une consistance aux personnages, habituellement absente des films de ce genre, et qui renforce l'aspect réaliste du film.

Isolation est évidemment une critique à peine voilée des dérives scientifiques des apprentis-sorciers de la biotechnologie. Ca marche aussi parce qu'on se dit qu'il doit bien exister des endroits, dans le monde, où de telles expériences "sauvages" sont menées en dehors de tout garde-fou éthique. Notre peur viscérale du "monstre de laboratoire" est ici exploitée pour la première fois dans un environnement rural et bovin et il fallait non seulement y penser, mais aussi y faire croire, sans jamais tomber dans le grand-guignolesque. Mission réussie en dehors de quelques maladresses bien compréhensibles pour un premier long-métrage.

ps: attention, âmes sensibles, certaines scènes de vivisection ou "organiques" sont particulièrement impressionnantes et renvoient à la fascination de Cronenberg pour la chair.

8/10

09:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

18 juin 2006

Cars



Pixar a toujours été la Rolls du film d'animation, non seulement d'un point de vue technique, mais plus extraordinaire, du point de vue du scénario, comme si Pixar avait toujours tenu à ce que les deux aspects soient toujours au même niveau. Exigence tout à leur honneur car finalement très rare dans le monde du cinéma (hélas).

Si même les "vieux" films de Pixar se laissent toujours regarder aujourd'hui avec autant de plaisir, malgré leur animation évidemment plus vraiment au top (bien que toujours très agréable !), c'est bien évidemment grâce à ce mélange unique de finesse (plusieurs niveaux de lecture), d'émotion et d'humour.

Car au-delà du divertissement, ce qui rend les films de Pixar intéressants auprès d'un large public, notamment les adultes, c'est cette façon de tisser avec intelligence en toile de fond une fine analyse (via des paraboles, parodies, etc.) du monde des humains, quand bien même les protagonistes sont des jouets, des animaux, des monstres, évidemment tous humanisés avec une inspiration folle.

L'énorme défi de Cars est donc de continuer sur cette lancée mais avec - pour la première fois - des objets, des automobiles et autres engins roulants. Bien que les voitures soient ici probablement bien mieux humanisées que tout ce qu'on avait vu auparavant (ex. : les yeux dans les pare-brises plutôt qu'à la place des phares comme cela avait toujours été le cas à ma connaissance), il est évidemment bien plus difficile de s'identifier à un objet. Peut-être est-ce à cause de cela que même avec tout le talent de Pixar, je dois avouer que niveau émotions, j'ai trouvé ce Cars beaucoup plus pauvre que tous les autres oeuvres du studio de Steve Jobs.

La déception ne s'arrête pas là, car pour la première fois également, j'ai trouvé le scénario trop naïf, très premier degré, très guimauve, car sans les fameux autres niveaux de lecture habituels. La morale, simplissime (comme toujours diront les détracteurs de Pixar), n'est ici sous-tendue par presque aucune réflexion sur le monde automobile et les rapports que la société entretient avec. Donc pour des adultes, c'est un peu juste.

Pourtant, le matériau était extrêmement propice à l'intelligence habituelle du propos Pixar, mais John Lasseter (réalisateur et co-scénariste), notoirement passionné d'automobile, semble hélas s'être totalement laissé absorber par sa passion sans prendre aucune distance. Résultat, la bagnole est ici totalement idéalisée (tous ses inconvénients sont masqués, ex. : on ne voit quasiment aucun gaz d'échappement, et les voitures se déplacent souvent sans faire aucun bruit, comme si elles étaient électriques... et refont du bruit pour souligner une course ou un effet comique). Nos rapports à la voiture ? Ils font l'objet de trois ou quatre clins d'oeil, et c'est tout (ex. : le Humvee qui n'a jamais roulé sur une route non goudronnée...).

En dehors des courses prétextes à des démonstrations stupéfiantes de réalisation (mouvements de cadre impossible à réaliser en vrai), toute la trame de l'histoire aurait pu se tenir avec autre choses que des voitures, et c'est bien là que le bât blesse. A croire que Lasseter a voulu tout simplement se faire plaisir sans chercher bien loin (contrairement aux deux Toy Story où son talent était beaucoup plus percutant). Je regrette amèrement les scénaristes des Pixar précédents, comme Brad Bird pour The Incredibles ou Andrew Stanton pour Finding Nemo, Monsters, Inc, A Bug's Life, etc.

Evidemment, Cars reste un divertissement de très haute volée : techniquement, Pixar semble mettre la barre toujours plus haut (comment font-ils ?), et continue de creuser un gouffre avec les autres studios, mais pour la première fois, Cars est "juste" un divertissement, justement, car si on gratte, il n'y a pas grand-chose en dessous de cette animation d'un niveau affolant. Mais Cars peut se laisser regarder très agréablement seulement grâce à cela, ce qui est en soi un exploit.

Consolation : Pixar a réalisé spécialement pour la sortie de Cars un court-métrage intitulé One Man Band, que seuls certains cinémas projettent juste avant Cars (tout comme le court délirant Boudin' projeté juste avant The Incredibles en 2004, qu'on a retrouvé sur le DVD de The Incredibles en bonus). Bien qu'il n'y ait aucun dialogue, c'est toute la classe et l'humour de Pixar résumé en 4 minutes.

7/10

22:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Cinéma