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31 mai 2006

Dans la peau de Jacques Chirac (avant-première)



L'endroit hype où il fallait être mardi 30 mai était le MK2 Quai de Seine, à l'avant-première parisienne (même l'entarteur belge Noël Gaudin était là, c'est dire), en présence des réalisateurs Karl Zéro et Michel Royer et du producteur Yves Darondeau, qui se sont soumis au jeu très intéressant des questions, qui permettent d'alimenter cette note avec nombre d'éclairages utiles à la compréhension de ce projet très particulier.

Jacques Chirac est l'homme politique qui a été le plus filmé en France ; l'INA estime qu'il y a environ 40 000 heures d'archives où Chirac apparaît. Il y a une trace filmée de lui quasiment tous les jours depuis près de 40 ans.

Ceci a permis à Michel Royer, spécialiste des archives télévisuelles, de trouver au fil des ans, nombre de documents étonnants (pour info, Royer alimente "Madame, Monsieur, bonsoir", émission diffusée sur France 5 et consacrée au traitement de l'information par le petit écran au fil des époques ; mais il est aussi un co-créateur de l'émission "Les Enfants de la Télé", ainsi que "Les 24 heures de la télé", mettant en valeur les archives de l'INA dans le cadre des Journées du patrimoine, etc.). Royer, qui a aussi longtemps travaillé pour Canal+ (notamment l'émission le Vrai Journal), a un jour donné l'idée à Karl Zéro de compiler toutes les images fortes trouvées sur Chirac pour en faire un documentaire (l'idée n'était pas encore d'en faire un film). C'était il y a 7 ans ; mais aucune télévision n'en a voulu à l'époque. Le projet a donc été abandonné.

Il a refait surface il y a 2 ans, en pensant cette fois à une sortie en salles. Karl Zéro et Michel Royer ont ainsi montré des montages de 10 à 30 minutes, à diverses télévisions (qui financent les films) et producteurs. Les réactions étaient positives, mais finalement personne n'a osé produire le film. La même année, le film Fahrenheit 9/11 de Michael Moore est sorti et a eu le succès que l'on sait. Zéro et Royer, ne voulant pas être accusé de copier le style de Michael Moore, ont dû alors trouver une nouvelle idée de mise en scène, car à l'origine, les images d'archives devaient être commentées par Zéro et ponctuées de nouveaux entretiens avec des proches de Chirac.

Zéro a eu l'idée d'utiliser exclusivement des images d'archives (et pas de nouveaux entretiens), ainsi que de faire commenter les images par la propre voix de Chirac, en faisant appel à Didier Gustin (car il estime que c'est l'imitateur qui s'en rapproche techniquement le plus, alors qu'un Yves Lecoq ou un Laurent Gerra insuffle trop de sa personnalité dans son imitation et ce n'était pas ce qu'il cherchait pour ce projet). Les commentaires ont été écrits non seulement par Zéro, mais aussi par Eric Zemmour, journaliste au Figaro, qui a signé en 2002 une biographie de Jacques Chirac (Chirac, l'homme qui ne s'aimait pas).

Sous cette forme, finalement une seule société de production a osé co-financer le film (le reste étant financé sur les deniers personnels de Karl Zéro) : Bonne pioche, qui a connu en 2005 un succès inattendu grâce à La Marche de l'Empereur, projet dont personne n'avait voulu non plus.

Très loin d'être un simple bêtisier, ce film est plutôt une leçon de politique originale. Sous un aspect certes ludique (car on rit franchement beaucoup durant 1h30), le film se contente de montrer des faits, et uniquement des faits (tout ce que dit la voix off est également factuel). Même si on n'apprend rien de vraiment nouveau, ce portrait de Chirac nous renvoie à nos propres responsabilités d'électeurs : si Chirac est l'homme politique français le plus "capé", c'est grâce à nous. Et le film nous rappelle en fait durement pourquoi : Chirac, qui n'a jamais cru à rien, avec son cynisme assumé (plusieurs séquences le rappellent ô comment !), a toujours dit ce que les gens voulaient entendre au bon moment et au bon endroit. Comme n'importe quel politique, diront les plus blasés ; oui, mais Chirac est sans doute le seul à s'y être employé aussi intensément et avec autant de talent.

Ce film n'est donc nullement un brûlot ou une critique négative de Chirac, mais dresse au contraire un portrait presque flatteur du talent de l'homme pour conquérir le pouvoir : la "bête" politique, cette vitalité unique, occupant inlassablement le terrain pour aller à la pêche aux voix, son talent pour tuer politiquement ses ennemis, ces gaffes dont il a su jouer pour passer pour un "grand con" et se faire percevoir comme plus proche de M. Tout-le-monde, son extraordinaire capacité d'apprentissage, et son talent presque unique pour mentir ("plus c'est gros, plus ça passe", appliqué souvent avec succès).

La mise en images de quarante années de tels exploits est évidemment désopilante, mais elle laisse une impression douloureuse en sortant de la salle : finalement, celui qui peut en rire le dernier, c'est bien Chirac, puisque tout ceci a marché. Dur constat (ou rappel, c'est selon) pour notre démocratie.

8/10

11:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

29 mai 2006

X-Men : The Last Stand



L'association des plus grands talents ne fait pas nécessairement les plus grandes oeuvres. Par contre, l'association de plusieurs bras cassés aboutit rarement à un résultat heureux. Et avec ce dernier volet de la trilogie X-Men, le résultat est hélas conforme aux cauchemars du cinéphile...

Il est difficile de comprendre qu'est-ce qui a pu pousser la Fox et Marvel (producteurs) à finalement choisir Brett Ratner, expert ès-comédies navrantes (Rush Hour 1, 2 et bientôt 3...), film d'action stéréotypé (Coup d'éclat avec Pierce Brosnan...), et ratage honteux (Dragon Rouge, de loin le pire épisode de la trilogie Hannibal).

On s'étonne autant du choix du co-scénariste Simon Kinberg (XXX 2, Mr & Mrs Smith !). Heureusement, l'autre co-scénariste, Zak Penn, est un rescapé de X-Men 2, mais bien évidemment, le grand absent, c'est Bryan Singer, un des réalisateurs les plus doués de sa génération et qui avait co-signé les scénarii des deux premiers X-Men. Lui seul assurait une cohésion à l'ensemble du projet.

Son absence est ici extrêmement cruelle. Le talent et l'implication de Singer avaient permis de signer les films de super-héros les plus fins et parmi les mieux mis en scène qui soient. Ce troisième volet casse la dynamique mise en place, à la fois par une réalisation désespérante et un scénario qui prend l'eau. Pourtant, ce n'est pas totalement désagréable à regarder, grâce au plaisir de retrouver les personnages si bien développés par Singer.

La réalisation : pas de miracle, Ratner filme comme un employé va au bureau. C'est plat comme un téléfilm tourné à la chaîne. Le problème, c'est que si cela peut suffire pour Rush Hour, pour un film de la saga X-Men, cela évacue totalement toute émotion aux moments-clés (en particulier les scènes avec Jean Grey - je ne détaille pas pour ne pas spoiler). Pire encore (vu que X-Men est tout de même principalement un film d'action), l'intensité des combats est quasiment nulle. L'affrontement final est à ce titre horriblement factice. Peu de plans larges, montage saccadé... Où est le panache ?

Le scénario : il est frustrant car l'histoire centrée autour de Jean Grey et du mutant qui annihile les pouvoirs des autres mutants donne lieu à une intrigue propice à des enjeux avec une envergure très intéressante. Ce terreau fertile est hélas inhibé par des dialogues très peu inspirés (et des punchlines qui tombent lamentablement à l'eau...) et une multiplication stupide du nombre de mutants, tant et si bien qu'aucun n'est correctement développé. Il en résulte soit de la frustration (Colossus, Angel - alors que ce dernier apparaît sur l'affiche à droite juste derrière Wolverine, en tenue de combat de surcroît, ce qui n'est jamais le cas dans le film !), soit du ridicule (Juggernaut, Multiple Man...). Nos X-Men habituels en sont réduits à de la figuration et du stéréotype (Wolverine, Mystique, Cyclope...).

Mais le pire est peut-être la destruction de la vision originale du projet. Bryan Singer avait réussi à glisser intelligemment une réflexion derrière le film d'action ; une ode à la tolérance. Cet aspect est ici totalement oublié, voire inversé. Les mutants qui se révoltent, embrigadés par Magneto, sont des camés, des immigrés (en bref, des parias), qui ne veulent laisser aucune liberté de choix aux autres mutants souhaitant perdre leur gène mutant, par peur que le gouvernement ne se serve finalement de l'antidote pour faire disparaître toutes les mutations (menace qui ne plane pourtant à aucun moment, mais simple prétexte pour la baston finale !). Le thème de la xénophobie est donc ici déporté vers des mutants qui en veulent à d'autres mutants et aux humains non mutants... Glissement malheureux et pervers.

En a-t-on fini avec X-Men au cinéma ? On serait tenté de le croire avec le titre du film, mais la Fox se laisse une grande porte de sortie avec la présence d'une scène post-générique (il faut rester jusqu'à l'ultime fin pour la voir...).

Rebaptisons le film en "X-Men : L'affrontement final sauf si le box-office impose le contraire". Oui, mais alors, tout sauf Brett Ratner svp ! On regardera néanmoins avec attention Superman Returns (le 12 juillet) pour voir si Bryan Singer n'a pas quitté la franchise X-Men pour rien...

6/10

12:40 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

26 mai 2006

Marie-Antoinette



Laissons le battage médiatique de côté, qui a certainement nuit au film (ce n'était pas le cas des deux films précédents de Sofia Coppola... elle n'était pas aussi connue alors et c'était bien mieux !), et concentrons-nous sur le cinéma : Marie-Antoinette porte tellement l'identité de sa réalisatrice qu'il me paraît difficile d'être déçu si on a apprécié Virgin Suicides et Lost In Translation.

Car dans le fond, on retrouve ses thèmes de prédilection : portrait intime de l'adolescence face à un monde adulte, inconnu, codifié ; révolte et perte qui en résultent. Ce qui peut ne pas plaire, dans Marie-Antoinette, c'est la forme, l'emballage, tout comme certains n'ont pas aimé Lost In Translation et son univers nippon. A part le contexte, on retrouve donc dans ce troisième opus les faiblesses, les tics, mais aussi les fulgurances de Coppola.

Marie-Antoinette est néanmoins certainement son oeuvre la plus osée d'un point de vue formel. La prise de liberté avec l'Histoire est très grande (le souci historique ne l'intéresse pas, c'est très clair, ce qui lui vaut des foudres de la part de ceux qui n'ont pas compris que ce n'était pas un film historique justement), ce qui lui permet de faire voler en éclat la lourdeur habituelle des reconstitutions historiques, notamment pour mieux tourner en ridicule la pesanteur extrême des étiquettes et cérémoniaux, ou encore la futilité et la légèreté de la cour.

Sofia achève de créer une nouvelle forme d'expression en employant avec bonheur de la musique contemporaine. Ce dynamitage des conventions était à haut risque. Sont en effet conviés Air, Bow Wow Wow, Aphex Twin, The Cure, The Strokes, New Order, Siouxsie and the Banshees... Ca marche, et ce n'est pas un miracle. On constate que l'énergie du rock et celle du baroque sont finalement semblables, à l'écran. Ce rapprochement musical, réalisé par Brian Retzell (déjà superviseur des choix musicaux des deux opus précédents de Sofia), est très pertinent. Entre Rameau et New Order, la "Ceremony" est la même, ce sont les moyens d'expression qui changent. Ces musiques contemporaines surlignent évidemment le modernisme de la reine, qui, avant de fuir autant que possible le protocole, a essayé d'en rompre quelques règles.

D'ailleurs, à propos de pied de nez, je reste admiratif devant l'anachronisme volontaire de Sofia Coppola en laissant traîner une paire de Converse au sol, juste à côté d'une paire d'escarpins (cf. la scène où Marie-Antoinette choisit des chaussures, à environ 1h de film ; vu où la paire est située dans le cadrage, même si le point est fait sur les escarpins situés juste devant, ce n'est clairement pas une gaffe). Sofia est culottée : volonté de faire hurler les puristes tout en adressant un signal fort (et gonflé) sur sa liberté artistique ? Peu importe. Une telle démarche est hélas si rare.

La musique permet évidemment aussi d'accentuer la splendeur photogénique du spleen de Marie-Antoinette. Sofia a de nouveau fait appel aux soins de Lance Acord, déjà directeur de la photographie sur Lost In Translation. Mais je n'insisterai pas sur la magnificence de la réalisation, car le film n'est pas simplement qu'une fantastique coquille vide. Le danger, c'est plutôt que Sofia Coppola s'enferme dans le même thème commun à ses trois premiers films. J'espère qu'elle saura explorer d'autres idées, même si au final ses trois premiers films possédent des univers on ne peut plus variés.

A ceux qui n'ont pas aimé Marie-Antoinette, je souhaite simplement citer Libération pour conclure. La frontière entre ceux qui ont accroché et ceux qui ont décroché est vraisemblablement là. En espérant que beaucoup de fans de Sofia arriveront à apprécier cette vraie merveille, cet étourdissement de couleurs, de sensations, d'émotions, d'intelligence, d'humour, qui avance comme une comédie, se poursuit telle une farce et s'achève en un inoxerable drame.

Pour réussir un film sur l'aveuglement de ceux qui ne voient qu'eux, sur la surdité de ceux qui n'entendent que les éloges, il suffisait de savoir une chose, que Sofia Coppola a apprise : dans l'indifférence dorée, les princesses agonisent encore plus vite. Cette agonie a quelque chose d'étrange, une délicieuse langueur, le luxe de la mélancolie.

9/10

18:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

25 mai 2006

Oceansize, Nouveau Casino, 20/05/2006



Que dire si ce n'est "encore un excellent concert d'Oceansize ?"

Pour avoir vu tous les concerts du groupe anglais à Paris depuis le premier à la Boule Noire le 24 mars 2004, je peux affirmer que le groupe ne fait qu'asseoir un peu plus sa maîtrise scénique à chaque fois, mais nous sommes ici dans la largeur du trait... car en dehors des problèmes techniques ici absents, ce qui a permis de ne pas sortir de l'ambiance installée par le groupe (ce qui n'est pas rien !), est-ce qu'Oceansize a musicalement fait de gros progrès sur scène ? Pas sûr ! C'est tout simplement toujours aussi parfaitement exécuté, sans aucun autre artifice que les 5 membres du groupe, emmenés par Mike Vennart, le seul à imposer une présence scénique charismatique.

Justement, vu le niveau de la musique, on peut soit estimer que l'interprétation sans failles se suffit à elle-même, ou penser qu'un "spectacle" plus appuyé serait le bienvenu pour accentuer l'effet euphorisant et puissant de leurs compositions.

Personnellement, après 4 concerts parisiens en un tout petit plus de 2 ans, je commence naturellement à avoir envie que le groupe évolue un peu plus que ce qu'il nous a donné à voir une fois de plus ce soir là. C'est sans doute un peu sévère, mais après tout, n'attend-on toujours pas plus des meilleurs élèves ? Or, Oceansize reste un des groupes de rock indé les plus novateurs et talentueux du Royaume-Uni... et reste hélas prodigieusement fauché, ce qui explique sans aucun doute le dénuement de leurs shows (pour info, le stand merchandising est tenu avant et après chaque gig par un membre du groupe...).

Il n'y a donc plus qu'à espérer que le public qui se pâme devant Muse et The Arctic Monkeys (pour ne citer que deux autres groupes rock anglais bien plus connus !) saura découvrir à sa juste valeur Oceansize !

17:35 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : concerts

21 mai 2006

The Dresden Dolls, Bataclan, 18/05/2006



N.B. : les photos ne sont pas issues du concert de Paris. Si vous en avez, n'hésitez pas à en poster l'adresse en commentaire !

Il est rassurant de voir qu'un phénomène underground et très arty comme The Dresden Dolls arrive à remplir une salle comme le Bataclan, après un premier passage à Paris en 2005 à la Boule Noire. Si on ajoute que ce duo de Boston fait en outre à nouveau plusieurs dates en province (comme l'an dernier), on mesure la progression accomplie en France niveau popularité, et c'est vraiment une bonne nouvelle. Il faut dire que leur dernier et second album, Yes, Viriginia... est une réussite inespérée, tranformant totalement l'ébauche de style posée avec leur premier album.

Sur le papier, définir la musique des Dolls tient un peu de la gageure, car écrire que le duo fait revivre le cabaret de l'Allemagne des années 20 avec l'énergie du punk et la créativité du rock alternatif, cela n'évoque pas grand-chose. Sur disque, le mélange est bel et bien unique, et peut évoquer PJ Harvey, Tori Amos, Nick Cave, mais aussi le compositeur allemand Kurt Weill (cabarets et comédies musicales). Sur scène, Amanda Palmer (chant, clavier) et Brian Viglione (batterie) élèvent ce mélange unique à un véritable spectacle, dont la réputation a fortement aidé à faire venir curieux de tous horizons à leurs concerts.

Une fois sur scène, les Dolls nous font pénétrer immédiatement dans leur univers passionnel et tragi-comique. Chaque chanson est une petite histoire aux allures de confession. Amanda offre cette intimité à vif, portée par toute la rage du rock. Le jeu de batterie de Brian est sophistiqué, tout en étant très puissant, plaçant même quelques passages de double pédale plus communs dans le domaine du métal !



Le son est d'une clarté éblouissante, et pour cause, avec seulement un clavier, une batterie et une voix, c'est plus facile pour l'ingénieur du son. Avec un tel dénuement, aucune chance n'est laissée aux compositions faibles ou aux interprétations moyennes. Or les Dolls montrent sur scène toute l'étendue de leur talent. La réaction du public est sans équivoque à ce sujet. Car l'allure trash d'Amanda et de Brian (cf. photos...) n'est pas là pour cacher une vacuité musicale.

Très expressifs, les deux membres du groupe forment un couple dont on ne sait jamais qui est le leader. Leurs échanges sont constants, leur alchimie parfaite. Amanda ne tient pas en place, joue sans arrêt des jambes, dont on a l'impression qu'elles vont passer par dessus son clavier. Brian frappe de toute ses forces ses peaux, et lui aussi se retrouve souvent debout, à fixer le public avec ses grimaces ou à épier Amanda quand les morceaux, véritables montagnes russes, se calment, ou requièrent une synchonisation parfaite et difficile (ex. : l'incroyable chanson-comptine burlesque Coin-Operated Boy de leur premier album). Sur quelques titres, deux jeunes femmes et un travesti viennent tour à tour illustrer la chanson avec une l'expression corporelle à rapprocher du mime, des marionnettes, du théâtre muet... aussi étrange que fascinant.



Amanda, qui a travaillé dans un théâtre d'avant-garde en Allemagne, maîtrise certains phonèmes échappant habituellement aux anglophones, comme la prononciation du "r", ce qui lui permet de chanter de manière convainte certains titres en français (l'an dernier : Tous les garçons et les filles de Françoise Hardy !). Ce soir, en rappel, nous aurons droit à un hilarant Amsterdam (de Jacques Brel), où Brian aura pris la guitare acoustique (la seule chanson de tout le concert entièrement accompagnée de guitare).

Juste avant, c'est War Pigs de Black Sabbath qui aura fini d'achever le public. Reprendre une célèbre chanson de hard rock avec seulement un piano et une batterie, c'est assez culotté ; oui, mais avec l'énergie des Dolls, le résultat est assez stupéfiant ! On peut parier que Brian aime décidément le hard rock vu la transe dans laquelle il semblait être pendant ce rappel. Le fait que les Dolls jouent ce titre emblématique de Black Sabbath n'est sans doute pas sans rapport avec ses paroles, plus que jamais d'actualité. En moins d'un mois, j'aurais vu à Paris, dans la même salle, deux groupes aussi différents que les Dresden Dolls et les Flaming Lips reprendre cette chanson. On peut parier que ces deux groupes américains ne portent pas l'administration Bush dans leur coeur !

En 1h20 de show, la messe est dite. Il n'est pas certain qu'une durée supérieure à 1h30 soit souhaitable, de toute façon, vu l'intensité et le niveau de concentration demandé au spectateur. Il est devenu très rare qu'un groupe sache miser sur autant de tableaux à la fois : performance, feeling, improvisation et spectacle visuel (sans recours à des écrans géants ou animations...). Pour ce dernier point, une salle aux dimensions modestes est indispensable, sous peine de rater totalement ce qui se joue sur scène, comme au théâtre !

Plus que des mots, il est conseillé vivement d'aller sur le site officiel des Dresden Dolls et de télécharger quelques vidéos afin de se donner une idée du phénomène (en particulier la version live de Half Jack, le 2 mai 2005 à Providence pour illustrer tout ce qui a été dit précédemment ; mais ne ratez pas non plus, pour le fun, le medley du 30 octobre 2004 à Boston à l'occasion d'Halloween : reprises délirantes et... strip-tease façon cabaret !).

10:45 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : concerts