07 juin 2006
Dégustation du 01/06/06 - Glenmorangie, Bushmills, Johnnie Walker, Ardbeg, Talisker, Lagavulin
La dégustation de juin avait lieu dans un endroit prestigieux : le plus beau show room de France de Mercedes, le Mercedes-Benz Center à Rueil-Malmaison. Au programme, pas moins de 6 distilleries différentes et 8 whiskies à déguster (!), avec découvertes d'alliances gustatives des plus intéressantes...
Les plus blasés argueront que les distilleries étaient "bien connues" et n'apportaient donc nulle découverte, ce à quoi je rétorquerai immédiatement que le Club n'est pas constitué que d'experts (pour ma part, je n'avais jamais rien dégusté de 3 distilleries sur 6), et que les produits proposés par ces maisons étaient souvent loin de constituer des versions dégustées couramment.
Les 6 distilleries étaient réparties en 6 stands, disséminés dans le MBC (3 au rez-de-chaussée, 3 à l'étage), ce qui permettait de profiter des fantastiques Mercedes exposées (en dehors des voitures de luxe à vendre, dans lesquelles on pouvait même monter, il y avait des parties "musée" avec des SL300 d'exception, etc.). Mais il n'y avait pas que le lieu qui était prestigieux ; nombre de distilleries avaient choisi des versions très haut de gamme de leurs produits... Voici un petit compte-rendu, stand par stand, dont l'ordre est celui qui était suggéré par l'organisation afin de ne pas se casser le palais.
Glenmorangie : Cette distillerie est célèbre (entre autres) pour ses alambics pot still les plus hauts d’Ecosse (5m13). Ces alambics jouent un rôle prépondérant dans le caractère léger et subtil du Glenmorangie. Seules les vapeurs d’alcool les plus volatiles sont en effet récupérées. La version proposée ce soir là était l'Artisan Cask (46%), un single malt distillé en 1995, vieilli en fût de bourbon de premier remplissage. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce whisky est surprenant : le nez est plutôt épicé avec des notes de caramel, et en bouche, il est très fin mais plutôt sucré (vanille), et la finale poivrée... un mélange fort surprenant ! Très agréable à boire, en apéritif ou en dessert j'imagine. Si j'ai bien compris, cette version sera mise prochainement en vente en France. Reste à voir le prix, car au Royaume-Uni cette version vaut à peu près 45 euros les 50 cl. (car attention, son flacon fait bien 50 et pas les traditionnels 70 cl...).
Bushmills : On ne présente plus Bushmills ! Voir au besoin la soirée spéciale Bushmills de mars 2006. Ce qui est super pour nous membres du Club, c'est que le Bushmills présenté ce soir était différent de ceux dégustés en mars ! Et toujours dans le haut de gamme : cette fois, c'est le 21 ans (40%), single malt vieilli en fûts de madère. Rien qu'au nez, on sait qu'on a bien affaire à un Bushmills (épices, miel...). En bouche, c'est d'une finesse vraiment extra, avec les notes subtiles de fruits (agrumes) et de chocolat... or justement, ce Bushmills était à déguster avec la première association de la soirée : une alliance de glace à la vanille/mandarine avec chocolat et morceau d'orange, chaque ingrédient étant censé souligner ces arômes présents dans ce whiskey. J'ai trouvé cela intéressant, sans être pour autant vraiment convaincu. Il m'a sembleé que ce Bushmills était trop fin et peut-être pas assez puissant (40% donc) pour faire face à cette bouchée (excellente par ailleurs !). Encore un Bushmills vraiment intéressant, mais au prix un peu trop élevé (environ 140 euros).
Johnnie Walker : Je vois d'ici des mauvaises langues rire sous cape. Quoi, Johnnie Walker, dont le Red Label est le whisky le plus vendu au monde, était présent à cette soirée ? Oui... Bien qu'on puisse snober les blends, JW propose plusieurs types de "labels", avec des qualités évidemment croissantes : Red, Black, Green, Gold et Blue. Je n'avais jamais rien bu au-dessus du Black, et ça tombait bien car on nous proposait du Green, et le top du top chez JW, le Blue ! Rappelons que JW est un mélange de single malts de 4 distilleries : Cragganmore et Linkwood (du Speyside), Caol Ila (île d'Islay), et Talisker (île de Skye). La bonne idée du stand était de proposer 4 whiskies de ces distilleries pour en apprécier le nez et voir comment on en retrouvait les composantes dans les blends de JW. Le Green (43 %, 15 ans - l'âge dans un blend désignant le plus jeune âge des single malts présents dans le blend) a assez peu d'intérêt à mon avis ; on retrouve ce manque de personnalité qui caractérise les blends. Par contre, avec le Blue, je comprends qu'on puisse aimer un blend. Mais à quel niveau de prix faut-il alors monter (environ 150 euros !). Même si la qualité est surprenante, ce qui me plaît le plus dans le Blue est constitué d'arômes que j'aime dans les single malts dont il est issu (Caol Ila et Linkwood notamment). Et désolé, mais à ce prix là, personnellement je préfère aller vers des single malts de ces distilleries. Mais c'était vraiment une chouette opportunité que de pouvoir enfin faire connaissance avec le Blue à l'oeil...
Un bar à cocktails était également à notre disposition, avec des produits autres que du whisky : du gin et de la vodka. Avant de monter à l'étage, je décidais de me rincer le palais avec un cocktail amer, et c'est ainsi que je pus découvrir une superbe vodka, française de surcroît (faite à Gaillac !), distillée cinq fois à base de pépins de raisin : Cîroc. On ne le trouve pas en grande surface, mais chez les cavistes, et pour environ 30 euros, voilà une belle affaire ! Découverte "dry" (même formule que pour le gin : vodka, avec un soupçon de Noilly-Prat, et une olive !), on peut dire que ce fut un surprenant et délicieux intermède !
Ardbeg : 4ème distillerie de la soirée, et le début des choses vraiment sérieuses ! Distillerie réputée mais uniquement auprès des connaisseurs (Ardbeg produit les single malts les plus tourbés d'Ecosse), j'avais hâte de découvrir enfin cette distillerie. Il y avait en fait deux stands Ardbeg : un où l'on pouvait déguster le single malt Still Young (56,2%, cask strength), et un autre où l'on pouvait découvrir une alliance avec des cigares (faits sur place, roulés à la main devant les amateurs ébahis) avec un autre single malt, Uigeadail (54,2%, cask strength). N'aillant découvert le stand "cigare" qu'à la fin (il était "caché" afin que la fumée ne perturbe pas la dégustation générale - excellente initiative d'ailleurs), j'avoue ne pas avoir pu me faire une idée fidèle du Uigeadail (après 7 whiskies, même avec rinçages entre chaque, le palais est à la fin quelque peu perturbé). Ce que je sais, c'est qu'il a été lancé en 2003, et créé à partir de fûts sélectionnés datant des années 1990 et certains bien plus anciens ayant contenu du sherry. Par contre, je peux parler du Still Young, qui doit son nom à ses 8 ans de maturation pour la version mise en vente en 2006 (contre 10 pour la première version portant un âge dans la gamme des Ardbeg).
Entièrement produit dans des fûts de premier remplissage, cette mise en bouteille est la deuxième d'une série annuelle provenant du même distillat. En 2004, une version 6 ans avait été mise en vente (Very Young). Chaque année, Ardbeg va sortir une version de ce distillat jusqu'à ce que ces fûts aient atteint l'age traditionnel de 10 ans.
Embouteillé à un taux d'alcool musclé de 56,2, le STill Young est très impressionnant ; ce n'est pas forcément subtil, mais il faut avouer que la séduction est quasiment immédiate. Ardbeg produit les malts les plus tourbés d'Ecosse ? Et comment ! La bouche est un feu d'artifice de tourbe, de fumée et de sel, avec une finale néanmoins herbacée, fruitée et longue, mais longue... Il y a un manque de complexité lié sans doute au jeune âge, mais pour une première rencontre avec Ardbeg, quelle rencontre ! Le prix de 49 euros en fait une sacrée affaire... Bravo !
Talisker : L'unique distillerie de l'île de Skye est bien connue. Nous avions droit ici au haut de gamme de Talisker, une version 20 ans cask strength titrant 58,8 %, vieilli en fûts de bourbon. Le whisky était ici proposé avec une alliance de saumon cru (une fine tranche roulée et fourrée de tapenade d'olive noire). Je dois dire que la fatigue des sens commençait à se faire sentir et c'est extrêmement dommage car je pense être passé à côté de ce Talisker, dont le caractère iodé s'accordait vraiment bien à mon goût avec la saumon (qui était d'une qualité irréprochable), mais j'ai eu le sentiment que c'était du whisky trop haut de gamme pour être marié ainsi à de la nourriture. Bref, à regoûter, les papilles reposées et sans accompagnement.
Lagavulin : L'exceptionnel était pour la fin, et ce n'est qu'à ce moment-là que j'ai compris notre erreur tragique. En arrivant au 6ème stand, et après avoir dégusté avant 6 whiskies, une vodka et des petits fours, même avec des rinçages réguliers, le palais n'est donc plus en état d'apprécier à sa juste valeur un whisky de la classe de celui proposé par Lagavulin ce soir là : le top du top de la distillerie, le 25 ans cask strength titrant 57,2%. Il aurait donc fallu sauter quelques stands et venir directement à celui-ci, ce qu'on fait visiblement des connaisseurs par ailleurs bien peu respectueux de leurs pairs, puisque des indélicats se sont grassement servis et re-servis, tant et si bien que de nombreuses personnes n'ont rien eu (nous avons eu les dernières gouttes de l'ultime bouteille). Carton rouges à ces égoïstes et carton jaune au stand qui aurait pu assez facilement repérer qui venait se re-servir.
Le Lagavulin 25 ans, limité à 9000 bouteilles, coûte quand même la bagatelle de 240 euros. Avec 2cl dans le verre, on nous en offrait déjà en gros 7 euros de valeur commerciale. En outre, ce Lagavulin était proposé avec une alliance curieuse mais excellente : pain d'épice avec morceau de roquefort, poire et bergamote, chaque ingrédient étant censé se retrouver dans le whisky. Cette fois, j'ai pris soin de déguster séparément le whisky. J'en ai un souvenir exceptionnel. Là encore reste la frustration de ne l'avoir évidemment pas apprécié à sa juste valeur donc je n'en parlerai pas.
Conclusion : Une soirée très bien organisée (navettes pour nous emmener au MBC depuis la Porte Maillot, navettes pour le retour avec trois horaires différents...), des distilleries pour la plupart très connues mais proposant des versions très haut de gamme, des alliances avec des produits de très belle qualité, un lieu exceptionnel... Franchement, c'était fantastique, mais peut-être... trop ! Trop de bonnes choses en trop peu de temps (les deux heures sont passées à une vitesse...), et une sensation un peu absurde de frustration, du coup ! Sensation de ne pas avoir apprécié les plus beaux whiskies proposés à l'étage, faute de temps. Personnellement, il m'a manqué évidemment l'aspect chaleureux des dégustations habituelles à l'aveugle avec les commentaires de Jean-Marc ou de Corinne, mais c'était ici impossible bien entendu ! Cela aurait été plus intéressant que les échanges avec le personnel de certains stands qui nous ont pris soit pour des novices (étaient-ils au courant que c'était une dégustation pour les membres du Club de la Maison du Whisky ?), soit pour des clients potentiels à qui il fallait vendre le produit (Johnnie Walker, hum...). C'était toujours gentil, mais pas forcément adapté au profil des membres du Club. Ce sont des détails évidemment mineurs qui ne rabaissent en rien le plaisir éprouvé lors de cette soirée, dont l'existence était une véritable chance. Encore MERCI !
16:00 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Alcools!, alcools, alcool, whisky
Commentaires
"après 7 whiskies, même avec rinçages entre chaque, le palais est à la fin quelque peu perturbé"
:)
N'y avait-il que ton palais de perturbé ? ;)
Excellent CR, comme d'habitude.
Je te rejoins sur le fait qu'il était difficile d'apprécier tous ces breuvages à leur juste valeur.
Écrit par : Jerome | 08 juin 2006
salut Jérôme !
Franchement, je pense qu'il n'y avait que le palais de perturbé :-)
La présence des petits fours et le fait d'avoir bu pas mal d'eau a fait qu'au final, j'ai moins senti l'alcool que lors des soirées standards où l'on déguste "seulement" trois whiskies !
Même s'il était difficile d'arriver à tout apprécier à sa juste valeur, disons que nous avons eu de bons pointeurs pour la suite ;-)
Écrit par : Sébastien | 08 juin 2006
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