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08 juin 2006

Le Caïman



Nanni Moretti a choisi pour Le Caïman une structure classique mais souvent très mal mise en scène : le film dans le film. Cette mise en abyme sert ici à raconter l'histoire d'un producteur de séries Z, dont la société est au bord du dépôt de bilan, et dont la vie sentimentale est un désastre.

Son chemin va croiser celui d'une jeune réalisatrice qui lui apporte un scénario, "Le Caïman", dont il va s'apercevoir qu'il s'agit d'une biographie de Berlusconi. Commence alors à naître en lui un nouvel élan vital : celui de l'affirmation de sa dignité en parvenant à produire ce film dont personne ne veut.

Le Caïman, c'est donc le nom du film de Moretti, mais c'est donc surtout le nom du film que l'on voit se construire dans la tête du producteur, homme à la dérive dont le film de Moretti est l'étude principale. Le plus gros malentendu est de penser que ce film est consacré à Berlusconi...

Mais c'est du traitement de ces deux sujets à la fois (portrait d'un cinéaste au bout du rouleau et critique politico-sociale de l'Italie) que naît la confusion. Bien que Moretti soit plutôt habile dans la superposition et l'enchevêtrement de ces deux thèmes, il ne parvient pas à mon avis à être très convaincant dans aucun des deux.

La critique politico-sociale consiste tout simplement à rappeler quelques très grandes lignes de la vie de Berlusconi et à faire passer lourdement le message comme quoi l'Italie n'est plus qu'une Italie d'opérette, ou que la gauche a été d'une inefficacité totale face à l'ascension de Berlusconi ("Comme la gauche est triste, elle est triste au point de rendre les gens tristes").

Le drame familial et professionnel vécu par le personnage principal est lui plus intéressant, bien que tout ce qui arrive dans sa vie professionnelle soit d'une grande banalité et montre assez factuellement à quel point il est difficile de faire un film. Grâce aux talents des acteurs et à la mise en scène élégante de Moretti, il y a de beaux moments de grâce dans les scènes familiales. Ce sont hélas les trop rares moments d'émotion, le reste du film étant un peu victime de la mise en abyme qui apporte ici distance et aspect factice qui font au global du Caïman une série B. Seule la fin, magistrale (dont je ne dévoilerai rien ici pour ne rien gâcher) vient rappeler que Nanni Moretti est un cinéaste qui boxe normalement dans une autre catégorie.

6/10

16:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

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