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27 mars 2006

Romanzo Criminale



On ne peut pas dire que ce film italien manque d'ambition, et c'est bien, car chez nous, en France, on en manque terriblement (cf. les critiques des films français vus précédemment). Le souci, c'est qu'on est en droit alors de le juger à la hauteur de cette prétention, car Romanzo Criminale ne s'affiche clairement pas comme un petit film de divertissement. Michele Placido a en effet vu grand : une fresque (ascencion, gloire, déclin), chapitrée, de 2h30, sur un gang de bandits décidés à contrôler Rome dans les années 70, les fameuses années de "plomb" où commencèrent à sévir les Brigades Rouges.

Le gros problème, c'est que Romanzo Criminale se prend les pieds dans le tapis en tentant de plaquer un polar dense sur un fond historique. Le contexte historique est tout juste saupoudré grâce à des images archives, maladroitement intégrées. Ce gros problème se retrouve dans le scénario, où les allusions aux Brigades Rouges ne sont qu'effleurées, sous-entendues, non pas subtiles, mais confuses. On nous laisse soupçonner un vague lien entre les terroristes des Brigades, l'Etat, les services secrets, la Mafia et le gang, mais qui manipule qui ? Pas de réponses, ce qui en soi n'est pas grave, un bon mystère étant souvent plus satisfaisant. Mais ici, tout est trop vite esquissé, trop brouillon pour que l'on puisse imaginer quoi que ce soit. Or, c'était là que le film avait une grosse carte à jouer.

Reste alors uniquement l'aspect polar froid et assez brutal, mais que les 2h30 du film sont alors longues ! Car de ce côté, pas grand-chose d'original à glaner (la pute autour de qui tourne ce microcosme ; le commissaire ambitieux et pas si net que ça ; le gang qui va pourrir de l'intérieur, chacun voulant doubler l'autre...). Il y a trop de personnages, aucun ne bénéficiant d'une psychologie assez approfondie pour qu'on s'attache un peu à eux. Ce manque de densité, d'envergure des personnages est clairement ce qui différencie ce polar d'une oeuvre de Scorsese, pour lâcher l'influence la plus évidente.

C'est dommage car s'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher au film, c'est l'excellence du jeu des acteurs, et c'est agréable de découvrir autant de têtes talentueuses à peu près inconnues chez nous (en dehors de la française Anna Mouglalis). Le film est donc porté par eux, et c'est déjà pas mal, mais insuffisant pour atteindre l'objectif affiché.

6/10

09:55 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

24 mars 2006

Destination Finale 3



Ce troisième volet de la saga n'est ni vraiment meilleur, ni vraiment moins bon que les deux précédents. Avec Destination Finale, on n'est pas pris en traître : on sait à quoi s'attendre, et on obtient ni plus, ni moins. C'est typiquement le genre de films au plaisir coupable, pour lesquels on laisse son cerveau à l'entrée de la salle, un peu comme lorsqu'on se rend dans une fête foraine ou dans un parc d'attraction. Le but est de prendre du bon temps, sans aucune préoccupation culturelle.

La Mort a un plan : elle sait qui elle va prendre, quand et comment. Cependant, si d'aventure un humain avec des facultés un peu hors normes a des "visions", ou des prémonitions, certaines personnes peuvent échapper à une catastrophe prévue par la Grande Faucheuse. Ceci n'est pas acceptable ; les survivants constituent alors une anomalie, un bug, bref une situation qu'il faut réparer dès que possible. La Mort va donc s'acharner pour supprimer ces rescapés, et pour servir ce but, tous les moyens sont bons !

Ce pitch de base de la saga aurait pu vite tourner au ridicule si la Mort était personnifiée à l'écran, mais justement, non. La Mort ne s'incarne qu'à travers l'enchaînement malencontreux de "hasards", de circonstances qui vont aboutir à des mises en scène de morts si possible gore, fun et stressantes tout à la fois pour le spectateur.

L'intérêt de Destination Finale est dès lors son humoir noir, bien macabre et souvent méchant, où l'on assiste à un massacre progressif d'adolescents américains balayant tous les codes des comédies pour teenagers (les dindes style Paris Hilton, le reclus sur lui-même fan de Marylin Manson, le gros balèze qui ne pense qu'au sport, le frimeur obsédé, etc., tous joués avec le talent minimum pour les rendre crédibles)

Ce jeu de massacre fonctionne au final non seulement grâce à un scénario habile (certaines morts sont des petits chefs-d'oeuvre d'inventivité, et les fausses pistes sont légion), mais aussi grâce à une réalisation solide, souvent très technique : ceux qui ont vu Destination Finale 2 savent que la séquence d'ouverture de l'accident sur l'autoroute reste depuis comme une référence du cinéma catastrophe.

L'équivalent, dans Destination Finale 3, est la séquence se passant dans le grand huit de la fête foraine (cf. l'affiche du film). Avouons qu'elle est loin d'égaler son homologue de l'épisode précédent, alors qu'il y avait matière à la rendre encore plus horrible. C'est donc une occasion un peu manquée, car on peut mieux s'identifier au stress des passagers, puisque faire un tour de manège infernal est moins banal que prendre sa voiture (qui n'a jamais pensé à la possibilité d'un accident avant de monter dans un grand huit, qui est pourtant bien plus sûr qu'une autoroute ?).

Ce n'est pas grave, ça reste de bonne facture et la suite de Destination Finale 3 renoue sans problème avec les situations machiavéliques et grand-guignolesques qui provoquent à coup sûr exclamations d'effroi et rires dans la salle.

Vu le succès aux USA, on peut parier qu'il y aura un quatrème épisode. Vu l'inspiration a priori sans fin des scénaristes, on peut penser que la seule limite sera éventuellement la lassitude des spectateurs.

A lire : un classement rigolo, selon plusieurs critères, des meilleures morts des trois épisodes, par le site EcranLarge.com

7/10

16:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Cinéma

20 mars 2006

Renaissance



Renaissance propose la première utilisation convaincante du motion capture pour un film d'animation (après le très laid The Polar Express en 2003 de Robert Zemeckis). L'expression des visages et la fluidité des mouvements sont impressionnantes et sont mises au service d'un noir et blanc façon comic de Frank Miller. Oser un tel spectacle en France constitue indéniablement une rupture, peut-être un déclic (espérons-le).

Le scénario basé autour d'un techno-thriller d'espionnage est plutôt convenu et sans surprise, on devine facilement les dessous de l'intrigue. Peut-être par timidité, le choc visuel étant déjà à encaisser. Les personnages ne sont pas très développés, mais l'essentiel est ailleurs : Paris 2054 est le point de gravité du film. La vision poétique, fantasmée et futuriste de la capitale vaut à elle seule le détour, avec nombre d'idées que je n'énumérerai pas car la surprise vaut vraiment le coup.

J'ai noté aussi des idées de réalisation très intéressantes, car tirant parti des possibilités de l'animation, en effectuant des plans et des mouvements impossibles à réaliser avec des caméras. Nombre de transitions sont très soignées et fort habiles. Espérons qu'un tel bel objet connaîtra un succès minimum apte à en faire naître d'autres, avec cette fois, qui sait, une histoire plus originale afin d'allier niveau de la forme avec celui du fond.

7/10

13:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

Du jour au lendemain



Philippe Le Guay m'avait laissé un bon souvenir avec la comédie dramatique Le Coût de la Vie (2003), film choral sociologique sur l'argent. Hélas, Du jour au lendemain n'a cette fois rien à dire car son scénario est cousu de fil blanc. Le film ne fait que poser la question "est-on finalement fait pour être heureux, tout le temps ?". Pour apprécier les bons moments, il faut en effet en passer par de mauvais. Grande découverte !

La substance du film étant réduite à néant (avec quelques moments drôles, à peine), il ne reste que les jeux d'acteurs, et les inconditionnels de Benoît Poelvoorde seront vraiment servis car le Belge se libre ici à un excellent numéro, encore une fois différent de ce qu'il a fait jusqu'à présent. Dire qu'il porte le film sur ses épaules n'est pas un euphémisme.

5/10

13:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

16 mars 2006

Simple Minds, Olympia, 15/03/2006



Troisième concert de Simple Minds pour moi, après le 21 mai 2002 à l'Olympia pour le Floating World Tour et le 25 avril 1995 à la Patinoire de Bordeaux pour le Good News From The Next World Tour.

C'est toujours un plaisir de retrouver le groupe, qui représente énormément pour moi ; leur album Real Life fut le deuxième vinyle que j'achetai, Live In The City Of Light fut mon tout premier CD (acheté avant d'avoir mon premier lecteur CD, c'est mon instituteur qui me copia l'album sur K7 pour que je puisse l'écouter), et j'achetai mes premiers magazines de musique (Best et Rock'n Folk !) quand ils parlaient de Simple Minds (et je commandai tous les anciens numéros où ils y apparaissaient). J'ai également découvert l'existence des bootlegs en cherchant assidûment l'existence d'éventuels imports live. Bref, Simple Minds est mon tout premier amour musical, et la beauté de leurs artworks, ainsi que la multitude de singles et d'EP gavés de faces B passionnantes fut à l'origine de ma passion pour la collection de supports (vinyles, CD, etc.).

En concert, le groupe a toujours été une bête de scène, notamment grâce à l'inépuisable leader chanteur Jim Kerr, au charisme et au jeu de scène bien connus. Néanmoins, le groupe, en tentant de nouvelles directions musicales (Neapolis en 1998 et Cry en 2002), s'est un peu fourvoyé, et le résultat s'en ressentait sur scène. Le dernier concert à l'Olympia, en 2002, pour la tournée supportant Cry, m'avait laissé un souvenir mitigé. Pourtant, le groupe n'avait joué que 3 titres de Cry (plutôt fades), mais l'interprétation des titres (piochés dans presque tous les albums du groupe) n'était pas toujours des plus intéressantes, la faute souvent à un tempo ou à des lignes de chant paresseuses. Comme si le coeur n'y était pas toujours... Du coup, j'avais zappé le dernier concert parisien en date, le 4 novembre 2003 au Zénith (concert qui ne supportait aucun album en particulier), 2003 ayant été une année extrêmement chargée en concerts pour moi et les finances ayant une limite.

Hier soir, ce fut une toute autre affaire. Est-ce le succès critique et public du dernier album Black And White 050505, retour discographique gagnant inespéré ? En tout cas, les Minds sont de retour avec une envie d'en découdre et une confiance qui se traduit par l'interprétation (tout au long de la tournée) de pas moins de 6 titres (sur 9) du dernier album, idéalement répartis dans la setlist. L'interprétation est bonne, mais je préfère les versions studio, qui sont des bijoux soniques façonnés avec l'aide du producteur Bob Clearmountain. Seul le titre "Dolphins", poignant et subtil, a transcendé la version studio à mon avis.

Quant au reste, ce fut une sacrée gifle. Le groupe s'est enfin décidé à laisser tomber la ribambelle de "tubes" issus de Once Upon A Time ; seulement deux titres en furent conservés : l'inévitable "Alive And Kicking", et une excellente surprise, "All The Things She Said" ! Un grand bravo pour cette initiative. Le tube "Seen The Lights" devrait être abandonné, il est trop mou sur scène, et trop entendu ; quitte à piocher dans les singles de l'album Real Life, un "Stand By Love" serait le bienvenu. Good News From The Next World fut représenté grâce au désormais classique "Hypnotized", et force est de constater que ce titre est vraiment superbe sur scène. Concernant les vieilles pépites, seul "Seeing Out The Angel" fut exhumé de Sons And Fascination (1981), ce qui en fit le plus ancien titre de la soirée.

Si ces albums font partie des rescapés, un grand nombre d'opus furent eux totalement ignorés : les 4 premiers albums, Street Fighting Years (dommage, mais justifié - j'y reviens), Néapolis (heureusement) et Cry (tant mieux, puisque déjà joué sur les tournées précédentes, même si "Sleeping Girl" apparaît en ouverture de certains concerts de la tournée 2006).

Alors quid du reste de la setlist de ce concert de deux heures ? Entièrement axée sur New Gold Dream et Sparkle In The Rain ! Ma période préférée... l'époque des productions de Pete Walsh et Steve Lillywhite, soit les deux albums les plus sombres et les plus durs (niveau sonorité) des Minds, les derniers avant la tournure "épique" de 1985.

Ce choix n'est sans doute pas innocent. Ces albums sont des parents éloignés du dernier album, Black And White, qui est artistiquement dans la lignée de ces deux albums mythiques ; c'est le même esprit (un superbe effort sur les mélodies et l'ambiance, sans l'aspect grandiloquent), mais revisité avec des sonorités évidemment plus actuelles (et plus adoucies). C'est pour cela que les titres de Street Fighting Years, par exemple, ne seraient pas idéaux dans ce contexte (néanmoins, "Belfast Child" est joué de temps en temps sur la tournée 2006, il ne le fut pas à Paris).

La grande différence par rapport aux dernières tournées est donc le punch de l'interprétation. J'ai encore en tête la pêche de "Upon The Catwalk", "New Gold Dream", "Glittering Prize", ou l'envoûtement de "Big Sleep" et "East At Easter". La section rythmique, assurée par le monstrueux Mel Gaynor aux fûts et le désormais membre officiel Eddie Duffy à la basse (après plusieurs tournées avec les Minds) est indéniablement le point fort du groupe. Le père Kerr a perdu assez nettement de ses capacités dans le haut médium et les aigus (mais Eddie Duffy est là pour tous les choeurs et soutient Jim admirablement), mais reste remarquable dans les graves. Il a surtout cessé de prendre trop de liberté avec le rythme et le placement des lignes de chant d'origine, et c'est ce qui m'a bien plus séduit. Charlie Burchill était sous-mixé, comme à l'accoutumée, et cela me frustre : on l'entend en général mieux sur l'album qu'en concert. Les claviers se taillent la part du lion dans le registre mélodique, et Mark Taylor (musicien de studio pour Elton John, Sinead O'Connor, etc.), nouveau venu dans le line-up, a fait un travail de folie sur les sons.

Le concert de Paris n'a pas vraiment connu de temps mort. Sold-out (ce n'était pas le cas en 2002) depuis des semaines, c'est un public chauffé à blanc qui a soutenu et visiblement touché le groupe, en chantant bien souvent à gorge déployée. Seul incident : pendant le deuxième titre, "Home", toutes les enceintes en façade s'arrêtent de fonctionner, il n'y plus que le son non mixé en provenance de la scène (et pas de chant, puisque pas d'ampli voix sur scène). Le groupe ne se rend compte de rien, avec ses propres retours. Le public scande le refrain de "Home", comme si de rien n'était. Je vois l'ingénieur du son de la table façade et ses assistants s'affairer, affolés. Le groupe enchaîne sur "East At Easter", mais dès que Jim commence à chanter et qu'on n'entend donc rien, le public hurle et siffle. Le groupe ne comprend pas ce qui se passe, et Jim interroge du regard et des bras la foule. L'ingénieur du son fait signe au groupe de tout arrêter et des techniciens viennent informer le groupe du problème. Le groupe, ne sachant que faire, est resté sur scène, Jim venant échanger quelques mots et quelques mains avec le premier rang. 5 minutes plus tard, c'était heureusement reparti. Belle frayeur !

Voilà en tout cas un beau come-back d'un groupe qui a montré, à l'instar du tout dernier rappel, qu'il était encore alive and kicking. Et ça, ça fait chaud au coeur !

Setlist :

Stay Visible
Home
East At Easter
Up On The Catwalk
Book Of Brilliant Things
See The Lights
Big Sleep
All The Things She Said
Waterfront
Hypnotised
The Jeweller (Part Two)
Someone Somewhere (In Summertime)
Speed Your Love To Me
Don't You (Forget About Me)
Dolphins

Rappel #1:
Different World
Seeing Out The Angel
New Gold Dream (81,82,83,84)

Rappel #2:
Stranger
Glittering Prize
Alive And Kicking

12:05 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : concerts