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26 janvier 2006

The King



J'ai pas vu le premier film de James Marsh (Wisconsin Death Trip, 1999), et j'avoue être allé voir The King avant tout à cause de la présence de Gael García Bernal, le prodigieux acteur mexicain révélé par Alejandro González Iñárritu dans le non moins génial Amores Perros (2000). Bernal a ensuite confirmé tout le bien qu'on pensait de lui avec des réalisateurs prestigieux comme Alfonso Cuarón (Y Tu Mamá También, 2001), Pedro Almodóvar (La Mala Educación, 2004), et Walter Salles (Carnets de Route, 2004).

Bernal semble avoir une attirance pour les personnages forts, ambigus voire déviants. Il ne faillit pas ici la règle en incarnant Elvis Sandow, un jeune marin de 21 ans qui vient de quitter la Navy, et qui est à la recherche de son père qu'il n'a jamais connu. Il découvre que celui-ci (William Hurt) est en fait le pasteur d'une église baptiste en plein essor du Texas. Marié à une femme ravissante, Twyla (Laura Harring, la brune ténébreuse fascinante de Mulholland Drive, hélas réduite ici à un rôle trop secondaire), et père de deux enfants, le pasteur ne veut rien avoir à faire avec Elvis qui lui rappelle un passé fâcheux pour un pasteur (fréquentation de prostituées, Elvis étant né d'une telle relation). Petit à petit, Elvis commence néanmoins à se lier à la famille et tout est prêt pour un dynamitage de la quiétude de cette famille qui va se retrouver confrontée à un drame inattendu.

Une violence rare mais brute, et un cynisme stupéfiant font l'intérêt de The King, où la fièvre évangélique à l'américaine est attaquée de manière frontale. Le film prend à bras-le-corps des tabous qui en dérangeront plus d'un, et qui font basculer inexorablement le récit vers l'horreur.

Cette audace est plutôt rare de nos jours et l'intensité du jeu de Gael García Bernal et de William Hurt (décidément en forme après A History Of Violence de Cronenberg) portent The King vers la catégorie des films à voir absolument pour se rendre compte de la bonne santé des réalisations américaines quand elles échappent au formatage hollywoodien.

Même si ce n'est pas un chef d'oeuvre (manque de rythme certain), tout cinéphile qui se respecte devrait tenter de voir cette tragédie perverse assez effrayante sur l'Amérique profonde et puritaine.

7/10

10:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

21 janvier 2006

Brokeback Mountain



J'avoue avoir été un peu écoeuré à l'avance par le rémue-ménage médiatique entourant ce film : Lion d'Or à Venise, favori aux Oscars, encensement presque général par la presse... Pourtant, le fait que le film soit réalisé par Ang Lee ne présageait pour moi rien d'excitant, et j'avoue avoir cédé à la pression uniquement pour Jake Gyllenhaal, un des rares acteurs pour qui j'irai voir un film, indépendamment de son réalisateur ou son sujet.

D'emblée, j'ai envie de faire remarquer que je ne comprends pas les termes employés par la presse à propos du film en parlant de "western gay". Que ces professionnels (?) revoient leur dictionnaire : un western, c'est un film dont l'action se situe dans l'Ouest américain à l'époque des pionniers et de la conquête des terres sur les Indiens. Brokeback Mountain n'est donc pas un western. Contrairement à ce que j'ai pu lire parfois aussi, les deux héros du films ne sont pas non plus des cow-boys (cow-boy = gardien d'un troupeau de bovins), puisque ce sont des bergers. Vaches et moutons semblent être la même chose pour certains critiques, passons.

J'ai envie de citer Positif pour résumer mon sentiment à propos de ce film : "[...] l'ensemble sombre assez vite dans le mélodrame lourdaud où tout est surligné et dans la guimauve, alors que le sujet appelait rigueur et âpreté".

Et voilà le problème ! Mais voici aussi la raison probable de ce gros succès public... Je ne veux pas jouer là au cinéphile élitiste et tant mieux si ce film semble "bouleversant", "touchant", etc., pour le "grand" public. Le cinéma a besoin de de genre de succès, d'autant plus qu'on n'est évidemment pas dans du cinéma débilisant. Je trouve hélas que Ang Lee ne fait pas là preuve d'une grande habileté dans la mise en scène de cette histoire, et je souhaite citer un exemple par d'autres : le montage vraiment très pauvre, avec un parallélisme pénible (car millimétré et sans surprise) entre la situation de Jack et Ennis ; on voit la vie de chacun des deux amants se dérouler sans surprise quant à ce qui leur arrive, chacun bénéficiant du même nombre de minutes.

C'est dommage ; passé le début du film, plutôt réussi dans l'établissement de la liaison entre les deux hommes (même si Ang Lee fait là encore preuve de lourdeur dans sa façon de filmer les paysages comme des cartes postales), le reste n'est que tentative pataude de faire pleurer les chaumières avec des ficelles archi-classiques, sur un sujet certes encore un peu neuf pour Hollywood.

7/10

17:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

18 janvier 2006

Un Ticket pour l'Espace



Je ne suis habituellement pas client de ce genre de comédie, d'autant plus que je ne connais pas bien Kad & Olivier, alias Kad Merad et Olivier Barroux, et que je n'ai pas vu Mais qui a tué Pamela Rose ? (2003), le premier film qu'ils ont écrit ensemble.

Néanmoins, la bande-annonce m'avait séduit, par son côté absurde ; espérant toujours un digne successeur à La Cité de la Peur des Nuls, je suis donc allé voir Un Ticket pour l'Espace le jour de sa sortie.

Ce successeur, j'ai bien cru qu'on le tenait pendant les premières minutes du film ; tout rappelait l'humour absurde, décalé et sans concession des Nuls. Hélas, malgré un pitch relativement original et pouvant augurer du meilleur (dans la lignée d'Objectif Nul !), force est de constater que cette comédie se retrouve ensuite rapidement nivelée par le bas.

La faute peut-être à un objectif de ratisser large ; en dehors de quelques gags audacieux qui rappellent par moments les fausses promesses du début, l'ensemble prête gentiment à sourire mais ne s'éloigne finalement guère des comédies françaises très grand public, sans grande personnalité donc.

Kad & O m'ont paru être de bons acteurs, et en tout cas ont l'air d'y croire bien plus que les acteurs professionnels français comme Marina Foïs (largement sous-employée, qui se contente de faire l'imbécile comme au temps des Robins), Guillaume Canet (toujours aussi exécrable acteur), et surtout André Dussollier qui semble un peu ailleurs.

Comme H2G2 : le guide du voyageur galactique (The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, 2005), voici encore une comédie se situant dans l'espace, dont les ressorts comiques restent largement sous-exploités. Occasion ratée, mais film de divertissement grand public, consensuel, qui devrait faire un carton en prime time sur TF1.

6/10

23:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

14 janvier 2006

Mrs. Henderson Presents



J'ai une fois de plus pris une sacrée claque avec Stephen Frears, dont le dernier opus Mrs. Henderson Presents m'a totalement ravi : c'est fin, drôle, intelligent, émouvant, c'est du cinéma "à l'ancienne" comme on en fait presque plus. Sur le papier, je n'en attendais rien car l'histoire n'est pas des plus à même de susciter la curiosité.

En sortant de la salle, j'étais transporté de voir qu'il y a encore des résistants comme Frears. Evidemment, c'est plus "léger", plus "divertissant" que son avant-dernier film, Dirty Pretty Things (2002), mais tant mieux, le bonhomme change tout le temps de sujet et avec bonheur... chapeau.

Difficile de s'étendre sur un film regorgeant de qualités (scénario, mise en scène, musique, interprétation...) : c'est à voir pour comprendre. Les divertissements intelligents sont devenus rarissimes, ne ratez pas celui-là.

Lecture recommandée : la seule interview de Stephen Frears accordée en France à Positif dans son numéro de janvier.

10/10

20:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

12 janvier 2006

Jarhead



Contrairement à la majorité, je n'étais pas tombé de ma chaise devant le premier film de Sam Mendes, Americain Beauty (1999). Pourtant, indéniablement, Mendes y montrait un talent et un ton incisif (voire acerbe) bien particuliers. Néanmoins, cette charge au vitriol contre une société américaine en voie de décadence avancée ne m'avait pas parue très réaliste, diminuant ainsi sa portée.

Peut-être est-ce à cause de ça que je n'ai pas eu envie d'aller voir son deuxième film, Road To Perdition (2002), mais la présence de Tom Hanks y était sans doute pour beaucoup aussi (désolé !). J'essaierai néanmoins de me rattraper en DVD. Un film de Sam Mendes ne peut pas se rater pour qui s'intéresse aux "jeunes" réalisateurs américains à la personnalité affirmée (= n'accouchant pas de produits hollywoodiens politiquement corrects...).

Le propos de son troisième film, Jarhead, et la présence de Jake Gyllenhaal dans le rôle principal m'ont cette fois totalement convaincu de me ruer au cinéma, c'était pour moi sans aucun doute LA sortie de la semaine (le visionnage de Mrs Henderson Presents me fit revoir cet avis quelques jours après !).

Je ne reviendrai pas sur la performance éblouissante de Jake Gyllenhaal, littéralement encensé par la presse une semaine plus tard pour Brokeback Mountain. J'avais découvert ce garçon avec Donnie Darko, et j'étais convaincu qu'il "exploserait". C'est le désormais le cas, tant mieux, nous avons gagné un "nouveau" grand acteur américain, qui devrait intéresser les plus grands réalisateurs.

Je l'avoue, j'adore les films qui ont pour sujet les guerres, quand évidemment il y a une réflexion sur le conflit (je ne suis pas fan de Rambo, en somme).

Seulement, on peut avoir l'impression que tout a déjà été fait sur le sujet : avec des monuments comme Paths Of Glory, Apocalypse Now, The Deer Hunter, Full Metal Jacket, Platoon, The Thin Red Line, il est difficile de trouver des idées originales sans donner l'impression de retomber dans du déjà-vu.

Pour désamorcer d'entrée les éventuels clichés, Mendes se paie le luxe de clins d'oeil et références directes à Full Metal Jacket, Apocalyse Now et The Deer Hunter ! Jarhead parvient néanmoins à se démarquer par la suite :

1) en s'attaquant à la première guerre du Golfe, conflit quasiment pas traité au cinéma encore (mais ça vient : à part le presque comique Les Rois du Désert (Three Kings - 2000), à voir : Syriana, produit par Soderbergh et Clooney, sortie le 22/02/06). Ceci permet au moins de voir un environnement différent (magnifiques plans du désert enflammé) et des problématiques géopolitiques différentes des conflits contemporains précédents (WWI, WWII, Vietnam...).

2) en prenant comme sujet principal l'attente du soldat face à un conflit, et des dégâts que cela cause sur leur santé mentale (entraînés pendant des mois et gonflés à bloc, ils n'attendent plus que de tuer l'ennemi, et l'attente et l'ennui dans le désert deviennent insupportables).

Le récit progresse lentement, il n'y a pas vraiment de suspense, mais Mendes enchaîne des scènes chocs, tantôt superbes, tantôt dramatiques, avec des situations assz cruelles qui rappellent clairement American Beauty.

Ce drame humain est un regard critique sur la bêtise lénifiante de la vie militaire et sur l'absurdité de cette première guerre du Golfe ; ce sera indéniablement un des films marquants de l'année 2006, qui flatte décidément les cinéphiles.

8/10

23:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma