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16 juin 2007

Dégustation du 14/06/07 - Soirée The Balvenie

La soirée du Club de la Maison du Whisky de chaque mois de juin, avant-dernière de la saison, est en général exceptionnelle. L'an dernier, c'était au Mercedes-Benz Center. En 2007, autre lieu exceptionnel : la fondation Done-Thiers, qui abrite une précieuse bibliothèque consacrée à l’histoire de France au XIXe siècle, dans un élégant hôtel particulier de style Louis XVI, qui donne sur la très jolie place Saint-Georges dans les beaux quartiers du 9e arrondissement de Paris.


Vue sur la place St Georges depuis la fondation Done-Thiers

Au programme : une soirée spécialement consacrée à toute la gamme de The Balvenie, distillerie bien connue du Speyside, en présence de David Stewart, maître de chais de la vénérable institution produisant uniquement des single malts. Pour l'occasion, cette soirée était organisée en collaboration avec la Maison des Trois Thés sous l'égide de Yu Hui Tseng, experte en thé de renommée mondiale. Tseng et Stewart ont ainsi choisi de jouer le jeu des associations pour The Balvenie, single malt à l’élaboration artisanale dont la qualité et la palette aromatique présente des similarités marquées avec des thés d’exception choisis par la Maison des Trois Thés (thés ayant des productions n'excédant pas les 800 kg de récolte annuelle).

C'est justement par une séance de dégustation en comité restreint, dans une des salles de la bibliothèque au premier étage de la fondation, que nous avons débuté la soirée, en partant à la découverte de deux associations whisky/thé, actuellement commercialisées pour la fête des pères sous forme d'un coffret original :

1. The Balvenie 10 ans Founders / Thé Gan Xiang (bleu-vert, semi-fermenté)
2. The Balvenie 14 ans Roasted Malt / Thé Yun Hong (rouge, fermenté)

Le 10 ans, aux notes de fruits mûrs (pomme, prune) et de fruits exotiques (ananas), agrémentés d’épices et de vanille, fait écho au caractère persistant du Gan Xiang, marqué par des parfums de zestes d’agrumes et de fruits jaunes équilibrés par des notes miellées.

Le 14 ans Roasted Malt, fruité (pomme, mirabelle) et miellé, évolue vers des notes chaleureuses fumées, toastées, et de fruits secs, avec un boisé bien présent, contrastant ainsi avec la fraîcheur élégante du Yun Hong, rond et doux, aux accents fruités d'abricot et de pomme mûre.

A mon avis, l'accord du 10 ans Founders avec le Gan Xiang, jouant l'alliance du fruité intense, était plus réussi. Mais contrairement aux idées reçues, le whisky n'"écrase" pas le thé si la palette aromatique n'est pas en totale discordance ; au contraire, l'un et l'autre peuvent souligner leur similitudes et leur complémentarité. Le but est simplement de montrer que la complexité de chacun de ses breuvages nécessite le même vocabulaire, évoquant des notes bien souvent identiques. En dehors de cela, il n'est pas question de mélanger l'un à l'autre...


Deux beaux accords thés/whiskies fins et élégants

Une fois de retour au rez de chaussée de la fondation, chaque version de The Balvenie était en dégustation à un stand, avec plusieurs fort agréables bonus. Passons sur le 10 ans et le 14 ans roasted, déjà dégustés avec les thés, pour se focaliser sur deux versions particulièrement intéressantes : le 15 ans Single Barrel (47,8%) et le 17 ans New Wood (40%).

Le 15 ans, disponible en quantité très limitée, puisque provenant d’un seul fût de bourbon (Single Barrel), possède un nez puissant avec de fortes notes d’écorces d’orange. La puissance se retrouve totalement bouche (les 47,8% sont bien là), mais sa rondeur et sa finale sèche en fin un whisky très facilement buvable. Le stand proposait en accompagnement une gélatine glacée au thé Gan Xiang. A 62 € la bouteille, le rapport qualité prix ne me paraît tout de même pas assez compétitif.

Néanmoins, le stand phare de la soirée était celui consacré au Balvenie New Oak 17 ans (92 € la bouteille), vieilli en fûts de chêne blanc américain, pour un single malt aux notes d’épices et de vanille. Ce single malt séjourne 4 mois dans des fûts neufs et toastés, c’est à dire sur-brûlés puis humidifiés pour activer les tannins du bois. Un exercice qui nécessite une parfaite maîtrise du processus pour que la fougue du bois de chêne neuf n’emporte pas le caractère originel du distillat.

Le point fort de ce stand était l'association avec un macaron estampillé Pierre Hermé, le célèbre pâtissier, qui avait créé pour l'occasion une recette de sa spécialité : des macarons au thé Gan Xiang. Une association sucrée qui adoucit les puissants arômes de bois de ce Balvenie New Oak. Le macaron, fin et crémeux, était une totale réussite dans lequel les notes d'agrumes et de fruits jaunes resortaient avec beaucoup d'élégance, magnifique réponse à l'amertume des agrumes du nez de ce malt. Je ne sais pas combien j'ai mangé de macarons, mais même à la fin, quand pratiquement tout le monde était parti, il en restait encore. Merci Monsieur Hermé pour la recette et merci à ceux qui ont payé la facture... !

Quelques commentaires sur ce 17 ans. Son nez est assurément très fin et complexe. Il est marqué par les fruits mûrs (pomme) et l'amande. La bouche est presque huileuse. L'affinage en fût neuf est souligné par des notes de vanille et de noix et évolue vers les épices. Belle amertume. La finale est douce et marquée par les fruits secs. Un beau malt néanmoins un peu cher, quand on voit ce qu'on peut avoir pour des prix équivalents chez des embouteilleurs indépendants.

Enfin, le haut de gamme était présent aussi par l'intermédiaire du 21 ans Portwood (40%), à peine plus cher (97 €). Vieilli pendant 21 ans en fûts traditionnels, ce single malt passe quelques mois dans des fûts ayant contenu des portos prestigieux durant près de 30 ans. Cette maturation marque sensiblement ce malt, avec des notes de fruits très mûrs (pêche, abricot) typiques de l'affinage au porto. En bouche, il est d’une extrême rondeur, suave et délicat. La finale est cependant assez courte et pas spécialement mémorable. Une version brut de fût était proposée à la dégustation, ce qui était une comparaison fort intéressante puisqu'elle n'est pas commercialisée. Si cette fois on y trouvait la puissance qui me manquait, il faut bien reconnaître que la subtilité y était moindre.

The Balvenie ne produit clairement pas le type de malts prompts à me faire craquer illico presto. Je mettrais à la limite volontiers le 17 ans New Oak dans mon bar si le prix en était plus compétitif. The Balvenie est néanmoins une des grandes distilleries du Speyside, et merci au Club pour cette soirée extrêmement agréable et réservée à des chanceux, il faut le reconnaître.

13:05 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : whisky, balvenie, macaron, cuisine