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26 décembre 2006

Hors de prix



Divertissement sympathique mais vite oublié, Hors de prix surnage quand même au-dessus des comédies françaises souvent bas de plafond. Le metteur en scène Pierre Salvadori a en effet au compteur de belles réalisations (Les Apprentis, Après vous...), mais Hors de prix est sans doute un peu en-dessous de son niveau habituel.

Le sujet des riches qui s'ennuient dans les palaces, les parasites qui gravitent autour, et en fin de compte, l'éternel décalage entre argent et bonheur a inspiré quantité de films précédents, et cette année, nous avons tout de même eu droit sur ces thèmes à un film français vraiment bien troussé : Quatre Etoiles . La comparaison s'impose donc, inévitablement, même si les scénarios sont plutôt distincts.

Dans les deux cas, il y a de beaux dialogues, de la satire, du comique de situation, du charme, de très belles images, élégantes et chaleureuses. On sait aussi très bien que le couple à l'écran, que tout oppose, finira ensemble. Mais là où Quatre Etoiles savait faire passer des messages assez fins tout en restant relativement imprévisible sur les virages sentimentaux de ses protagonistes principaux, Hors de prix déroule surtout des clichés, et une intrigue sentimentale cousue de fil blanc. Le personnage d'Audrey Tautou est particulièrement transparent, et sans le charme de la comédienne, tout ceci serait rapidement fort ennuyeux. Salvadori lorgne du côté des grandes comédies américaines des années 50, mais force est de constater que Audrey Tautou est bien loin du panache des personnages fougueux à la Audrey Hepburn.

6/10

12:50 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

19 décembre 2006

Deja Vu



Tony Scott est le petit frère de Ridley Scott, mais il n'oeuvre pas tout à fait dans le même registre. Tony est un faiseur de blockbusters, mais pas vraiment décérébrés, ce qui le démarque nettement des Michael Bay et autres Roland Emmerich (qui est, de toute façon imbattable : quand on a réusi à enchaîner Universal Soldier, Stargate, Independence Day, et Godzilla, on reste intouchable pour très longtemps).

Tony, lui, depuis le démesuré succès de Top Gun, n'a eu cesse d'orienter ses films vers du divertissement plus adulte et violent. Le Dernier Samaritain (1991) était un premier pas, confirmé par True Romance (1993), avec Tarantino et Avary au scénario. En pleine ascension, Tony Scott a alors réussi à sortir quatre grands films d'action avec des stars pas forcément associées habituellement à ce registre nerveux (Robert de Niro, Robert Redford, Brad Pitt, Gene Hackman...). Il a ensuite franchi un palier supplémentaire avec l'impressionnant Man ON Fire (mélange audacieux de violence et d'émotion), et l'extrême Domino (presque expérimental). Actuellement dans la phase la plus intéressante de sa carrière, c'est avec curiosité que j'attendais Deja Vu, dont le pitch me donnait quand même quelques craintes...

Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin (Denzel Washington) se voit enrôlé au sein d'une cellule du FBI ayant accès à un appareil top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps"... Cette fenêtre permet d'observer des évènements dans le passé s'étant déroulés quatre jours, six heures et quelques minutes auparavant ; pas une de plus, pas une de moins. Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n'être qu'un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d'innocents.

Si l'on retrouve toutes les qualités de mise en scène nerveuse de Tony Scott, le scénario est tellement dur à avaler que Deja Vu s'embourbe rapidement dans des explications et des situations inextricables, au détriment de l'action (un comble...). Denzel Washington n'arrive pas à tirer grand-chose de son rôle bateau, très loin du terrible personnage tourmenté qu'il incarnait dans Man On Fire. Le happy-end achève de ruiner tout intérêt au film, et enraye pour de bon l'ascension entamée par Tony Scott vers toujours plus d'audace. On oublie, et vite, espérons que son prochain film retrouvera un thème moins alambiqué mais plus efficace.

5/10

09:54 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

10 décembre 2006

Red Road



Un premier long-métrage sélectionné directement à Cannes, et qui plus est, remporte le Prix du Jury, suscite forcément la curiosité. Une bande-annonce, aussi étrange que fascinante, achève d'emporter ma décision de ne pas laisser passer ce film. Bien m'en a pris, Red Road est un petit bijou, certes pas facile d'accès.

Jackie travaille comme opératrice pour une société de vidéosurveillance. Tous les jours, elle observe une petite partie de Glasgow et protège ainsi les gens qui mènent leur vie sous ses yeux. Un jour, un homme apparaît sur son écran de contrôle, un homme qu'elle ne voulait plus jamais revoir. Elle va néanmoins commencer une longue filature, pour des raisons qui vont rester longtemps obscures pour le spectateur...

Red Road est une oeuvre saisissante, de par son esthétisme et sa profondeur. Jetant un pont entre drame social et thriller, la réalisatrice anglaise Andrea Arnold crée une atmosphère très oppressante, voire désespérée. La situation du quartier de Red Road, un ensemble d'immeuble gigantesques et délabrés, réservés à d'anciens taulards en phase de réinsertion, est vraiment effrayante par sa misère et son aspect glauque.

Red Road n'en est néanmoins pas un calvaire, car Andrea Arnold n'a pas oublié d'aménager des pics d'intensité d'émotionnelle remarquables. Bien que l'ambiance ne soit réellement pas gaie, elle n'est pas en permanence étouffante, notamment grâce à la prestation assez stupéfiante de l'actrice principale, Kate Dickie, bien connue au Royaume-Uni, mais au théâtre et à la télévision. C'est donc une révélation pour nous, et bien lui en a pris de se frotter enfin au grand écran.

Pour les amateurs de bande-son très soignée, Red Road est particulièrement intéressant, car proche des travaux d'ambiance et de soudscapes de Messieurs Lynch et Badalamenti. La relative sécheresse des dialogues rend l'experience sensorielle d'autant plus passionnante.

Red Road peut néanmoins agacer car le scénario ne dévoile ses cartes qu'au compte-goutte, et la très belle réflexion sur le voyeurisme (induit par les caméras de surveillance) dérive vite vers les sentiers plus balisés de la "simple" enquête/vengeance. A chacun de se positionner, mais il sera difficile de contester que Red Road est l'émergence d'une vraisemblable future très grande réalisatrice.

8/10

16:21 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

06 décembre 2006

Black Book



En tant que très, très grand admirateur du réalisateur Paul Verhoeven, j'avais une appréhension considérable à l'idée de voir enfin son nouveau film après 6 cruelles années d'absence. Son film précédent, Hollow Man, était alors certainement le seul échec artistique de sa carrière (puisque logiquement le seul où il fut réellement bridé), et c'est bien son dégoût d'Hollywood qui l'a fait finalement abandonner le cinéma, pour heureusement revenir filmer dans son pays d'origine (boucle ironique puisque c'est justement à cause de scandales et de difficultés à monter ses films dans les Pays-Bas que Verhoeven s'était exilé au milieu des 80's aux USA, avec le succès que l'on sait : Robocop, Total Recall, Basic Instinct, Showgirls, Starship Troopers).

Le cinéma de Verhoeven n'a jamais été à mettre devant tous les yeux. Le Hollandais a toujours choqué, mais la provocation n'a jamais été une fin en soi chez lui. C'est plutôt parce que Verhoeven sait mettre en scène comme personne la violence, l'amour ou la perversité des hommes qu'il a toujours provoqué des réactions sulfureuses. Or, avec lui, il faut lire entre les lignes, aller au-delà des apparences, pour découvrir ses messages.

Ne pas connaître, par exemple, sa filmographie pré-hollywoodienne est sans doute un petit handicap pour totalement appréhender Black Book. Bien que le grand public connaisse principalement les films hollywoodiens célèbres cités plus hauts (dans lesquels Verhoeven a néanmoins su insuffler toutes ses obsessions, en montrant en particulier la corruption, le capitalisme éhonté et la presque fascisation de l'Amérique, ce qui lui a valu un terrible retour de bâton), Verhoeven a tourné autant de films dans les Pays-Bas, et tous sont extraordinaires, même encore aujourd'hui, par leur vision à la fois dure et terriblement ironique des moeurs de la société. La finesse de la plume de Gerard Soeteman, le scénariste fétiche de cette période hollandaise de Verhoeven, a été remise à contribution pour Black Book.

Dans son jeune âge, Verhoeven a vu et a été traumatisé par les atrocités de la seconde guerre mondiale. Il a déjà tourné un excellent film à ce sujet, Soldier Of Orange (1977), qui brossait le destin d'amis étudiants, broyés par le déclenchement des hostilités (certains optent pour la résistance, d'autres choisissent de collaborer, sans que les liens d'amitié qui les unissaient ne soient totalement rompus). Starship Troopers, sous ses aspects de blockbuster SF, renvoyait bien évidemment de manière très subversive à nombreuses thématiques de WWII.

Verhoeven décrit ainsi l'histoire de Black Book :

"Ce film est inspiré d'évènements réels... Tous les personnages que je montre sont tous basés sur des personnages réels, bien que Rachel, le personnage qu'interprète l'actrice Carice Van Houten, soit l'amalgame de trois résistantes, qui toutes les trois ont été éxécutées, soit avant, soit après la libération de la Hollande. Les autres personnages ne sont pas des amalgames mais des personnages basés sur des personnes ayant réellement vécu. En gros, c'est l'histoire d'une jeune femme juive qui doit se cacher. Le film se situe entre septembre 1944 et mai 1945. Le Nord de la Hollande est à cette époque occupé, Paris a déjà été libéré et c'est son histoire, sa façon de survivre, à travers des circonstances vraiment difficiles. Elle tente de rallier le Sud, libre, de la Hollande mais elle n'y arrive pas et on se rend compte, dans cette plongée de l'horreur, que la Résistance n'est pas aussi belle qu'on pourrait l'imaginer et que certains des Allemands ne sont pas si horribles que cela."

La dernière phrase a toute son importance. Black Book tire sa force de son refus du manichéisme : Verhoeven a voulu montrer à quel point l'attitude des Hollandais a été ambiguë et parfois même terrible. Il prend ainsi le contrepied des films sur la résistance : personne n’est vraiment une ordure, ou à l'opposé, un vertueux, dans des situations extrêmes. Néanmoins, Verhoeven a évité de pousser trop loin la dramatisation, grâce à une tonalité généralité presque enjouée ; ou comment dire des choses profondes avec légèreté. Pour un retour, Verhoeven a vraisemblablement voulu éviter de trop choquer, et on retrouve surtout le Hollandais dans ses scènes naturistes (évoquant Turkish Delight, 1973, film censuré en France pendant plus de 20 ans), dont on ne dévoilera ici aucun ressort pour ne pas gâcher le plaisir. On retrouve aussi bien entendu aussi Verhoeven dans toute la grâce de sa mise en scène, qui sait exploiter en outre le meilleur d'un budget assez bas pour les scènes d'action. La photographie est éblouissante. Les 2h20 du film passent fort vite...

Un film de Verhoeven doit tout de même en général énormément aussi à ses héroïnes qui composent bien souvent le premier rôle de ses films. Verhoeven et les femmes : longue histoire d'amour en effet (quelques actrices lui doivent entièrement le lancement de leur carrière avec des rôles de terrifiantes "mantes religieuses" : Jennifer Jason Leigh, Sharon Stone, Elizabeth Berkley). Le retour de Verhoeven dans son pays natal posait néanmoins la question de comment succéder à ses muses de l'époque, les non moins extraordinaires actrices bataves Monique van de Ven et Renée Soutendijk. Il semblerait qu'à chaque époque il y ait au moins une actrice idéale pour les rôles de Verhoeven, et Carice van Houten est une révélation choc. A la fois décomplexée (il le faut pour tourner avec Verhoeven !), fragile, touchante, et très déterminée, sa beauté n'a d'égale que son talent qui irradie Black Book.

C'est donc avec un très grand soulagement que j'ai accueilli Black Book, car Verhoeven réussit un retour gagnant dans lequel il garde toute sa verve, avec un habillage de facture plus classique mais non moins très divertissant et émouvant, qui devrait lui assurer un succès de fréquentation minimal. Ce qui, je l'espère, lui permettra de financer des oeuvres à nouveau plus radicales ou ambitieuses (et cela n'est nullement péjoratif pour Black Book).

9/10

15:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

03 décembre 2006

The Departed



Pschittttttt... voilà l'effet produit par cette baudruche qu'est le dernier film du grand Martin Scorsese, dont le cinéma est malade depuis plus de 10 ans. A quand remonte le dernier grand, très grand film du maître ? A Casino (1995), le seul qui a gardé depuis la stature d'un film mythique.

Scorsese n'a plus rien à prouver, certes. Il a logiquement pris des risques, en tentant de se diversifier, avec des demi-réussites (Bringing Out The Dead, Gangs Of New-York). Maintenant, il se contente de dérouler, avec cette série B qu'est The Departed, une adaptation (pas un remake) du film hong-kongais Infernal Affairs. Pour que le grand Martin en soit arrivé à s'inspirer d'un matériau cinématographique pré-existant, c'est qu'il y a un problème. La réalisation de Scorsese reste splendide, mais tout le reste du film est sapé de l'intérieur :

- par le scénario : 2h30 pour raconter ce que Infernal Affairs disait, en plus clair et plus efficace, en 1h37 ;

- par le casting : Matt Damon, lisse au possible, ne parvient jamais à faire croire qu'il appartient réellement à la mafia, aucune dualité ne ressortant de son jeu hébété ; Mark Wahlberg campe un rôle outrancier qui n'existe que par le flot de jurons qu'il débite ; Vera Farmiga ne joue pas mieux qu'une potiche de service en limitant son expression à des battements de cils (on l'a vu plus inspirée dans Running Scared) ; Jack Nicholson dans un numéro en roue libre auto-parodique, etc. ;

- par la musique : il serait temps pour Scorsese se mettre un peu à la page. La musique des Rolling Stones, Beach Boys, John Lennon, c'est de l'hyper-populaire, c'est très sympa, mais il est incroyable qu'un artiste comme Scorsese tombe dans ce piège si classique de nous passer ses disques préférés dans la bande originale. D'autant que l'âge vénérable de ces compositions ne cadre vraiment pas avec les caractéristiques de l'histoire contée. Seule exception notable, et hélas bien ridicule dans son intégration, le titre de I'm Shipping Up To Boston du groupe US de punk hardcore Dropkick Murphys, qui a la particularité d'intégrer un joueur de cornemuse.

Pour ceux qui n'ont pas vu Infernal Affairs, The Departed sera probablement un bon divertissement, la patte Scorsese permettant de digérer le tout. Mais dans le cas contraire, il est inévitable de ne pas faire la comparaison, et là, ça fait mal. Car The Departed illustre finalement, malgré Scorsese à bord, tout ce qu'une adaptation américaine peut apporter de désastreux : nivellement par le bas du récit, situations clichés, manque d'épaisseur des personnages. Bref, le fameux tamis hollywoodien qui ne retient (et amplifie) que les grosses ficelles.

6/10

17:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma