15 août 2006
Pirates of the Caribbean 2 : Dead Man's Chest
Le premier Pirates ayant créé la surprise (aucun film de pirates n'avait réellement cartonné depuis... combien de décennies ?), sans surprise voilà la suite. Cette fois, la machine à pognon tourne à plein et la spontanéité est assez logiquement sacrifiée. Le troisième volet a été tourné en même temps, réduction des coûts oblige, et ce qui fonctionnait bien dans un seul film se voit ici étiré à l'extrême, en multipliant les pistes narratives à tout va pour recoller au premier film et pour justifier l'existence des deux suites.
Véritable capharnaüm (n'oubliez pas de revoir le premier film pour suivre), le développement narratif de ce deuxième épisode est très laborieux (et frustrant puisque sans véritable fin, le film étant coupé brusquement pour "obliger" le spectateur à cracher au bassinet pour aller le voir le troisième et dernier volet !). Heureusement, Gore Verbinski n'est pas un débutant (bien que pur technicien, n'ayant pas écrit un seul de ses longs-métrages), et l'équipe technique réunit les meilleurs (les costumes et décors sont stupéfiants) ; ainsi, le tout parvient à faire passer ces 2h30 plus vite qu'on ne pourrait le croire.
Conçu comme un divertissement familial, les scénaristes ont hélas tenté de satisfaire tout le monde, et on peut identifier ici et là des scènes plutôt orientées "enfants" (humour digne de Pipo le clown) et d'autres plus sombres où le récit avance enfin. L'ensemble est terriblement bancal.
Aussi amusant ou agaçant que ce Pirates 2 puisse être (selon les goûts), il reste néanmoins un triste exemple d'une bonne idée de départ qu'on va exploiter jusqu'à la corde par manque d'audace. Cette absence de prise de risque artistique pour se contenter de faire des suites qui n'apportent rien est finalement bien ce qui pénalise le plus le spectateur. Et pourtant, que Johnny Depp est bon dans ce rôle de Jack Sparrow. Mais personnellement, la malédiction du Black Pearl me suffira. Une bonne histoire en elle-même vaut mieux qu'une saga qui s'essouffle.
6/10
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Wolf Creek
Greg McLean a écrit, réalisé et produit Wolf Creek pour un budget ridicule d'un million de dollars (difficile de faire moins de nos jours). Filmé en DV avec une approche rappelant celle du Dogme de Lars von Trier (décors naturels, éclairage et bruitage sonore réduits, concentration sur des récits novateurs et le jeu des acteurs...), Wolf Creek rappelle insolemment que faire un bon film requiert avant tout du talent, des idées et du système D, et pas obligatoirement de l'argent.
Wolf Creek est ainsi nettement plus dans la veine de ses alter ego des années 70, et bien loin des productions hollywoodiennes "horrifiques" à la mode. En dehors de quelques scènes éprouvantes, on pourrait plutôt parler d'un road movie qui se termine comme un film de terreur sourde.
McLean a le bon goût d'éviter tous les clichés au film de survival habituel. Tout d'abord parce qu'il prend le temps de nous présenter longuement, très longuement les trois personnages principaux. Nous sommes alors à la limite du documentaire ; les trois jeunes partis à la découverte du bush australien nous permettent en même temps d'admirer des paysages somptueux et des lieux pittoresques. Ensuite, ces personnages sont loin des clichés traditionnels : non, ce ne sont pas des décérébrés ne pensant qu'à l'alcool et au sexe. Ce sont des jeunes "normaux", et cette banalité permet justement de s'identifier bien plus fortement aux personnages.
Le boogieman est lui aussi loin des clichés du péquenot australien classique, rendant ainsi la violence du film hélas très plausible, puisque Wolf Creek est basé sur des faits bien réels.
En d'autres termes, McLean réussit à nous happer dans une histoire au départ bien sympathique, qui se termine en un cauchemar terrifiant, sans artifice grand-guignol. Au final, nous avons affaire à une trame classique filmée, contée et mise en scène de manière diablement convaincante et rafraîchissante. Il ne reste qu'à McLean de confirmer, avec un registre plus original. Wolf Creek s'est taillé une solide réputation dans les festivals, et McLean se voit donc logiquement confier les rênes d'un film important, Rogue, film australien de 20 M$ cette fois (avec Radha Mitchell, la douée actrice principale de Silent Hill). Encore un nouvel espoir... à suivre de près.
7/10
15:05 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Antibodies
Traduction littérale anglo-saxonne de Antikörper, le titre original de ce film allemand, Antibodies est une bonne surprise (de plus) venue d'Outre-Rhin.
Autant le dire de suite, ce thriller est clairement un croisement entre Le Silence des Agneaux et Seven. Néanmoins, les références bibliques sont ici très présentes et alourdissent souvent le récit. En dehors de défaut mineur, Antibodies impressionne par sa mise en scène très technique (photo ultra léchée et mouvements très fluides, souvent complexes), et n'a donc pas à rougir de ses références. Christian Alvart, pour son deuxième long-métrage (mais premier à sortir hors d'Allemagne), s'impose d'emblée comme un futur grand espoir.
Hollywood ne s'y est pas trompé puisque Alvart a gagné avec Antibodies son ticket pour les USA. Il réalisera Case 39 avec Renée Zellweger, un autre thriller, qui sera l'occasion de voir si les espoirs placés en lui seront à la hauteur du résultat de ce Antibodies qui ridiculise nombre de thrillers sortis cette année. Attention aux âmes sensibles, certaines scènes sont réellement très malsaines... Encore une bonne surprise estivale, en somme (ne vous fiez pas au titre peu accrocheur et à l'affiche très ratée, augurant d'une série B...).
7/10
13:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)