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31 décembre 2009

Max et les maximonstres



Adapté du livre pour enfants de Maurice Sendak, Where The Wild Things Are (traduit pauvrement en Max et les maximonstres pour l'exploitation française) raconte l'histoire de Max, un garçon de 9 ans hyperactif et hypersensible, qui exaspère sa mère. Après une grosse dispute, Max s'enfuit et va créer son propre monde, une forêt habitée par des créatures sauvages et féroces le couronnant comme leur roi.

Le réalisateur, Spike Jonze, initialement plébiscité grâce à ses clips (un peu comme Michel Gondry), a été parachuté prodige du cinéma branché avec le surréaliste Dans la peau de John Malkovich (1999). Depuis il n'avait réalisé qu'un seul long-métrage, Adaptation (2002), et ensuite, plus rien. Il était difficile d'imaginer que Jonze allait revenir autant d'années plus tard avec une telle progression.

Max et les maximonstres a suscité des critiques totalement antagonistes, signe qu'il y a bien là quelque chose de foncièrement intéressant. L'explication des nombreux pour/contre vus dans la presse est simple : il est difficile de cerner à qui ce film s'adresse. Et la réponse est probablement : à personne en particulier, mais en tout cas surtout pas aux enfants. Ce qui n'est pas conventionnel, mais finalement à l'image du film : esthétiquement superbe, mais à l'histoire indéniablement troublante et parfois carrément dérangeante. Jonze n'hésite pas à sortir le spectateur hors de sa zone de confort, et le fait qu'il pose sa caméra systématiquement à hauteur d'enfant amplifie largement cet effet pour les spectateurs adultes.

Si on y ajoute que le scénario souffre de certaines longueurs qui amoindrissent de ce récit sur l'enfance et ses complexités, on comprend mieux qu'il y ait des réserves. Néanmoins, le film a les qualités de ses défauts ! Comme l'écrit très justement Filmsactu.com : "Bercé par une poésie visuelle palpable à chaque plan, Max et les Maximonstres saisit tout le potentiel dramatique et onirique du conte de Maurice Sendak pour délivrer une vision sans concession de l'enfance, à travers ses moments d'insouciance mais aussi ses peurs, ses blessures. Evitant le cliché de dégager une morale claire et définie comme l'aurait fait un Disney, Spike Jonze projette le spectateur dans le tourbillon des émotions changeantes de Max, avec une énergie et un grain de folie libérateurs".

Pour terminer, il faut préciser que les monstres prennent vie à l'écran de façon très organique : ici, pas de créatures animées à la palette graphique, mais place au charme suranné d'acteurs costumés et d'animatronics, avec l'efficacité de la précision numérique pour amplifier la palette d'émotions des visages. A l'heure de l'invasion des avatars, ce pari visuel est osé, et sans paraître rétrograde, on a le droit de trouver que ça a fichtrement une toute autre âme que le tout numérique.

8/10

29 décembre 2009

The Proposition



La sortie internationale du décevant The Road aura eu moins le mérite de permettre au film précédent de l'Australien John Hillcoat, The Proposition (datant de 2005 !), de sortir sur nos écrans.

Et il aurait été bien dommage que The Proposition reste inédit en salles chez nous. A la vision de ce western foncièrement réussi, on comprend mieux pourquoi John Hillcoat s'était vu proposer le projet hollywoodien de The Road, dans lequel hélas sa personnalité de metteur en scène est estompée. Dans The Proposition, on découvre un cinéaste doué et original, qui avait entrepris une démarche inédite : réaliser un western australien situé dans l'outback, mettant en scène le conflit avec les aborigènes, les bushrangers, etc.

C'est Nick Cave, le songwriter australien bien connu, qui a signé le scénario, et il faut avouer que même si le drame shakespearien qui constitue l'épine dorsale du film est classique, tout ce qui vient se greffer autour contribue vraiment à faire de The Proposition un western de facture totalement inédite, et passionnant.

Comme le dit Nick Cave, "les personnages indigènes de The Proposition ne font pas partie du simple décor, ils sont essentiels au climat parfois mystique du film, et constituent un lien ambivalent entre les deux camps qui s'affrontent ici : les bandits et la loi. Qu'ils soient violemment écrasés par la domination des Blancs ou contraints à accepter la soumission qu'on leur impose, ils demeurent tous animés par un esprit de rébellion contenu, mais inébranlable".

8/10

13 décembre 2009

The Road



4e long-métrage de l'australien John Hillcoat, mais premier à sortir sur nos écrans, The Road est une adaptation d'un best-seller de Cormac McCarthy. Autant le dire d'emblée, Hillcoat n'a pas écrit le scénario de cette adaptation, et son scénariste n'a pas le talent des frères Coen, qui eux avaient fait fort avec leur adaptation d'un autre roman de McCarthy : No Country For Old Men.

Dommage car Hillcoat a par contre du talent en terme de mise en scène. Il en fallait pour donner une dimension crédible à cette Terre sinistrée par un cataclysme. Le thème du désastre écologique avec une humanité à peu près éradiquée a le vent en poupe au cinéma depuis plusieurs années. Le spectateur commence à être habitué et il y a des points de comparaison. Visuellement, et sans effets spéciaux numériques à la Emmerich, The Road réussit de façon bien plus convaincante à nous transporter dans l'horreur ce que pourrait être une civilisation retournée à la barbarie, la seule préoccupation quotidienne étant de survivre, c'est-à-dire manger, puisque tous les animaux sont morts. Hormis retrouver d'hypothétiques boîtes de conserve, la seule solution consiste donc à manger... de l'homme. Heureusement, le scénario ne fait qu'aborder le thème du cannibalisme, pour en faire seulement un ressort du suspense.

On suit plutôt le périple d'un père et de son enfant qui tentent de rejoindre le Sud, moins froid, afin de survivre plus longtemps. Mais dans une humanité vouée à l'extinction, qu'est-ce qui anime encore l'instinct de survie ? Pour ce père, il s'agit de protéger et aguerrir son enfant pour qu'il puisse faire face à son tour, tout seul, plus tard. Psychologiquement, c'est dans ces instants où le père est prêt à devoir choisir entre deux options plus horribles l'une que l'autre (tuer son enfant pour ne pas le voir se faire dévorer, ou prendre le risque qu'il se fasse dévorer ?) que le film est fascinant. Hélas, ces situations de souffrance extrême ne sont que rarement exploitées au maximum de leur potentiel.

La faute aux flash back romantiques dans la période pré-cataclysme (où la cellule familiale existait encore), qui amènent de fort inutiles explications psychologiques. Hillcoat pouvait totalement se passer de ces scènes, d'autant qu'il en réussit de stupéfiantes qui, sans aucun mot, disent tout sur le désespoir lié à la perte des êtres chers (par exemple, la scène de l'abandon de l'alliance jetée depuis un pont).

Outre ses décors et sa photographie à couper le souffle, The Road se retrouve sauvé en grande partie par l'interprétation sidérante de Viggo Mortensen, qui travaille ici son corps pour une composition d'une exigence identique à ce qu'il avait fait avec Cronenberg pour Les Promesses de l'ombre.

6/10

03 décembre 2009

Zombieland



Zombieland est ni plus ni moins le pendant américain du mémorable film britannique Shaun Of The Dead, à savoir une variation parodique de l'archi-classique film de zombies. L'humour est ici peut-être un peu moins dévastateur, et de qualité un peu moins constante. Néanmoins, pour son premier long-métrage, Ruben Fleischer frappe fort, et apporte à son tour une bonne dose de fraîcheur au genre, avec son gore hilarant et ses situations farfelues.

Fleischer mélange ici avec beaucoup d'habileté une trame reposant sur la dynamique d'un road-movie et sur des codes propres au teenage movie. La démarche est tellement décomplexée, les trouvailles de mises en scène sont nombreuses, et on y trouve même quelques moments de gravité rappelant de façon bien sentie à quel point l'homme est un loup pour l'homme. Zombieland apporte un divertissement total et de qualité, et c'est plutôt rare. Bien joué.

8/10