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22 février 2008

Juno



Révélé grâce à son second film Thank You For Smoking, Jason Reitman (le fils de Ivan Reitman - Ghostbusters !) s'attaque dans son troisième long-métrage à un autre sujet sensible (particulièrement aux USA) : la grossesse non désirée et la question du choix de garder ou non l'enfant.

Le sujet se prêtant moins à un film caustique et politiquement incorrect, Reitman trouve ici finalement un ton plus juste que celui de Thank You For Smoking, qui était tiraillé entre son enveloppe très hollywoodienne et ses velléités indie. Bien que la mise en scène et le savoir-faire éclatent dès le début comme un film de studio parfaitement maîtrisé, la bonne surprise se situe indéniablement du côté des personnages définis par le scénario.

D'apparence timide, mais dotée d'un grand sens de l'humour et d'un aplomb hors du commun, le personnage central de Juno est né après que la scénariste se soit aperçue qu'il n'existait aucun personnage de ce genre dans les films de teenagers. Le charme agit très vite, car Juno est en effet loin des clichés habituels. Paradoxe : autant elle affiche une distance presque choquante par rapport à l'enfant qu'elle porte (l'appelant ce "truc", cette "chose", etc.), autant sa volonté de donner cet enfant plutôt que d'y mettre un terme trahit une sensibilité que ses mots ne dégagent pas. Sur cet équilibre fragile, la comédienne Ellen Page fait des merveilles, et porte littéralement le film. Tête d'affiche du huis clos Hard Candy, découverte dans X-Men 3, Ellen Page va irrésistiblement continuer son ascension artistique.

Parfait également dans son rôle de géniteur involontaire, le comédien Michael Cera a fait ses débuts devant la caméra de George Clooney, en interprétant Chuck Barris jeune, dans Confessions d'un homme dangereux. Il a fait depuis la tête d'affiche du teenage movie SuperGrave, mais c'est un personnage éminemment plus sensible (et très maladroit) qu'il incarne dans Juno. Décidément irréprochable, le casting est allé trouvé avec bonheur Jennifer Garner dans un rôle à contre-emploi pour elle, où elle excelle (pas de spoilers !).

Enfin, n'oublions pas de mentionner que la bande originale du film fait la part belle à des musiques rock pas vraiment des plus mainstream ou à la mode : du vintage avec The Kinks, Mott The Hoople et The Velvet Underground, mais aussi quelques fines lames de l'indie US (Belle & Sebastian, Courtney Love, The Moldy Peaches). Tout ceci avec de belles joutes de connaissances musicales entre Juno et le futur père adoptif de son enfant. Craquant !

Bien sûr, le film reste fidèle à son but, à savoir un divertissement grand public, mais sans niaiserie, et avec des scènes qui posent des problèmes assez profonds, on peut dire que nous avons affaire à un film qui, sans marquer l'histoire du cinéma, procure en tout cas déjà bien plus de satisfaction que le tout-venant. Et c'est déjà assez rare !

7/10

19 février 2008

Cloverfield



Réalisateur de deux longs-métrages obscurs, Matt Reeves est plus connu comme créateur (et réalisateur) d'épisodes de séries TV, et s'est surtout illustré comme scénariste de The Yards (2000), le deuxième film du surdoué James Gray (cf. We Own The Night). Son statut devrait toutefois changer quelque peu avec ce Cloverfield produit par un autre créateur et réalisateur de séries TV, bien plus célèbre ; J.J. Abrams.

Cloverfield a été à l'origine d'un buzz conséquent sur le web. Alors que personne n'était au courant de ce projet, un teaser assez malin montrait une fête privée new-yorkaise perturbée par de gigantesques explosions. Rapidement répandu sur le web en juillet 2007, ce teaser ne dévoilait alors rien de l'intrigue mais précisait toutefois le nom du producteur (devenu très vendeur !) et la date de sortie.

Il faut reconnaître un talent marketing indéniable à Abrams, et une façon bien rusée de distiller le mystère sur de nombreux mois (ce qui a son pendant inévitable, à savoir que le soufflé se dégonfle dès la surprise dévoilée). De surcroît, Abrams a parfaitement compris comment utiliser l'engouement pour des sites web comme YouTube. Décrit partout comme un croisement entre Godzilla et The Blair Witch project, force est de constater que Cloverfield est bien grosso modo fidèle à ce raccourci, mais le principe de caméra subjective, amateur, fait bien entendu plus écho aujourd'hui à toutes ces vidéos de particuliers, que ce soit sur YouTube donc, mais aussi les blogs, celles qu'on s'envoie sur mobiles, etc. L'effet d'identification est immédiat et le réalisme est donc très frappant.

Ce réalisme est bien ce qui permet de s'accrocher à son fauteuil pendant 1h30, car autant l'histoire comporte un nombre impressionnant d'incohérences, autant le divertissement est total grâce au soin avec lequel la réalisation en caméra subjective est poussée. Le film de Matt Reeves est donc finalement un coup d'essai plutôt réussi, si toutefois on veille à ne pas attendre plus que ce que toute la promotion, orchestrée de main de maître par Abrams, pouvait en laisser espérer.

Il n'y a d'ailleurs peut-être pas de meilleur exutoire à nos traumatismes que ce Cloverfield. La situation en plein New-York de ce désastre n'est évidemment pas un hasard, et si le film Godzilla de 1954 adressait directement les peurs liées à la bombe atomique d'Hiroshima, Cloverfield est une expérience éminemment cathartique pour les attentats du 11/09/2001. Les personnages de Cloverfield sont interprétés par des acteurs totalement inconnus, et ils passent tous pour de gentils crétins (impossible donc de s'y identifier), pauvres hères livre en patûre aux événements épouvantables qui dévastent New York. Vu le succès en salles de Cloverfield, cela est révélateur de nos psychoses.

7/10

17 février 2008

Dégustation du 07/11/07 - Dalmore, Glenburgie, Arran, Laphroaig

Ayant de grandes difficultés à faire vivre ce blog, je n'ai pas pu encore couvrir la saison 2007-2008 du club de la Maison du Whisky. Après un Whisky Live en septembre 2007 de très haute tenue en ce qui concerne les whiskies présentés, la première dégustation de la saison a eu lieu en novembre 2007, sur trois soirées (petite taille du Harry's Bar oblige).

Arrivé très en retard ce soir-là, en nage et sans possibilité de s'asseoir (petite salle du sous-sol pleine comme un oeuf), j'avoue que les conditions de dégustation n'étaient pas optimales et je n'ai pas apprécié ces whiskies à leur juste valeur. Je m'abstiendrai donc de commentaires de dégustation détaillés, surtout en écrivant trois mois plus tard, surtout que pour une fois je n'avais pas pris de notes.

Je renvoie donc à la note du blog de la Maison du Whisky pour le détail et les commentaires de dégustation, que je me permets juste de nuancer de mémoire.

Le Dalmore 12 ans, 43 %, embouteillé en 1988, n'a pas impressionné grand-monde visiblement, malgré le fait que c'était un collector puisque cette version n'est plus en vente depuis longtemps.

La première star de la soirée était censée être ce Glenburgie très âgé (35 ans), de chez Gordon & MacPhail, alors encensé dans le Whisky Mag' par Martine Nouet, qui lui a décerné un 9/10 très rare, contrebalancé par un tout de même très bon 8/10 par Dave Broom. Je me souviens d'une belle finesse en bouche tirant à la fois sur les agrumes et les fruits jaunes, mais à 164€, non merci...! Evidemment il faudrait le regoûter dans de bonnes conditions, j'ai totalement conscience que je suis passé à côté de ce Glenburgie.

Le troisième whisky de la soirée était une jolie découverte de la gamme étendue d'Arran, distillerie de l'île du même nom, qui continue à se démarquer par des affinages toujours plus recherchés. Cette version à 50% provient de fûts de xèrès fino de chez Valdespino. Il n'y a pas à chipoter, Arran est un des maîtres des affinages, personnellement je ne cours pas trop après ces styles de vieillissement, mais quand c'est aussi bien fait, à un prix correct (61€), je suis convaincu.

Signatory Vintage a embouteillé en 2007 de nouveaux fûts de Laphroaig de 1991, tous à la force du fût, avec donc des degrés divers selon le fût. Déjà dégusté lors du Whisky Live 2007, mais du même fût, ces Laphroaig 16 ans, à "seulement" 83€, sont une réussite de plus pour l'embouteilleur Signatory Vintage, qui semble de toute façon relativement intouchable dans sa gamme Cask Strength. Une valeur sûre qui était déjà sur ma liste d'achat depuis le Whisky Live.

Things We Lost In The Fire



Le précédent long-métrage de la Danoise Susanne Bier, After The Wedding, m'avait laissé relativement pantois devant une telle réussite artistique.

Contrairement à que je souhaitais alors, je n'ai pas pu découvrir depuis le reste de la filmographie de Susanne Bier, mais la réalisatrice a sorti son nouveau film, Things We Lost In The Fire (sorti en France sous le nom approximatif de Nos Souvenirs brulés), tourné pour la première fois aux USA, avec des acteurs américains : Benicio Del Toro, Halle Berry, Alison Lohman, David Duchovny...

En quelques minutes, la personnalité intense de la réalisatrice se retrouve intacte à l'écran, et je peux alors me borner à reproduire à l'identique ce que j'écrivais à propos de la réalisation d'After The Wedding : Susanne Bier filme beaucoup caméra à l'épaule, passant littéralement au scalpel des performances d'acteurs viscérales. Ses cadrages sont virtuoses et nous transportent au coeur de l'émotion et de l'atmosphère des scènes. Mieux, elle sait capter mille détails qui mettent le récit en état d'apesanteur pour quelques secondes, comme sait si bien le faire l'immense Michael Mann. Ajoutons que le directeur de la photographie est Tom Stern, le chef op' des cinq derniers films de Clint Eastwood... et nous avons une réussite formelle déjà incontestable. Mais ce n'est pas tout.

Things We Lost In The Fire est stylistiquement un drame, par moment un mélodrame, mais jamais (à mon avis) sans franchir la ligne jaune, c'est-à-dire sans tomber du côté de la guimauve. Le scénario évite de surcroît les clichés qui s'offrent à lui, et le centre de gravité du film se déplace peu à peu au cours des deux heures. Les acteurs sont admirablement bien dirigés (même l'habituellement transparente Halle Berry est bouleversante). Benicio Del Toro a comme d'habitude étudié de très près son personnage, ici de junkie, en allant jusqu'à participer à des réunions des Narcotics Anonymous. Le résultat est intense, douloureux, pétrifiant, mais ni ennuyeux, ni boursouflé ; en un mot : digne. Néanmoins, inutile d'aller voir de tels films si vous n'avez pas le moral, on en ressort groggy.

Vivement le prochain film de Susanne Bier, et espérons qu'elle va finir par se faire un nom, en tout cas son passage de l'autre côté de l'Atlantique est un succès, ceci grâce au producteur Sam Mendes (réalisateur d'American Beauty, Jarhead...), qui l'a choisie spécifiquement pour ce projet et qui lui a laissé une liberté totale. Susanne Bier a d'autres projets de films aux USA ; si la qualité reste à ce niveau, nul doute que le grand public devrait enfin avoir une autre image du cinéma danois que celle de Lars Von Trier !

8/10