01 mars 2008
Soirée Nikka - 27/02/08
Cette première soirée du Club de la Maison du Whisky intégralement consacrée au Japon couronne en quelque sorte une évolution des goûts et des préjugés. Premier producteur (en volume) de whisky au monde, devant l'Ecosse, le Japon produit certes des blends totalement copiés sur l'Ecosse (avec parfois des malts écossais dedans !), mais sur le plan des single malt, les distilleries japonaises n'ont plus grand-chose à démontrer. Et cela commence à furieusement se faire savoir chez les initiés et au-delà.
Certains single malt japonais obtiennent même de meilleures notes que les écossais lors de dégustation à l’aveugle, comme le Yoichi 10 ans, élu best of the best par Whisky Magazine en juin 2001.
Yoichi est justement l'une des deux distilleries du producteur Nikka. Construite en 1934 et située sur l'île d'Hokkaido, Yoichi propose probablement la crème de la crème des single malt japonais, en général tourbés, et demeure la perle du Nikka. L'autre distillerie japonaise due Nikka, Miyagikyo (construite en 1969), se situe sur l'île principale de Honshū, et produit des whiskies de malt (non tourbés) ainsi que des whiskies de grain.
Le whisky de grain est apparu en 1830 après le perfectionnement par Aeneas Coffey de l'alambic à colonne (patent still, à distillation continue). Initialement, le grain utilisé était de l'orge non maltée, mais il a été progressivement remplacée par un mélange de céréales à forte proportion de maïs, plus de l’orge, de l’orge maltée, du seigle et du blé. Le whisky de grain n'est quasiment jamais embouteillé tel quel, mais est utilisé pour l'assemblage de blends. Ses caractéristiques (goût neutre) sont utilisées pour "lisser" les single malts. Mais... il arrive parfois que certains single grain vieillis valent la peine d'être d'embouteillés et non pas mélangés aux single malt ; ils peuvent alors rivalisent avec les meilleurs single malt. C'est ce que propose le groupe Nikka grâce à Miyagikyo, et là encore le Japon se démarque face à l'Ecosse, qui ne compte plus que sept distilleries produisant du whisky de grain, la plupart n'en vendant pas aux particuliers mais uniquement à d'autres distilleries pour fabriquer leurs blends.
La soirée avait lieu chez Noriem, un magasin de mode de la rue Saint Honoré qui propose des objets (prêt-à-porter et décoration) sophistiqués, fusions de tradition et modernité japonaises. Tout en appréciant la démarche de proposer un endroit thématiquement relié au Japon, on peut toutefois regretter le manque de convivialité d'un magasin de mode chic (lignes épurées, disposition pas adaptée à recevoir un large public, etc.), et les problèmes fonctionnels qui vont avec (pas de toilettes...).
Certains linéaires avaient toutefois été vidés pour accueillir des dizaines de bouteilles de Yoichi et de Miyagikyo, avec nombre de single cask désormais épuisés mais qui avaient fait sensation aux derniers Whisky Live ! Néanmoins, les whiskies proposés à la dégustation, pas moins de cinq (plus deux cocktails différents à base du produit d'entré de gamme de chez Nikka, le blend From the barrel), étaient très alléchants.
Il s'agissait en effet de déguster les quatre whiskies (dans de belles bouteilles sérigraphiées) composant le coffret 70e anniversaire de Nikka : un single malt 12 ans de chez Yoichi, idem de chez Miyagikyo, un single grain, et un blend des trois. Enfin, le cinquième whisky était une nouveauté, une curiosité, mise sur le marché en novembre 2007 : un single coffey malt, limité à 3027 bouteilles pour le monde.
Concernant le détail des commentaires de dégustation, j'invite à reporter à la note complète postée sur le blog de la Maison du Whisky. Tout était d'un très bon niveau, rien de décevant comme d'habitude avec Nikka. Je me contente pour ma part de noter relativement sur 5 ces cinq whiskies :
Coffret 70th anniversary Nikka:
- Blend Nikka 12 ans, 58%: 3,5/5
- Single coffey grain Nikka 12 ans, 58%: 3/5
- Single malt Miyagikyo 12 ans, 58% : 4/5
- Single malt Yoichi 12 ans, 58% : 4,5/5
Single coffey malt 55% : 4/5
Ce "single coffey malt" est donc une véritable curiosité, puisqu'à l'instar des single grains, ce single malt a été distillé dans un alambic à colonne. Une originalité qui permettait donc d'avoir en une seule soirée la totalité des grands types de whiskies, et avec de l'innovation... ce qui met une fois de plus au whisky japonais de se distinguer. En tout cas, ce coffey malt est une réussite insolente, au juste prix par rapport à sa qualité.
Le représentant de Nikka en France, toujours aussi sympathique
Le whisky japonais, dont le fer de lance est incontestablement le producteur Nikka, a de beaux jours devant lui. En continuant d'aligner de telles réussites, il est impossible que la réputation du whisky japonais ne dépasse le cercle des amateurs passionnés. Il y a en tout cas des axes de communication possibles, comme inviter à déguster les classiques des restaurants japonais, tels sushis et makis, avec certains malts iodés de Yoichi, qui se marient très bien avec. Dommage d'ailleurs que cette soirée Nikka ne proposait d'ailleurs pas d'association de ce type, les rares sushis distribués ayant été à la fois bien trop peu nombreux par rapport à l'affluence, et pas servis aux bons stands.
Jacky et Jérôme, le maître Jedi et le padawan de l'art de la force de vente
Je veux ce single cask Yoichi 1990 à 60% !
"Inutile d'insister, il n'y a plus une goutte de Yoichi 12 ans... !"
22:45 Publié dans Whisky | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : whisky, nikka, japon, yoichi, miyagikyo