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27 juin 2009

Fais-moi plaisir !



Le Emmanuel Mouret nouveau est arrivé ! Devenu inconditionnel de cet auteur-acteur-réalisateur depuis la découverte de Changement d'adresse en 2006, c'est avec jubilation que j'avais vu il y a un an et demi son quatrième long-métrage monter encore la barre d'un cran avec Un baiser s'il vous plaît. Mouret creuse désormais le sillon de la comédie poétique et burlesque avec une sérénité absolue dans la construction, l'enchaînement et le tempo. Fais-moi plaisir !, son cinquième long-métrage va encore s'imposer comme une des plus grandes réussites artistiques du cinéma français de cette année.

Après Marie Gillain, Fanny Valette, Virginie Ledoyen, et Julie Gayet, Emmanuel Mouret dirige encore deux actrices dont il exploite avec grâce leur érotisme refoulé : Judith Godrèche et Déborah François. L'inénarrable Frédérique Bel est encore de la partie, pour la troisième fois consécutive, et il n'y a bien que Mouret pour avoir compris le ressort à la fois comique et tragique qu'elle porte avec une fraîcheur stupéfiante. Quant à Mouret acteur, il excelle toujours tellement dans le rôle du faux benêt, maladroit en diable, qu'on ne peut lui en vouloir de ne pas varier son rôle ; il le fignole, et en fait un état de l'art.

Le premier acte du film (on peut parler d'acte, tant la mise en scène est théâtrale - c'est un parti pris assumé chez Mouret) est un marivaudage en règle entre Mouret et Bel, d'une finesse et d'une drôlerie qui n'appartiennent qu'à Mouret. Le deuxième acte apporte un élément nouveau par rapport aux ses films précédents : un comique de situation très orienté sur le burlesque, avec des touches surréalistes vraiment très appréciables. Le dernier acte apporte profondeur et réflexion à l'ensemble, de manière certes légère mais qui montre que Mouret est décidément un fin observateur des mœurs amoureuses.

Mouret avoue sans détour être un fan de Woody Allen, Jacques Tati, Jerry Lewis, Sacha Guitry, Buster Keaton... qu'il se rassure, il atteint un niveau digne de ses maîtres, et son succès public commence à poindre depuis ses deux derniers films. Une reconnaissance plus large est désormais tout le mal qu'on peut lui souhaiter. Il le mérite amplement.

9/10