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13 février 2006

Faux Amis (The Ice Harvest)



Ce petit polar est sorti de manière assez confidentielle, ce qui peut paraître étonnant de prime abord vu que son réalisateur, Harold Ramis, possède plusieurs grands succès à son actif : Un Jour Sans Fin (Groundhog Day, 1993), Mafia Blues (Analyze This, 1999), Endiablé (Bedazzled, 2001), Mafia Blues 2, la rechute (Analyze That, 2002)... sans compter son travail de scénariste pour des succès publics encore plus gros comme Ghost Busters (1986).

Néanmoins, au vu de la qualité de Faux Amis (admirons au passage le travail d'adaptation du titre original - The Ice Harvest - par le distributeur français, adaptation qui a le mérite d'être un spoiler en lui-même !), on comprend mieux le relatif anonymat dans lequel est tombé le film. Harold Ramis est visiblement plus à son affaire dans le registre de la comédie que dans celui du polar.

Admirons un instant le pitch de Faux Amis :

C'est Noël dans la petite commune enneigée de Wichita, Kansas. Charlie, un avocat sans scrupules, et son associé, le dur à cuir Vic Cavanaugh, viennent de dérober deux millions de dollars au roi de la pègre de Kansas City.
Mais pour Charlie, son plus beau cadeau de Noël reste la splendide Renata, la gérante du club de strip-tease local. Il espère quitter la ville avec elle...


Ca vous semble peu original ? Avoir un air de déjà-vu ? Vous devinez d'ores et déjà que les deux complices vont bien entendu tenter de s'entretuer pour garder le magot et que la belle Renata va tenter de doubler tout le monde ? Gagné, vous avez donc déjà vu le film et vous pouvez ainsi économiser 1h30 de votre temps libre.

John Cusack, Billy Bob Thornton, et Connie Nielsen constituent pourtant une affiche correcte, mais quand on voit un film avec John Cusack dans le rôle principal, il convient de se méfier. Peu bankable et un peu transparent, le pauvre John (pourtant souvent brillant dans des seconds rôles) reflète à merveille le peu d'envergure de cette série B qui tente de se démarquer par un humour noir qui cherche à flirter tantôt du côté des frères Cohen (Fargo), tantôt du côté de Tarantino (Reservoir Dogs). Mais c'est très fugace et globalement raté.

Manque de surprise, manque de rythme, photographie terne, réalisation mollassonne : sans être vraiment mauvais, Faux Amis est tout simplement sans intérêt pour le cinéphile, et aurait dû sortir directement en vidéo.

3/10

09:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

08 février 2006

Sheitan



Etrange objet filmique qui divise fortement les critiques et le public (ce qui est en soi toujours un bon signe), Sheitan est donc le premier long métrage d'un jeune de 25 ans, Kim Chapiron, co-fondateur du collectif artistique Kourtrajmé, qui rassemble réalisateurs, acteurs, musiciens, chanteurs, danseurs et graphistes.

L'équipe de Sheitan est essentiellement composée d'acteurs amateurs et de jeunes espoirs, mais le nom de Vincent Cassel (en tant qu'acteur principal et producteur) a vraisemblablement permis la présence de quelques personnalités en tant qu'invités au casting : François Levantal (rôle certes court et très secondaire) et Monica Bellucci (tout petit caméo dans un film dans le film, dans la scène de la station service), tout comme le présentateur de MTV Mouloud ou encore le chanteurs de rap Mokobé du groupe 113 et Oxmo Puccino.

Attention néanmoins à ne pas voir dans ce collectif un pur rejeton des arts de la banlieue ; Kim Chapiron et Romain Gavras, fondateurs du collectif, sont en fait respectivement petit-fils de Picasso et fils de Costa Gavras !

Cela permet de d'envisager un peu différemment l'histoire qui nous est proposée et qui regorge de clichés sur la banlieue : 4 jeunes issus de la banlieue parisienne (un Blanc, un Black, un Vietnamien et une Marocaine) sont attirés dans un piège macabre qui se déroule à la campagne, dans une vieille ferme habitée par une jeune Blanche aguicheuse (que les 4 ont rencontré en boîte de nuit et qui les invite à passer la nuit chez elle). Cette ferme est également habitée par un couple de fermiers inquiétants (Vincent Cassel), qui veillent sur la ferme depuis que la jeune femme est orpheline.

La principale supercherie du film est d'être vendu comme un slasher ou un survival (film d'horreur où une bande d'amis sont massacrés un par un). C'est en fait une comédie, certes horrifique, mais totalement trash, nihiliste, au mauvais goût certain (car sans limites) et sans respect d'aucun code du genre série Z.

L'absence d'un ton homogène est probablement ce qui divise autant les spectateurs ; expérimental, ce film peut mettre tantôt mal à l'aise, tantôt susciter les rires, voire se demander où le film veut en venir. C'est néanmoins un gros "craquage" fort intéressant par son originalité évidente dans le cinéma français.

J'ai particulièrement été impressionné par la performance de Vincent Cassel en fermier très brutal, quasiment sauvage, très inquiétant. Il n'était pas évident d'éviter la caricature du péquenot, ce qui aurait rendu son personnage ridicule et absolument pas effrayant ; Cassel a donc réussi à créer un personnage de toutes pièces qui ne rappelle aucun rôle de composition connu, et qui distille une sensation de malaise.

Le malaise est également très développé par l'ambiance poisseuse et nauséabonde du village où l'on comprend rapidement qu'il y a probablement un gros problème de consanguinité dans cette petite communauté (à ce sujet, le casting est très réussi).

Ce thème permet d'oser des scènes vraiment dérangeantes (cf. la bain dans la source d'eau chaude) qui font monter la tension de façon très déplaisante. Les amateurs de sensations glauques seront servis et Sheitan vaut le coup rien que pour la partie du film où ces jeunes crétins (car ils sont vraiment dépeints comme bêtes et assez méchants) sont confrontés à cet univers dangereux, mais dont ils ne comprennent pas un seul des signaux qui feraient fuir tout être normalement constitué. Vraisemblablement jamais sortis de leur banlieue, ils ne comprennent pas qu'est-ce qui est normal ou pas dans cet environnement qui leur est inconnu. C'est sans doute un cliché, et un ressort classique (immergeons des quidams dans un environnement qui n'est pas le leur), mais c'est ce qui permet à un grand nombre de scènes de fonctionner malgré leur audace.

Sheitan n'est ni un navet, ni un chef d'oeuvre, mais le premier long-métrage original d'un réalisateur qui se cherche, et qui a le mérite de proposer un spectacle jusqu'au-boutiste, et sans équivalent en France ; c'est déjà beaucoup !

7/10

Liens connexes :
Interview sans concession de Vincent Cassel
Critique pour/contre d'Ecran Large résumant bien les deux points de vue divergents qu'on peut avoir sur le film.

10:25 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma

05 février 2006

Incontrôlable



Oui, jeudi dernier je suis allé voir en avant-première ce film, car nous avions reçu des invitations pour y aller à 4 personnes, j'en ai donc profité pour inviter des amis de manière à aller voir un bon (?) nanar, car c'est en groupe qu'on peut les apprécier. Je ne cherche pas d'excuses, j'assume totalement, j'aime réellement aller voir occasionnellement de telles niaiseries qui peuvent révéler de bonnes surprises et qui parfois, procurent le délicieux plaisir du visionnage au second (ou énième) degré (c'est un art, assez rare).

Hélas, Incontrôlable ne se prête pas tant que cela à ces petits jeux, à cause d'une réalisation très (trop) cheap et d'une qualité d'écriture des gags très variable.

On a réellement l'impression que le scénario a été écrit par un groupe de gens différents, genre des potes réunis lors d'une soirée trop arrosée, avec des moments de grâce, mais aussi du lourd et du n'importe quoi. Or, le n'importe quoi ou nonsense est un art difficile (cf. les Monthy Python), et visiblement pas à la portée de Raffy Shart, le réalisateur du film et auparavant scénariste de Ma Femme... s'appelle Maurice (2002).

On se demande qu'est-ce que Patrick Timsit et Thierry Lhermitte viennent faire dans cette galère, qui capitalise tout sur le nom de Michaël Youn, qui montre ici toute la limitation de son "talent".

Je retiens personnellement du film une seule séquence bien ficelée : la visite de Georges (Michaël Youn) à sa copine Marion (Hélène De Fougerolles) dans la maison familiale de son père Denis (Thierry Lhermitte), prétexte à des gags énormes rappelant par instant(s) Les Nuls.

A la fin du film, nous avons eu l'insigne honneur d'avoir la présence de Michaël Youn et de Raffy Shart pour répondre aux questions du public. Ce dernier se voyait voler la parole par le premier, qui hélas semble réellement avoir la grosse tête (tout en tentant de ne pas le laisser paraître). Nous devions être à peine 150 spectateurs dans une salle de 400 (au Pathé Quai d'Ivry), il n'y avait donc pas de quoi pavoiser. Il y a eu bien peu de questions, mais posées uniquement par de jeunes filles issues de l'immigration, dont certaines "émues" de parler à la "star". Youn tentait systématiquement des réparties improvisées à la Baffie mais il n'a pas fait rire grand-monde. C'est triste à dire mais c'est vraiment quelqu'un de lourd qui essaie de continuer à faire fructifier sa popularité, mais je doute que le bonhomme ait la capacité de rebondir.

C'est sans regret que cette séance de questions-réponses s'est terminée rapidement, laissant quand même un grand nombre de spectateurs avides d'obtenir un autographe sur des affiches du film, généreusement distribuées par Pathé, distributeur du film. Parfois, je n'ai pas l'impression de vivre dans le même monde que d'autres et rien que pour ça, ça valait le coup d'y être, à cette avant-première !

2/10

18:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Cinéma

26 janvier 2006

Un Jour en Septembre



Je souhaite attirer si possible l'attention sur ce documentaire absolument époustouflant qui est sorti le 25 janvier 2006 sur nos écrans mais qui date de 1999 et qui avait obtenu l'Oscar du meilleur documentaire aux USA (plus d'autres prix dans le monde).

C'est évidemment l'actualité du film Munich de Spielberg qui a conduit ce documentaire à enfin bénéficier d'une sortie en salles, et tant mieux !

A moins que vous ne connaissiez de très près ce qui s'est passé en septembre 1972 avec cette prise d'otage, ce documentaire est indispensable pour ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la géopolitique, et accessoirement, pour ceux qui comptent voir Munich ; en effet, Munich raconte la traque des responsables palestiniens par le Mossad (de façon fortement romancée), alors que le documentaire décortique et explique tout ce qui s'est passé AVANT, c'est-à-dire de l'organisation de la prise d'otage jusqu'au fiasco allemand qui mena à la boucherie des otages sur le tarmac de l'aéroport militaire de Munich.

Ce qu'on apprend sur l'incompétence du gouvernement allemand de l'époque est totalement stupéfiant... tout comme la lâcheté qui les a conduit à relâcher les 3 terroristes encore vivants lors d'un "faux" détournement d'avion de la Lufthansa par des Palestiniens (organisé avec la complicité du chancelier Willy Brandt au nez et à la barbe d'Israël).

La très grand force du documentaire est d'avoir le témoignage du dernier terroriste palestinien encore en vie (traqué depuis 34 ans par le Mossad), qui n'éprouve aucun remord, et même de la fierté (cela fait froid dans le dos), ainsi que les témoignages des responsables allemands encore en vie, dont la légéreté face à ces événements passés (comme s'il y avait prescription !) ont fait réagir vivement la salle où j'ai vu le documentaire (MK2 Beaubourg, pour ne rien cacher ; même à Paris bien peu de salles proposaient le film à l'affiche).

Je ne m'étendrai pas plus ; cette critique d'Ecran Large synthétise parfaitement l'intérêt du film.

9/10

11:35 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

The King



J'ai pas vu le premier film de James Marsh (Wisconsin Death Trip, 1999), et j'avoue être allé voir The King avant tout à cause de la présence de Gael García Bernal, le prodigieux acteur mexicain révélé par Alejandro González Iñárritu dans le non moins génial Amores Perros (2000). Bernal a ensuite confirmé tout le bien qu'on pensait de lui avec des réalisateurs prestigieux comme Alfonso Cuarón (Y Tu Mamá También, 2001), Pedro Almodóvar (La Mala Educación, 2004), et Walter Salles (Carnets de Route, 2004).

Bernal semble avoir une attirance pour les personnages forts, ambigus voire déviants. Il ne faillit pas ici la règle en incarnant Elvis Sandow, un jeune marin de 21 ans qui vient de quitter la Navy, et qui est à la recherche de son père qu'il n'a jamais connu. Il découvre que celui-ci (William Hurt) est en fait le pasteur d'une église baptiste en plein essor du Texas. Marié à une femme ravissante, Twyla (Laura Harring, la brune ténébreuse fascinante de Mulholland Drive, hélas réduite ici à un rôle trop secondaire), et père de deux enfants, le pasteur ne veut rien avoir à faire avec Elvis qui lui rappelle un passé fâcheux pour un pasteur (fréquentation de prostituées, Elvis étant né d'une telle relation). Petit à petit, Elvis commence néanmoins à se lier à la famille et tout est prêt pour un dynamitage de la quiétude de cette famille qui va se retrouver confrontée à un drame inattendu.

Une violence rare mais brute, et un cynisme stupéfiant font l'intérêt de The King, où la fièvre évangélique à l'américaine est attaquée de manière frontale. Le film prend à bras-le-corps des tabous qui en dérangeront plus d'un, et qui font basculer inexorablement le récit vers l'horreur.

Cette audace est plutôt rare de nos jours et l'intensité du jeu de Gael García Bernal et de William Hurt (décidément en forme après A History Of Violence de Cronenberg) portent The King vers la catégorie des films à voir absolument pour se rendre compte de la bonne santé des réalisations américaines quand elles échappent au formatage hollywoodien.

Même si ce n'est pas un chef d'oeuvre (manque de rythme certain), tout cinéphile qui se respecte devrait tenter de voir cette tragédie perverse assez effrayante sur l'Amérique profonde et puritaine.

7/10

10:10 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma