18 janvier 2006
Un Ticket pour l'Espace
Je ne suis habituellement pas client de ce genre de comédie, d'autant plus que je ne connais pas bien Kad & Olivier, alias Kad Merad et Olivier Barroux, et que je n'ai pas vu Mais qui a tué Pamela Rose ? (2003), le premier film qu'ils ont écrit ensemble.
Néanmoins, la bande-annonce m'avait séduit, par son côté absurde ; espérant toujours un digne successeur à La Cité de la Peur des Nuls, je suis donc allé voir Un Ticket pour l'Espace le jour de sa sortie.
Ce successeur, j'ai bien cru qu'on le tenait pendant les premières minutes du film ; tout rappelait l'humour absurde, décalé et sans concession des Nuls. Hélas, malgré un pitch relativement original et pouvant augurer du meilleur (dans la lignée d'Objectif Nul !), force est de constater que cette comédie se retrouve ensuite rapidement nivelée par le bas.
La faute peut-être à un objectif de ratisser large ; en dehors de quelques gags audacieux qui rappellent par moments les fausses promesses du début, l'ensemble prête gentiment à sourire mais ne s'éloigne finalement guère des comédies françaises très grand public, sans grande personnalité donc.
Kad & O m'ont paru être de bons acteurs, et en tout cas ont l'air d'y croire bien plus que les acteurs professionnels français comme Marina Foïs (largement sous-employée, qui se contente de faire l'imbécile comme au temps des Robins), Guillaume Canet (toujours aussi exécrable acteur), et surtout André Dussollier qui semble un peu ailleurs.
Comme H2G2 : le guide du voyageur galactique (The Hitchhiker's Guide to the Galaxy, 2005), voici encore une comédie se situant dans l'espace, dont les ressorts comiques restent largement sous-exploités. Occasion ratée, mais film de divertissement grand public, consensuel, qui devrait faire un carton en prime time sur TF1.
6/10
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14 janvier 2006
Mrs. Henderson Presents
J'ai une fois de plus pris une sacrée claque avec Stephen Frears, dont le dernier opus Mrs. Henderson Presents m'a totalement ravi : c'est fin, drôle, intelligent, émouvant, c'est du cinéma "à l'ancienne" comme on en fait presque plus. Sur le papier, je n'en attendais rien car l'histoire n'est pas des plus à même de susciter la curiosité.
En sortant de la salle, j'étais transporté de voir qu'il y a encore des résistants comme Frears. Evidemment, c'est plus "léger", plus "divertissant" que son avant-dernier film, Dirty Pretty Things (2002), mais tant mieux, le bonhomme change tout le temps de sujet et avec bonheur... chapeau.
Difficile de s'étendre sur un film regorgeant de qualités (scénario, mise en scène, musique, interprétation...) : c'est à voir pour comprendre. Les divertissements intelligents sont devenus rarissimes, ne ratez pas celui-là.
Lecture recommandée : la seule interview de Stephen Frears accordée en France à Positif dans son numéro de janvier.
10/10
20:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma
12 janvier 2006
Jarhead
Contrairement à la majorité, je n'étais pas tombé de ma chaise devant le premier film de Sam Mendes, Americain Beauty (1999). Pourtant, indéniablement, Mendes y montrait un talent et un ton incisif (voire acerbe) bien particuliers. Néanmoins, cette charge au vitriol contre une société américaine en voie de décadence avancée ne m'avait pas parue très réaliste, diminuant ainsi sa portée.
Peut-être est-ce à cause de ça que je n'ai pas eu envie d'aller voir son deuxième film, Road To Perdition (2002), mais la présence de Tom Hanks y était sans doute pour beaucoup aussi (désolé !). J'essaierai néanmoins de me rattraper en DVD. Un film de Sam Mendes ne peut pas se rater pour qui s'intéresse aux "jeunes" réalisateurs américains à la personnalité affirmée (= n'accouchant pas de produits hollywoodiens politiquement corrects...).
Le propos de son troisième film, Jarhead, et la présence de Jake Gyllenhaal dans le rôle principal m'ont cette fois totalement convaincu de me ruer au cinéma, c'était pour moi sans aucun doute LA sortie de la semaine (le visionnage de Mrs Henderson Presents me fit revoir cet avis quelques jours après !).
Je ne reviendrai pas sur la performance éblouissante de Jake Gyllenhaal, littéralement encensé par la presse une semaine plus tard pour Brokeback Mountain. J'avais découvert ce garçon avec Donnie Darko, et j'étais convaincu qu'il "exploserait". C'est le désormais le cas, tant mieux, nous avons gagné un "nouveau" grand acteur américain, qui devrait intéresser les plus grands réalisateurs.
Je l'avoue, j'adore les films qui ont pour sujet les guerres, quand évidemment il y a une réflexion sur le conflit (je ne suis pas fan de Rambo, en somme).
Seulement, on peut avoir l'impression que tout a déjà été fait sur le sujet : avec des monuments comme Paths Of Glory, Apocalypse Now, The Deer Hunter, Full Metal Jacket, Platoon, The Thin Red Line, il est difficile de trouver des idées originales sans donner l'impression de retomber dans du déjà-vu.
Pour désamorcer d'entrée les éventuels clichés, Mendes se paie le luxe de clins d'oeil et références directes à Full Metal Jacket, Apocalyse Now et The Deer Hunter ! Jarhead parvient néanmoins à se démarquer par la suite :
1) en s'attaquant à la première guerre du Golfe, conflit quasiment pas traité au cinéma encore (mais ça vient : à part le presque comique Les Rois du Désert (Three Kings - 2000), à voir : Syriana, produit par Soderbergh et Clooney, sortie le 22/02/06). Ceci permet au moins de voir un environnement différent (magnifiques plans du désert enflammé) et des problématiques géopolitiques différentes des conflits contemporains précédents (WWI, WWII, Vietnam...).
2) en prenant comme sujet principal l'attente du soldat face à un conflit, et des dégâts que cela cause sur leur santé mentale (entraînés pendant des mois et gonflés à bloc, ils n'attendent plus que de tuer l'ennemi, et l'attente et l'ennui dans le désert deviennent insupportables).
Le récit progresse lentement, il n'y a pas vraiment de suspense, mais Mendes enchaîne des scènes chocs, tantôt superbes, tantôt dramatiques, avec des situations assz cruelles qui rappellent clairement American Beauty.
Ce drame humain est un regard critique sur la bêtise lénifiante de la vie militaire et sur l'absurdité de cette première guerre du Golfe ; ce sera indéniablement un des films marquants de l'année 2006, qui flatte décidément les cinéphiles.
8/10
23:00 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma
07 janvier 2006
Good Night, and Good Luck.
Je l'avoue, Confessions of a Dangerous Mind (2002), le premier film réalisé par George Clooney, ne m'a pas grandement enthousiasmé, pour des raisons un peu longues à expliciter ici, même si j'en ai apprécié la qualité évidente de mise en scène. Néanmoins, j'ai beaucoup de respect pour le talent de cet artiste indéniablement original dans sa volonté de sortir des sentiers battus (aussi bien dans ses choix de rôles que dans ses activités de producteur, aux côtés de Steven Soderbergh).
Good Night ne semblait pas échapper à la règle et on appréciera le culot de Clooney de sortir un film en noir et blanc, où il n'occupe pas le rôle principal (aucun autre "grand" nom n'occupant les rôles principaux), et dont le sujet revient sur un épisode peu glorieux et purement politique de l'histoire contemporaine américaine !
Les producteurs ou distributeurs n'ont néanmoins pas résisté à mettre sur l'affiche Mister Clooney, mais l'acteur principal du film est bien David Strathairn qui incarne Edward R. Murrow, le présentateur du journal télévisé de CBS du début des années 1950, qui contribua à la chute du sénateur Joseph McCarthy. Son jeu est d'une précision, d'une densité et d'une conviction affolantes. Abonné à des rôles majoritairement très secondaires et surtout actif dans des séries TV américaines, voici une révélation qui ne peut pas passer inaperçue.
La réalisation de Clooney est sobre, très sobre, voire austère diront certains, mais elle colle parfaitement avec la rigueur historique demandée par le sujet : le mariage entre images d'archives et fiction est une réussite éclatante. On pourra du coup trouver tout cela trop démonstratif ou donneur de leçon ; le propos de Clooney est néanmoins très fin car il n'échappera pas à grand-monde que son deuxième film est un courageux manifeste pour les libertés de pensée et d'expression aux Etats-Unis et que ces événements historiques renvoient hélas à une situation ô combien actuelle...
Autant d'audaces qui font de Good Night, and Good Luck. un film captivant, inattendu, bouleversant parfois. Un des pamphlets les plus forts de ces dernières années, dont on ressort ébranlé. Merci George, et puisses-tu continuer ainsi !
8/10
18:15 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma
04 janvier 2006
Lord Of War
Je n'étais pas spécialement rassuré au départ car le dernier travail de Niccol était le scénario de The Terminal (2004), réalisé par Spielberg ; c'était beau, émouvant, mais somme toute regorgeant de ficelles bien éprouvées. On était loin de la pertinence du scénario de The Truman Show (1998).
Sa dernière réalisation (dont il était également responsable du scénario), S1m0ne (2002), m'avait aussi un peu laissé sur ma faim à cause d'un Pacino en pur cabotinage et d'un pitch de dépard assez difficile à croire, même avec beaucoup de bonne volonté.
Avec Lord Of War, Nicolas Cage retrouve un rôle borderline comme il sait si bien les incarner (cf. Wild At Heart, Leaving Las Vegas, 8mm, etc.), et Niccol renoue une fois de plus avec son thème de prédilection : la manipulation.
Mais cette fois, Niccol a enterré S1m0ne (heureusement) pour revenir à une qualité digne de Gattaca, que ce soit pour le scénario ou la mise en scène !
Le générique est à lui seul un pur bijou, comme Niccol sait toujours les soigner. Il sert d'ailleurs à donner le ton du film : on suit le cheminement de la vie d'une balle de sa fabrication à sa cible finale, un enfant.
Ce ton sans concession et très dur (car résolument réaliste) sur le monde du commerce des armes a totalement échaudé les producteurs hollywoodiens si bien que le film a été financé par un improbable montage entre plusieurs sociétés de production indépendantes. Les USA sont en effet vivement critiqués, mais ce ne sont pas les seuls : le film se termine en nous rappelant que curieusement, les pays vendant les plus d'armes sont les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, dont... la France.
Point de happy end avec ce film, qui nous renvoie en plein tête l'hypocrisie écoeurante des pays soi-disant les plus développés, dont le nôtre. Violent, pervers, très documenté (tous les chiffres énoncés sont authentiques), terrifiant, le dernier opus d'Andrew Niccol ne constitue pas un divertissement, mais quasiment une autopsie vertigineuse d'un monde pourri, le nôtre. Difficile de resortir de la salle en se disant simplement qu'on a vu un "bon" film ; une sensation de dégoût coupable mais peut-être salutaire devrait envahir tout spectateur encore un peu humain.
8/10
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