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13 avril 2008

Soirée Twin Peaks - Hommage à Angelo Badalamenti, Divan du Monde, 09/04/2008

Exaltant ! Le genre d'événement qu'on ne peut trouver typiquement qu'à Paris, capitale cinéphile : le BéO festival, festival de musiques de films, avec concerts inédits, projections, soirées cultes et fêtes insolites. Pour sa 2e édition (j'ignorais son existence l'an dernier), on peut dire que le BéO a fait très fort, en attaquant par deux soirées dédiées à Twin Peaks, nous invitant ainsi à plonger dans l’univers double, rouge, jazzy, décalé et étrange de David Lynch.

Loin d'être une sorte de convention de fans déguisée, cet évènement était avant tout d'ordre mélomane, puisqu'il s'agissait de recréer sur scène la très élaborée musique d'Angelo Badalamenti (compositeur attitré de David Lynch de Blue Velvet en 1986 à Mulholland Drive en 2002), et en particulier celle de Twin Peaks, qui est probablement la plus connue ; qui n'a jamais entendu le Twin Peaks Theme ?

Avec la complicité d’Angelo Badalamenti, Valérie Lindon (sa collaboratrice sur la bande-originale de deux films français composés par Badalamenti, L’Adversaire et Cet Amour-là) a supervisé la création de ces deux concerts uniques dont le chef d’orchestre était Jean-Philippe Audin. Responsable de tous les arrangements (il n'existait aucune partition des musiques de Badalamenti), Jean-Philippe Audin est un violoncelliste de formation classique très demandé dans le monde du spectacle grand public (Michel Jonasz, Johnny Hallyday, Starmania...), ou dans la scène jazz (Ray Charles, Harry Connick Jr.,...) mais est aussi bien connu dans le monde de la musique classique pour s'être attaqué aux intégrales de Suites pour violoncelle seul de Bach (cf. ces coupures du Monde).

Audin a pu réunir autour de lui 7 fines lames de la scène jazz française : Bernard Arcadio (piano), Philippe Javele (synthés), Philippe Hervouet (guitare), Philippe Chaieb (contrebasse), et Thierry Chauvet (batterie).

Que dire sinon que le résultat a très largement dépassé mes attentes ? Cet ensemble entre jazz et classique a délivré une performance époustouflante, avec un respect impressionnant des compositions de Badalamenti et Lynch, une dose minimale mais jouissive d'improvisations, et une intensité qui nous transportait directement dans le monde fascinant de Lynch, voire dans la Black Lodge... J'ai particulièrement été impressionné par la complémentarité du violoncelle électrique et de la contrebasse. L'expressivité et la profondeur de ces instruments sur les partitions de Badalamenti m'ont donné des frissons...

La scène était décorée de lourds rideaux rouges (évidemment !), avec des écrans géants de chaque côté, qui permettaient de diffuser soit des extraits du film Twin Peaks Fire Walk With Me pendant que le groupe jouait, soit des plans rapprochés des musiciens, qui étaient scrutés par trois caméras numériques. Ajoutons comme gimmick amusant un faux cadavre de Laura Palmer (emballée dans du plastique comme dans l'épisode pilote), positionné au bord de la scène... L'immersion dans l'univers de Twin Peaks était donc totale.

Laura Palmer's Theme, Twin Peaks Theme, Into The Night, Audrey's Dance, Moving Through Time, The Voice Of Love... autant de choix parfaitement judicieux et équilibrés provenant des bandes originales du feuilleton et du film. Le paroxysme de l'émotion a pour moi été atteint lors d'une version hallucinée de The Pink Room, seul titre de la bande originale du film composé par Lynch et pas par Badalamenti.

Je conseille vivement de regarder ce reportage où Jean-Philippe Audin explique les enjeux et difficultés de ces deux représentations (les curieux pourront apercevoir le faux cadavre sur le rebord de la scène !) ; on peut y entendre aussi des extraits du concert de la première soirée du 8 avril, sur le titre The Pine Float de la bande-originale de Twin Peaks Fire Walk With Me.



Un seul regret : le concert a duré 1h30 et c'est passé trop vite ! Après une standing ovation, les organisateurs ont immédiatement lancé la projection du film Twin Peaks Fire Walk With Me, ce qui permettait de ne pas quitter trop vite l'effet magique laissé par le concert. Je plains vraiment les amateurs de la musique de Badalamenti de ne pas avoir pu voir un de ces deux concerts. La somme de travail investie dans ce répertoire a dû être monstrueuse et tout ce que j'espère, c'est que les caméras numériques qui retransmettaient sur les écrans annexes ont enregistré le concert.

Pour information, David Lynch sera présent au Divan du Monde le 5 mai, pour une soirée privée à l'occasion de la sortie en langue française de son livre "Catching the Big Fish" (dont le titre français est le trompeur "Mon histoire vraie", car le livre écrit par Lynch ne porte pas vraiment sur l'histoire de sa vie).

Commentaires

Voilà une soirée qui me fait bien regretter de ne pas être sur Paris... Apparemment c'était du tout bon !

Écrit par : Angrom | 14 avril 2008

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