11 mars 2008
The Mars Volta, Olympia, 05/03/08
En moins de cinq ans et en quatre albums, The Mars Volta a réalisé une oeuvre d'une qualité insensée, qui personnellement me sert de benchmark pour tout ce qui sort de la planète rock. Malgré la densité et la richesse de leur musique, le groupe connaît un succès improbable, succès à la fois critique (cf. l'ahurissante synthèse des notes décernées à l'album par les médias sur la page Wikipédia consacrée à l'album, par ailleurs absolument passionnante), et succès public, comme le montre l'affluence toujours plus grande à leurs concerts (Olympia complet depuis des semaines), ou encore des ventes de disques assez surprenantes (entrée de The Bedlam In Goliath directement à la 3e place des ventes d'albums aux USA).
Cependant, The Mars Volta est au moins aussi passionnant sur scène et c'est la marque des grands groupes que de transcender leur musique en concert. Mais ce n'est pas tout : The Mars Volta est le seul groupe que j'ai vu capable de déclencher des réactions allant du pogo à la transe, en passant par l'hypnose ! La qualité inouïe de leurs improvisations, tour à tour frénétiques et planantes, semblent tout droit issues d'un accouplement improbable entre Frank Zappa et King Crimson. Il faut le voir pour le croire.
J'avais vu deux fois The Mars Volta en concert précédemment, et deux fois ce fut deux moments de bonheur assez indicible. De la première fois, le 15/03/05 à l'Elysée-Montmartre à Paris, je me rappelle surtout le choc d'avoir enfin en face de moi un groupe semblant avoir intégralement hérité du talent des grandes formations des années 70, à savoir prendre la scène comme un espace de risque, de recherche, de défouloir et d'émotion. Ma deuxième rencontre avec le groupe, le 04/06/05 à Los Angeles au Greek Theater (6000 personnes...), fut placée sous la joie de voir le groupe jouer à domicile en Californie, avec un public métissé et totalement débridé.
Alors dire que j'avais de grandes attentes de la part de ce groupe hors normes, dans cet écrin parisien qu'est l'Olympia, est un euphémisme. Idéalement situé en mezzanine, correctement centré, la première satisfaction provînt d'abord du son. Il n'est pas évident de mixer correctement huit musiciens, avec des instruments allant du saxophone aux percussions en passant par un orgue, des claviers, et les instruments traditionnels du rock. Chapeau bas donc à l'ingé son façade du groupe.
La deuxième satisfaction vînt de la constatation que le groupe semble encore défier les lois de la gravité musicale, aidés en cela d'un nouveau batteur de 24 ans, Thomas Pridgen, dont le jeu très puissant et très complexe éclabousse de talent le nouvel album. The Mars Volta a toujours eu des musiciens exceptionnels, et ses précédents batteurs ne faisaient pas exception ; mais Pridgen, ce Black d'une musculature à faire pâlir les salles de gym, est tout simplement d'une autre planète (il faut que je remonte à mes concerts de Rush et à la vision de Neil Peart pour être aussi impressionné par un batteur). Comment a-t-il tenu avec un telle débauche d'énergie pendant les 2h50 de show (oui, 2h50, de la première à la dernière note, sans entracte) est un mystère. Comment le reste du groupe parvient-il à rester en rythme avec un jeu de batterie aussi débridé reste également insoluble. Mais le paradoxe est là : le groupe possède une cohésion encore plus phénomale que par le passé, qui empêche de rapprocher ses improvisations de celles du free-jazz, chose que j'entends trop souvent au sujet de The Mars Volta.
Omar Rodriguez Lopez, à la guitare, reste le chef d'orchestre de facto de cet ensemble qui ne vire jamais à la cacophonie, et qui retombe toujours sur ses pattes. Le seul bémol dans ce shot d'extase fut la performance de Cedrix Bixler Zavala au chant, pas toujours très juste, ce qui est difficile à comprendre en dehors d'un éventuel problème technique de retour, par exemple ; car les enregistrements pirates disponibles sur YouTube permettent, à tête reposée, d'entendre que Cedric a su chanter parfaitement juste aussi, à l'instar de l'intermède acoustique de Asilos Magdalena et Miranda That Ghost Just Isn't Holy Anymore. Cette pause est d'ailleurs peut-être arrivée un peu tard dans le déroulement du concert, car finalement le seul obstacle potentiel à apprécier un concert aussi long peut provenir de l'overdose de stimuli adressés par le groupe.
Reste que je ne connais absolument aucun groupe de rock capable de délivrer ça : une connexion directe sur la psyché de ses spectateurs.
Setlist:
Roulette Dares (The Haunt Of)
Viscera Eyes
Wax Simulacra
Goliath
Ouroboros
Tetragrammaton
Agadez
Cygnus....Vismund Cygnus
Aberinkula
Drunkship of Lanterns
Asilos Magdalena
Miranda That Ghost Just Isn't Holy Anymore
Day of the Baphomets
13:05 Publié dans Concerts | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : The Mars Volta, Olympia
Commentaires
Arg ! Pourquoi je loupe toujours les groupes que je veux voir sur scène. Enfin, pour celui-là, je n'ai aucune excuse : j'aurais dû me tenir au courant…
Écrit par : airway | 11 mars 2008
Salut!
J'aime beaucoup lire tes chroniques de concerts et là, je prends un peu le temps de commenter car j'ai personnellement été assez déçu par ce concert. Je n'apprécie pas trop le dernier album (pas encore...) malgré de nombreuses écoutes et pour le coup, j'ai vraiment trouvé que le batteur en faisait trop...
Le concert date mais j'y pense toujours car je l'attendais avec impatience mais je n'ai pas réussi à rentrer dedans. Grosse déception!!
Un autre point de désaccord: Le chant! J'ai trouvé qu'au contraire, par rapport à toutes les vidéos que j'avais pu voir, il assurait plutôt mieux que d'habitude, sans monter aussi haut mais ce n'est pas plus mal. Enfin c'est un sentiment global.
"Reste que je ne connais absolument aucun groupe de rock capable de délivrer ça : une connexion directe sur la psyché de ses spectateurs"
Moi c'est, dans la même salle, Tool qui m'a fait ressentir cette connexion :)
Musicalement
Écrit par : Anaon | 28 juin 2008
Hello !
Je suis vraiment navré que tu ne sois pas arrivé à rentrer dans ce concert ! Etait-ce la première fois que tu les voyais sur scène ?
A part ça, j'ai vu Tool aussi dans cette salle, le 10 mai 2002, et je comprends ce que tu veux dire ! Néanmoins la musique de Tool est plus cérébrale, plus froide (à mon avis), et l'absence de communication de la part de Maynard (ça fait partie du concept) font que pour moi, la connexion est moins directe ;-)
Ce ne sont que des nuances, affaires de goût...
Seb
Écrit par : Seb | 29 juin 2008
Merci pour ta réponse ;)
Oui c'était mon premier concert du groupe. Je suis fan des deux premiers albums, moins des suivants et c'est vrai que j'adorais leur précédent batteur. Ceci dit, j'ai quand même envie de les revoir car je ne veux pas rester là-dessus, un tel groupe à notre époque, c'est quand même unique!!
Pour Tool, j'étais à ce même concert ;) effectivement, plus cérébral, plus distant, c'est en effet très personnel, j'avoue avoir vraiment été hypnotisé par ce concert, c'est un de mes plus beaux concerts/souvenirs (et pourtant, ce n'est pas forcément la musique que j'écoute le plus)
Musicalement
Écrit par : Anaon | 29 juin 2008
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