21 septembre 2007
The Bourne Ultimatum
Le réalisateur anglais Paul Greengrass, longtemps journaliste, a pour particularité d'avoir un style très nerveux, quasi-documentaire, filmant essentiellement caméra à l'épaule. La consécration critique et publique est arrivée en 2002 avec Bloody Sunday (Ours d'Or à Berlin), qui retrace très minutieusement les événements tragiques du 30 janvier 1972 à Derry, Irlande du Nord. A partir de là, la carrière de Greengrass décolle, puisque son style intéresse Hollywood qui lui confie la suite de The Bourne Identity : The Bourne Supremacy. Très gros succès, ce deuxième volet est en effet emblématique de la réussite (trop rare) du mariage des moyens d'Hollywood et de la rencontre de réalisateurs doués, qui savent dynamiter les codes d'un genre (ici, le thriller dans le mode de l'espionnage).
Après un tel film, et un autre long-métrage à couper le souffle (l'anxiogène United 93), les producteurs de la saga Bourne ont dû se dire qu'il n'y avait probablement que Greengrass qui pouvait aller encore plus loin pour mettre en scène le dernier volet de la saga : The Bourne Ultimatum.
Greengrass ringardise pour de bon les gros blockbusters genre Mission: Impossible 3. Primo, parce que le film ne laisse pas souffler une minute, avec une mise en scène stupéfiante : un miracle de nervosité et de lisibilité. Secundo, parce que Matt Damon est l'anti-Tom Cruise : son physique passe-partout et sa sobriété sont inifiniment plus convaincantes. Tertio, parce que le film est bien plus crédible sur le plan des événements, et ne s'embarrasse d'aucun maniérisme, ni de clichés (il n'y a pas de "gadgets", pas de superbe nana espionne double jeu, etc.).
Rarement un film n'aura été aussi purement "action", c'est une véritable course ininterrompue de 2h, qui laisse le spectateur un peu groggy. La scène d'anthologie particulièrement hallucinante est la bagarre à Tanger qui oppose Bourne à un agent local de la CIA. Ce combat à mains nues transcrit l'instinct de survie avec une âpreté que je n'avais jamais ressentie. Assurément, c'est une séquence qui va faire date dans les écoles.
Dans le genre, The Bourne Ultimatum est donc sans doute inégalé. Par exemple, Tony Scott, pourtant artisan de thrillers musclés, reste sur le carreau car son montage saccadé brouille le message. C'est exactement avec un film comme The Bourne Ultimatum qu'on peut mesurer la différence de virtuosité entre de très bons "faiseurs" et des artistes. Le revers de la médaille, c'est que le film ne dégage pas grand-chose d'autre que de l'adrénaline, et aussi brillant ce divertissement soit-il, il ne marque guère quelques heures après. D'autant plus que ce dernier volet dévoile enfin ce après quoi Jason Bourne court. C'est toujours pareil : on meurt de savoir, mais une fois qu'on a tué ce ressort dramatique, l'intérêt s'effondre.
Espérons donc que les producteurs n'auront pas la mauvaise idée d'enclencher un quatrième épisode (pas prévu de toute façon), car la fin est parfaite ainsi. Et quel film, tout de même.
9/10
11:42 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Cinéma
Commentaires
Vu hier soir et je suis tout à fait d'accord avec ton analyse.
Je rajoute juste qu'à la question d'un quatrième volet, Damon a répondu que ce n'était pas prévu, mais que si ça se fait ce ne sera qu'après 4 ou 5 ans.
Écrit par : airway | 21 septembre 2007
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