Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01 mai 2007

Très bien, merci



Emmanuelle Cuau n'avait plus rien filmé pour le cinéma depuis 1995. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a réussi un retour fort original. A partir d'un pitch kafkaïen, elle tresse un canevas à la fois social et politique, qui ne laisse jamais deviner sur quelle route il va nous emmener.

Tout part d'une scène terrifiante où Alex (Gilbert Melki, grand, très grand), un comptable sans histoire, assiste à un arbitraire contrôle d'identité de la part d'une patrouille de police. La police lui demande de partir, or Alex estime avoir le droit de rester sur le trottoir. Le ton de la police monte, Alex reste poli et vouvoie, tandis que les flics finissent par le tutoyer et l'injurier. Finalement, c'est Alex qui se retrouve au poste, et la grande machine à absurdité se met en marche : Alex voulant porter plainte à la fin de sa garde à vue, il est conduit à l'hôpital, qui l'interne en hôpital psychiatrique, ce qui va lui faire perdre son boulot.

Cette mésaventure est d'autant plus effrayante qu'elle est totalement crédible puisque tout ce qu'on voit à l'écran est l'oeuvre de machines judiciaires et administratives dans leur bon droit. La performance de Gilbert Melki est de donner vie à ce personnage ambivalent d'Alex, qui va finalement se laisser couler dans ce cours implacable des événements, tant il est impossible de lutter.

Les situations sont tour à tour (ou simultanément) drôles et angoissantes, selon l'humeur du spectateur. La grande qualité d'écriture, de mise en scène et d'interprétation tient à cet équilibre ténu, surprenant et déstabilisant.

Très bien, merci est un film très surprenant dans le paysage du cinéma français. Il souffre peut-être juste d'un manque de rythme. En dehors de ça, il bouleverse les conventions bien établies, ce qui peut décontenancer pas mal de spectateurs (moi le premier !). A voir au moins pour le jeu de Gilbert Melki, et pour la critique à peine voilée du tout-répressif policier de Sarkozy.

8/10

20:01 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma

Les commentaires sont fermés.