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13 avril 2006

French Connection - William Friedkin à la Cinémathèque



Cette note est une exception qui confirme la règle que j'avais choisi : écarter de ce blog tous les films que je vois en reprise pour me concentrer sur les nouveautés, principalement par manque de temps. Pourtant, l'offre de reprises à Paris est pléthorique et je me suis récemment régalé de cycles consacrés à des réalisateurs (comme Krzysztof Kieslowski, j'ai pu ainsi aller voir la trilogie Trois Couleurs: Bleu, Blanc, Rouge), ou thématiques comme les MK2 Quai de Seine et Quai de Loire en propose sans arrêt (avec une programmation d'une qualité extrême, les choix s'avèrent difficiles mais j'ai récemment craqué pour The Sweet Hereafter d'Atom Egoyan ou Dead Man de Jim Jarmush).

Mais le gros poids lourd est désormais la Cinémathèque, ré-ouverte en septembre 2005 dans ses nouveaux locaux de l'ex-American Center conçu par l'architecte Frank Gehry, à Bercy. Et depuis, la Cinémathèque n'a de cesse d'aligner des expositions (Renoir/Renoir, dorénavant Almodovar...), rétrospectives, cycles, cartes blanches, d'une variété et d'une qualité telles qu'il faudrait prendre un congé sabbatique pour pouvoir vraiment en profiter. Tant bien que mal j'ai réussi à voir environ la moitié des films de David Cronenberg lors de la rétrospective qui lui était consacrée en novembre 2005 ; j'ai réussi à aller voir Kiss Me Deadly (En Quatrième Vitesse) de Robert Aldrich après m'être heurté une première fois à une séance complète (en fait, toutes le furent, et ce n'est qu'en réservant mon billet plusieurs semaines à l'avance que je pus enfin aller voir ce chef d'oeuvre), etc.

On prend conscience à quel point Paris est la capitale mondiale du cinéma non seulement grâce à l'existence et à l'activité bouillonante de ce temple du cinéma, mais aussi à l'affluence stupéfiante à laquelle la Cinémathèque fait face depuis sa ré-ouverture (il est quasiment impossible d'avoir une place dès qu'un Billy Wilder ou un Hitchcock sont programmés).

La séance d'hier soir pour French Connection (1971) ne me fait pas mentir car la plus grande salle (415 places) de la Cinémathèque, baptisée Henri Langlois, était complète. C’est une des plus 3 plus belles salles de cinéma à Paris, très confortable, avec une pente étudiée pour qu'une personne un peu "trop" grande ne gâche pas la vue à son voisin de derrière. Equipée du 16 au 70 mm en passant par le nec plus ultra numérique, et bénéficiant des meilleurs systèmes de reproduction audiophile, les conditions de projection sont d'un niveau technique redoutable. Les sous-titres s'affichent sur un panneau électronique, en dessous de l'écran, préservant ainsi totalement la vision de l'image pour ceux qui sont bilingues, et la luminosité des lettres se détachant en rouge sur le panneau permettant à quiconque de lire parfaitement les sous-titres en toutes circonstances.

Révélé au grand public pour deux succès commerciaux couverts d’Oscars (pas moins de 5 pour French Connection et 2 pour L’Exorciste), William Friedkin occupe une place à part dans le renouveau d'Hollywood dans les années 1970, aux côtés de De Palma, Scorsese, Spielberg, Lucas... Friedkin est l’auteur d’un cinéma brutal, ambigu et complexe, riche en spectaculaires morceaux de bravoure.

French Connection (1971) est un polar très documenté, célèbre entre autres pour sa folle course-poursuite en plein New York entre une voiture et une rame de métro. Avec le temps, le film s’est révélé plus encore un renouvellement profond du genre et l’une des oeuvres majeures du cinéma américain des années 70. Voir ce film plus de 30 ans après sa sortie laisse pantois devant la virtuosité des prises de vue, et le rythme infernal du film. A ce sujet, Friedkin déclare:

"Je voulais que la caméra suive tous les déplacements des personnages. Je voulais qu’on puisse filmer dans l’axe où se trouve normalement l’équipe technique ou, comme au théâtre, le public. J’ai tenté cette expérience car je trouvais intéressant que le public soit placé dans une position inconfortable, qu’il ne soit pas rassuré en quelque sorte par un cadre bien déterminé. Tout cadre doit pouvoir être brisé à n’importe quel moment et emmener ainsi le spectateur n’importe où"

Il m'est impossible d'imaginer le choc qu'a dû produire un tel film à l'époque, car même encore en 2006, le style de French Connection paraît novateur. Pour les parties caméra à l'épaule (style documentaire), la violence, et le thème à l'époque nouveau de l'ambiguité totale des personnages principaux (des flics à la dualité certaine, en aucun cas des "héros"), on pense de nos jours à la série télévisée The Shield, par exemple.

Cerise sur le gâtreau, Friedkin s'est déplacé exprès de Los Angeles pour intervenir trois fois lors de la rétrospective qui lui est consacrée, et French Connection ouvrait le bal le 12 avril. En introduction, Friedkin a fait part de son émotion (visible) de faire l'objet d'un tel hommage à la Cinémathèque, dans ce qu'il appelle le "musée mondial du cinéma". Il est vrai que la Cinémathèque, forte de sa collection de 40 000 films, la plus importante du monde, jouit d'un prestige immense à l'étranger. Friedkin a également salué le cinéaste français Olivier Assayas, ravi de le rencontrer pour la première fois, qui a reçu à son tour de chaleureux applaudissements bien qu'il n'a pas voulu monter sur scène. Friedkin a insisté sur le fait que French Connection constituait pour lui une rupture car c'était la première fois qu'il avait pu calquer son expérience des documentaires (il en réalisait dans les années 60 pour la télévision) sur un sujet qu'il avait librement choisi, et non pas imposé par un studio.

Après la projection, Friedkin est revenu, accompagné de "cadres" de la Cinémathèque, pour un débat. Hélas, si un micro devait circuler après une première question par un des cadres (normal, pour "lancer" le débat), les cadres ont monopolisé la suite des questions pendant 45 minutes, après, je ne sais pas car j'ai dû partir. Néanmoins, Friedkin a été volubile, c'est un passionné soucieux de faire passer des conseils aux réalisateurs en herbe. Le bonhomme a son franc-parler et n'a pas tari d'anecdotes sur les acteurs et le tournage, ainsi que de piques en direction de Hollywood. Seul point négatif, bien que le réalisateur s'exprime de manière très compréhensible, il fallait hélas bien entendu un traducteur ce qui ralentissait énormément le débat.

Deux autres interventions de Freidkin sont programmées, dont une passionnante "leçon" de mise en scène, GRATUITE. Voici les détails :

Friedkin par Friedkin
Une leçon de mise en scène, avec projection d’extraits (choisis par le cinéaste).
Une rencontre avec Friedkin pour évoquer ses débuts et ses premiers succès (L’Exorciste, 1972), certaines de ses oeuvres les plus marquantes : Le Convoi de la peur (1975), Police fédérale Los Angeles (1985), Traqué (2001).

=> Samedi 15 avril, 14h, salle Henri Langlois

Dialogue avec William Friedkin  (projection + débat)
À la suite de la projection du film L’Exorciste

Après la réussite de French Connection, Friedkin dispose de moyens considérables pour tourner L’Exorciste, d’après un roman de William Peter Blatty. Film d’épouvante, date dans l’histoire de la représentation des interdits, là encore l’engouement s’avère phénoménal (troisième plus grand succès, l’année de sa sortie, de toute l’histoire du cinéma américain, 2 Oscars en 1973).

=> Samedi 15 avril, 19h, salle Henri Langlois

Plus de détails sur le site de la Cinémathèque

10:45 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Cinéma

Commentaires

Sympa ton article sur Friedkin. Je suis moi même l'auteur du seul site français consacré à ce "fascinant" metteur en scène, trop méconnu et méprisé à mon goût et qu'on semble seulement redécouvrir sur le tard, comme d'hab ! Je n'ai pas pu assister à la soirée F.Connection (mais grâce à ton blog, j'ai pu ainsi en avoir quelques échos) mais j'ai heureusement pu assister à la leçon de cinéma et la soirée Exorcist (au fait, mon site est visible à : http://perso.wanadoo.fr/pierre.lenoir/friedkin.html). Et tu as bien raison, la traduction a sacrément ralenti la progression de l'interview car Friedkin est assurément l'un des types les plus clairs à comprendre en anglais.
Bonne continuation - Pierre

Écrit par : pierre | 24 avril 2006

salut Pierre !

merci pour ton commentaire et pour le lien vers ton site, je ne le connaissais pas !

La Cinémathèque a mis en place une page (succinte hélas) avec quelques photos sur la venue de Friedkin à Paris (à la Cinémathèque) pendant une semaine :

http://www.cinematheque.fr/fr/cinemathequefrancaise/soireesetevenements/inauguration-friedkin.htm

Écrit par : Sébastien | 26 avril 2006

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