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10 janvier 2009

Home



Luxe parisien : celui de pouvoir aller voir en janvier un film sorti en octobre, grâce aux salles d'art et d'essai qui ne sont pas victimes des sorties effrénées. C'est ainsi que j'ai bien commencé 2009 : en allant admirer l'OVNI qu'est le premier long-métrage de la réalisatrice suisse Ursula Meier.

Home a sur le papier l'avantage de proposer un pitch et une affiche fantastiques, et surtout le mérite de réunir deux acteurs français et belge exigeants, Isabelle Huppert et Olivier Gourmet. Ils avaient été une seule fois présents auparavant dans le même film, mais sans partager un seul plan, c'était dans Le Temps du Loup de Michael Haneke (fortement recommandé par ailleurs).

Au milieu d'une campagne calme et désertique s'étend à perte de vue une autoroute inactive, laissée à l'abandon depuis sa construction. Au bord du bitume, à quelques mètres seulement des barrières de sécurité, se trouve une maison isolée dans laquelle vit une famille. Les travaux vont reprendre et on annonce l'ouverture prochaine de l'autoroute à la circulation...

Home est en quelque sorte l'image inversée, négative en quelque sorte, d'un road movie. Ce sont les autres qui passent à côté des personnages immobiles, et pas l'inverse. C'est une sorte d'expédition sans déplacement, un voyage intérieur, mental. Home raconte en effet l'histoire d'une famille qui s'est éloignée du monde en essayant de maintenir son modèle de bonheur familial. Il règne au sein de cette famille une ambiance joviale, même si celle-ci a adopté une vie bien réglée, loin du monde. Ce sentiment d'isolement va devenir de plus en plus perceptible et évident avec la mise en fonction de l'autoroute, qui ne fait que catalyser et mettre à jour une situation qui existait déjà. L'ouverture de l'autoroute, métaphore du monde qui débarque devant chez eux (un monde bruyant, dangereux, polluant, sale, inquiétant, vampirisant, menaçant...) agit ainsi comme une loupe sur la famille, révèle ses dysfonctionnements et malaises profonds.

Surréalisme, burlesque, effroi : l'influence de l'immense Haneke n'est pas loin, mais une réalisatrice est née : peu de monde peut se targuer d'un premier coup d'essai. A suivre de très près !

8/10